
Fallouja : les troupes US avancent avec difficulté
LEMONDE.FR | 08.11.04 | 17h58 • MIS A JOUR LE 08.11.04 | 21h33
Les forces américano-irakiennes ont commencé lundi vers 16 h 30 (heure française), à bombarder Fallouja. Vers 19 heures, elles auraient progressé d'un kilomètre à l'intérieur de la ville, selon une source militaire américaine. L'offensive sera difficile et "prendra du temps", a déclaré le chef du Pentagone.
Commencée lundi vers 16 heures 30 (heure française), par un bombardement intensif sur Fallouja, l'offensive se poursuivait avec l'entrée des marines dans la ville peu de temps après une visite-surprise à ses troupes du premier ministre irakien Iyad Allaoui. Cette opération menée par quelque 12 000 soldats américains et irakiens, selon un responsable du ministère de la défense américain a été baptisée "Phantom Fury" par les Américains et "Opération Aube" par les Irakiens. L'assaut sur la ville rebelle a été lancé par 10 000 soldats américains et environ 2 000 irakiens, a précisé un responsable du Pentagone sous couvert de l'anonymat. Le renseignement américain estime que 2 500 combattants sont retranchés à Fallouja et que 10 000 autres pourraient les rejoindre. L'armée américaine a interdit à tous les hommes âgés de 15 à 50 ans d'entrer ou de sortir de la ville et des localités avoisinantes, a constaté un photographe de l'AFP.
OPÉRATION DIFFICILE
Dès les premières heures de l'assaut, le secrétaire à la défense américain Donald Rumsfeld a déclaré à Washington lors d'un point presse que l'opération va être difficile et "prendre du temps".
Tout a commencé par le feu vert donné par le chef du gouvernement irakien pour "nettoyer Falloujh des terroristes" et imposer un couvre-feu à la ville rebelle, située à 50 km à l'ouest de Bagdad, à partir de 17 heures. Peu après, un déluge de feu s'est abattu sur la ville et le ciel s'est embrasé. L'artillerie, l'aviation, les chars sont entrés en action et les projectiles sont tombés sur la ville alors que les habitants se terraient chez eux. Les marines ont pénétré ensuite dans le quartier nord de Jolan et se sont emparés de la gare ferroviaire, a indiqué l'armée américaine.
"Vers 18 heures, quatre bataillons sont entrés à Fallouja et ont avancé d'un kilomètre à l'intérieur sur un front de 5 km", a indiqué un officier supérieur américain. Chaque bataillon, composé de mparines et d'éléments de la cavalerie, compte environ 700 hommes. Des combattants de la guérilla étaient dans les rues, prêts à la bataille. Les mosquées lançaient par hauts parleurs des "Allah Akbar" ("Dieu est grand") et récitaient des sourates du Coran pour se donner du courage, a ajouté ce correspondant.
VISITE D'ALLOUI
Juste avant le déclenchement de l'offensive, le premier ministre irakien a rendu une visite-surprise à ses troupes à l'extérieur de la ville. "La population de Fallouja est prise en otage (...) et vous devez les libérer de cette emprise", a affirmé M. Allaoui à l'adresse de ses troupes lors de la visite qui a duré près de trois heures. "Votre devoir est d'arrêter les meurtriers mais si vous les tuez, soit", a-t-il ajouté.
Le secrétaire d'Etat Colin Powell a appelé plusieurs capitales étrangères pour expliquer les raisons de l'offensive militaire sur la ville irakienne et promettre que le maximum serait fait pour épargner les civils. L'une des principales organisations religieuses sunnites du pays a émis une fatwa (avis religieux) condamnant toute participation irakienne à un assaut contre Falloujah.
Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces américano-irakiennes s'étaient emparées préventivement du principal hôpital de la ville, situé à sa lisière ouest, et de deux ponts enjambant l'Euphrate, au sud-ouest.Des frappes américaines dans le centre ont tué douze personnes et en ont blessé vingt lundi matin, selon le responsable d'un dispensaire islamique.
