gramsci

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Matrok » 13 Jan 2012, 11:02

C'est sûr, quand on traite son interlocuteur d'idiot il y a fort à parier qu'il va réagir. :halalala: Je n'ai pas lu Gramsci, et je n'ai pas lu tout Marx non plus. Mais je ne vois vraiment pas ce qu'il peut bien y avoir d'idiot dans l'idée que Marx ait pu, sur un point ou un autre, ne pas aller au bout de sa réflection. À moins que Marx ait été un surhomme et que son oeuvre contienne toutes les clés de l'univers.
:prosterne: :marx:
:headonwall:
Bref, cette dispute est non seulement navrante mais totalement incompréhensible pour quiconque se demande : "est-ce que ça vaut le coup de lire un peu de Gramsci et quoi ?"
Matrok
 
Message(s) : 177
Inscription : 12 Mars 2003, 21:43

Message par redsamourai » 13 Jan 2012, 11:47

C'est pas faux. :33:
redsamourai
 
Message(s) : 8
Inscription : 26 Avr 2007, 16:51

Message par artza » 13 Jan 2012, 14:51

(Matrok @ vendredi 13 janvier 2012 à 11:02 a écrit :
Bref, cette dispute est non seulement navrante mais totalement incompréhensible pour quiconque se demande : "est-ce que ça vaut le coup de lire un peu de Gramsci et quoi ?"

Toute dispute est navrante, regrettable, inutile comme on voudra pour qui n'est pas partie prenante.

Dans ce cas le mieux est de ne pas s'en mêler :D

Sur Gramsci quelques camarades ont répondu.

Maintenant comme dit l'autre "pour tout savoir, il faut tout lire" à ça Bordiga rétorqua à Tasca lors d'une polémique dans les jeunesses socialistes d'Italie:

(Tasca voulant orienter les "jeunesses" vers des activités culturelles et Bordiga vers une lutte de classe intransigeante.)

"Certes nous ne lisons pas tout, mais nous lisons Marx et Marx, lui avait tout lu".

C'est une boutade bien sur, Bordiga répondant négativement au conseil de lire Croce philosophe italien à la mode à l'époque et maître à penser du jeune Gramsci.


Sérieusement, pour revenir à Gramsci Pascal Charbonnat dans son histoire des philosophies matérialistes (éditions Syllepse en 2007) nous dit page 523: "...Gramsci...l'un des premiers philosophes occidentaux partisan de la politique de Staline. Il rejette l'internationalisme de Trotsky et considère la théorie de la révolution permanente comme une pure abstraction. S'il adhère à la thèse du socialisme dans un seul pays...pour lui, les oppositions à la politique de Staline sont "contre-révolutionnaires"; l'unité du parti passe avant tout. Il se range donc, peut-être en méconnaissant la situation réelle en URSS, derrière la politique de la bureaucratie. ...
Si Gramsci appartient politiquement au stalinisme, il en est le philosophe le moins dogmatique. ...
Sa philosophie n'est pas matérialiste. ... Pour lui Marx n'aurait jamais appelé sa conception "matérialiste", et n'aurait fait que critiquer le matérialisme français sans rien en retenir. ...La philosophie de Gramsci rejette ... la caractérisation "matérialiste" de la philosophie de Marx. ...Les connaissances ne reflettent que nos besoins et pas la réalité en soi. ...Par conséquent, les sciences de la nature, qui considèrent la matière comme une chose objective et non comme un résultat historique, sont à jamais étrangères à cette philosophie de la praxis. ...Elle rejette tout savoir n'acceptant pas le présupposé d'une subjectivité seulement humaine. ..."
artza
 
Message(s) : 2525
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par Sinoue » 14 Jan 2012, 11:17

(Gaby @ jeudi 12 janvier 2012 à 15:58 a écrit : Gramsci part de là pour répondre à une question importante : comment se fait-il que le capitalisme tienne aussi longtemps alors que les intérêts objectifs des classes sociales sont antagonistes ? Gramsci part de l'hypothèse que si la conscience, subjective, ne correspond pas aux divisions de classe, objectives, c'est que la culture de l'époque correspond aux intérêts des classes dominantes en intégrant certaines des préoccupations annexes des dominés, afin d'asseoir une certaine pérennité de l'inégalité.

Et au fond, plus le temps passe, plus ses thèses présentent de valeur, précisément parce qu'elles sont une réponse possible à une énigme de plus en plus pressante si tant est qu'on se rend compte que les révolutionnaires stagnent d'une façon inédite sur une période de temps de plus en plus longue (il y a plus de temps qui sépare la mort de Trotsky à 2012 qu'il n'y en a entre 1848 et 1917).

