Lucky, j'adore ta manière fraternelle de discuter. C'est un vrai plaisir. En-dehors de ça, je vais faire de mon mieux pour te répondre, en te demandant de m'excuser s'il m'arrive de ne pas avoir que cela à faire.
a écrit :Rédiger un commentaire sur les élections sans attendre leurs résultats, comme dit l'autre, c'est ce que LO a fait entre autre avant les dernières régionnales.
Certes. Tout le monde fait des pronostics. Mais lorsque les faits (chiffrés ou non) contredisent les pronostics, qui a tort ? Les faits, ou les pronostics ? Alors, encore une fois, les chiffres, on a le droit de les contester, ou de les relativiser. Mais on n'a pas le droit de s'en foutre, sauf à être un épouvantable dogmatique.
a écrit :Sur le sujet des chiffres, et leurs cotés incontournables d'après Jacquemart: Si ces chiffres étaient si controlables, pourquoi donc la clef de voute du programme d'urgence défendu par Arlette en 95 et depuis demandait-il ce que l'on appellait avant "l'ouverture des livres de comptes"?
De tous tes arguments, celui-ci est sans doute le plus juste... mais il ne l'est pas autant que tu crois.
Bien sûr que la comptabilié nationale de la bourgeoisie est très loin d'être parfaite. Bien sûr qu'elle n'intègre pas de nombreuses dissimulations, des traficotages plus ou moins légaux, des transfets en douce, etc. Mais toute imparfaite qu'elle soit, elle représente tout de même, dans une certaine mesure, la réalité.
Quand nous réclamons l'ouverture des livres de compte, nous pointons du doigt autre chose : le fait que les bourgeois puissent transférer des sommes d'une entreprise à l'autre, ou de comptes en banques de sociétés vers des comptes en banques privés. Nous voulons que les travailleurs comprennent que même quand on leur dit qu'une boîte perd du fric, ils voient que les propriétaires de cette boîte, eux, en gagnent ou en ont gagné. Et nous voulons que les travailleurs considèrent comme légitime de mettre leur nez dans ce genre d'affaires.
Mais tous ces transferts d'une boîte à l'autre, qui peuvent être très importants à l'échelle de telle ou telle entreprise, disparaissent dans une assez large mesure à l'échelle de la comptabilité nationale, où ils se compensent mutuellement. Et quand on prend l'ensemble des biens et des services produits en une année dans un pays et qu'on en défalque l'ensemble des rémunérations perçues par les salariés, on a quand même une idée pas trop mauvaise de ce que la bourgeoisie a gardé pour elle, indépendamment de la manière dont tel profit a été comptablement déclaré dans telle boîte plutôt que dans telle autre.
a écrit :Tout ceci sans parler du fait que dans l'ensemble de leurs textes, Dumesnil et Lévy ne parle jamais de la plus value dans leur méthode de calcul du Taux de Profit.
Là, ça commence à déraper. De quoi voudrais-tu que D&L parlent exactement ? Du
taux de plus-value ? Celui-ci est très difficile, pour ne pas dire impossible, à estimer, et il n'a aucune utilité pour calculer le taux de profit. S'il s'agit de la
masse de la plus-value, alors tu te trompes. Car l'ensemble de la plus-value étant par définition égal à l'ensemble des profits, tu peux rebaptiser ce que D&L appelent les profits en l'appelant "plus-value", cela ne change strictement rien, et cela désigne la même réalité.
a écrit :Car pour Marx, le TP est le calcul du taux de plus value, mais pas que sur le capital variable, mais aussi sur le capital constant.
Tandis que D et L, en ne parlant pas de plus value, peuvent calculer un TP sur un capital bancaire, qui en lui meme n'a aucune plus value. Et donc par là meme, peut faire des profits, mais pas de TP.
Et cette façon de calculer, ferait que malgrés un capital productif de plus en plus ridicul par rapport à l'ensemble des autres capitaux non-productifs et meme fictifs, les chiffres feraient apparaitre une hausse du TP.
Pour le dire autrement, ces chiffres feraient croire que une hausse du TP sur une partie de plus en plus insignifiante du capital (le capital productif), s'étendraient à l'ensemble du capital, sans baisser !
Je ne sais pas si je suis le seul à ne pas bien comprendre ce que tu veux dire (ne serait-ce que parce que je ne sais pas si TP est pour toi le taux de plus-value, ou le taux de profit). Mais si je comprends bien, et si TP désigne le taux de profit, alors tu te trompes à chaque pas.
Le capital bancaire ne produit pas de plus-value ? Certes. Mais il produit un profit, et parler du taux de profit bancaire (comme le fait d'ailleurs Marx) est tout à fait censé. Et pour calculer le taux de profit général dans la société, le mieux est encore de rapporter l'ensemble des profits à l'ensemble des capitaux utilisés pour engendrer ces profits.