Libertaire

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Sans patrie ni frontière » 27 Mars 2005, 11:51

a écrit :C'est n'importe quoi ! Marx à été, en plus d'un theoricien hors pairs, un militant, un organisateurs, et cela toute sa vie. Et il l'a payé le prix fort, vivait la plupart du temps dans la misère. Alors parler du confort des bibliothèque, c'est vraiment ridicule !
A ce sujet, une petite anecdote: Marx raconte, je crois que c'est dans une correspondance avec Engels, qu'il ne peut plus sortir de chez lui depuis deux semaines, car il n'a... aucuns vetements à se mettre.
Tu peux toujours polemiquer sur le conceptions, notemment organisationelle qu'il avait pour l'AIT, mais ne voir en Marx qu'un revolutionnaire de salon, c'est vraiment faire preuve d'ignorance historique.


Il est indéniable que Marx dans la première partie de sa vie ait été expulsé de plusieurs pays pour son activité révolutionnaire. Mais, lors de l'épisode en question, (le mouvement communaliste) et ce depuis son expulsion d'allemagne, il vit à Londres avec l'aide d'Engels et se consacre à l'étude théorique. Depuis 1849 jusqu'à sa mort. Le fait qu'il ait vécu dans la misère est un trait commun avec tous les révolutionnaire de l'époque, cela n'a pas empêché certains, dont Bakounine, de parcourir l'europe pour participer aux mouvements révolutionnaires là où ils se trouvaient, et ce même après la prison, les arrestations. Alors, je le répête, Marx est certainement une personne de grande valeur intellectuelle, qui a subit les conséquences de son engagement, mais qu'on oppose un marx vertueux à un Bakounine aventuriste, je trouve ça un peu facile, même si encore une fois ce dernier n'est pas exempt de critiques quand à ses choix. Que Marx ait amené nombre d'éléments importants dans la théorie et l'analyse révolutionnaire, certes, mais (par la force des choses vous allez le dire, et pourquoi pas...), il l'a fait de fait avec la situation d'une personne déconnectée des luttes réelles de 1850 à 1883... Et cela cela a de l'influence sur la théorie.
Alors, révolutionnaire de salon, non, au sens où sa vie ne s'est pas réduit à ça, mais révolutionnaire déconnecté des luttes réelles, pendant les 30 dernières années de sa vie, oui... Alors, parler d'aventurisme pour des révolutionnaires qui, eux, prennent des risques (y compris pour leur vie), et ce la plus grande partie de leur vie, n'est pas plus juste que qualifier Marx de "révolutionnaire de salon".

Extrait de sa bio : "Après l'échec des révolutions en France et en Europe, il s'exila alors à Londres, où il passa le reste de sa vie.

En Angleterre, Karl Marx se consacra à l'étude et à l'écriture, poursuivant des travaux théoriques acharnés, notamment à la salle de lecture du British Museum"

(Zelda a écrit :Hum, tu m'as déjà un peu répondu, "quelle classe ouvrière camarade ? N'oublie pas que la révolution étant passée, plus de bourgeoisie, plus de classes..." Et là je te répond "Mais alors, quel besoin de moyens coercitifs centralisés ?" Et je te répète, que oui, j'ai le sentiment que vous abolissez les mots, mais que les faits sont têtus.

C'est justement la nécessité de moyens coercitifs centralisés que je conteste, pour moi, l'organisation fédéraliste de la lutte armée et de l'autodéfense armée permet justement le contrôle de celle-ci par les productrices et producteurs, et empêche le risque de dérive et d'apropriation du pouvoir par un groupe. Il ne s'agit pas d'abolir les mots, mais le rapport social dominant dominé, domination d'un groupe bureaucratique, qui, avec le prétexte d'organiser l'autodéfense et de la centraliser, exrce de fait un pouvoir sur les productrices et producteurs, donc un pouvoir séparé, qui contrôle la production, et donc se forge en tant que classe dominante bureaucratique.

a écrit :La raison d'être de l'Etat, c'est qu'une classe sociale, pour perpétuer sa domination, s'arroge via l'Etat tous les moyens officiels de répression, armée, police, justice, prisons...
Du coup l'on peut en déduire, que quand les moyens de répression sont systématiquement à l'encontre d'une classe, il y a un Etat qui sous-tend tout cela.

Bien, après la révolution ouvrière, tant que ces moyens de répression existent, tant qu'ils sont tous systématiquement au service de la même classe sociale (et non du groupe, tricheur), et bien le raisonnement tient, et l'on peut parler d'Etat, en l'occurence d'Etat ouvrier...


