ce que l'ethnologie peut apprendre à la politique

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Gaby » 07 Nov 2007, 22:53

(Jacquemart @ mercredi 7 novembre 2007 à 22:39 a écrit : Sinon, pour répondre à Wapi : l'histoire étudie les sociétés présentes ou passées, sur la base de documents écrits.

Je vais peut-être faire mon casse-noisettes pour des cacahouètes mais bon...

Je ne sais pas si ca a jamais été le cas. Que la borne chronologique de départ soit la naissance de l'écriture, certes, mais depuis longtemps il y a d'autres matériaux, pas seulement archéologiques (en admettant que l'archéo' soit quelque chose de trop particulier pour être une sorte de sous-section aux particularités techniques). A commencer par le témoignage oral, depuis toujours. Aussi, les historiens contemporains sont écrasés par les documents graphiques par exemple. On fait très bien de l'histoire à partir d'oeuvres d'art de toute sorte d'ailleurs, depuis très longtemps.

Il serait plus juste de dire qu'il existe des spécialisations historiques, telles que les disciplines évoquées. Ce n'est pas les mépriser, les pratiques se rejoignent largement de toute façon. Un chercheur d'histoire antique sera nécessairement versé dans l'archéologie...

(Jacquemart a écrit :Ce qui n'empêche pas que toutes ces disciplines sont censées contribuer à une théorie unique de la société et de son évolution.

Seulement pour ceux qui veulent une théorie de son évolution. Malheureusement il s'agit aujourd'hui d'une minorité. Je crois que ta précision est un poil trop restrictive de toute façon, puisque des historiens qui ont le nez dans le cambouis en sont encore à recenser des éléments plutôt qu'à produire une théorie, d'autant plus générale. Qu'ils se fassent le relais d'idées préconçues dans l'air (pourri) du temps, c'est une évidence bien sûr.

*edit* je viens de battre le record du monde d'édits sur un message, alors c'est possible que tu cites un truc qui a disparu :D
Gaby
 
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Message par Jacquemart » 07 Nov 2007, 22:58

Pour l'histoire, je n'ai pas dit qu'elle étudiait les sociétés uniquement sur la base des documents écrits. ;)
Mais comme on le sait, l'histoire commence avec l'écriture. Et les gens qui étudient les sociétés sans écriture ne s'appellent pas des historiens.
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Message par Louis » 07 Nov 2007, 23:17

L'ethnologie c'est etymologiquement "l'étude des ethnies". donc de peuples assez éloigné de nous, des peuples "nouveaux" (pour nous) et dont on ne connait pas ou peu le mode de fonctionnement : quels sont leurs "valeurs", leur "religions", leur "sens du sacré", leur économie, etc Disons les indiens d'amériques... Evidemment, l'ethnologie se développe vraiment avec la montée du colonialisme : on a des tas de peuples a "gérer" dont on ne connait que peu de choses, avec des réactions qui peuvent nous sembler completement "incompréhensibles" Cela impliquera une sorte de confusion entre l'ethnologie et le colonialisme, qui grevera longtemps le bilan qu'on peut faire de l'ethnologie comme discipline scientifique. Il n'en reste pas moins que cela permettra une premiére approche qui devriendra rapidement "compréhensive" (le but est de COMPRENDRE une société, non pas de lui faire adopter nos "valeurs") Deux importants chercheurs vont commencer une série de remises en cause qui se poursuit actuelement : Marcel Mauss et son "don comme fait social total" : a partir de systemes complexes de dons et contre dons dans des sociétés traditionnelles, dont le Potlatch est la forme la plus connue, Marcel Mauss essaye de remettre en cause une vision "utilitariste" des sociétés (le "don" n'a pas d'utilité économique immédiate, etc Malinovski lui créera les premieres méthodes spécifiquements etjnologiques, en particulier "l'observation participante" l'observation participante. Elle consiste à vivre au contact direct de l'indigène et participer à ses activités. Avant lui, les grands noms de l'anthropologie - James Frazer, Marcel Mauss ou Lucien Lévy-Bruhl - furent des penseurs en chambre, qui exploitaient les données venues du monde entier, récoltées par d'autres, pour en proposer de vastes synthèses. Voilà ce qu'on nommait la méthode comparative.

En 1914, le jeune Polonais s'embarquera pour l'Australie, puis les îles Trobriand, au large de la Nouvelle-Guinée. C'est de là qu'il rapportera ses observations célèbres sur la kula , système d'échange symbolique (de « don-contre-don » , dira plus tard Marcel Mauss), pratiqué par les habitants des îles. Au cours de ses nombreux voyages, B. Malinowski étudiera aussi les moeurs sexuelles des Mélanésiens, remettant en cause, au passage, le postulat freudien de l'universalité de l'OEdipe. Il s'intéressera aussi à la production agricole, qu'il décrit avec minutie dans son magnifique livre sur Les Jardins de corail (rééd. La Découverte, 2002).

