Extrait du CLT du 14 10 2009
a écrit :Toutes ces défaites ont été payées par la guerre et ses atrocités. Mais rien ne peut faire oublier la responsabilité collective de la bourgeoisie dans cette seconde guerre mondiale.
La bourgeoisie allemande en premier lieu qui a installé Hitler au pouvoir et lui a ainsi laissé les mains libres pour mettre au point le génocide de six millions de juifs, de Tsiganes. Les bourgeois allemands dans leur ensemble n’ont peut-être pas voulu la solution finale, mais ils en ont été responsables, et d’ailleurs ils ne se sont pas privés d’en tirer profit en faisant travailler des déportés dans leurs usines.
Et cela avec la complicité des dirigeants du monde capitaliste qui savaient ce qui se perpétrait dans les camps d’extermination. Mais durant la guerre - cette guerre qu’ils menaient non pour lutter contre le fascisme mais pour résister à la suprématie de l’impérialisme allemand-, ils ont continué à préférer bombarder les usines allemandes, voire les populations civiles, plutôt que les chemins de fer qui alimentaient ces camps de la mort.
Extrait du Projet de thèse sur la question juive, Ernest Mandel 01 01 1947
a écrit :L’époque du capitalisme décadent est en même temps l’époque de la crise aggravée du problème juif. L’inflation, la pression accentuée du capital bancaire, puis la grande crise économique, ruinent des millions de petits artisans et commerçants, et exacerbent à l’extrême la haine contre les concurrents juifs. Le chômage terrible qui sévit parmi les travailleurs intellectuels et la misère accrue des professions libérales en Europe centrale et orientale, créent un climat particulièrement favorable pour l’apparition de vastes mouvements petits-bourgeois de masse, trouvant dans l’anti-sémitisme une de leurs armes idéologiques propres. Dans les pays d’Europe orientale, ces mouvements traduisent un courant populaire extrêmement profond qui s’extériorise en de nombreuses explosions sanglantes. En Allemagne c’est le pouvoir d’Etat, tombé entre les mains des dirigeants nazis, qui a organisé d’en haut la persécution et plus tard l’extermination des juifs. En ce sens c’est le capitalisme décadent qui remit sciemment entre les mains d’une bande de criminels sanglants, (qui) est pleinement responsable du sort effroyable des masses juives en Europe durant la guerre. L’extermination des juifs européens par l’impérialisme allemand est un avertissement pour tous les autres peuples, leur montrant le sort qui les attend si la société actuelle continue à pourrir.
LO 23 01 2004
a écrit :Quand les Alliés laissaient les nazis exterminer tranquillement les Juifs
Plus de cinq millions de photographies aériennes prises par l'aviation anglo-américaine au cours de la Seconde Guerre mondiale, jusqu'ici étaient difficilement accessibles, sont maintenant disponibles, y compris sur Internet.
Parmi ces photos publiées, une retient l'attention. C'est celle du camp d'extermination d'Au-schwitz prise le 23 août 1944. On y voit un alignement de prisonniers et la fumée dense des crématoires. Ainsi des avions d'observation pouvaient survoler le camp de la mort. Pourtant, aucune des lignes de chemins de fer conduisant à Auschwitz n'a été bombardée.
Du coup, Auschwitz a pu « fonctionner » jusqu'à l'extrême limite, les derniers gazages ayant eu lieu en novembre 1944. Au moment où étaient prises ces photos, des Juifs hongrois, puis des Juifs de Grèce, étaient exterminés. Des trains de la mort sont partis de Lyon et de Paris fin juillet-début août. En septembre et octobre 1944, les ultimes convois en provenance de Hollande, de Pologne, des pays baltes, de Hongrie, d'Italie, et de Tchécoslovaquie sont arrivés au camp. Auschwitz fonctionnait toujours, Auschwitz brûlait toujours ses cargaisons de cadavres!
L'aviation alliée aurait-elle pu bombarder les voies ferrées? C'est une chose d'envoyer un avion de reconnaissance, c'en est une autre d'envoyer des bombardiers.
Au début de 1944, les pertes alliées étaient énormes lors des raids de bombardement: jusqu'à un appareil sur quatre. Mais dans les derniers mois de 1944, la Luftwafe était hors d'état de résister: les pertes de l'aviation alliée n'étaient plus que de l'ordre de 1% à chaque sortie. A ce moment-là, il aurait été possible d'envoyer quelques avions lâcher des bombes sur les voies ferrées d'Auschwitz. Cela aurait paralysé l'usine d'extermination.
