Gde-Bretagne : l'esprit de 1945

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Compte tenu de ce que certains considèrent comme un tournant à droite dans la politique du parti travailliste - même si elle n'est que la continuation de son évolution au cours des deux dernières décennies - il y a eu plusieurs initiatives (l' «Assemblée populaire» et «unité de la gauche», entre autres ) visant à construire une «alternative de gauche" au parti travailliste...

Le mythe de "l'esprit de 1945"

Un certain nombre de promoteurs de ces initiatives - l'appel de Ken Loach dans la presse après la sortie de son film "l'esprit de 1945», étant un cas d'espèce - se réfèrent aux «réalisations» du gouvernement travailliste de Clement Attlee en 1945.
Ironiquement, c'est aussi une référence que la direction du parti travailliste utilise, comme une sorte d'édulcorant à la perspective sombre qu'il offre. Ainsi, à Brighton, Miliband a invoqué «la croyance qui a contribué à conduire nous sortir de la Seconde Guerre mondiale, dans cette grande réforme [du travail] du gouvernement de 1945 [qui], dans des moments très difficiles, a augmenté ses activités et a créé le Service national de santé. Je veux que le prochain gouvernement travailliste fasse de même, même dans les moments difficiles, pour élever nos ambitions sur ce que le service de santé peut réaliser, réunissant la santé physique, la santé mentale, et les besoins de soins des personnes âgées : un véritable service national de santé intégrée ".
Sauf que l'histoire de cette période a été retournée la tête en bas. Peu importe combien profondément enraciné le mythe de «l'esprit de 1945" peut rester aujourd'hui, les réformes menées par le gouvernement d'après-guerre du travail sous Attlee ont été conçues pour aider le capital britannique à reconstruire ses bénéfices et «vendues» à la classe ouvrière pour assurer sa passivité. Ce fut évidemment le cas de la vague de nationalisations d'après-guerre qui ont été exclusivement destinées à fournir aux actionnaires britanniques de l'argent frais à utiliser pour les entreprises les plus rentables, tandis que l'Etat a pris sur lui le coût de l'adaptation de l'industrie de guerre à la situation en temps de paix, la reconstruction des infrastructures, tout en faisant place pour les investissements des capitalistes, en panne depuis la Grande Dépression.
De même, le système de protection qui a été développé à l'époque, n'a pas été spécialement conçu pour le bien-être des travailleurs. Il est basé sur le rapport Beveridge, dont les recommandations ont explicitement visé à trouver du côté des travailleurs le paiement de la partie du projet de loi pour leur bien-être, tout en réduisant les coûts de main-d'œuvre pour les entreprises. Cet objectif devait être atteint en déplaçant la charge des retraites sur l'état, faire en sorte que la main-d'œuvre serait en meilleure santé - et donc plus productive - et en permettant aux employeurs de payer d'ultra-faibles salaires en fournissant un complément prélevé sur toute la classe ouvrière. Et le NHS a été conçu par un ministre de la guerre conservateur, Henry Willink, dont la principale préoccupation n'était certainement pas les intérêts de la classe ouvrière.
Tout autant que "One Nation" du travailliste Miliband, le parti travailliste Attlee prétendait être au-dessus des classes, présentait ses réformes comme visant à "construire la paix" au profit de la classe ouvrière, alors qu'en fait, elles étaient conçus pour reconstruire le profits du capital britannique. En effet, comme Attlee lui-même déclaré au cours de la campagne électorale de 1945, "le parti travailliste est, en fait, le parti qui reflète le plus près dans sa représentation et la composition de tous les principaux cours d'eau qui se jettent dans le grand fleuve de notre vie nationale" - , en d'autres termes, le parti qui était la plus à même de défendre les intérêts de la classe capitaliste au pouvoir en trompant la classe ouvrière.
Et son gouvernement était certainement un fidèle serviteur du capital britannique, et pas seulement dans la sphère domestique mais aussi dans la défense de ses intérêts à l'étranger, où il a présidé certains des pires crimes de l'impérialisme britannique, de l'écrasement de l'insurrection anti-coloniale indochinoise et le massacre des militants communistes grecs, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à la partition de l'Inde, en 1947. Si il est une tradition qui devrait inspirer la classe ouvrière dans ce pays, ce n'est certainement pas celle du gouvernement Attlee de 1945 !
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Mettre en garde contre ce que le travailliste Miliband a en magasin pour la classe ouvrière est une nécessité. Mais exposer la politique de Miliband sans mettre en garde contre les mythes colportés par le parti travailliste sur son bilan passé, comme le mythe de "l'esprit de 1945", est juste alimenter des illusions dans les rangs des travailleurs - des illusions que la classe ouvrière ne peut tout simplement pas se permettre d'avoir à moment où elle subit de telles attaques systématiques de la classe capitaliste et de ses politiciens au pouvoir. Et, oui, il est grand temps pour ceux qui prétendent combattre au nom des intérêts de la classe ouvrière, de déclarer à la classe ouvrière la vérité sur cette période de son histoire...

[artza]

En France nous avons un peu la même histoire.

Le PC régulièrement ressert une louche de cette soupe.

Une soupe goûtée par un minuscule public composé curieusement d'anti-communistes nostalgiques par bien des côtés de la politique stalinienne ! Le journaliste Mermet en est un bon exemple.

L'extrême-gauche exceptée LO est un peu floue sur cette histoire.

Qu'en est-il en Grande-Bretagne ? Comment a été accueilli ce film là-bas? En France ce fut indifférence et ignorance.