L'APPEL DE TONY BLAIR ET TENSIONS DANS LE PAYS
Le premier ministre britannique Tony Blair a apporté son soutien à l'assaut de Fallouja, en appelant les troupes alliées en Irak à "tenir bon" et en demandant aux insurgés de "déposer les armes". Par ailleurs, deux marines ont été tués au combat dans la nuit de dimanche à lundi dans la province d'al-Anbar, a annoncé un porte-parole militaire. Un soldat américain a également été tué lundi dans une attaque visant son convoi à l'est de Bagdad.
Par ailleurs, au moins trois personnes ont été tuées et 45 autres blessées lundi dans les explosions, vraisemblablement dues à des voitures piégées, survenues devant deux églises dans le sud de Bagdad, a-t-on appris par ailleurs de source hospitalière.
Enfin, un "incident violent" impliquant le régiment britannique des Black Watch, qui a été redéployé du sud de l'Irak vers un secteur au sud de Bagdad, tenu par les Américains, est survenu lundi. Quatre Irakiens ont été tués et treize blessés dans deux attentats à la voiture piégée au passage de convois américains à l'ouest et au nord de Bagdad, selon un recoupement effectué par l'AFP auprès de sources hospitalières.
Près de Baïji, à 255 km nord de Bagdad, deux entrepreneurs irakiens travaillant sur une base américaine ont été tués par des inconnus ayant ouvert le feu sur leur véhicule. Deux Irakiens, dont un enfant de 7 ans, ont péri dans l'explosion d'une charge à Doulouiyah, à 70 km au nord de la capitale. Le gouverneur de la province de Diyala a quant à lui échappé à un attentat dans le centre de Baaqouba, chef-lieu de la province située à 60 km au nord-est de Bagdad. Enfin, 300 soldats géorgiens sont partis lundi pour l'Irak, où ils doivent remplacer le contingent actuel de 157 hommes déployés dans le cadre de la Force multinationale et Tbilissi a annoncé l'envoi prochain de 500 militaires supplémentaires. Au niveau politique, la Maison Blanche a réaffirmé que les élections en Irak auraient lieu en janvier. Auparavant, le haut représentant de l'Union européenne (UE) pour la politique étrangère, Javier Solana avait estimé que la situation sécuritaire en Irak "ne donne pas beaucoup d'espoir" que les élections se tiennent comme prévu en janvier 2005.
Avec AFP
LEMONDE.FR | 08.11.04 | 17h58 • MIS A JOUR LE 08.11.04 | 21h33
Les forces américano-irakiennes ont commencé lundi vers 16 h 30 (heure française), à bombarder Fallouja. Vers 19 heures, elles auraient progressé d'un kilomètre à l'intérieur de la ville, selon une source militaire américaine. L'offensive sera difficile et "prendra du temps", a déclaré le chef du Pentagone.
Commencée lundi vers 16 heures 30 (heure française), par un bombardement intensif sur Fallouja, l'offensive se poursuivait avec l'entrée des marines dans la ville peu de temps après une visite-surprise à ses troupes du premier ministre irakien Iyad Allaoui. Cette opération menée par quelque 12 000 soldats américains et irakiens, selon un responsable du ministère de la défense américain a été baptisée "Phantom Fury" par les Américains et "Opération Aube" par les Irakiens. L'assaut sur la ville rebelle a été lancé par 10 000 soldats américains et environ 2 000 irakiens, a précisé un responsable du Pentagone sous couvert de l'anonymat. Le renseignement américain estime que 2 500 combattants sont retranchés à Fallouja et que 10 000 autres pourraient les rejoindre. L'armée américaine a interdit à tous les hommes âgés de 15 à 50 ans d'entrer ou de sortir de la ville et des localités avoisinantes, a constaté un photographe de l'AFP.
OPÉRATION DIFFICILE
Dès les premières heures de l'assaut, le secrétaire à la défense américain Donald Rumsfeld a déclaré à Washington lors d'un point presse que l'opération va être difficile et "prendre du temps".
Tout a commencé par le feu vert donné par le chef du gouvernement irakien pour "nettoyer Falloujh des terroristes" et imposer un couvre-feu à la ville rebelle, située à 50 km à l'ouest de Bagdad, à partir de 17 heures. Peu après, un déluge de feu s'est abattu sur la ville et le ciel s'est embrasé. L'artillerie, l'aviation, les chars sont entrés en action et les projectiles sont tombés sur la ville alors que les habitants se terraient chez eux. Les marines ont pénétré ensuite dans le quartier nord de Jolan et se sont emparés de la gare ferroviaire, a indiqué l'armée américaine.