Une autre figure importante de l'ethnologie est Margareth Mead et son ouvrage ultra classique "moeurs et sexualité en océanie", qui malgré les promesses du titre, n'est pas quelque chose de vaguement cochon, mais une étude comparative sur la catégorie de "l'adolescence" aux états unis et en océanie. Ecrit dans les années 1930, elles sont représentative des premieres tendance a considérer vraiment les sociétés dites primitives et les notres a égalités

On peut également citer Franz Boas Celui ci creera également dans les années 30 le courant du "relativisme culturel"

Plus récemment, quelqu'un comme Jack Goody est particuliérement intéressant. Il s'interesse a l'écrit, et aux modifications qu'elles impliquent. Il explique par exemple que l'écrit ne permet pas seulement de figer les textes "canoniques" mais aussi permet de développer des compétences nouvelles en mathématiques, etc Un de ses textes les plus intéressant est celui ou il s'intéresse au role de l'écrit et de minorités instruites dans les révoltes d'esclaves (il montre que ces minorités ne sont absolument pas nécessaires au déclanchement des révoltes, mais qu'elles permettent en général une efficacité bien plus grande

Evidemment, tout le monde a entendu claude levy strauss et son "tabou de l'inceste" (mais aussi ses études des "pensées sauvages)

Actuelement les ethnologues se tournent de plus en plus vers nos sociétés "à nous" Un bon exemple (a part les auteurs que j'ai cité) est par exemple L'«esprit de corps». Sexe et mort dans la formation des internes en médecine par Emmanuelle Godeau

Une revue que j'apprécie beaucoup "Terrain" (et qui propose des articles intégraux sur internet) donne par exemple pour son numéro "Lieux de pouvoir"

a écrit :Le prix de la confiance [Texte intégral] Les renaissances du clientélisme
Denis Vidal

Publier, consacrer, subventionner [Texte intégral] Les fragilités des pouvoirs littéraires
Nathalie Heinich

Mécènes, patrons et clients [Texte intégral] Les médiations textuelles comme pratiques clientélaires au XVIIe siècle
Christian Jouhaud et Hélène Merlin

De l'ingratitude des jeunes [Texte intégral] Notes sur le clientélisme universitaire belge
Yves Winkin

Les chimpanzés : un modèle animal de la relation clientélaire [Texte intégral]
Véronique Servais

S'attacher [Texte intégral] Le régime traditionnel de la protection en Corse
Gérard Lenclud

Liens de pouvoir
Mensonge, violence et silence dans le monde méditerranéen [Texte intégral]
Raymond Jamous

Le double mariage [Texte intégral] Immigration, tradition religieuse et représentation de l'« amour » chez les Sikhs de Grande-Bretagne
Simeran Gell

La passion hiérarchique [Texte intégral] Une ethnographie du pouvoir en usine
Véronique Moulinié

Le musée du Paysan roumain [Texte intégral] Présentation d'une culture ou proposition de société ?
Isabelle Longuet

Ethnologie et cinéma : regards comparés [Texte intégral] A propos de Contes et comptes de la cour d'Eliane de Latour
Eliane de Latour et Alain Morel


Donc on voit bien la pluralité d'approches, de terrains différents, etc

a écrit :Franchement luis, je en fais pas la différence entre sortir de soi même et distanciation/ décadrage. (surtout si c’est pour nous étudier nous même de notre temps. Faudra d’ailleurs m’expliquer la différence avec la socio ds ce cas .


Là je dois confesser mon embaras : étant né d'une société occidentale bétement cartésienne, je ne vois pas du tout ce que signifie "sortir de soi meme". quand à la distanciation c'est une question de "bonne distance" : pas trop pret (on en peut pas prétendre se confondre avec l'objet étudié) et pas trop loin non plus (sinon, on voir rien !) Et la question du décadrage, c'est pour dire que l'objet d'étude, c'est pas un objet "inerte" (comme les collegues des sciences dites exactes, dont les objets d'études ne rusent pas comme ceux des sciences humaines) et il ne souhaite pas particuliérement que "la vérité soit connue" donc il faut toujours tourner autour du sujet

sinon, pour les genres, je dirait que l'ethnologie c'est se confronter a l'alterité (une société irréductiblement "autre") alors que la sociologie, c'est trouver au contraire du commun (social c'est "faire ensemble") Et il me semble que "l'histoire" c'est se confronter au passé (alors que la sociologie et l'ethnologie parlent de société ici et maintenant) avec des documents, alors que l'archéologie étudie le passé a partir de traces (le document rapporte directement, la trace rapporte indirectement)

Enfin je peux me tromper

De toute façon, les genres dans les sciences humaines peuvent etre plus poreux que dans les sciences dures C'est d'ailleurs leur principal intéret (et une galére pas possible)
Louis
 
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Message par Wapi » 07 Nov 2007, 23:43

[quote=" (Jacquemart @ mercredi 7 novembre 2007 à 21:58"]
Pour l'histoire, je n'ai pas dit qu'elle étudiait les sociétés uniquement sur la base des documents écrits. ;)
Mais comme on le sait, l'histoire commence avec l'écriture. Et les gens qui étudient les sociétés sans écriture ne s'appellent pas des historiens.
C'est une définition un peu tranchée me semble-t-il, même si je conçois qu'il faille bien délimiter un objet quand on veut constituer une discipline.

