Page 1 sur 1

Message Publié : 11 Oct 2004, 21:09
par Urriko
a écrit :lundi 11 octobre 2004, 19h15

Grève générale au Nigeria largement suivie, création d'un comité spécial

BUJA (AFP) - Des dizaines de millions de Nigérians ont suivi lundi le mot d'ordre de grève générale, lancé par la principale centrale syndicale du pays, alors que le président Olusegun Obasanjo a mis en place un comité spécial de conciliation sur l'augmentation des prix des carburants.
Organisée pendant quatre jours à l'appel de la principale centrale syndicale du pays, le Congrès national du travail (NLC) pour protester contre l'augmentation des prix des carburants, cette seconde grève générale en moins de six mois, a eu des répercussions sur les marchés pétroliers qui ont enregistré des records historiques au-delà des 50 dollars.
Pourtant, selon les syndicats du secteur et les majors installées au Nigeria, la grève n'a pas encore eu d'effet sur la production de brut.

Le Nigeria avec 2,5 millions de barils par jour, est le premier producteur d'Afrique, le sixième exportateur mondial, et le cinquième fournisseur des Etats-Unis.

Comme pour la grève du 9 au 11 juin dernier, qui avait paralysé l'économie du pays, sans toutefois toucher les exportations de brut, ce mouvement de protestation vise l'augmentation des prix des carburants à la pompe.

A la suite d'une décision de justice le 23 septembre dernier, les carburants ont augmenté brutalement d'environ 25%, créant une situation difficilement supportable pour les 130 millions de Nigérians, dont 80% selon l'Onu, vivent avec moins d'un dollar par jour.

Le mot d'ordre de grève a été largement suivi, surtout dans le secteur public et les services (banques, transports).

Le président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, a demandé lundi à un tout nouveau comité fédéral qu'il a inauguré à Abuja, de trouver des solutions pour amortir les effets de cette augmentation.

Dans son discours, M. Obasanjo a évoqué la libéralisation de la filière de la distribution pétrolière et reconnu qu'elle allait "causer des difficultés à la majeure partie de notre peuple". Il a toutefois assuré que "sur le long terme, chacun en récoltera les bénéfices".

Il a expliqué que "la fonction de ce comité est de collecter, d'harmoniser et de coordonner des mesures qui viseront à apporter dans le court terme un soulagement" des effets du prix élevé des carburants et à moyen terme assureront le succès de cette réforme.

Peu de violences ont été signalées lundi, mais à Kaduna (nord), un garçon de 12 ans, Sani Hamisu, a été tué par une balle perdue, au cours de heurts entre des manifestants et les policiers qui tentaient de démanteler une barricade.

Lagos était très calme lundi. Dans de nombreux quartiers de cette ville, la plus peuplée d'Afrique, la circulation, habituellement très dense, restait fluide depuis le début de la matinée.

La police anti-émeute était déployée aux principaux points stratégiques de la ville pour éviter tout débordement de violence, comme les incidents qui avaient fait plusieurs victimes en juin.

A Abuja, la capitale fédérale, les banques et les magasins étaient fermés et les parking des ministères étaient vides en début de journée.

Dans la grande ville du nord, Kano, seuls les services publics étaient fermés, y compris l'aéroport et l'hôpital, mais les activités du secteur privé fonctionnaient.

Le NLC a annoncé que cette grève durerait quatre jours dans un premier temps, puis pendant deux semaines et qu'il laisserait au gouvernement une seconde chance pour faire baisser les prix.

Une partie de la société civile et des partis d'opposition se sont ralliés au NLC pour mobiliser les travailleurs et les encourager à rester chez eux jusqu'à vendredi matin, en signe de refus contre cette mesure, qui découle directement du programme de réformes économiques lancé par le président Obasanjo.


Cette situation s'ajoute à la tension persistante avec des groupes armés dans la zone productrice du delta du Niger et un conflit social au sein du géant pétrolier anglo-néerlandais Shell, qui extrait la majorité du pétrole nigérian.

