(Gertrude @ vendredi 8 août 2008 à 14:58 a écrit : Je suis, comme toi, 100% pour l’auto-organisation, pour que les personnes qui le souhaitent prennent leur sort en main et se battent, non seulement pour leurs droits, mais aussi la révolution socialiste mondiale. Je suis pour l’auto-organisation.
On est bien d'accord sur la nécessité de se battre pour nos droits et pour la révolution socialiste mondiale. Mais le fait que tu juges utile d'insister sur la perpective révolutionnaire m'intrigue un peu. Suis-je suspecté de vouloir oublier cette question car je suis militant de la LCR ? Etrange façon de mener le débat. Bien sûr tout ce dont je parlais dans les messages précédent n'a de sens que si c'est une tactique pour favoriser les mobilisations, l'intervention dans notre classe et les reflexions dans une perspective communiste. Mais il me semble avoir toujours été clair à ce sujet. Il n'y a pas ceux qui veulent la révolution et le communisme et ceux qui veulent l'auto-organisation des opprimés. Je n'ai jamais cru que la politique était à faire de pourcentage (les 100% ne font pas l'orientation surtout "à gauche" mais même pas "pour l'auto-organisation"). Je doute que tu sois, comme moi, veritablement favorable à l'auto-organisation des opprimés. Désolé je n'ai pas pour habitude de mettre en doute la parole de mon interlocuteur mais la suite de ton message comme le contenu de tes précedents messages me convainquent que vraiment nous ne sommes pas d'accord.
a écrit :Cela dit, oui, je suis convaincue que la fin de l’oppression sur les questions de sexualité passera d’abord par le fait que nous nous y mettions tous, Tous Ensemble, quelles que soient nos préférences personnelles. En d’autres mots, je ne pense vraiment pas que la libération des gays et des lesbiennes sera l’œuvre… des gays et des lesbiennes eux–mêmes.
Voilà on y vient... Quand on pense que l'émancipation d'une couche opprimée de la société ne sera pas le fait de cette couche opprimée, on en tire une conclusion logique : l'auto-organisation de cette couche n'est pas nécessaire. Je ne partage clairement pas ton point de vue à ce sujet. Bien sûr l'émacipation des homosexuels sera aussi le resultat de l'alliance de leur mouvement avec celui des femmes et de la classe ouvrière mais il n'yaura pas de liberation sexuelle sans que ceux qui subissent si violemment les normes sexuelles et les valeurs utilisés par la bourgeoisie pour reproduire les divisions, ne se mobilisent.
a écrit :Cela renvoie en partie à une éventuelle discussion sur l’existence (selon certains) d’une « communauté » gay et lesbienne. Moi je n’y crois pas.
Non seulement car il n’y a pas de communauté d’intérêts entre un patron gay et ses employés gays ou autres.
Encore une fois, il me semble que tu utilises de drôle de façon de débattre : qui a abordé l'existence ou non d'une communauté dans un précédent message? Personne, je crois. Tout ça fait un peu procès d'intention mais je vais donner mon point de vue quand même... Je sias pas si c'est une question centrale mais moi je pense qu'il y a une communauté de fait, une communauté d'intérêt comme il ya une communauté d'intérêt pour bcp d'autre groupe opprimés. Mais ne soyons pas simplistes et démagogiques, dire ça ça ne veut pas dire qu'un patron gay n'a pas d'intérêts de classe différents de ceux de ses éventuels salariés gays. Cela signifie que, que tu le veuilles ou non, les homosexuels divisés, éparpillés constituent une communauté de vecu et d'inérêts mais que dans cette communauté existent les oppositions de classe, le sexisme, le racisme. personne n'a jamais prétendu que les homo formaient une classe sociale. Sur les differences sociales : l'oppression que vit un patrons gay doit être bien moins insupportable qu'une ouvrière lesbienne. Mais un bourgeois homosexuel est tout de même opprimé en tant qu'homosexuel. C'est sûr notre tâche est de convaincre les homosexuels de notre classe mais on peut le faire en disant clairement que s'ils subissent leur oppression plus violemment que Delanoë, celui ci subit quand même une oppression et des discriminations.