On connaît à présent l'histoire de certains royaumes africains, comme la cour du Mwami au Rwanda par exemple, ou les royaumes mandingues et mossis et, ce alors même qu'ils n'avaient pas l'écriture.
C'est bien la discipline historique qui établit cette connaissance, même si elle s'appuie sur la tradition orale et qu'elle est sujette à caution.
Ce qui me gène, c'est que cette définition traditionnelle de l'histoire en revient un peu à dire que si l'on n'a pas d'écriture, alors on n'a pas d'histoire ?
Et les africains avant la colonisation alors, ils n'ont pas d'histoire, n'est-ce pas juste qu'on ne la connaît pas toujours bien ?
Ca m'embête cette idée de peuples sans histoire, je trouve ça connoté.
Wapi
 
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Message par Paingrillé » 08 Nov 2007, 02:00

Louis
a écrit :sinon, pour les genres, je dirait que l'ethnologie c'est se confronter a l'alterité (une société irréductiblement "autre") alors que la sociologie, c'est trouver au contraire du commun (social c'est "faire ensemble") Et il me semble que "l'histoire" c'est se confronter au passé (alors que la sociologie et l'ethnologie parlent de société ici et maintenant) avec des documents, alors que l'archéologie étudie le passé a partir de traces (le document rapporte directement, la trace rapporte indirectement)

oui, c’est un peu ça que je pense aussi.
Voici l’extrait d’un article qui se revendique "ethnologique": je vous laisse deviner la structure qu'il décrit:
a écrit :Les bureaux et les salles de cours se repartissent entre 1e sous-sol et le cinquième
étage, autour d'un jardin et de deux patios décorés de sculptures
modernes. Au sous-sol les chauffeurs, les reprograveurs, les ) du service audiovisuel et du laboratoire de langues,
ainsi dénommé par leur chef qui se trouve dans les hauteurs. Au premier étage
le centre de documentation et le service informatique ou les élèves ont a leur
disposition plusieurs documentalistes et bibliothécaires pour conduire leur
recherche, trois salles équipés d'une quinzaine d'ordinateurs, et plusieurs informaticiens
qualifies pour les aider. Le second étage revient à la direction des
stages, le troisième a la direction des études et au service des concours, le quatrième appartient a la direction, au secrétariat général, au service de presse et
au service du courrier ;
[…]
Deux escaliers, trois ascenseurs et un monte-charge donnent accès aux différents
étages ; l'usage de l'escalier principal est recommandé aux élèves, la
direction et les visiteurs empruntent l'ascenseur principal à  droite de l'entrée,
sauf lorsqu'ils veulent passer incognito, le personnel utilise l'ascenseur et l'escalier
de gauche, disposition qui diminue en apparence son importance. Les déplacements
des trois catégories d'occupants permanents - la direction, les élèves
et le personnel - découpent le territoire de l ‘école en espaces relativement
étanches. Les élèves ont une connaissance des bureaux limitée au strict nécessaire
et certains ne connaissent de l'administration de 1'école que la direction.
[…]
Par service et à heures régulières, ils descendent à la cafeteria ou déjeunent à la cantine, sans se mélanger.
La taille, la place des bureaux dans la verticalité comme leur luminosité
relative sont significatives de la position de ceux qui les occupent dans la hiérarchie
générale. Les bureaux des directeurs sont plus vastes, mieux décorés
et donnent sur le jardin tandis que ceux des secrétaires ou des chefs de
bureau donnent sur un patio plus sombre. Le rang est également signalé par
le format du bureau, le modèle de téléphone, l'équipement intérieur
armoires de classement, micro-ordinateurs, chaises de bureau dans les services et bibliothèques, stylo mont mont-blanc et fauteuils profonds pour la direction – et par le style de décoration : peinture moderne ou sculpture pour les directeurs, cartes postales pour les secrétaires, plantes vertes pour l’accueil. On pourrait  faire un inventaire à la Prévert de toutes ces caractéristiques, […]

ALORRS ? zavez devinez tt de suite ?
voila l’ethnologie, ca me fait toujours vaguement penser a ces longues descriptions de toile de fond, de paysages, pour saisir le sens profond de chaque élément. Pas la sociologie, il me semble ? et donc, ca donne ce sentiment d’altérité. Et oui, c’est intéressant de regarder aussi le monde contemporain et environnant avec ce regard qui se voudrait étranger. Néanmoins… non je vais pas foutre de néanmoins parce que sinon ….sinon, Jacquemart, il s’agasse. Et ses tournures acerbes me font frémir bbrrrrr!!! La dessus, t’es imbattable, j’ai aucun doute.
Aller , Salut !!




..................................





Il s’agissait dc des bâtiments de l’ena décrits par Irène Bellier en 1992 ds son article « Regard d’une ethnologue sur les énarques » consultable sur persee. MDR en tt cas, ça c’etait en 1992, j’ose même pas imaginer combien il y a d’ordi et d’informaticiens pour aider tt ce monde maintenant !! :sneaky2:
Paingrillé
 
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Message par Louis » 08 Nov 2007, 06:42

Pour un coté plus léger, y'a deux choses que je trouve super


Nigel Barley est un ethnologue (trés sérieux) qui a commis une série de livres (en poche) tout a fait réjouissant : Un antropologue en déroute, le retour de l'antropologue, l'anthropologie n'est pas un sport dangereux, etc C'est une suite de variations tragi comiques sur les dures conditions du métier d'ethnologue : le terrain (bourré de moustiques) les populations (pas toujours trés sympathiques, ou qui "balladent" l'ethnologue avec un plaisir communicatif) l'administration (qui a remplacé l'antropophagie comme crainte supréme de l'ethnologue) C'est trés "anglo saxon" dans l'humour (disons du niveau de "pourquoi j'ai mangé mon pére) et aussi un manuel de base des méthodes de l'etnologie (et de ses piéges, surtout !)

une autre chose interressante est une série d'etudes d'"ethnologie renversée", c'est a dire quand un ethnologue noir va etudier les étranges coutumes (qui n'ont vraiment rien de bon sens !) de ces étranges tribus blanches (le métro, etc) Ca s'est fait dans les années 80, faudra que je retrouve les références...

