Dans Roger & Moi, Michael Moore traquait le PDG de General Motors qui avait transformé la ville de Flint en désert industriel et fait exploser le chômage et la délinquance. On voyait notamment un ex-ouvrier devenu depuis gardien de prison, qui retrouvait ses anciens collègues... derrière les barreaux, ainsi que des locataires en voie d'expulsion qui élevaient et tuaient des lapins derrière les maisons pour en vendre la peau.
Dans The Big One ("Le Gros Tas", nom en faveur duquel il proposait de rebaptiser les Etats-Unis), il rencontre des travailleurs qui se réunissent la nuit sur un parking pour se syndiquer, remet un chèque de 34 cents au trust Proctor&Gamble (lessive, produits ménagers...)pour payer une heure de salaire d'un travailleur au mexique, où la compagnie délocalise. Il offrer au PDG de Nike 2 billets d'avions pour aller visiter avec lui ses usines en Asie du Sud-Est. Bizarrement, l'autre refuse, le rouge au front...
Aujourd'hui il récidive avec Bowling for Columbine. Il montre le discours réactionnaire du lobby pro-armes, qui joue sur la peur de l'autre et les sentiments racistes (Charlton Heston, dirigeant de la NRA, dit que s'il y plus de meurtres aux USA, c'est parce que c'est un pays à fort métissage ethnique.) Des émissions TV filment les arrestations musclées de jeunes Noirs ou Hispaniques. Du coup, on voit ce qu'on n'oserait pas imaginer: l'arrestation en direct d'un grand patron, coupable de délinquance financière (c'est fictif bien entendu). On y apprend qu'alors que le nombre de meurtres baissait de 20% aux USA, les reportages TV qur les meurtres augmentaient de ... 600%. On a aussi droit à une histoire résumée des USA en dessin animé (hilarant), à un bilan des massacres perpétrés par les USA, directement ou par dictatures interposées (Viet-Nam, Chili...), à une interview du rocker "gothique" Marylin Manson, accusé par les réacs d'inciter les jeunes au meurtre... Bouquet final: l'interview de Charlton Heston... à voir absolument!
Par contre, il ne s'agit pas d'un discours révolutionnaire, donc le réalisateur ne propose pas d'autre solution que de faire confiance au gouvernement de la première puissance impérialiste pour défendre les droits des citoyens. Une illusion, à mon sens. Mais bon...