La première raison pour se revendiquer de Rosa Luxembourg c'est que c'est une responsable communiste, morte pour ses idées -assassinée par des miltaires avec l'approbation et sous la responsabilité des "socialistes" pro-bourgeois. Moi, déjà ça me donne envie d'adhérer au personnage.
Mais au-delà, Rosa Luxembourg a été de cette génération de militants qui ont contribué au développement des partis de la deuxième internationale (en Pologne et en Allemagne) et à y défendre les idées marxistes. Rosa a été à la fois une organisatrice - y compris dans la conspirativité- et une théoricienne.
Au sein du parti allemand, avant 1914, elle fut celle qui défendit avec le plus de conséquence les idées révolutionnaires face aux responsables qui, comme Bernstein, abandonnaient le marxisme. On peut trouver un écho de cette bagarre dans son ouvrage "Réforme ou révolution" où elle examine les premières idées réformistes (et ce sont les mêmes idées qui nous sont bien souvent ressorties sous une forme ou une autre pour "contrer" les idées révolutionnaires...) : elle y explique notamment comment le capitalisme ne peut assurer une progression continue du niveau de vie de l'ensemble du prolétariat des différents pays (elle le fait bien sûr à son époque en soulignant la progression du militarisme, l'exploitation coloniale, les conditions de vie précaires de la majorité des prolétaires d'Allemagne... et d'une façon plus générale les limites du développement de l'économie capitaliste).
Un autre de ses livres "Grève de masse, parti et syndicats" (qui s'appuie sur l'expérience des luttes des travailleurs russes de l'époque), montre comment les luttes revendicatives quotidiennes des travailleurs peuvent se transformer -car elles se heurtent à des ennemis communs et peuvent avoir les mêmes objectifs- en luttes politiques si les socialistes qui les dirigent en ont bien sûr la volonté. Rosa souligne également dedans que la grève générale ( la grève de masse) -une réverie très mal vue par certains responsables socialistes allemands -de fait des réformistes- était le chemin par lequel les travailleurs pouvaient prendre conscience de l'opposition de leurs intérêts avec ceux de la bourgeoisie toute entière et son état.
Enfin je comprends mal les hésitations de certains sur ce forum : Rosa - et plus encore à l'époque Karl Liebknecht- incarne la continuité des idées révolutionnaires en 1914, de l'opposition à la guerre contre la trahison des socialistes allemands. Elle ne cautionna jamais l'impérialisme, ni le sien ni celui d'aucun autre pays, fut mise au bagne pour cela. Ces choix tactiques sur le fait de quitter plus ou moins vite le parti social-démocrate ne change rien au fait qu'elle se fixa toujours comme objectif de contruire un parti révoltionnaire pour conduire les exploités à la prise du pouvoir. Elle a, je crois, dit de la social-démocratie allemande qu'elle était devenue un "cadavre puant". C'est avec elle -et les partakistes- que Lénine voulait, tenait, à lancer l'internationale communiste. Et cela c'est une continuité dont je crois qu'il est vital de se réclamer.
pour ce qui est des désaccords entre Rosa et Lénine ou les bolcheviks : il y en a eu mais pas plus qu'au sein du parti bolchevik lui-même... On peut refaire ces débats aujourd'hui mais il faut comprendre que c'étaient des discussions entre militants qui partageaint énormément (et je parle ici d'un programme vérifié dans l'action par eux mais aussi par des dizaines de milliers d'autres et même davantage...) . Par la suite les militants qui avaient été proches de Rosa se sont dans l'ensemble ralliés aux idées des bolcheviks au sein de l'internationale communiste. (ceux qui ont tenu à développer un autre point de vue et ont voulu absolument être "luxembourgiste" n'ont jamais eu de rôle notable... ce qui n'est pas un argument définitif mais ...)
Au passage pour le copain LCR, je ne crois pas que Rosa a été plus conscient que Lénine des dangers de bureaucratisation (Lénine a écrit des dizaines de pages et surtout fait des centaines de choses contre cela dès le départ tout comme bien d'autres militants). mais ce n'est pas le sujet.