Mais évidemment, le plus intéressant c'est quand on est ébahi par une alterité toute proche de soi : l'ethnologie est de plus en plus intéressée par cet étrange "monde moderne". C'est assez bizarre parce que l'etnologie "classique" a tendance a rapprocher (de peuples souvent trés éloigné) et qu'il y a une nouvelle pratique de l'ethnologie qui tend a éloigner (a rendre "étrange" des choses qui pourraient passer pour "banales")

par exemple, un article de Marc Augé :

a écrit : 

CHERCHE MAISON DE CAMPAGNE
Les tribulations immobilières d’un ethnologue
VOULOIR acheter une maison de campagne pas trop loin de Paris, quand on dispose d’un budget limité, n’est pas une entreprise facile. Il faut accepter de se soumettre à une sorte de marathon, et consacrer des jours, voire des semaines, à déjouer les pièges des agences immobilières, à sillonner les petites routes, à visiter de décevantes demeures. Mais l’épreuve ne manque pas d’intérêt ni d’enseignements : redécouverte des splendeurs de la campagne française et contacts profondément humains avec des Français ordinaires cernés par la crise.
Par Marc Augé

Mai, juin, chacun vous le dira, voilà une bonne époque pour vendre sa maison : venus de Paris ou de l’Europe proche, les premiers touristes goûtent aux saveurs de l’été naissant ; les feuillages frémissent dans le vent, les fenêtres s’ornent de géraniums, les lilas ont disparu, mais les roses tiennent bon et les hortensias s’épanouissent.

Au long des routes départementales, les moindres pavillons ont un air de fête et semblent exprimer, malgré leurs ardoises ou leurs tuiles mécaniques, leurs jardins paysagés et leurs parcs arborés, la quintessence du terroir. Les irrégularités du temps elles-mêmes (giboulées attardées, embellies, brefs orages) inspirent tour à tour au visiteur en quête de résidence principale ou secondaire le désir de mettre le nez dehors pour sentir l’odeur de l’herbe fraîchement coupée ou l’envie de se replier à l’intérieur de la salle de séjour (quarante mètres carrés, poutres apparentes), voire du grenier aménageable en excellent état, pour écouter la pluie qui chante sur les toits = désir et envie également fantasmatiques puisque, de village en hameau et de carrefour en rond-point, il ne quitte pas sa voiture, à la recherche de l’écriteau « A vendre » qui marquera le début (ou la fin) de son rêve, du point de rendez-vous fixé par l’agence ou des trois chênes centenaires qui devraient, au dire d’un interlocuteur dont l’espoir de vendre cassait au téléphone la voix et la syntaxe, lui servir de repère pour débusquer le chemin de sa fermette rénovée.

Je me suis trouvé, durant ces deux derniers mois, dans la situation stimulante et frustrante de ce visiteur aux aguets. Situation stimulante, car l’annonce, dans sa concision, l’agent immobilier ou le notaire, par leur éloquence, font naître des images qui renouvellent le désir et ses illusions. Situation frustrante, cependant, parce que la réalité n’est jamais à la mesure de l’attente, mais aussi parce que le désir s’exacerbe à l’occasion des petites déceptions qui, lui laissant entrevoir un reflet appauvri ou déformé de son objet, lui donnent corps, en somme, au moment même où il se dérobe.
Rencontres de roman

MON but était simple, tragiquement simple : trouver une demeure qui fût suffisamment proche de Paris pour me permettre d’y aller travailler de temps en temps, et suffisamment éloignée pour me persuader que je vivais ailleurs, au vert, au calme. « Pas de problème, m’avaient dit quelques amis, ce qu’il te faut, c’est la Touraine ! » Tours, c’est vrai, est à une heure de Paris par le TGV. La Loire, c’est le berceau de la France, de la littérature ; c’est l’histoire faite pierres et châteaux, le climat le plus doux, la langue la plus pure, un ciel presque hollandais. Je partis pour la Touraine, muni de quelques adresses. Las ! Il me fallut bientôt déchanter : la Touraine avait de tels avantages qu’ils n’avaient échappé ni aux agences, ni aux notaires, ni aux vendeurs en général. « Avec votre budget, me dit, un tantinet dédaigneuse, une femme clerc de notaire au tailleur strict, vous ne pouvez pas espérer grand-chose par ici. » « Il faut descendre au sud de Loches ! », me dit un autre ami, un poète. « Dans le Bas-Lochois, ajouta-t-il, c’est bien plus beau et bien moins cher. » C’était bien beau en effet, mais l’optimisme de mon poète (« Avec deux cent mille francs, tu trouves des châteaux ») se révéla excessif. Je descendis encore, jusqu’au moment où, quittant l’Indre-et-Loire et me retrouvant dans la Creuse, je constatai qu’à deux ou trois heures de Tours je n’étais plus, à proprement parler, proche de Paris.

