Les nazis et le patronat allemand

[alex]

DELPLA:
Chaque Allemand sent confusément et de plus en plus que s'il est vivant et en liberté c'est qu'il a coopéré à des choses humainement inacceptables, et c'est la meilleure explication du fait que le Führer garde jusqu'au bout le contrôle.
ALEX :
Inacceptable aussi le fait de rendre coupable tous les allemands, ceux qui sont encore en vie.
PELON :
Tu te bases sur quoi ? je n'avais pas lu cela.

Chaque allemand a coopéré avec Hitler à des choses humainement inacceptables;
Chaque allemand en vie et en liberté le sait, chacun de ses allemands le sent en lui.
Cette affirmation globalisante, cette responsabilisation collective du peuple allemand, cette coopération identifiée entre le peuple et le régime ne me convient pas du tout.
Pelon, qu'as-tu lu ?

P.S. je suis d'accord avec Manu

[pelon]

Je n'avais pas lu ce post. J'en rate beaucoup.
Sur le fond, donc, je ne suis pas d'accord avec cette idée de responsabilité collective. Il existe un moment où il est très difficile à moins de vouloir se suicider de se manifester sans pour autant être complice. Tous ceux qui ont vécu dans certaines dictatures savent qu'il faut savoir faire le dos rond pour survivre même quand on veut combattre le régime. Sous le nazisme, c'est pire car il s'appuie sur une partie de la population qui milite pour lui, principalement le petite bourgeoisie.
Lire quand même "la 7ème croix" sur les possibilités infimes de manifester son opposition aux nazis. Voilà pourquoi, contrairement à ce que disaient les staliniens, il était vital qu'Hitler n'accède pas au pouvoir.

[François Delpla]

Il y a un glissement, pratiqué par Alex, entre "chaque Allemand sent qu'il a" et "chaque Allemand a".
Une illustration de plus du fait qu'on a du mal, quand on n'y est pas habitué, à comprendre ma démarche même : la mise en évidence du fait que Hitler asseoit son pouvoir, jusqu'au bout, sur ce qu'il réussit à suggérer à ses administrés.

De surcroît, toute mon analyse tend plutôt à dédouaner les Allemands, du moins en partie, de ce qu'on leur met habituellement sur le dos. Car je ne borne à aucun moment la manipulation hitlérienne aux frontières du Reich. Faut-il donc que je rappelle les trois grandes personnalités étrangères que je me plais à associer dans mon diagnostic de naïveté ?

Le crime, si on veut parler ainsi, est que chaque non nazi, en Allemagne et ailleurs, s'occupe de ses affaires en ne mesurant pas la priorité qu'il y aurait, pour ses propres intérêts, à s'occuper d'abord du nazisme.

Cela dit, je connais mieux, comme beaucoup, le versant stalinien de l'affaire que son versant trotskyste, sur lequel je suis prêt à en apprendre davantage.

[pelon]

Cela dit, je connais mieux, comme beaucoup, le versant stalinien de l'affaire que son versant trotskyste, sur lequel je suis prêt à en apprendre davantage.

L'Internationale Communiste est, depuis 1929, dans ce que nous appelons sa troisième période. Staline a opéré un virage de 180° sur le plan intérieur comme extérieur. (rappel : 1927 : défaite des communistes chinois).
En Allemagne, cette politique sectaire va avoir des conséquences catatrophiques. Les socio-démocrates sont désignés comme des ennemis de même niveau que les nazis (frères jumeaux).
Trotsky propose un front unique des communistes et des socialistes. Pour lui, le danger est si grand pour la classe ouvrière (et au delà pour l'ensemble de la population) qu'il faut se battre contre le nazisme. La victoire de ce dernier, loin d'être une péripétie comme le prétendait Staline, serait une catastrophe aux conséquences incalculables.
Les forces de ces 2 partis qui possèdent des milices armées rendait la victoire possible et même probable. Trotsky, et ceux qui le suivent, malheureusement très peu nombreux, sont alors les seuls à proposer cette politique.
Dans ce recueil de textes on peut suivre ce que disait Trotsky dans la période 30-33 de montée du fascisme.

[François Delpla]

Chaque allemand a coopéré avec Hitler à des choses humainement inacceptables;

Ma phrase était :

Chaque Allemand sent confusément et de plus en plus que s'il est vivant et en liberté c'est qu'il a coopéré à des choses humainement inacceptables, et c'est la meilleure explication du fait que le Führer garde jusqu'au bout le contrôle.

Si Alex avait opéré un glissement, avec Manu on est dans la falsification pure et simple. Mais c'est tellement vain, alors que chacun peut se référer facilement à l'original, que cela ne doit pas être volontaire.