Plus on veut être bref, plus on est ambigu. Je trouve Com_71 que tes messages sont bien trop elliptiques pour que Matrok puisse te suivre, d'où probablement son agacement... Mais c'est vrai qu'on peut se lasser de revenir un peu en détail toujours sur le même sujet de discorde.
J'ai essayé de faire un compromis acceptable entre la brièveté et l'ambiguïté dans l'analyse de cette citation. Je ne suis pas certain d'y être arrivé...
a écrit :Le capitalisme peut crier victoire. Depuis le début des années 2000 les entreprises occidentales viennent parait-il plus nombreuses s’investir en Russie (et vice-versa, les grands trusts russes prennent des participations en Occident). Qu’ils y prennent garde : les travailleurs russes ne sont plus tenus, comme jadis, d’assister aux défilés officiels et on ne peut plus tenter de leur faire croire que leurs directeurs sont des « camarades ».
- La rédaction de ces phrases est mauvaise :
"Le capitalisme peut crier victoire".
On peut, à la rigueur en prêtant bien l'oreille, entendre les capitalistes crier victoire mais pas entendre le capitalisme crier.
"Qu’ils y prennent garde".
Qui c'est "ils" ? D'après ce qui précède, ce serait "il" -le capitalisme- (sous entendu -les capitalistes-) ou bien "elles" -les entreprises occidentales-.
Admettons que ce "ils" représente les capitalistes occidentaux ou peut-être les capitalistes de toute la planète.
- Le raisonnement n'est pas clair, sa conclusion non plus.
Le fait que les travailleurs russes devaient assister et participer aux défilés officiels pendant la période stalinienne était-il vraiment un facteur déterminant pour la paix sociale ? À mon avis, il y avait d'autres facteurs plus bien plus importants, la peur de la police, la peur de perdre sa place dans l'entreprise ou de perdre son logement, la peur de la police politique, l'alcoolisme, un niveau de vie presque supportable, pour n'en citer que quelques uns.
On pouvait "tenter de leur faire croire que leurs directeurs étaient des camarades". Si l'on dit -tenter...- cela laisse supposer qu'en général on n'y parvenait pas et on ne voit pas trop ce que ça peut changer maintenant que l'on ne tente plus. En admettant que Convergence Révolutionnaire considère que ça marchait parfois, il est pour le moins maladroit d'avancer cet argument -les directeurs ne peuvent plus en aucun cas être considérés comme des "camarades"- après n'avoir parlé que des capitalistes occidentaux ; le problème est-il différent pour des directeurs russes ou choisis par des capitalistes russes ? Ce n'est qu'une maladresse, mais on voit très bien la lecture que pourraient en faire des nationalistes russes.
Si l'on prend cette citation telle que je crois l'avoir comprise, elle laisse entendre que, pour Convergence Révolutionnaire, les travailleurs russes sont maintenant, grâce à la disparition de l'U.R.S.S., mieux armés pour lutter. Donc que la disparition de l'U.R.S.S. serait quelque chose de positif. Qu'en est-il en réalité ?
Le pouvoir a-t-il vraiment changé de mains ? Les capitalistes russes peuvent toujours se retrouver expropriés par la bureaucratie (en grande partie issue de l'ancien parti communiste voire du K.G.B.) et les capitalistes occidentaux peuvent toujours se faire éjecter par cette même bureaucratie si ça arrange la clique de Poutine. Les travailleurs ont-ils maintenant la liberté de manifester, de revendiquer, de voter pour les leurs, de s'informer sur la sale guerre de Tchétchénie; ont-ils gagné en niveau de vie, ont-ils gagné en conscience politique, ont-ils pu créer des syndicats libres, se sont-ils organisés ? Je n'ai pas le temps de développer, mais je crois que si l'on analyse objectivement la situation, les travailleurs n'ont rien gagné à la chute de l'U.R.S.S.. Par contre ils ont continué à perdre ce qui leur restait, loyers et transports bon marché, sécurité de l'emploi (tant qu'on ne faisait pas trop de vagues), espérance de vie (passée en gros de 75 ans à moins de 60 ans) avec l'explosion de l'alcoolisme, des suicides, des meurtres la peur de l'avenir (au point de faire chuter la natalité dans des proportions inouïes). Il est probable que cette détérioration de la situation des travailleurs aurait été plus progressive mais peut-être pas moins sévère si le changement de régime n'avait pas été officialisé, tant la gangrène mafieuse de la bureaucratie avait commencé à se répandre déjà du temps de Brejnev et même avant. Alors, qu'ont-ils perdu ?
Ils ont perdu la référence à la révolution d'octobre qui, même si elle n'était qu'une façade pour les bureaucrates, avait quand même une certaine résonance, sur le papier l'U.R.S.S. était LEUR état, celui que les travailleurs avaient construit et qu'ils s'étaient fait voler par la caste de bureaucrates. S'ils avaient chassé la bureaucratie par une révolution pour reprendre leur bien, ils l'auraient fait dans la continuité de 1917. Maintenant, ils ont toujours la même bureaucratie, toujours au service du capitalisme mondial, mais ils n'ont plus le symbole de l'état ouvrier pour le reprendre à leur compte... Tout ce qu'on peut souhaiter, c'est que dans la mémoire collective des travailleurs russes, il reste quelque chose de la révolution d'octobre et de l'idée que le monde appartient aux travailleurs pourvu qu'ils s'en emparent.