Changement de cap, changement de stratégie : après avoir consulté un journal spécialisé dans les offres de particulier à particulier, je m’élançai vers la Normandie. J’éliminai quelques annonces trop parlantes, du genre « charmant pavillon T4 à dix kilomètres de Center Parc », ou excédant manifestement mes possibilités, malgré la sobre discrétion de leur message : « Manoir normand XVIIIe siècle, 20 pièces, 1 ha, 3 Unités. » Il me fallut encore, à l’usage, améliorer ma perception des annonces et comprendre par exemple que l’expression « maison traditionnelle » désignait un pavillon récent et la mention « gros oeuvre en parfait état » une bâtisse intérieurement ruinée. Mais en Normandie aussi, le syndrome tourangeau se manifesta : trop près de Paris, tout était trop cher ou trop petit.

Et de départementale en nationale, je glissais insensiblement vers la Manche, le Mont-Saint-Michel et la Bretagne. En outre, les pommiers n’ont pas les vertus de la vigne, qui maintient à peu près intact le terroir rural. Le vin est à la mode, le cidre est folklorique : vite lotis, les terrains libérés par la fermeture des exploitations se couvrent de maisonnettes bon marché. Depuis Chartres, Evreux, Dreux, L’Aigle, Rouen, l’univers pavillonnaire déborde et s’étend au long des rivières et des axes routiers. Les zones commerciales et les grandes surfaces ne sont jamais bien loin et leur proximité constitue un argument de vente, tout comme celle des voisins, qui, ajoutant au confort du commerce une promesse de sécurité, agrandit le périmètre vivable. Pour le reste, la nature se présente d’abord comme un ensemble de nuisances contre lesquelles il faut se prémunir par les cheminées avec insert, le double vitrage et la laine de verre. Je cherchais l’isolement, je trouvai l’isolation.

Un jour, durant quelques minutes, je crus au miracle. Tout avait bien commencé, romanesquement pour ainsi dire : rendez-vous avait été pris sur la place de la mairie, dans un petit village que je trouvai sans trop de mal après avoir quitté la nationale et serpenté à travers le bocage durant une vingtaine de minutes. La propriétaire fut à l’heure et me recommanda de la suivre sans la perdre de vue, l’itinéraire n’étant pas des plus simples. Nous virevoltâmes en effet durant un bon quart d’heure dans un paysage de rêve, presque une affiche touristique (maisons à colombage, haies, prairies, petits bois, rivières, vaches grasses, chevaux nerveux, coquelicots égarés sur le bord du chemin), avant de déboucher sur un parc de belles dimensions au fond duquel se dressait une magnifique demeure de briques. Quelques vers de Nerval essayèrent en vain de me revenir en tête : je n’étais pas remis de ma surprise et de mon émotion que la propriétaire me poussait à l’intérieur et me faisait valoir, outre le confort de la cuisine équipée, les splendeurs du dallage ancien, de la haute cheminée et de l’escalier de chêne. A travers les vitres propres on voyait bouger, sous la brise, la cime des peupliers. Je me mis à calculer ce que pouvait bien représenter la somme du Livret A, du plan d’épargne-logement et d’un emprunt à 4,25 %. « Le parc fait presque un hectare », ajouta-t-elle d’une voix tentatrice en ouvrant timidement la porte vitrée qui y donnait accès. Je m’avançai, ébloui, sur la terrasse qui dominait légèrement massifs, pelouses et bouquets d’arbres. Quelques nuages s’étiraient dans le ciel bleu. On entendait au loin, ou même à proximité... qu’entendait-on au juste ? Une rumeur, plus qu’une rumeur : un vacarme, un vacarme continuel, hélas ! dont l’origine ne put me rester longtemps inconnue ; il provenait des poids lourds dévalant sans retenue la nationale que j’avais quittée un peu plus tôt et au bord de laquelle m’avaient ramené par des détours séducteurs et fallacieux les ruses ingénues de mon aimable hôtesse : « C’est peut-être un peu bruyant, minauda-t-elle, mais on s’y habitue, je vous assure, et puis peut-être, en plantant quelques arbres... On parle d’une autoroute pour dans deux ou trois ans qui détournerait sûrement la circulation... » Un ange passa. Nous nous sourîmes sans rancune.

Arrivé en Bretagne, je vis se compliquer les lois de la pesanteur immobilière et de la géométrie régionale. La distance à Paris était toujours un critère important (mon vieux jacobinisme centralisateur s’en trouvait rassuré), mais c’était la plus ou moins grande proximité du TGV qui en donnait la mesure en termes temporels (trois heures, trois heures et demie, quatre heures...). D’un autre côté, la distance à la mer commandait directement le niveau des prix. En sorte que je me retrouvai rapidement dans l’obligation de dénicher quelque maison à rénover dans une zone située à mi-distance de la mer et du TGV, agricole par conséquent et lourdement affectée par le dynamisme de l’agriculture et de l’élevage modernes.

