Hommage aux partisans de l'Affiche rouge

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par com_71 » 12 Fév 2004, 08:47

(Manouchian @ a écrit : Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps.

Et quelques mois plus tard "l'Humanité" devait titrer : "A chaque parisien son boche"...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par pelon » 12 Fév 2004, 08:48

Oui, sur la MOI il y a eu un excellent documentaire de la télé où des survivants témoignent simplement, avec émotion. Je me souviens d'un vieux tailleur qui travaillait toujours dans son atelier.
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Message par Jacquemart » 12 Fév 2004, 08:57

Et à lire, "le sang de l'étranger", de Courtois, Peschanski et Raiski.
Bouquin très intéressant, en particulier sur les hommes et les méthodes de la police française. Les procédés d'enquête par lesquels les flics identifient patiemment les réseaux sont méticuleusement reconstitués. Au passage, les auteurs infirment l'hypothèse d'une "trahison" de la MOI par la direction du PC.
Ce qui n'empêche pas que le PC ait trahi, dans cette période comme dans d'autres, les intérêts politiques de la classe ouvrière. Mais c'est une autre discussion...
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Message par Perceval » 12 Fév 2004, 15:28

Pour compléter cette hommage par de la poèsie, puisque Missak Manouchian, fut ouvrier, membre du parti communiste, militant de la cause prolétarienne, résistant et poète de l'universel, voici "strophes pour se souvenir". Emouvant et merveilleux poème de Louis Aragon écrit en 1955 à la mémoire de celle et ceux de "L'Affiche rouge", extrait du "Roman inachevé", retenez-le ou chantez-le avec Léo Ferré contre l'oubli ou la calomnie de l'extrême droite. Sachez enfin que le Parti des 75 000 communistes fusillés est le seul et unique parti qui honore chaque année ses morts depuis la fin de la seconde guerre mondiale et plus particulièrement le sacrifice des partisans FTP-MOI en déposant une grande gerbe de rose rouge au Mémorial de Missak et Mélinée, dans la fidélité à leur combat qui était tout entier celui de la classe ouvrière entrée en résistance armée contre l'occupant nazi qui voulu profaner notre Liberté.



Louis Aragon - l'Affiche rouge



"Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir
Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan.

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant"
Perceval
 
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Message par Perceval » 12 Fév 2004, 17:31

Pour en savoir davantage sur l'histoire de l'Affiche rouge, vous pouvez trouver un ouvrage très instructif sur le rôle des immigrés dans la résistance, intitulé "Francs Tireurs de l'Affiche rouge". Ce livre rédigé par ArsèneTchakarian, compagnon d'arme du Groupe Missak Manouchian, ancien FTP-MOI et rescapé des opérations de répression, y décrit sous la force de la plume du témoignage, comment il réussit avec Christina Boïco et plusieurs autres camarades à abattre Julius Rether, Général SS responsable de la déportation des juifs en plein coeur de Paris.

Qualifiés en leur temps de "terroristes" par la propagande du IIIe Reich et des fascistes de tout poil, ces partisans sont demeurés fidèles au Parti communiste jusqu'à la fin de leur existence. Arsène Tchakarian milite d'ailleurs toujours au Parti et au Mouvement des Arméniens de France pour le progrès.

Enfin, je ne pense pas que Stéphane Courtois soit vraiement qualifié pour parler de cet épisode de la résistance antifasciste. Son ouvrage collectif "le sang de l'étranger" est certe intéressant pour connaître les méthodes policières des RG et savoir que le Parti communiste n'a jamais trahi ses partisans clandestins. Pour autant ce directeur de recherche au CNRS, salarié de la très conservatrice Fondation Hoover, officine de la CIA, et historien es qualité de la déconstruction
du projet communiste, n'est qu'une petite main de l'anticommunisme à faire rougir de plaisir Le Pen, Megret, Seillière et Bush, pour son "livre noir du communisme".
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Message par Jacquemart » 12 Fév 2004, 17:50

