théorie du Referendum

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par interluttant » 25 Déc 2004, 02:31

Nous avons une thérie de la démocratie et de comment militer lors des élections dans le cadre de la démocratie bourgeoise.
Les referendums nous posent un problème beaucoup moins simple.
Voici un premier texte de Trotsky, Contre le national-communisme, :-P ) mérite d'être discuté maintenant.

Si l'on veut comparer, il faudra se borner à décrire les points commnuns et différences entre les situations historiques et la situation présente pour que ce fil ne devienne pas un sujet "politique française".
interluttant
 
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Message par Valiere » 25 Déc 2004, 11:38

Chaque situation est différente et je ne comprends pas cette idée de toujours se référer aux textes "sacrés"...
L'histoire est intéressante pour l'histoire elle même pour les indications qu'elle apporte et pour les leçons qu'elle nous apporte mais pas plus.
Valiere
 
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Message par Puig Antich » 25 Déc 2004, 15:08

Il ne dit pas autre chose je crois ; je n'ai pas lu le texte sacré en question ni n'ait connaissance de ce référendum, mais il peut être bien d'en discuter. Je me pose moi-même pas mal de questions sur le référendum à venir, et ait peur que le vôte non soit un piège pour la classe ouvriere...

Alors discutons :smile:
Puig Antich
 
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Message par interluttant » 25 Déc 2004, 17:14

:dry: Attention Puig Antich, tu te poses "pas mal de questions" sur le referendum à venir et c'est pour ça que tu es sur ce fil, mais :rtfm: la règle et de ne pas parler de ça autrement qu'en effectuant des comparaison entre les raisonnements des textes anciens et la situation actuelle.
interluttant
 
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Message par pelon » 25 Déc 2004, 17:45

(interluttant @ samedi 25 décembre 2004 à 17:14 a écrit : :dry: Attention Puig Antich, tu te poses "pas mal de questions" sur le referendum à venir et c'est pour ça que tu es sur ce fil, mais :rtfm: la règle et de ne pas parler de ça autrement qu'en effectuant des comparaison entre les raisonnements des textes anciens et la situation actuelle.
:gne_gif:
pelon
 
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Message par interluttant » 25 Déc 2004, 18:06

oui, Puig Antich a écrit qu'il avait peur que le vote "non" (lors du prochain referendum) soit un piège pour la classe ouvrière. Je dis qu'ill faut bannir ce genre de réflexion si l'on veut que ce fil ne "dégénère" pas en fil de "politique française".
:huh: C'est plus clair comme ça, Pelon ?
interluttant
 
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Message par Puig Antich » 25 Déc 2004, 18:09

:blink:

oui oui j'avais compris ; je voulais juste dire qu'il pouvait justement être utile de le faire (les comparaisons) VU que je me posais des questions sur le référendum
Puig Antich
 
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Message par mael.monnier » 25 Déc 2004, 21:29

(interluttant @ samedi 25 décembre 2004 à 02:31 a écrit :Je n'ai pas de de connaissance particulière de cet épisode de l'Histoire de l'Allemagne en 1931. Les nazis étaient à deux ans de leur victoire. Le référendum dont parle Trotsky était-il à l'initiative du parti Nazi ou du gouvernement allemand ? Quel a été le résultat du référendum ? Peut-être certains camarades pourront-ils éclairer la situation.

En faisant une recherche avec Google là-dessus, je suis "tombé" sur un livre de Stéphane Just, Fronts populaires d'hier et d'aujourd'hui écrit en collaboration avec Ch. Berg. Dans la partie Origine et « théorie » des fronts populaires (http://www.marxists.org/francais/just/front_pop/sj_fp_02.htm), on a un petit chapitre Le « social-fascisme » en action qui répond à tes questions. Ce référendum a été organisé dans le Landstag de Prusse où la social-démocratie était la plus forte, cela à l'initiative des nazis, rejoint ensuite par le PC allemand...