Sur les étendues rasées de la Bretagne remembrée l’odeur du lisier flottait. On pouvait voir s’y profiler à tout instant les silhouettes allongées des porcheries ou des poulaillers industriels, tapies dans le moindre mouvement de terrain comme un sous-marin au creux de la vague : je les guettai avec l’énergie du désespoir, tel un commandant de cargo durant la seconde guerre mondiale, prêt à changer de cap et à fuir, fuir encore et toujours. Je tombai ainsi sur une nationale à quatre voies (la Bretagne en est couverte), puis retrouvai l’autoroute et regagnai Paris.

Mais je vais bientôt repartir. Car le paradoxe de toutes ces pérégrinations immobilières, c’est que, au retour, malgré les énervements et les désillusions, elles me laissent plutôt un bon souvenir. N’ayons pas peur des mots : elles m’ont toujours intéressé, et même inspiré par moments une sorte d’allégresse, une forme de bonheur.

Tout d’abord parce que la France est belle dans sa diversité et que quelques jours de déplacement au ralenti dans les villages de Touraine, de Normandie et de Bretagne en font toucher du doigt et de l’oeil les éclatantes variations et les harmoniques subtiles : le tuffeau, les colombages et le granit, les clochers d’ardoise ou de pierre, l’ardoise fine et la tuile ancienne, les forêts communales ou domaniales résistent encore à l’emprise des zones de circulation et de commercialisation qui les infiltrent et les enserrent, à l’uniformité du design au rabais qui modèle les zones piétonnières, le mobilier urbain, les ronds-points décorés et les hypermarchés.
Un immense besoin de parler

ENSUITE (et c’est un peu ici l’ethnologue qui parle) parce que, à la faveur des rencontres suscitées par les petites annonces ou les agents immobiliers, on peut mesurer l’immense besoin de parler que ressentent les interlocuteurs d’un jour. En quelques conversations, j’ai recueilli la matière de plusieurs romans. Il faut dire que la mise en vente d’une maison suit généralement un événement important, perturbateur ou tragique : les intéressés sont avides de l’évoquer, comme s’ils en conjuraient par là le caractère exceptionnel et les effets pervers.

Un jour, en Bretagne, une dame d’une soixantaine d’années me parla longuement de son hésitation à se débarrasser de la maison où sa mère venait de mourir, et aussi du mauvais comportement de son frère qui commençait à vendre les meubles. C’était de beaux meubles, il faut dire, couverts de bibelots, de photographies de famille, de souvenirs au milieu desquels je me sentais indiscret, un peu voyeur, bien que, paradoxalement, ils eussent tous quelque chose de vaguement familier, comme ces cartes postales anciennes qu’on trouve parfois chez les brocanteurs et dont on lit avec une certaine émotion le message banal et intime (« Bon souvenir de vacances », « La mer est bonne », « A dans deux semaines »), comme si l’on en était vraiment l’ultime destinataire.

Un autre jour, un homme, qui allait sur ses quatre-vingts ans et qui m’avait d’abord fait valoir le calme du lieu et le charme des dix mètres de berge vers lesquels descendait son petit jardin arboré, se mit à me raconter tous les services qu’il rendait naguère à son fils propriétaire de la maison voisine et qui venait de vendre pour aller s’installer ailleurs, évoquant d’un geste las tous les bonheurs passés et concluant, en me prenant à témoin contre tous ses intérêts : « Que voulez-vous que je fasse, aujourd’hui, tout seul avec ma femme ? Regarder à longueur de journée couler la Seine, comme un idiot ? »

Enfin, au fil des kilomètres et des entretiens, une image de la France dite profonde s’esquissait et je me dis que le dépouillement d’un seul numéro du journal consacré aux annonces immobilières des particuliers permettrait d’opérer dans notre société une coupe révélatrice de ses problèmes et de ses misères. En quelques jours, j’avais vu se former un curieux cortège où se rejoignaient la vieille veuve bretonne et ses dix hectares inutiles de terre en jachère ; la jeune femme enceinte de son quatrième ou cinquième enfant, qui n’arriverait jamais à vendre sa masure au bord de la nationale et n’arrêtait pas de crier après son aînée, prénommée Kimberley comme si elle sortait tout droit de la série télévisée « Melrose Place » ; des couples que seul l’accueil de quelques enfants de la DASS protégeait de la pauvreté ; des instituteurs fatigués et aspirant à la retraite, mais qui, dans ces milieux fragiles, faisaient figure de nantis ; un chômeur diplômé auquel son DEA de sciences sociales et ses convictions écologiques n’avaient pas fourni de travail et qui devait suivre sa femme, nommée sur un autre site de l’entreprise où elle était employée.