Bonjour Gaby:

elles sont une réponse possible à une énigme de plus en plus pressante si tant est qu'on se rend compte que les révolutionnaires stagnent d'une façon inédite sur une période de temps de plus en plus longue (il y a plus de temps qui sépare la mort de Trotsky à 2012 qu'il n'y en a entre 1848 et 1917).

Je voulais revenir là-dessus pour savoir quelle tentative d'explication tu apportais personnellement a cette interrogation. Tu y réponds plus loin en disant qu'on devrait commencer par se dire: "on ne sait pas très bien où l'on en est". C'est clair que je prefere quelqu'un qui commence par prendre le problème comme ça que quelqu'un qui croit tout savoir.

Sans forcément prendre Gramsci à témoin, si tu penses que ce constat qu'est la longue période de stagnation de la conscience ouvrière doit amener des conclusions, quelles sont-elles? A mon avis on peut y repondre par deux propositions:

- Ou alors on continue tel quel avec le même programme, en attendant une remontée des luttes.

- Ou alors on "tire enseignement" de cet "échec", et on revoit son programme.

J'ai du mal a comprendre ce que tu proposes comme solution intermédiaire. Bien entendu on peut maintenir son programme tout en s'adaptant a la periode en modifiant certaines habitudes.

Je me pose la question, pcq le lancement du NPA a été effectué dans l'optique d'une remontée des luttes. Diagnostique qui s'est avéré erroné, et donc le projet a échoué. D'après ce que j'en lis, les anciens de la LCR justifient le maintien du NPA par le fait qu'il faille maintenir un parti large pour résister a la perte des effectifs. C'est a dire qu'ils justifient leur propre existence par le contraire de ce qu'ils prétendaient avant.

J'essaie d'éclaircir ces questions auprès de toi car tu montres régulièrement que tu n'es ni un gauchiste qui croit tout savoir, ni un opportuniste aux convictions légères.

C'est vrai que cette longue periode d'absence de luttes peut etre amené a se poser des questions, et meme a y repondre: le maintien puis l'effondrement du bloc sovietique, l'ouverture de nouveaux marchés au capitalisme (URSS, Chine...), l'absence de partis prolétariens révo...

Bien sur que les petites organisations actuelles n'ont pas toutes les explications nécessaires, ni l'experience requise pour apporter de réelles explications; mais de là à dire "en toute honnêteté " "on ne sait pas très bien où l'on en est", je pense pas que ce soit le rôle d'une direction qui se veut révolutionnaire. L'histoire du mouvement ouvrier et ses principaux penseurs-militants sont justement des outils précieux pour y repondre. Comparons justement cette riche période 48-17 avec la nôtre pour ne pas rééditer les memes erreurs. C'est faux de dire que pendant la periode 1940-2012 la classe ouvriere a été muette. Il y eut plein de révolutions, certes elle a été baillonnée, mais la classe ouvriere a aussi grossi appris encore plus a pouvoir discerner ses faux-amis. La IIe internationale n'avait pas un role aussi étouffant qu'a pu l'avoir le kommintern.

Je propose de relire ce texte de congrès LO s'exprimant sur la crise de direction révolutionnaire période post-bloc soviétique:

http://www.union-communiste.org/index.php?...648-3633-x.html
Sinoue
 
Message(s) : 153
Inscription : 25 Déc 2008, 13:10

Message par artza » 19 Jan 2012, 15:43

(artza @ vendredi 13 janvier 2012 à 14:51 a écrit :pour lui, les oppositions à la politique de Staline sont "contre-révolutionnaires"; l'unité du parti passe avant tout.

Sur ce point, je ne partage pas le point de vue de Charbonnat.

Gramsci pensait peut-être servir "l'unité du parti", mais telle n'était pas l'intention de la troïka Staline-Zinoviev-Kamenev soucieux d'isoler puis d'éliminer toutes tendances de gauche opposées à l'ascension de la bureaucratie.
Zinoviev et Kamenev n'étaient pas comme la suite l'a montré conscients de tous les enjeux de l'affaire, ça n'en fait pas pour autant comme Gramsci des marxistes conséquents.
artza
 
Message(s) : 2525
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par clavez » 22 Jan 2012, 09:26

Gramsci, philosophiquement, retourne de Bergson, un peu comme Sorel.
clavez
 
Message(s) : 12
Inscription : 21 Déc 2002, 23:26

Précédent

Retour vers Histoire et théorie

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 3 invité(s)