Comme le rapporte Just, "9,8 millions d'électeurs, soit 37 %, répondirent « oui » au référendum du 9 août 1931." Comme le dit Trotsky dans Contre le national-communisme, les résultats "frappent en plein visage la vantardise inepte et honteuse de la Pravda" qui avait déclaré le 12 août que "Les résultats du vote signifient... le plus grand coup que la classe ouvrière ait jamais porté à la social-démocratie".

Au niveau des rapports de force, comme le rapporte Just :
a écrit :[aux élections du Reichstag, ]en 1928, les nazis n'obtenaient que 810 000 voix, en septembre 1930, ils obtenaient 6 409 000 voix ; le P.C.A. passa de 3 265 000 voix à 4 592 000.

Le S.P.D. reculait : de 9 millions, il descendait à 8,5 millions de voix, mais restait de loin le grand parti ouvrier et le plus grand parti d'Allemagne, d'autant que le gouvernement de Prusse, dirigé par Severing, restait aux mains du S.P.D.

Mais le score électoral n'enregistrait que faiblement l'alignement et les affrontements entre le parti nazi et les partis ouvriers dans le pays. Financé par le capital financier, Hitler montait une formidable machine de guerre civile. De quelques milliers mal organisés en 1930, les S.A. passaient à 100 000 hommes en janvier 1931 et 300 000 un an plus tard, organisés militairement. De son côté, le S.P.D. organisait le « Front de fer », mais qui n'avait ni les moyens ni la discipline des nazis, et le P.C.A. le « Front rouge ». Peu de jours se passaient sans combats qui ne fissent morts et blessés.


La situation ici est vraiment loin d'être la même : premièrement, le FN n'est pas armé ; deuxièmement, le FN ne connaît plus la progression électorale qu'il avait auparavant ; troisièmement, il ne s'agit pas ici d'un plébiscite visant à chasser ou à confirmer un parti qui exerce le pouvoir ; quatrièmement, ce n'est pas le FN qui est à l'origine de ce référendum ; enfin, à ma connaissance aucun groupement ou parti politique n'a envisagé d'employer ce référendum comme un "tremplin" pour combattre le FN...
mael.monnier
 
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Message par mael.monnier » 27 Déc 2004, 14:10

(interluttant @ samedi 25 décembre 2004 à 02:31 a écrit :Il parrait qu'il y a un très bon texte de Barta sur un référendum qui a eu lieu peu de temps après la seconde guerre mondiale.

Après recherche, il y a eu 3 référendums après la seconde guerre mondiale.

Tout d'abord, fut organisé le référendum du 21 octobre 1945 institué par l'ordonnance n° 45-1836 du 17 août 1945 (voir http://mjp.univ-perp.fr/france/co1944-5.htm). Des élections législatives étaient organisées le même jour. La première question était : « Voulez-vous que l'Assemblée élue ce jour soit constituante ? » En cas de réponse négative, cela signifiait le retour aux lois constitutionnelles de 1875. Or, comme Barta l'avait expliqué dans La Lutte de classes n°52 du 27 septembre 1945 (http://www.marxists.org/francais/barta/194...dc52_092745.htm), "le retour à la Constitution de 1875 ne [pouvait] pas se poser, le Parlement ayant légalement délégué ses pouvoirs à Pétain". La deuxième question, conditionnée par le oui à la première, portait sur un projet de loi "portant organisation provisoire des pouvoirs publics" où le gouvernement continuerait d'être (quasiment) irresponsable devant le Parlement, où le pétainisme continuerait (voir tract du 5 octobre 1945, http://www.marxists.org/francais/barta/194...ract_100545.htm). Pour Barta, "si on la traduisait en langage clair, elle ressemblerait à la question suivante : "Voulez-vous être mangés au beurre noir ?"" (même article de La Lutte de classes). Par conséquent, "les deux questions posées [étaient] nulles de plein droit".

Comme le rapporte le tract, le coup d'État "légal" de De Gaulle ne s'arrête pas là :
a écrit :Par l'institution d'un scrutin électoral réactionnaire, il réduit un vote ouvrier à la moitié de la valeur d'un vote rural, diminuant ainsi fortement le nombre des députés des centres industriels ; à leur place il fait nommer par une poignée de colons de "l'Empire" 100 députés fascistes.

