Je ne partage pas toute son analyse mais le plus important est en gras.
a écrit :Nouvelle économie, nouvelle onde longue ?
Sommes-nous entrés dans une nouvelle phase de croissance durable ? On peut rassembler les éléments de réponse déjà proposés en énonçant de manière synthétique les ingrédients d’une phase expansive : un niveau suffisamment élevé du taux de profit et la reprise de l’accumulation comme conditions immédiates ; un environnement relativement stable, notamment du point de vue de la structuration de l’économie mondiale, assurant les conditions de maintien du taux de profit à ce niveau élevé. Ce premier ensemble de conditions définit un schéma de reproduction établissant qui achète ce qui est produit. Il faut y ajouter des exigences de légitimité sociale qui définit un « ordre productif » et garantit la reproduction générale du modèle. Depuis la contre-révolution néo-libérale, les débats oscillent entre deux conceptions. Certains insistent sur la cohérence de ce projet, d’autres sur ses imperfections et notamment l’instabilité financière. Périodiquement, on annonce la mise en place d’un nouveau modèle. Le taux de profit a retrouvé ses niveaux d’avant la crise. Les nouvelles technologies sont là.
N’est-on pas entré dans un nouvel ordre productif?
La spécificité absolument inédite de la phase actuelle est précisément que le rétablissement du taux de profit n’a pas permis de « relever » aucune des autres courbes du capitalisme. Le taux d’accumulation, le taux de croissance du PIB et celui de la productivité du travail sont tous à la baisse alors que le taux de profit grimpe. Certes, la phase plus récente de la « nouvelle économie » a en partie comblé l’écart aux Etats-Unis, où on a pu constater un redressement des trois courbes : accumulation, croissance et productivité. Mais c’est, comme on l’a vu, un rétablissement très limité dans le temps et encore plus dans l’espace. Bref, malgré le rétablissement du taux de profit, le capitalisme mondial n’est pas entré dans une nouvelle phase expansive. Il lui manque essentiellement trois attributs : un ordre économique mondial, des terrains d’accumulation rentable suffisamment étendus et un mode de légitimation sociale. La phase actuelle est particulièrement étirée, faute de boucler sur un ordre productif cohérent et sur une structuration stable de l’économie mondiale.
Michel Husson
Deux contributions à « Le marxisme face au capitalisme contemporain » Cahiers de critique communiste, 2004.