a écrit :Et en plus la lutte contre l’homophobie, contre les discriminations, peut à la marge être le fait de petites associations et lobbies homos, mais le véritable changement de société, le renversement de cette société, sera l’œuvre… avant tout des travailleurs, quelles que soient leurs sexualités. Et heureusement qu’il n’y a pas que les gays ou les lesbiennes à combattre les préjugés et les discriminations que subissent les gays et les lesbiennes…
Mmmm... Ce qui est "à la marge" le fait de "petites associations" c'est tout de même contre les discriminations homophobes l'organisation des manifestations (certes bien trop peu politiques et avec énormement de limites) les plus numériquement importantes du pays chaque année. Même si les travailleurs homos et leurs organisations n'y sont pas suffisement visibles c'est pas mal pour un truc "à la marge". Pour ma part je me suis toujours dit que la meilleure façon de limiter les aspects négatifs de ces initiatives c'était d'y participer, avec banderole, tracts et mots d'ordres ; d'y constituer un pôle militant, un pôle de classe (pourquoi pas avec le collectif "homoboulot" qui regroupe les associations de travailleurs LGBT de plusieurs boîtes de PSA à la SNCF - créé sans doute aussi pour palier les manques ders syndicats et du mouvement ouvrier). Le changement de société sera l'oeuvre des travailleurs : évidemment ! Mais tu sais sans doute que certains d'entre-eux sont gays et lesbiennes. La question que j'avais soumise à la discussion était la suivante : comment gagner les travailleurs qui subissent également l'oppression homophobe aux perspectives communistes et révolutionnaires, comment dans notre classe battre les préjugés homophobes? Quant à ta dernière phrase, on ne doit pas vivre dans le même monde. Dans le mien, ceux qui se mobilisent vraiment contre l'homophobie sont homosexuels et ceux qui soutiennent leur combat sont bien peu nombreux. D'ailleurs je ne m'en étonne pas. Ce que nous, les homosexuels, nous subissons est une oppression violente, qui touche à la sphère la plus intime de notre vie. Il faut avoir mal au bide quand on se fait insulter pour trouver l'énergie nécessaire pour mener un combat aussi difficile (même dans notre camp social) et ne pas lâcher au premier coup dur. Nos organisations sont tout de même assez timides à ce sujet.
a écrit :les militants de la Fraction de LO luttent contre l’oppression des homosexuels de la même façon qu’ils luttent contre toutes les autres oppressions : en ne laissant pas passer les insultes homophobes, en discutant autour d’eux, en invitant les travailleurs homos à ne pas rester seuls et isolés, mais à s’organiser et se battre… notamment chez les travailleurs, pour leurs droits et pour le communisme…
Dans mes messages il n'y avait pas d'attaque contre la politique de la fraction, ni de LO. Mais je ne crois pas que nos organisation mènent la même politique contre toutes les oppressions. Je crois mêmequ'elle n'élabore pas vraiment de politique contre l'oppression des homosexuels contrairement à celle des femmes ou de stravailleurs immigrés. Tu nous dit que la Fraction ne laisse pas passer les insultes homophobes. C'est très bien (c'est quand même la moindre des choses) mais ça ne tient pas lieu de politique ou d'intervention réflechie.
a écrit :Voilà pour le cadre général… Il y a eu d’autres expérimentations sur cette question, mais ce n’est pas le lieu ici d’en discuter…
Lequelles ? C'est le lieu puisque c'était ma question.
a écrit :Je tire plutôt un bilan globalement positif de ce que dit et fait la Fraction de LO sur la question de la lutte contre l’oppression des homos…
Tout d’abord parce que la direction de la Fraction de LO s’est par le passé très clairement expliquée sur cette question, sur l’analyse de l’attitude des organisations qui se réclament du trotskysme en France sur cette question, dans les années 70 comme aujourd’hui, et sur comment elle voit ce combat.
Encore une fois, pour ma part je n'ai jamais attaqué la fraction ni personne. Mon message visait juste à pointer les limites de l'extrême-gauche, de toute l'extrême-gauche. Ceci dit je ne vois pas à quoi tu fais référence. Si il s'agit d'un texte rendu public par la Fraction merci d'en donner la source.
a écrit :Et puis comment ça "le point fort de l'intervention de l'extrême gauche n'est pas franchement là-dedans" ? Si "là-dedans" c'est que tous les militants d'extrême gauche défilent en cuir ou porte jarretelles dans les manifs lesbian & Gay Pride, ou que l'on passe notre temps à se mettre à genoux devant les gentils députés et sénateurs pour leur demander (gentiment) de changer les choses, euh oui c'est pas "notre point fort".
Et bien voilà le meilleur morceau de ton message... Ce ton paternaliste et méprisant, cette remarque ridiculisante... C'est d'un très haut niveau politique. Les homosexuels sont-ils suspecter de ne porter que des porte jarretelles et des vêtements en cuirs ? Il est vrai que nous sommes parfois bizarres et en plus on couche avec des gens de notre sexe. Vous vous rendez compte ma bonne dame?