La relative modestie de mes « choix budgétaires », comme on dit pudiquement dans les agences, m’a mis en contact, c’est bien évident, avec ceux qui sont condamnés, pour faire bonne figure, à surestimer leur cadre de vie et à en taire les vices cachés, bref à devenir poètes. Je vais repartir, c’est décidé. Pour trouver une maison, évidemment, mais aussi pour entendre encore une fois, pour mieux entendre ces voix multiples où se mêlent à quelques signes de détresse et à quelques velléités de défense passive (l’éloge du bricolage et du travail au noir) une tenace, indestructible envie de vivre. Ou de survivre.
Marc Augé
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Message par Ottokar » 08 Nov 2007, 08:23

J'interviens sur un aspect méthodologique en apparence mineur, mais auquel s'accroche visiblement Louis, qui a trouvé un bon moyen de montrer ses désaccords avec Jacquemard, alors qu'il ne manque pourtant pas de matière sur ce plan !
(Louis a écrit :L'ethnologie c'est etymologiquement "l'étude des ethnies". donc de peuples assez éloigné de nous, des peuples "nouveaux" (pour nous)


"Ethnie" a une étymologie transparente, ethnos, le peuple en grec, ce qui veut dire que les ethnologues étudient les peuples. Bon, mais pourquoi distinguer entre ethnologues et démographes, qui étudient aussi les populations puisque "demos" = le peuple aussi mais dans un autre sens ? et comment faire la part entre ethnologues, démographes, historiens, préhistoriens, sociologues, etc. ?

Lorsqu'un débat s'était engagé en économie, un économiste, distingué comme il se doit, avait eu cette réponse admirable : "l'économie, c'est ce qu'étudient les économistes"... !

On pourrait dire de la même façon que "l'ethnologie c'est ce qu'étudient les ethnologues" (Morgan, Levi-Strauss, Margaret Mead, etc.) et s'arrêter là. Mais cela n'est guère satisfaisant et un tantinet tautologique. En effet, une science se définit généralement par son objet : la géologie est l'étude de la terre (géo). Si on la définit par ses méthodes, la géologie serait quoi ? la science qui analyse les roches (mais comment la distinguer alors de la chimie minérale ?) celle qui creuse la terre (mais comment distinguer un géologue d'un fossoyeur ?), etc.

On le voit, si toute définition est sinon arbitraire, du moins conventionnelle, la définition par les méthodes n'est pas très satisfaisante. Les ethnologues se définissent généralement par leur objet ainsi que Jacq l'a rappelé : l'étude des populations primitives encore existantes, vivantes par oppositions aux populations passées et disparues (objet des préhistoriens) ou aux populations disparues qui ont laissé des traces écrites (historiens) ou des populations contemporaines (sociologues). Pour cette étude, l'éthnologie a développé des méthodes (observation prolongée, rigoureuse et objective, par immersion prolongée dans les populations étudiées, etc.). Des disciplines voisines ont pu s'inspirer de ces méthodes, comme par exemple les "ethnométhodologistes" (courant US des années 60-70, développé notamment à Chicago, on cite Granovetter par exemple, et on n'est pas forcés de les lire, il y a un Que sais-je sur le sujet). Mais ils sont rangés dans la catégorie des "sociologues".

Louis peut prendre plaisir à brouiller les pistes avec ses définitions et ses questions. Cela fait très riche, très savant à deux balles. Mais est-ce que cela fait avancer le schmilblick ? Je partage l'avis de Jacquemard. Un scientifique cherche à poser les bonnes questions, certes, mais pour obtenir des réponses, pas pour le plaisir d'accumuler des questions.
Ottokar
 
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Message par Wapi » 08 Nov 2007, 08:43

Merci à Ottokar pour ces précisions, mais qui ne me convainquent pas (encore ? :smile: ) à 100% sur la spécificité absolue de l'ethnologie par rapport à l'histoire au seul motif de l'existence de l'écriture dans les sociétés étudiées.

Tout les peuples ont "droit" à l'histoire, à faire partie de l'histoire. Encore une fois, les sociétés sans écriture n'ont-elle donc pas d'histoire ?

Et là, en ce moment, je suis en train de lire un livre sur l'histoire de l'afrique précoloniale (tome VII de l'Unesco). Que suis-je donc en train de lire ?

Donc, pour être rigoureux, on devrait dire que l'ethnologie c'est l'histoire au présent des sociétés contemporaines de l'ethnologue avec des méthodes qui sont toujours celles de toutes les sciences : observation, hypothèse, vérification. (grosso modo).

Quand on étudie "les fangs" ou "les luo" c'est toujours à une époque donnée, il faut bien en être conscient. Ne parlons pas des "tutsis" ou des "hutus" ... abondamment étudiés par des dizaines d'ethnologues et apparentés depuis des dizaines d'années. Car ça revient toujours un peu à figer une population à un stade particulier de son développement et à en tirer des lois générales pourtant pas très éternelles.

Ce qui fait que l'ethnologie a pu parfois colporter des préjugés un peu terribles.

J'aime beaucoup les livres d'ethnologie mais je le prend comme des ouvrages d'histoire ou des témoignages sur une époque précise (comme le terrible "les Iks" de Colin Turnbull).
Wapi
 
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Message par Louis » 08 Nov 2007, 08:49

Sans vouloir compliquer les choses outres mesures, le probléme c'est qu'on est passé d'une ethnologie qui étudiait les peuples "primitifs", premiers, etc a une ethnologie qui étudie de plus en plus des objets tout a fait contemporains et proche

J'ai cité la revue "terrain" que j'aime bien. Je pourrais aussi citer la revue de la "société française d'ethnologie", association tout a fait "traditionnelle" par ailleurs Voila le sommaire de leur dernier numéro :

a écrit :Introduction du numéro
Anne Monjaret
Quand les lieux de travail ferment

Marie-Christine Pouchelle
Fermeture d'hôpitaux, quelles clefs ?
Anne Monjaret, Mélanie Roustan, Jacqueline Eidelman
Fin du MAAO : un patrimoine revisité
Francine Fourmaux
Folies-Bergère : les deux dernières revues
Jean-Pierre Hassoun
« Dernières séances au Palais Brongniart » (1988 et 1998) : événement et contre-événements
Andrée Bergeron et Bernard Doray
Les « privés d'emploi » : la culture pour miroir
Audrey Mariette
« Silence, on ferme ! » : regard documentaire sur des fermetures d'usine
Jean-Charles Leyris
L'Île Seguin dix ans après : une commémoration


A moins de considérer la classe ouvriére comme quelque chose de "primitif", on est assez loin des indiens guaranis...