Tricheur, non. Car si les mots on un sens, soit c'est l'ensemble des productrices et producteurs qui gère la société collectivement au travers des conseils, et dans ce cas, Etat il n'y a pas. soit un groupe exerce ce pouvoir prétenduemment "au nom" des productrices et des producteurs et dans ce cas il contrôle de fait les moyens de productions par la force armée et donc se forme en tant que classe dominantes séparée de ces mêmes productrices et producteurs, il y a donc recomposition du rapport de classe autour d'un nouvel antagonisme de classe, avec la classe bureaucratique comme nouvelle classe dominante. En ce sens l'Etat n'est jamais une institution neutre du point de vue des productrices et des producteurs. Il est toujours la négation de leur capacité de gestion, et leur spoliation de la propriété et du contrôle des moyens de production. Il est effectivement l'apanage d'une classe dominante, les producteurs et productrices n'ont pas vocation à dominer une autre classe, mais, dans un projet émancipateur, de gérer directemet la société, d'être la société, par l'abolition de la classe bourgoise, c'est à dire l'abolition de la division dirigeant dirigé, propriétaire/prolétaire, par la force armée, par la communisation des moyens de production et par la gestion directe de la société. En ce sens abolition des insitutions séparées (police, armée), auxquelles sont substitué la gestion collective de la violence, et des actes anti-sociaux, par des mandatés des conseils, révocables, et surtout une rotation dans les tâches et l'exercice de la force, au besoin un exercice collectif de celle-ci, pour ne pas laisser s'accaparer celle-ci (et donc les moyens de production)par un groupe, qui dès lors, deviendrait classe.
Sans patrie ni frontière
 
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Message par Sans patrie ni frontière » 27 Mars 2005, 12:24

Je dois rectifier une erreur que j'ai faites, par soucis de justesse historique :unsure:
L'interprètation que j'ai faites selon laquelle l'action de Bakounine à Lyon se justifiait parce qu'il était
a écrit : justement vital d'essayer d'étendre celui-ci pour briser l'isolement de la commune de Paris.

est incorrecte, puisque la commune de Lyon était antérieure à la commune de Paris. Simplement, la conviction que "si la révolution sociale ne sort pas directement de la guerre actuelle, le socialisme sera pour longtemps perdu dans l’Europe entière " (Lettre à Ogaref), selon laquelle ,la situation était propice à l'émergence du mouvement révolutionnaire en France l'avait poussé à cette tentative. 6 mois plus tard, la commune de Paris eut lieu, ce qui laisse à penser que si les conditions n'étaient pas totalement réunies à Lyon, elles étaient suffisement mures pour se poser de manière sérieuse la question d'une tentative communaliste révolutionnaire. Après, sur la faiblesse de la méthode utilisée, bien d'accords.


Par contre sur les "mensonges" sur les dirigeants communistes, les allégations de Marx sur Bakounine agent tsariste, pour la petite histoire, démenties (une première fois par lui-même, puis par Liebknecht, puis Bernstein) n'ont pas été non plus des exemples de vertue. Après, aucun intérêt d'opposer un Marx vertueux à un Bakounine aventuriste (ou le contraire), un Lénine à un Makhno, en terme de personnes, il n'y en a pas un défendable dans sa totalité. Je pense que l'analyse des faits est plus intéressante, et surtout, nettement plus porteuse de "leçons" réutilisible dans l'avenir.
Sans patrie ni frontière
 
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Message par tovarich1917 » 27 Mars 2005, 12:38

La discussion, c'est bien. Mais les échanges d'accusations dans la plus pure tradition des conflits internes de l'EG... Ca me rappelle Land and Freedom...
"Vous êtes des traîtres à la révolution...
-Va donc eh aventuriste..."
Moi je retiens surtout la vieille devise de l'impérialisme anglais : divide est imperia... Le divide semble bien marcher, et je crois que je peux entendre rigoler celui qui imperia.
tovarich1917
 
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Message par Barikad » 27 Mars 2005, 13:24

(tovarich1917 @ dimanche 27 mars 2005 à 12:38 a écrit : La discussion, c'est bien. Mais les échanges d'accusations dans la plus pure tradition des conflits internes de l'EG... Ca me rappelle Land and Freedom...
"Vous êtes des traîtres à la révolution...
-Va donc eh aventuriste..."
Moi je retiens surtout la vieille devise de l'impérialisme anglais : divide est imperia... Le divide semble bien marcher, et je crois que je peux entendre rigoler celui qui imperia.
Ben oui, mais l'exemple que tu prends est justement tres eclairant. A Barcelone, il y avait d'un coté les fossoyeurs de la revolution, et de l'autre ceux qui voulaient mener le combat jusqu'au bout. Ce n'etait pas un jeu ! Alors, aurait il mieux valu que tous les travailleurs soient unis ? Certainement, mais pas derriere la politique du PC ou de la FA/CNT conciliatrice.
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Message par tovarich1917 » 27 Mars 2005, 13:28

Je suis d'accord, mais il me semble quand même que l'EG a une tendance certaine à se trouver des ennemis à l'intérieur d'elle-même et à parfois exagérer les différences...
Pour Barcelone, je dis, butons d'abord les fascistes ensemble et après on butera les stals :hinhin:
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Message par Barikad » 27 Mars 2005, 13:40