De cette façon, quel que soit le résultat du référendum, par des élections carrément falsifiées, De Gaulle s'assure dans la future Assemblée, à l'encontre de l'opinion de l'écrasante majorité des travailleurs, une représentation réactionnaire destinée à couvrir légalement les agissements de la bureaucratie, de la police, des bandes fascistes et de tous les autres instruments extra-parlementaires aux mains de la bourgeoisie.


"Quand les dés sont pipés, il ne faut pas accepter le jeu" (même article de La Lutte de classes), et donc l'Union Communiste de l'époque avait appelée au boycott de ce référendum (c'est-à-dire au vote blanc). L'analyse qui est faite du résultat de ce référendum dans La Lutte de classes n°53 du 24 octobre 1945 est très intéressante et explique clairement le piège qui était tendu par De Gaulle (http://www.marxists.org/francais/barta/194...dc53_102445.htm).


*
**


Le second référendum organisé le 5 mai 1946 portait sur le projet de constitution du 19 avril 1946, élaboré par l'Assemblée "constituante" élue le 21 octobre 1945. Dans un tract diffusé le 26 avril, intitulé "A bas le plébiscite ! Pour un 1er Mai de lutte" (http://www.marxists.org/francais/barta/194...ract_042646.htm), l'UC appelera encore au boycott de cette mascarade par un vote blanc et invitera les travailleurs conscients à ne pas s'abstenir pour bien montrer aux politiciens "qu'on ne se moque pas impunément du peuple".

Pourquoi ? Le tract explique ainsi :
a écrit :Par le référendum du 5 mai les partis de la bourgeoisie et les renégats de la classe ouvrière veulent nous faire croire, comme au mois d'octobre, que l'enjeu de la lutte c'est la démocratie, qui sera gagnée par le "oui" ou par le « non ».

De cette manière, ils veulent laisser dans l'ombre les véritables questions qui préoccupent les masses ouvrières et paysannes, celles de l'État collecteur d'impôts et de l'administration gangrenée, celle d'un régime économique incapable de tout redressement parce que basé sur la spéculation capitaliste et la course aux armements.

Participer au référendum, par le oui ou par le non, c'est donc se battre pour l'ombre en lâchant la proie.


Ici, dans le cas de leur référendum sur le traité constitutionnel européen, la situation est semblable : on voudrait nous faire croire qu'il grave dans le marbre les dogmes du capitalisme "sauvage" (dénommé "néo-libéralisme" par le PCF & Cie) et que le socialisme serait alors impossible, que l'augmentation des capacités militaires serait gravée pour 50 ans et qu'on ne pourrait pas mener une autre politique militaire, que la politique de l'Europe-forteresse envers les immigrants et les demandeurs d'asile serait définitivement renforcée, etc. On voudrait nous faire croire qu'il y aurait un enjeu important à participer à ce référendum en votant oui ou non, éclipsant ainsi la véritable question : celle d'une Union Européenne où la bourgeoisie exerce sa dictature de classe, dominant le prolétariat dans chaque pays de l'Union.

Barta explique ensuite :
a écrit :La véritable Constitution se trouve dans un rapport de forces. La Constitution que nous avons eu de 1934 à 1937 était la même que celle de 1938 à 1940. Cependant entre ces deux époques il Y a une différence considérable, l'une ayant vu la déroute de la réaction, l'autre son triomphe. La première étant due à l'action directe des masses travailleuses, la seconde à la trahison de leurs leaders en faveur de la bourgeoisie.

C'est bien cela qui est important. Si des "dérives réactionnaires" risquent d'être entrainées comme l'affirme Arlette Laguiller dans Le Monde du 10 décembre, c'est donc plus en raison du rapport de forces qui est largement favorable à la bourgeoisie, qu'en raison du traité constitutionnel Giscard lui-même.



*
**



Le projet de Constitution soumis au vote le 5 mai ayant été repoussé (voir http://mjp.univ-perp.fr/france/ref1946-5.htm), un nouveau projet fut élaboré et soumis le 13 octobre 1946 (qui fut cette fois positif, voir http://mjp.univ-perp.fr/france/ref1946-10.htm).