Evidemment on peut considérer que l'ethnologie est une discipline "caduque" étant donné que leur "terrain" (les peuples "premiers") n'existe pas !

mais bon, si on voit le sommaire de la revue, on voit bien que certains des articles auraient pu figurer dans une revue de sociologie....

Sinon, j'aimerais assez lire cet article :

a écrit : Ghislaine Gallenga
Une ethnologue dans la grève

Pour l'ethnologie de l'entreprise, l'immersion par l'occupation d'un poste de travail est une méthode privilégiée. Comment un ethnologue, dans cette situation d'enquête particulière, arrive-t-il à mener sa recherche lorsqu'il est pris dans un conflit social ? L'auteur montre, à partir d'une expérience ethnographique dans une entreprise de transports en commun, à Marseille en 1995, que la « neutralité » (par rapport aux acteurs de la grève) n'est obtenue que par l'engagement, par l'acte de se déclarer gréviste. Cependant, cette « neutralité » est d'emblée instrumentalisée, du fait de l'incompréhension de la posture de l'ethnologue par les informateurs. Cette situation devient intenable à son apogée, mais n'en demeure pas moins heuristique.
Mots-clés : Entreprise. Grève. Immersion. Syndicat. Transport urbain. Marseille
Louis
 
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Message par Gaby » 08 Nov 2007, 09:07

(Paingrillé @ jeudi 8 novembre 2007 à 02:00 a écrit : voila l’ethnologie, ca me fait toujours vaguement penser a ces longues descriptions de toile de fond, de paysages, pour saisir le sens profond de chaque élément. Pas la sociologie, il me semble ? et donc,  ca donne ce sentiment d’altérité. Et oui, c’est intéressant de regarder aussi le monde contemporain et environnant avec ce regard qui se voudrait étranger. Néanmoins… non je vais pas foutre de néanmoins parce que sinon ….sinon, Jacquemart,  il s’agasse.  Et ses tournures acerbes me font frémir bbrrrrr!!! La dessus, t’es imbattable, j’ai aucun doute.
Aller , Salut !!

Pour répondre à ton "néanmoins", qui évoque tes messages où tu disais qu'il ne faut pas se fier à une interprétation particulière parceque le monde entier est bien complexe quand même, et puis qui sommes-nous pour juger les autres cultures, la condition humaine c'est pas simple, peut-être les excisées le vivent différement qu'on le pense, etc.

C'est une évidence qu'un historien est forcément subjectif, qu'il n'est pas un disque dur vierge sur lequel la réalité se collerait par l'observation des sources, ne serait-ce que parcequ'effectivement il existe différents outils d'interprétation, différentes méthodologies et qu'elles se disputent les commentaires des évènements. C'est de l'ordre du constat.

Encore faut-il se demander quelle peut être la nature de ces orientations, pourquoi elles existent (les idées ne flottent pas au-dessus des hommes au hasard) et essayer de s'y retrouver en se forgeant des opinions. S'il n'y a pas en science sociale de démarche parfaite, il y a au moins sans doute un classement de celles-ci. En politique aussi.

Pourtant, toi tu décrètes quasiment l'inutilité de la discipline, surtout pour ceux qui espèrent comprendre quelque chose d'un peu plus complexe et vaste que l'évolution de leur jardin municipal, comme ça en bloc, parcequ'il n'existe pas d'individu surhumain dégagé de ses limites de pauvre homme avec deux yeux et une vie. C'est une position à mon avis parfaitement réactionnaire, parcequ'elle considère qu'il ne peut y avoir au fond quelque chose de propre à l'homme et à son histoire, depuis son existence, au cours de son développement et surtout, dans son avenir.

Pourtant, des sociétés qui ne se sont que peu connues ont appliqué des formes similaires d'organisations sociales (ou au moins comparables) à un moment donné de leur passé, et par ailleurs, aujourd'hui il est clair qu'il n'existe que peu d'Etats qui vivraient indépendamment du régime capitaliste, même si des cultures nationales subsistent.

Et puis n'oublions pas, parceque tu le précises à chacun de tes messages, à peu près la moitié du forum est méprisable et mérite que tu te foutes de leur gueule comme tu le fais depuis ton arrivée (lire ton archive de msgs est édifiant, tout le monde y passe, untel est pédant, l'autre est ridicule, celui-ci est un vieux croulant, celui-là est arrogant... et toi ?).

Ouais comme tu dis salut hein, et si ca te fait tant chier d'intervenir que tu te sens obligée de vanner tous les intervenants avec ton humour nul à ch***, tu peux oublier le chemin du retour. Après tout la politesse, à force hein... :mellow:
Gaby
 
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