(Vérié @ dimanche 12 mars 2006 à 16:24 a écrit :Nous sommes évidemment bien d'accord sur la politique du PCF et la nature de ce parti. Bien d'accord aussi pour dire qu'il ne faisait campagne que sur les thèmes de la "Paix en Algérie" et de la revendication de négociations. "Négociez en Algérie" et "Paix en Algérie" étaient les deux slogans utilisés dans les manifs, sur les affiches, tracts etc.
Cela-dit, une bonne partie des militants comprenaient ces mots d'ordre comme une affirmation du droit à l'indépendance des Algériens. Et le PC était tout de même à contre-courant de la majeure partie de l'opinion très favorable à l'Algérie française jusqu'à ce que le contingent commence à avoir des pertes significatives.
Comme toujours dans toutes les guerres ou presque. Le PCF dénonçait régulièrement et vigoureusement les tortures dans toute sa presse. Et les affrontements étaient en effet très durs lors de la plupart de smanifs, toutes interdites pendant la guerre d'Algérie. Les colleurs d'affiches, les distributeurs de tracts se faisaient embarquer, parfois tabasser par la police etc.
Si la critique de la politique de la direction du PCF est tout à fait juste, il faut donc nuancer. Le PCF n'était pas non plus passif. Tous les gens qui ont milité au PCF à cette époque pourront le confirmer. Cette guerre était le principal sujet de préoccupation de tous les militants.
Bien sur nombre de militants (tous?) et des gens de gauche ne distinguaient pas de différences entre "Paix en Algérie" et "Algérie indépendante" ou "Négociez" et "Retour immédiat du contingent" mais le PC se chargeait souvent de préciser les choses et rappelait parfois durement la nécessité de "respecter les mots-d'ordre".
Ainsi j'ai assisté éberlué au ceinturage d'un jeune militant trotskyste de Voix Ouvrière (LO avant 68) et à sa remise au main de la police par quelques barraqués du SO du PC parcequ'il regroupait autour de lui quelques jeunes qui criaient "Agérie indépendante" et "Face à l'OAS rendons coup pour coup".
Le PC n'était pas passif mais n'hésitait pas à faire diversion. Par exemple cette vaste campagne chauvine et germanophobe contre le réarmement allemand et/ou la nomination d'un général allemand (bien sur ancien officier de la Wehrmacht sous Hitler) au commandement de l'OTAN à Fontainebleau.
Bien sur la police tapait dure. Un collage d'affiches n'étaient pas toujours une promenade de santé et la diffusion de L'Humanité-Dimanche pouvait se terminer au poste de police plutôt qu'au comptoir d'un bistrot.
Mais le PC s'est refusé jusqu'au bout à organiser des manifs centrales.
Charonne c'était contre les attentas OAS pour que la police républicaine fasse son boulot et pour qui comprenait deux mots de politique l'indépendance de l'Algérie était acquise.
En 58 c'était contre le retour de De Gaulle pour escorter des politiciens bourgeois faillis, Deferre, Mendès-France et Mitterrand qui commençait sa carrière de bonimenteur de gauche.
L'opinion "très favorable" à l'Algérie française.
Ca ça dépend qui et quand. En tout cas pas au point d'accepter d'être rappelé sous les drapeaux pour aller assurer le maintien de l'ordre dans les "départements français d'Algérie".
Les rappelés protestèrent, manifestèrent. Les militants du PC et de la CGT dirigeants locaux en tête sans hésitation se joignirent partout à eux.
Mais la direction du parti se garda bien d'impulser et d'organiser en quoi que ce soit ce mouvement (Liebknecht n'était plus le genre de la maison) qui par son existence même montre tout la saloperie des dirigents du PC et de la gauche (Mitterrrand) qui rejette sur la population (pro-colonialiste ben voyons) la responsabilité de leur politique et des crimes qui en découlèrent.