(tovarich1917 @ dimanche 27 mars 2005 à 13:28 a écrit : Je suis d'accord, mais il me semble quand même que l'EG a une tendance certaine à se trouver des ennemis à l'intérieur d'elle-même et à parfois exagérer les différences...
Pour Barcelone, je dis, butons d'abord les fascistes ensemble et après on butera les stals :-P
Sinon, c'est vrai qu'il y a un mauvais travers, à l'extreme gauche. Celui qui consiste à se lancer des anathèmes sans fin à propos de virgules mal placées. Mais cela, c'est le fruit de l'isolement des revolutionnaires, rejeté violemment aux marges du mouvement ouvrier, pendant des generations, par le stalinisme et la social democratie.
Mais ce n'est pas parceque le sectarisme existe qu'il faut taire les divergences. Au contraire, c'est par la confrontation democratique des idées que le nouveau parti se construira. Et les camarades anarchistes ou anarcho syndicalistes qui veulent réellement detruire l'Etat bourgeois devraient nous considerer comme des alliés plutot que des adversaires. Continuons à debattre, et on jugeras de la pertinence des analyses de chacun sur le terrain, car les faits ne mentent pas, eux.
Barikad
 
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Message par tovarich1917 » 27 Mars 2005, 13:47

Je suis tout à fait d'accord avec ça, je voulais juste souligner le fait que quand on en vient aux grandes accusations ("môssieu ! vous êtes inféodé à la camarilla de l'Elysée", comme dirait Flaubert) ça devient stérile. Or c'était un peu le sentiment que j'avais en lisant les pages précédentes. Et croyez-moi je m'y connais en discussions stériles :emb:
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Message par Sans patrie ni frontière » 27 Mars 2005, 18:54

a écrit :Pour les raisons que tu évoques, il faudra prendre le maximum de gardes-fous, élections lors des conseils ouvriers et révocations à tout moment des représentants de cet Etat ouvrier, salaires modestes d'ouvriers moyens etc.

Le problême c'est que pour passer de la révocation théorique, à la révocation pratique. Or, si la force armé est accaparée par un groupe (même au nom des productrices et producteurs), toute révocation devient illusoire, puisqu'elle ne dépend plus que de la bonne volonté du groupe en question. Si celui-ci refuse la révocation, il détient tous les outils pour asseoir sa domination, par la violence, puisqu'il détient le monopole de la force armée.

a écrit :
Mais pourquoi penses-tu que la classe ouvrière serait d'emblée incapable de garder à son service un groupe de gens qui organiserait l'Etat ouvrier, la bourgeoisie en est bien capable...

;) Parce que la bourgeoisie, elle, se satisfait tout à fait d'un systême de domination où les rôles sont partagés. La classe ouvrière, elle, n'a aucun intérêt à se voir dépossèder de son pouvoir, ni à voir subsister la société de classe dont l'Etat est par définition un élément et un garant. La gestion directe de la société apr les productrices et producteurs ne peut par définition, si elle est communiste, avoir la même nature que la gestion de la société par la bourgeoisie, qui organise la société en classe.

a écrit :Tu analyses la bureaucratie soviétique de la période de recul de la révolution russe comme une classe sociale... Pas nous car nous sommes trotskystes. Et pourquoi est-ce si important pour nous de la qualifier de caste contre-révolutionnaire, cette caste de bureaucrates staliniens ? Parce qu'elle ne remet pas en cause toute la théorie, parce que son succès (qui a mené la révolution russe à une impasse de l'histoire), n'est pas la preuve que le pouvoir ouvrier est impossible à conquérir.

La seule chose qu'elle remet en cause, c'est la théorie marxiste sur l'Etat. Ce n'est nullement la preuve de l'impossibilité de la révolution sociale et de la gestion de la société et de l'économie par les productrices et producteurs. Mais pour moi, je n'analyse pas uniquement "la bureaucratie soviétique dans la période de recul de la révolution russe comme une classe sociale", mais également la bureaucratie qui s'est forgé dès octobre comme une classe sociale en constitution. En ce sens j'estime que les bolcheviks dès le début, malgré leurs intentions sans doutes louables, se sont, structurellement, placé dans une dynamique qui faisait d'eux une nouvelle classe dirigeant, bureaucratique, en formation.


a écrit :
Et là j'ai envie de te retourner la question. Toi en tant que communiste libertaire, que penses-tu qu'il fallait-il faire avec qui et à quel moment dans la révolution russe pour impulser une orientation différente au cours de l'histoire ? Hi hi bon courage..


Je pense qu'il fallait développer le pouvoir des soviets, ne pas s'y substituer, oeuvrer à l'organisation et la communisation de l'économie en développant les conseils d'usine à partir des syndicats, quand ils existaient, et directement, s'ils n'existaient pas. Je pense que c'était aux soviets et à eux seuls de décider du renversement du pouvoir bourgeois, que c'était à eux et à eux seuls (composé de l'ensemble des tendances révolutionnaires) de gérer la société qui en émergeait, d'organiser la lutte armée. Je pense que le seul rôle des tendances révolutionnaires organisées était de mettre leur expérience au service des soviets, comme force de proposition, soumises au libre débat (hors partis bourgeois). Je pense que l'organisation des communes libres d'Ukraine est un exemple pertinent.
Je pense que la voie développée par les marins de Kronstadt était la bonne.
Quant à la révolution espagnole, je suis bien prêt à entendre vos arguments...
Sans patrie ni frontière
 
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