Quelques mots tout de même sur la "résistance antifasciste", les "75 000 fusillés" et la "fidélité au combat qui était tout entier celui de la classe ouvrière entrée en résistance armée contre l'occupant nazi qui voulu profaner notre Liberté."
Certes, on ne peut qu'admirer le courage, voire l'héroisme, dont on fait preuve durant l'occupation bien des militants du PC (qui n'était pas encore "F"). Mais l'héroisme est une chose qui peut être mis au service de trahisons politiques, voire de crapuleries pures et simples.
Oui, le militant du PC ont payé un lourd tribut à la lutte contre l'occupant. Il n'y eut peut-être pas 75 000 fusillés, mais il y en eut beaucoup, en tout cas. Mais cela ne doit en rien faire oublier que si le PC était le "parti des fusillés", il comptait aussi dans ses rangs un certain nombre de fusilleurs. Les camarades de la LCR ont cité Blasco. On peut ajouter Mathieu Bucholz, exécuté par les staliniens pour trotskysme. Et Pierre Bois lui-même racontait comment il n'avait échappé au même sort que d'extrême justesse.
Les militants du PC croyaient peut-être se battre contre le nazisme, pour le prolétariat, pour le communisme. C'est en tout cas comme cela que la direction du PC leur présentait en partie les choses.
Mais en réalité, le PC avait choisi un camp impérialiste contre un autre. Il avait fait cause commune avec - derrière - De Gaulle, un général réactionnaire qui avait comme unique objectif la sauvegarde de l'impérialisme français, de sa bourgeoisie, de ses colonies, de ses possessions.
Le PC se battait non contre le nazisme, mais contre l'armée allemande. Et sa politique d'union sacrée ne servait nullement le communisme, mais les intérêts de la bourgeoisie.
La fin de la guerre ne mit d'ailleurs pas terme à cette orientation, puisque le PC participa durant trois ans au gouvernement, où il mit tout son crédit pour faire accepter les pires conditions à la classe ouvrière française ("la grève, c'est l'arme des trusts") et cannoner les révoltes des peuples coloniaux (Algérie, Madagascar, Indochine).
Alors, la politique du PC durant cette période était à la politique révolutionnaire ce qu'Aragon et Déroulède sont à la poésie.
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Message par artza » 12 Fév 2004, 19:28

Sur "l'Affiche rouge" on peut lire ou relire avec profit et émotion le bon article de "la lutte de classes" ( union communiste -IVème inter.).
ici
Le poème d'Aragon est par contre déplaisant dans la forme et le fond. Voir sur cette littérature "résistante" " le déshonneur des poètes" de B. Péret.
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Message par Perceval » 13 Fév 2004, 03:08

Ne soyez pas de cruels polémistes avec les communistes de l'héritage, même s'il vous faut jouer du sujet si grave des partisans de l'Affiche rouge, tant s'il en était besoin de vous avoir jadis qualifié de "communistes malheureux" par la plume de Louis Altusser.

Ainsi, il vous est imposé de demeurer dans l'invisible du communisme historique, puisque vous n'avez jamais pris part à son édification, si ce n'est dans l'ordre de la réthorique et de l'opportunisme. Et s'il est admis de jouer en termes singuliers contre le talent de lettre de Louis Aragon et d'en détester ainsi que les plus ardents anti-communistes l'engagement politique aux côtés de la classe ouvrière, souvenez-vous tout de même des dernières strophes du poète dans "La Mise A Mort" :

"On sourira de nous comme de faux prophètes, qui prirent l'horizon pour une immense fête, sans voire les clous perçant les paumes du Messie. On sourira de nous pour le meilleur de l'âme, on sourira de nous d'avoir aimé la flamme, au point d'en devenir nous-même l'aliment. Et comme il est facile de conclure, contre la main brûlée en voyant sa brûlure, on sourira de nous pour notre dévoument..."
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Message par artza » 13 Fév 2004, 07:27

Qui a pris part à l'édification du communisme (qui n' a encore jamais existé, sinon "le primitif")? Staline, Althusser et R. Hue? Quand à Aragon je ne juge pas ses qualités littéraires. Au fait à ton avis quel est son meilleur poème, l'ode au guépéou, ou son salut au retour de Thorez d'URSS?
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