les artistes, la réussite, l'engagement politique

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Stanislas » 11 Oct 2003, 12:56

CITATION (pelon @ jeudi 4 septembre 2003, 16:51)Ah ! ces artistes qui ont réussi, ce sont bien des petits bourgeois. Décidément, rien de nouveau pour les marxistes.
Il n'y a que leur mise en scène qui peut éventuellement être révolutionnaire.[/quote]
Bah... si déjà leur mise en scène n'est pas bourgeoise au sens du spectacle intégré, cela n'est pas si mal (on ne parle pas de Patrice chéreau sur ce coup, que cela soit très clair). Ceci dit je n'apprécie pas trop - avis tout à fait perso - la généralisation des 'dits implicites'.

Je ne vois rien qui soit petit-bourgeois chez Chabrol, Jarmusch, Pasolini, Truffaut, Godard, Rohmer, Cronenberg (le festin nu, crash, videodrome - pour ceux qui ne connaissent pas), ou les frères Coen, pour ne citer que ceux-là.

Par exemple, là où Chabrol et Rohmer abordent des thèmes identiques à ceux du pauvre petit Sautet :x - à savoir la sphère de classe bourgeoise, la dimension politique est bien présente, dans la structure des films. Revoir pour mémoire "La cérémonie" (C. Chabrol) ou "Ma nuit chez Maud" (E. Rohmer) pour s'en convaincre.

Pourtant ces metteurs en scène gagnent (ou gagnaient) pas mal de fric. Certes, et alors ? Doit-on condamner en bloc le 'succès' de l'intelligence et de l'engagement filmique au simple nom des intermittents (que ces 'gens' là soutiennent pour partie), selon une formule lapidaire, hors du contexte de leur oeuvres, pour n'y voir que des 'personnes'. Cela sent comme un vaste retour du refoulé aux critiques conventionnelles des années 50. C'est en tout cas mon avis.

Hors sujet ? possible. Peu importe.
Stanislas
 
Message(s) : 0
Inscription : 16 Sep 2003, 07:39

Message par pelon » 11 Oct 2003, 13:29

Je voulais surtout dire que l'on pouvait être révolutionnaire en art et quand même conservateur (voire réac) socialement ... et lycée de Versailles. Et ceci est visible quand les intérêts économiques sont égratignés comme on a pu le voir cet été dans le conflit des intermittents. On compte les célébrités qui ont été solidaires jusqu'au bout des intermittents. En tout cas, ni Chéreau, ni Mouchkine ne font partie de la liste. Evidemment, je ne parle pas de l'ex-soixante-huitard engraissé, Savary.
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par Stanislas » 12 Oct 2003, 05:39

CITATION (pelon @ samedi 11 octobre 2003, 14:29)On compte les célébrités qui ont été solidaires jusqu'au bout des intermittents. En tout cas, ni Chéreau, ni Mouchkine ne font partie de la liste. Evidemment, je ne parle pas de l'ex-soixante-huitard engraissé, Savary.[/quote]
Oui, nous sommes bien d'accord là-dessus. Je voulais simplement préciser que la généralisation 'sous-entendue' me génait. Et qu'il ne faut pas - avis perso - cracher sur l'oeuvre d'artistes nantis lorsqu'elle est intelligente et politique, quand bien même eux, en tant que 'personnes', ne sont pas souvent révolutionnaires.

Sur l'intervention de Caupo : sans commentaire, si ce n'est que le mépris et la vulgarité ne font pas avancer le schmilblick.
Stanislas
 
Message(s) : 0
Inscription : 16 Sep 2003, 07:39

Message par Louis » 12 Oct 2003, 09:43

Il faudrais regarder, mais je suis sur qu'il y a largement plus de petits bourgeois qui regardent les films de ken loach, les prolo préferent largement regarder sautet !

CITATION Je voulais surtout dire que l'on pouvait être révolutionnaire en art et quand même conservateur (voire réac) socialement ... et lycée de Versailles. Et ceci est visible quand les intérêts économiques sont égratignés comme on a pu le voir cet été dans le conflit des intermittents. On compte les célébrités qui ont été solidaires jusqu'au bout des intermittents. En tout cas, ni Chéreau, ni Mouchkine ne font partie de la liste. Evidemment, je ne parle pas de l'ex-soixante-huitard engraissé, Savary. [/quote]

En général, il y a un certain rapport ! Et c'est bien pour cela que meme sur le plan esthétique, Savary s'épuise (et nous épuise en meme temps)
Louis
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 09:33

Message par Weltron » 12 Oct 2003, 21:01

Je ne suis pas du tout d'accord avec toi, Caupo. À te lire, on a l'impression qu'une oeuvre n'est valable que lorsqu'elle s'adresse à des travailleurs et qu'elle parle de leurs problèmes concrets. Désolé, je trouve ça extrêmement réducteur.