Ce que je vais dire est un peu violent mais au mieux ce passage est méprisant au pire il est homophobe. Peut-être voulais tu pointer une limite des marches des fiertés mais la façon est plus que problematique. En plus voilà les homosexuels et leur mouvement accusé d'avoir une orientation reformiste... Certes, il ressemble pas mal à n'importe quel mouvement qui n'est pas animé et dirigé par des révolutionnaires. J'imagine que tu ne participes pas au 1er mai afin de ne pas te joindre à cette mascarade des directions bureaucratiques des syndicats qui ne sert qu' à cacher leur inaction, les journées de grève sans lendemain et puis en plus la plupart des syndicaliste s'habillent très mal. L'an passé j'en ai vu un avec des tongs et des chaussettes. C'est bien tu vas au bout de ta logique. Les homosexuels aussi, il y a pas mal de temps ils ont décidé de s'organiser et de reprendre le contrôle de leur vie parce que les experts à 3 francs et les psys ça suffisait. Certains le font en prouvant qu'eux aussi peuvent avoir un mauvais goût vestimentaire assez poussé mais il font ce qu'ils veulent et n'ont de leçons à recevoir de personne. Dommage que tu t'arrêtes là et que tu ne sois pas prête à défendre ta politique parmi les homosexuels mobilisés qui ne veulent plus se laisser faire.
a écrit :Notre point fort, c'est l'auto-organisation des travailleurs justement, quelles que soient leurs sexe, couleur ou sexualité, pour lutter Tous Ensemble contre les discriminations, vers le communisme.
Je rappelle que je n'ai jamais appelé à la formation d'un parti de pédés. je suis favorable à l'auto-organisation de travailleurs comme classe de la société qui peut changer le monde. Les révolutionnaires favorisent la prise de contrôle de leur luttes par les travailleurs pour qu'ils prennent eux-mêmes leurs affaires en main et qu'ils soient demain en mesure de controler la marche de l'économie et de la société. Pour ma part je suis favorable à l'auto-organisation des couches spécifiquement opprimés par ce que c'est une tactique pour une meilleurs prise en compte par tous des leur préoccupations et que c'est le moyens de leur integration réelle (sans les invisibiliser, sans préjugés) au groupe collectif. Et je ne prétends pas que c'est sans limite, sans difficulté etc.
a écrit :Je ne vois pas du tout en quoi l'extrême gauche serait plus à la ramasse que (faut il comprendre "la gauche" ?) sur cette question... Là du coup cela mériterait que tu nous explique ce que tu veux dire... Enfin moi je ne me sent pas du tout "à la ramasse" Peut-être est-ce du "déni" comme tu disais
Je ne parlais pas par rapport à la gauche mais sur cette question politique par rapport aux autres. Il me semble que nos orgas sont moins timides sur bcp d'autres choses c'est tout. Et bien oui c'est manifestement du déni ! Après la remarque sur les porte jarretelles je ne peux pas dire autre chose.
a écrit :Penser que tous les problèmes seraient résolus en 2008, ce serait avoir l’illusion… clairement réformiste…
Oui c'est sûr. Moi je pointais juste des difficultés dans l'extrême gauche. Je pense toujours que l'extrême gauche a des limites politiques dont celle là. Mais dire ça ne remet pas en question mon appartenance à celle ci.
a écrit :se prémunir à 100% de l’idéologie dominante, « ici et maintenant ». Je laisse cette illusion aux gauchistes…
Il faudrait que tu laisses ça aux gauchistes mais c'est pas l'impression que tu me donnais. L'auto-organisation y compris dans nos courant c'est utile justement parce qu'on n'est pas hors du monde, hors de cette société capitaliste et qu'on subit l'idéologie bourgeoise. C'est parce que je ne suis pas un gauchiste que je sais que c'est une necessité pour rasssembler notre camp, notre classe. Ce n'est pas ton cas apparemment.
a écrit :Mais l’essentiel pour moi est qu’il y ait, et personne ne dira le contraire, un nombre certain de militants trotskystes qui en 2008 argumentent dans leurs différents milieux, et notamment dans le milieu ouvrier qui est notre priorité, entre autres en diffusant des feuilles, feuilles clamant haut et fort qu’elles sont communistes, et n’hésitant pas, quand l’actualité (locale, nationale ou internationale) le permet de se moquer de l’homophobie. Mais surtout en tentant d'y regrouper des travailleurs sur une base Communiste Révolutionnaire.