Les dirigeants alliés militaires ou civils, les Eisenhower et autres Montgomery ont estimé que le sort des Juifs ne méritait pas que l'on risque quelques avions et quelques équipages sur les milliers qui survolaient régulièrement l'Allemagne.
Et du côté de l'Armée soviétique, le constat est le même. Certes, elle disposait d'une aviation beaucoup moins performante que les Anglo-américains, mais depuis mai 1944 Auschwitz n'était plus qu'à 400 kilomètres du front, à 200 kilomètres seulement en juillet et à 150 kilomètres en octobre.
Et pourtant jamais un avion n'a survolé le camp de la mort pour faire autre chose que prendre des photos, et les trains ont continué à arriver sans encombre...
André VICTOR
LO 01 05 2003
a écrit : Les bourreaux nazis et leurs complices, les alliés
Le 11 mai 1943, apprenant l'écrasement du ghetto de Varsovie, Artur Zygielbojm, membre du gouvernement polonais en exil à Londres, se suicidait. Cet ancien syndicaliste juif, membre du Bund, évadé du ghetto de Varsovie, laissait une lettre où il expliquait vouloir, ainsi, « une dernière fois protester contre la passivité d'un monde qui assiste à l'extermination du peuple juif, et l'admet » et rappelait que « les gouvernements des nations alliées n'ont jusqu'ici entrepris aucune action concrète pour arrêter ce crime ».
Cela, bien sûr, les héritiers politiques de ces États se garderont bien de le rappeler lors des cérémonies du 60e anniversaire de l'insurrection du ghetto de Varsovie. Aujourd'hui comme hier, ils se revendiquent de ce qu'ils appellent la lutte de la démocratie contre le fascisme, du bien contre le mal et autres faux-semblants. Mais derrière ce masque qui, durant la Seconde Guerre mondiale, recouvrait une opposition entre deux camps de bourgeoisies impérialistes rivales, la barbarie n'était pas l'apanage d'un seul camp. Et s'agissant de l'extermination des Juifs (mais aussi d'autres peuples, tels les Tziganes, voire les Slaves, également considérés comme des « sous-hommes » par les nazis), le sang du crime ne rejaillit pas que sur l'Allemagne hitlérienne. Dès avant la guerre, alors que le régime nazi ne faisait nul mystère de son programme raciste et avait commencé à le mettre en œuvre en Allemagne, les démocraties ouest-européennes ou nord-américaines refusèrent systématiquement, sauf exceptions concernant surtout des célébrités ou des bourgeois juifs, d'accorder des visas d'émigration à ceux qu'ils vouaient ainsi à la mort. Même quand, durant la guerre, le massacre s'étendit à toute l'Europe, avec la complicité active de gouvernements tel celui de Vichy, les Alliés (USA, Grande-Bretagne et gouvernement gaulliste en exil) s'en désintéressèrent.
Dans L'abandon des Juifs (les Américains et la solution finale) (paru en 1987 chez Flammarion), D. Wyman, un historien américain, rappelle, par exemple, que « en 1944, le ministère américain de la Guerre rejeta plusieurs appels réclamant que l'on bombarde les chambres à gaz d'Auschwitz et les voies ferrées qui y menaient (alors que durant la même période) de nombreux raids américains massifs étaient exécutés par les Américains dans un rayon de 80 kilomètres autour d'Auschwitz. » Même les informations à ce propos étaient étouffées en très haut lieu par les Alliés et ne filtraient que rarement dans la presse anglaise ou américaine. Dans Le terrifiant secret (Gallimard, 1981), W.Laqueur, un historien anglais, rappelle les nombreuses occasions où le gouvernement britannique mit son veto à la publication d'informations sur la « solution finale » nazie et les consignes, dans le même sens, données par les services gouvernementaux américains, notamment l'interdiction faite à leurs diplomates en poste dans les pays dits neutres d'Europe de transmettre des messages d'appel au secours d'organisations juives européennes.
Quant aux prétendues autorités morales en soutane, le pape en premier lieu, qui voyait en Hitler un allié contre le bolchevisme, on sait (un film récent, Amen, l'a rappelé) qu'elles ont couvert d'un silence complice le massacre de millions de Juifs dont elles n'ignoraient rien.
P. L.