La mort de Rosmer, texte de Pierre Bois

Marxisme et mouvement ouvrier.

La mort de Rosmer, texte de Pierre Bois

Message par Gayraud de Mazars » 24 Fév 2025, 19:37

Salut camarades,

Un très beau texte de Pierre Bois lui aussi un fameux lutteur, texte et photographie postés par un camarade de Lutte Ouvrière sur la toile, qui se reconnaitra quand il passera sur le FALO, texte suite aux funérailles de Alfred Rosmer, je le reprends ici...

La mort de Alfred Rosmer
Par Pierre CARAL [Pierre Bois]
Article de Voix Ouvrière (VO) n° 14,
Le 19 mai 1964

Rosmer et Trotsky .jpg
Au Mexique les Trotsky et Rosmer
Rosmer et Trotsky .jpg (111.14 Kio) Consulté 852 fois

Photographie - Trosky et Rosmer devant la maison de l’historien Hubert Herring. Au second plan Seva Volkov, Marguerite Rosmer et Natalia Sedova. Taxo, 1939, Collection Gilles Walusinski

« C'est bien un signe de ces temps sans mémoire qu'il me soit donné, à moi, de présenter Alfred Rosmer. »
Albert CAMUS (Préface à «Moscou sous Lénine »)

Lundi 11 mai 1964, Alfred Rosmer était incinéré au Colombarium du Père Lachaise. A 87 ans, le vieux lutteur disparaissait. Droit dans son maintien, droit dans tous les sens du terme, tel fut Alfred Rosmer.

Comme beaucoup de révolutionnaires de sa génération, il était venu de l’anarchisme au communisme. Ce qui do­mina toute sa vie fut son profond «internationalisme».

En 1914 il fut de la poignée de révolutionnaires qui sut dominer le chauvinisme de l'Union Sacrée et conduisit à Zimmerwald et à Khienthal. Pendant que Marcel Cachin sert d’intermédiaire au gouvernement français en tant que représentant du parti socialiste pour amener l’Italie à entrer en guerre aux côtés des Alliés, Alfred Rosmer travaille avec quelques révolutionnaires de tous les pays à la cons­truction d’une 3ème Internationale : Après la victoire de la révolution prolétarienne en Rus­sie, il devient membre du Comité Exécutif de l’Interna­tionale Communiste et contribue à la fondation de l’Inter­nationale Syndicale Rouge. C’est cette période de son acti­vité qu’il retrace dans « Moscou sous Lénine ». De retour en France il représente la tendance de gauche à la direc­tion de l'« Humanité » jusqu’en 24. Mais la révolution fai­blit et se bureaucratise. Rosmer, fidèle à l’idéal communis­te est de ceux qui résistent. En 1924 il est exclu du Parti communiste avec Monatte. Il est l’ami de L. Trotsky.

Lorsque celui-ci fut assassiné en 1940 par un agent de Sta­line, il devint aux côtés de Natalia Trotsky l’exécuteur testamentaire de ses œuvres.
Né d’une famille ouvrière, Rosmer, après avoir été employé puis correcteur d’imprimerie parlait et écrivait couram­ment plusieurs langues. Son grand mérite c’est son atta­chement à l'idéal communiste. II n’est jamais en vedette, jamais aux honneurs. Mais discrètement il est là où le tra­vail est rude et ingrat. Que ce soit à Moscou, dans les an­nées les plus dures de la Révolution ou aux côtés de Trots­ky dans les années les plus sombres de la réaction stali­nienne, c’est un militant effacé, mais sur qui on peut compter.

Au labeur dans la Révolution qui monte il est encore à la tâche et un des rares à rester fidèle à la Révolution pro­létarienne quand la réaction et la dégénérescence bureau­cratique gangrènent le mouvement ouvrier.

Il est de la génération des vaincus, de ceux qui devant le recul des forces révolutionnaires du socialisme ont dû et su limiter leur tâche à entretenir le flambeau de la Révo­lution pour le transmettre aux générations futures.

Pendant la cérémonie de son incinération un orateur a déclaré : « Je me permets de confier aux jeunes qui assis­tent sous les voûtes du colombarium à son incinération, la mémoire d’Alfred Rosmer et son exemple. » Des 200 à 300 personnes qui assistaient à ses obsèques, la moitié environ étaient des hommes âgés ayant connu Rosmer au combat et qui lui rendaient un dernier hommage. L’autre moitié était composée de jeunes qui n’avaient jamais vu Rosmer, mais qui connaissent son attachement à la Révolution So­cialiste. Ils ont recueillit le message qui leur a été confié.

Il n’est pas douteux qu’ils travailleront eux aussi à conti­nuer l’œuvre du révolutionnaire Alfred Rosmer. Et s’ils étaient peu nombreux, ils se souviendront que Rosmer non plus n’était pas du côté du grand nombre à Zimmerwald et que c’est pourtant de Zimmerwald que la Révolution Russe est sortie et que le Communisme mondial est né.


Article du Maitron sur Alfred Rosmer : https://maitron.fr/spip.php?article75205

Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Gayraud de Mazars
 
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