Avoir une intervention ouvrière avec une feuille qui dit clairement qu'on est communiste c'est bien mais ça ne tient pas lieu non plus de politique contre l'homophobie. Et les brèves sur cette question c'est pour l'instant bien peu, trop rare etc. Je ne doute pas que tu cherches à regrouper les travailleurs sur une base communiste et révolutionnaire (c'est manifestemment toi qui en doute à mon sujet et c'est assez enervant) mais cela ne suffit pas pour avoir quelquechose à dire de politique sur l'homophobie (mais c'est mieux que quelqu'un qui n'est ni communiste et qui n'a rien a dire contre l'homophobie).
a écrit :Hors de question d’attendre, en effet, que « nos directions mettent cette question à leur ordre du jour » : dès qu’il y a un fait divers homophobe, chacun est bien assez grand (et quelle que soit sa sexualité) d’écrire un article dénonçant cela, pour la presse de l’organisation (que ce soit la presse d’entreprise autre)…
Et pas besoin de faire une « commission homo » pour cela…
Tu dis que je suis attentiste mais moi je n'attends rien d'ailleurs je m'organise, c'est la preuve que je suis décidé à peser sur le cours des choses comme sur les évolutions des mon organisartion. Mais ce que subissent les homosexuels, au boulot, dans la rue et partout ce ne sont pas de vagues faits divers, en tout cas pas pour moi. Peut-être vois tu ça comme ça mais pour nous il s'agit de notre vie ou d'un bout de celle ci et l'oppression que nous subissons n'existe pas qu'au moment "d'un fait divers" relaté dans la presse et qui peut alimenter nos feuilles. Tu vois c'est cette difference de point de vue qui me fait trouver utile cette commission : ce n'est pas séparatiste que de dire que les camarades hétérosexuels, aussi révolutionnaire soient-ils, ne peuvent pas prendre l'exacte mesure de ce que nous vivons et des effets que ça a.
a écrit :Et puis je trouve quelque part plus sain, si un militant révolutionnaire pense "en son âme et conscience" qu'il faut dire ceci et celà à propos de tel ou tel sujet, d'en faire part à ses p'tits camarades, plutôt que de bouder dans son coin... en se disant "puisque la direction ne fait pas tout comme il faut, je vais me réunir dans mon coin avec mes copines". Ca changera quoi ? La direction ? A voir... Le reste des militants ? A voir aussi...
"bouder dans son coin"... Quel paternalisme ! C'est effrayant. Il s'agit là de militantes et militants qui font le choix de s'organiser entre eux pour discuter, debattre, se former, élaborer et faire des propositions à l'ensemble de leurs camarades. Quel mépris pour parler de camarades révolutionnaires qui ne souhaitent pas te donner de leçon mais qui ne veulent pas en recevoir de toi.
a écrit :Lorsque j'étais petite, et militante des JCR et de la LCR, je n'ai pas eu l'impression que les Commissions Nationales Homos aient servis à grand chose...
Je suis ouvert à cette discussion et je l'ai déjà dit ce n'est pas un remède miracle mais manifestement l'absence de commission fait du mal aussi.
a écrit :C'est jamais une bonne solution les ghettos... Que ce soit à ce sujet ou sur bien d'autres , les ghettos sont en fin de compte des pièges bien pervers : on s'y retrouve assez rapidement en vase clos, isolés des autres, et à la merci de bien des coups
Ah... les ghettos ! Il ne manquait plus que ça pour que le tableau soit complet. L'universalisme c'est toujours assez pratique pour accompagner une attitude paternaliste. Le ghettos n'est pas là où on le croit souvent. le ghetto ce n'est pas la commission homo de telle ou telle organisation mais c'est le reste de l'organisation qui n'est pas mixte mais hétérosexuelle. Le ghetto ce n'est pas la boîte de nuit gay de ton bled c'est le reste de la société qui est fait pour les hétéro et rien qu'eux. Tu ne dois pas pouvoir comprendre cela. Rien d'étonnant, tes niaiseries universalistes te font croire que la société est pour tout le monde et blablabla... Mais nous nous savons que dans leur (votre?) ghetto hétérocentré on ne nous laisse pas notre place. On le sait parce qu'on essaye tous les jours de la prendre quand même. Et le problème c'est que LO, la LCR et la Fraction ne vivent pas hors de cette société et qu'elles sont donc aussi très hétérocentrées. En soi ce n'est pas grave, il n'y a rien d'étonnant on ne peut pas se defaire de l'idéologie dominante ici et maintenant tu l'as dis toi même, mais épargne nous la leçon sur les ghettos et le communautarisme contre l'universalisme révolutionnaire. De quel côté du mur est le ghetto?
a écrit :Car c'est bien cela, un des éléments de la tradition politique du courant Lutte Ouvrière : tous ses militants se veulent avant tout des communistes (et pas des militants 'hommes', 'femmes', 'noirs', 'beurs', 'gays'...), qui se battent pour le communisme, et donc évidemment contre toutes les oppressions que subissent les habitants de cette planète