"Vers 18 heures, quatre bataillons sont entrés à Fallouja et ont avancé d'un kilomètre à l'intérieur sur un front de 5 km", a indiqué un officier supérieur américain. Chaque bataillon, composé de mparines et d'éléments de la cavalerie, compte environ 700 hommes. Des combattants de la guérilla étaient dans les rues, prêts à la bataille. Les mosquées lançaient par hauts parleurs des "Allah Akbar" ("Dieu est grand") et récitaient des sourates du Coran pour se donner du courage, a ajouté ce correspondant.
VISITE D'ALLOUI
Juste avant le déclenchement de l'offensive, le premier ministre irakien a rendu une visite-surprise à ses troupes à l'extérieur de la ville. "La population de Fallouja est prise en otage (...) et vous devez les libérer de cette emprise", a affirmé M. Allaoui à l'adresse de ses troupes lors de la visite qui a duré près de trois heures. "Votre devoir est d'arrêter les meurtriers mais si vous les tuez, soit", a-t-il ajouté.
Le secrétaire d'Etat Colin Powell a appelé plusieurs capitales étrangères pour expliquer les raisons de l'offensive militaire sur la ville irakienne et promettre que le maximum serait fait pour épargner les civils. L'une des principales organisations religieuses sunnites du pays a émis une fatwa (avis religieux) condamnant toute participation irakienne à un assaut contre Falloujah.
Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces américano-irakiennes s'étaient emparées préventivement du principal hôpital de la ville, situé à sa lisière ouest, et de deux ponts enjambant l'Euphrate, au sud-ouest.Des frappes américaines dans le centre ont tué douze personnes et en ont blessé vingt lundi matin, selon le responsable d'un dispensaire islamique.
L'APPEL DE TONY BLAIR ET TENSIONS DANS LE PAYS
Le premier ministre britannique Tony Blair a apporté son soutien à l'assaut de Fallouja, en appelant les troupes alliées en Irak à "tenir bon" et en demandant aux insurgés de "déposer les armes". Par ailleurs, deux marines ont été tués au combat dans la nuit de dimanche à lundi dans la province d'al-Anbar, a annoncé un porte-parole militaire. Un soldat américain a également été tué lundi dans une attaque visant son convoi à l'est de Bagdad.
Par ailleurs, au moins trois personnes ont été tuées et 45 autres blessées lundi dans les explosions, vraisemblablement dues à des voitures piégées, survenues devant deux églises dans le sud de Bagdad, a-t-on appris par ailleurs de source hospitalière.
Enfin, un "incident violent" impliquant le régiment britannique des Black Watch, qui a été redéployé du sud de l'Irak vers un secteur au sud de Bagdad, tenu par les Américains, est survenu lundi. Quatre Irakiens ont été tués et treize blessés dans deux attentats à la voiture piégée au passage de convois américains à l'ouest et au nord de Bagdad, selon un recoupement effectué par l'AFP auprès de sources hospitalières.
Près de Baïji, à 255 km nord de Bagdad, deux entrepreneurs irakiens travaillant sur une base américaine ont été tués par des inconnus ayant ouvert le feu sur leur véhicule. Deux Irakiens, dont un enfant de 7 ans, ont péri dans l'explosion d'une charge à Doulouiyah, à 70 km au nord de la capitale. Le gouverneur de la province de Diyala a quant à lui échappé à un attentat dans le centre de Baaqouba, chef-lieu de la province située à 60 km au nord-est de Bagdad. Enfin, 300 soldats géorgiens sont partis lundi pour l'Irak, où ils doivent remplacer le contingent actuel de 157 hommes déployés dans le cadre de la Force multinationale et Tbilissi a annoncé l'envoi prochain de 500 militaires supplémentaires. Au niveau politique, la Maison Blanche a réaffirmé que les élections en Irak auraient lieu en janvier. Auparavant, le haut représentant de l'Union européenne (UE) pour la politique étrangère, Javier Solana avait estimé que la situation sécuritaire en Irak "ne donne pas beaucoup d'espoir" que les élections se tiennent comme prévu en janvier 2005.
Avec AFP