Comme le relate Barta dans La Lutte de classes n°69 du 10 octobre 1946 (http://www.marxists.org/francais/barta/194...dc69_100246.htm), le PCF a argué du rejet de cette Constitution où était prévue une seule Chambre pour se résigner au fait qu'il y ait deux Chambres dans le nouveau projet malgré que ce soit un système réactionnaire... Le PCF a interprété le non majoritaire comme une réponse du peuple "à l'appel des partisans de deux et même plusieurs Chambres"...

Barta démasque ensuite la fausseté de cette interprétation :
a écrit :Mais, est-ce la véritable volonté des masses travailleuses qui se manifeste dans des élections contrôlées par la bourgeoisie ?

Aux élections du 21 octobre 1945, c'est une majorité écrasante qui s'est prononcée pour une seule Chambre.

Cette "inconséquence" de la "volonté populaire", telle qu'elle s'exprime dans le suffrage universel contrôlé par la bourgeoisie, provoque le mépris des politiciens pour le peuple, et la bourgeoisie se vante de pouvoir retourner l'opinion publique "comme une crêpe". Mais cela est dû au fait que c'est elle qui tient la queue de la poêle.

Le noeud de la question est bien là. Un référendum ne peut pas être démocratique si le pouvoir qui l'organise est un pouvoir ennemi des masses travailleuses.


Pour illustrer ses propos, Barta donne ensuite les exemples de la Grèce, de la Yougoslavie et de l'Italie, pour bien montrer que ce ne sont pas les référendums qui changent les rapports de l'Etat avec le peuple, mais la lutte de classes.

Dans un article paru dans La Lutte de classes n°60 du 30 avril 1946 (http://www.marxists.org/francais/barta/194...dc60_043046.htm), Barta faisait déjà l'analyse suivante :
a écrit :Les plébiscites [référendums où la question est "oui" ou "non"] servent précisément au gouvernement à MASQUER son émancipation de tout contrôle, à l'aide d'un prétendu vote populaire organisé autour de telle ou telle question juridique embrouillée : mais le résultat du vote n'influe en aucune façon sur le fait que le peuple aura toujours en face de lui un pouvoir oppresseur. [...]

Plus l'Etat bourgeois devient totalitaire, c'est-à-dire soumettant la nation à une vaste oppression bureaucratique et policière, plus il a besoin de se camoufler derrière des "manifestations de la volonté populaire". C'est précisément dans les pays totalitaires et fascistes qu'avaient lieu le plus fréquemment des "referendum".

C'est pourquoi, c'est en boycottant le referendum qu'on démasque le caractère anti-démocratique du régime actuel.

Le retour à la démocratie véritable ne peut se faire qu'à travers la lutte directe des masses [...]


Dans le cas du référendum sur le traité constitutionnel européen, là encore la bourgeoisie tient fermement la queue de la poêle... mais aussi le sucrier avec ses médias... TF1-LCI a ainsi publié une dépêche sur internet le 22 décembre suite au sondage Ipsos qui donne le "non" en hausse, en faisant la part belle à la droite partisane du oui pour laquelle cette hausse du "non" serait liée à "la polémique sur une éventuelle adhésion de la Turquie à l'UE" (voir http://news.tf1.fr/news/france/0,,3192710,00.html). On peut aussi rappeler comment les médias bourgeois ont su concentrer le débat qui régnait au PS à sa seule aile droite en mettant en duel Fabius et Hollande, éclipsant ainsi son aile "gauche". De même, gageons que les médias bourgeois sauront manipuler les faits en cas de victoire du "non", si besoin en sortant les pots de confiture, pour insinuer que c'est un vote majoritairement souverainiste, un vote de repli sur la France, un vote à forte dominante FN, MNR et MPF, et minoritairement un vote "non" pour une Europe plus sociale (il suffit de voir comment le gouvernement résume les arguments "contre" sur le site www.constitution-europeenne.fr)...
Qu'en pensez-vous ?
mael.monnier
 
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