En ce qui me concerne, je n'ai aucun mal à aimer Ken Loach en même temps que Stanley Kubrick, Woody Allen, Steven Sorderbergh, David Lynch, les frères Coen et des tas d'autres que j'oublie au moment où j'écris. Vraiment, je préfère un type qui parle intelligemment des choses qui le préoccupent, quelles qu'elles soient, à un type qui voudrait parler des travailleurs et qui s'y prendrait comme un pied.

Personne ne te force à t"intéresser à d'autres réalisateurs que ceux que tu cites, remarque... Mais je trouve que tu passes à côté de plein de choses. Enfin bon, c'est qu'une réaction comme ça, à chaud...
Weltron
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2002, 15:10

Message par Stanislas » 13 Oct 2003, 14:22

CITATION que tout ce qu'on publie et qu'on met en scéne est pour les bourges, par des bourges, et s'agit de la vie des bourges[/quote]
Et alors ? Parler de la vie des bourgeois, la mettre en scène, la théatraliser, lorsqu'on démonte/dénonce le 'Spectacle' écoeurant du capitalisme par le biais artistique, n'est-ce pas un acte révolutionnaire en soi ? Même si l'acteur, le metteur en scène ou l'auteur ne sont pas membres d'orgas révolutionnaires ?

Un discours (au sens large) peut agir - en certaines occasions - de façon tout autant révolutionnaire qu'une action militante. Sans vouloir insister lourdement (enfin si, quand même un peu) sur un des exemples que j'ai pris plus haut, tu pourrais regarder "La cérémonie" de Chabrol, pour t'en convaincre. Il n'y a pas plus 'marxiste' dans le genre, même si - ou plutôt justement parce que - le milieu social dans lequel se passe l'action est la grande bourgeoisie.

Sinon évidemment, tu peux rester sur Ken Loach, ou relire pour la 50ème fois "l'établi" ou les mémoires de la vie d'Arlette, ça ne t'ouvrira pas d'horizon nouveau dans la mesure où tu y revis ta/notre propre condition sociale. "L'ennui naquit un jour de l'uniformité".

NB: Pour info, Godard, Truffaud, Chabrol, Rohmer, Pasolini et quelques autres étaient des acteurs majeurs dans le boycott du festival des nullités de Cannes en 68. Ce qui fait trait d'union avec le mouvement des intermittents du spectacle de 2003.
Stanislas
 
Message(s) : 0
Inscription : 16 Sep 2003, 07:39

Message par Louis » 13 Oct 2003, 15:07

Moi, je pense bien que l'art, le roman, le cinéma sont des vecteurs de critique sociale et de contestation de notre bonne vieille société bourgeoise et de tous ses attribus ! Et, evidemment, pas uniquement ceux qui se revendiquent d'un art "engagé", "au service des travailleurs" (meme si je n'ai rien a priori contre cette forme d'engagement)

Mais inversement, le monde de "l'art et de la culture" n'échappe pas (ce serait le bouquet !) aux contradictions qui font que "la culture dominante est toujours la culture des classes dominantes" Sans parler de ceux qui "se placent du coté des travailleurs" et qui vivent comme des petits bourgeois, de ceux qui luttent contre la domination capitaliste et se comportent dans leur production comme n'importe quel petit patron, etc etc

Et Pelon a EN PARTIE raison ; certains dont leurs oeuvres sont APPAREMMENT d'une forme révolutionnaire, se comportent d'une facon completement réac, et approuvent les comportements les plus scandaleux (IE les artistes qui approuvaient la répression des communards) alors que d'autres, dont la forme artistique et culturelle est visiblement bourgeoise se place APPAREMMENT du coté des expoités De ce point de vue, j'ai toujours apprécié la lucidité de Trotsky concernant Céline, il avait été le seul a voir le fasciste pointer sous "l'anarchiste proclamé"
Louis
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 09:33

Suivant

Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invité(s)