Message Publié : 12 Oct 2004, 21:06
par zarta
je viens d'apprendre, mais je ne sais pas si c'est vrai, que le record du prix du baril était en 1980 avec 90 dollars!!!!!!!!!!!!!!!!!!

ya un truc que je ne comprends pas (si quelqu'un pouvait m'expliquer ce serait sympa) : un pays qui produit du pétrole devrait se réjouir de l'augmentation du prix car on le vendant il gagne plus d'argent, non ?
merci de m'éclairer. :smile:

Message Publié : 12 Oct 2004, 21:37
par zarta
merci pour la réponse claire. Je dois avoir vraiment la tête ailleurs pour ne pas y avoir penser toute seule :emb:

Message Publié : 16 Oct 2004, 00:54
par Speedy
Réponse à Zarta:

a écrit :je viens d'apprendre, mais je ne sais pas si c'est vrai, que le record du prix du baril était en 1980 avec 90 dollars!!!!!!!!!!!!!!!!!!


Non, le prix n'était pas de 90  de l'époque, sinon de 90  au cours d'aujourd'hui. D'ailleur le "crise du pétrole" était, je pense, au milieu des années 1970 et non pas des années 1980, à vérifier.

a écrit :ya un truc que je ne comprends pas (si quelqu'un pouvait m'expliquer ce serait sympa) : un pays qui produit du pétrole devrait se réjouir de l'augmentation du prix car on le vendant il gagne plus d'argent, non ?
merci de m'éclairer.


Si le prix du pétrole augmente, l'économie ne peut grandir aussi vite que si il se stabilisait. Ceci en raison du fait que le pétrole est utilisé par l'économie pour son processus productif. Si le cout de production augmente à cause du cout de pétrole, alors le prix à la vente du produit augmente (donc la consommation se réduit) ou la marge commerciale devient plus petite. D'une façon ou une autre les bénéfices de la bourgoisie tombent.

Voilà j'ai été sympas, à plus.

Message Publié : 16 Oct 2004, 17:33
par Jacquemart
a écrit :Si le prix du pétrole augmente, l'économie ne peut grandir aussi vite que si il se stabilisait. Ceci en raison du fait que le pétrole est utilisé par l'économie pour son processus productif. Si le cout de production augmente à cause du cout de pétrole, alors le prix à la vente du produit augmente (donc la consommation se réduit) ou la marge commerciale devient plus petite. D'une façon ou une autre les bénéfices de la bourgoisie tombent.

Cela peut être vrai... dans les pays qui consomment du pétrole, pas pour ceux qui en exportent.
Au Nigéria, comme partout ailleurs chez les pays qui produisent du pétrole, le problème est tout autre.
Si le prix du pétrole monte, cela profite d'abord et avant tout aux trusts (occidentaux) qui en sont les producteurs et les vendeurs. Et accessoirement à la bourgeoisie locale, aux nantis de l'appareil d'Etat, qui perçoivent une partie des bénéfices ainsi réalisés.
Mais les classes populaires de ces pays, elles, ne voient pas la couleur de ces bénéfices, pas même sous forme de miettes.
En revanche, ces classes populaires subissent de plein fouet l'augmentation du prix des produits pétroliers (essence, fuel, etc.), donc une diminution de leur niveau de vie déjà misérable.

Message Publié : 17 Oct 2004, 01:28
par Speedy
Tout à fait raison.

Message Publié : 18 Oct 2004, 20:54
par zarta
pour en savoir plus sur l'Afrique en général, consulter le site de rfi.fr si vous ne capter pas la radio.
Les articles y sont assez clairs (avec listes des derniers articles consultables facilement) et il y a aussi des dossiers complets avec rappel historique, cartes, etc.

pour revenir au pétrole : y a-t-il vraiment crise ? (en 1980 par ex. quelle soit la valeur du dollars à l'époque, on n'a pas parlé de crise, alors qu'en 1973 si). Aujourd'hui, ne suffirait-il pas d'augmentation la production et/ou de taper dans les énormes réserves de certains pays (Arabie saoudite et E. U.) pour faire baisser le prix du baril ?

Message Publié : 31 Oct 2004, 21:32
par Barikad
a écrit :Nigeria: grève générale illimitée à partir du 16 novembre, la production pétrolière menacée

LAGOS (AFP),
le 31-10-2004


Le patron de la principale centrale syndicale du Nigeria, le Congrès national du Travail (NLC), Adams Oshiomhole, a annoncé dimanche une grève générale et illimitée à partir du 16 novembre et menacé de stopper la production pétrolière pour protester contre l'augmentation des prix des carburants.

M. Oshiomhole a fait cette annonce lors d'une conférence de presse au quartier général du NLC à Lagos en compagnie de différents représentants de la société civile qui soutiennent la grève, ainsi que des responsables des principaux syndicats de la filière pétrolière.

"La grève commencera le 16 novembre et sera illimitée", a-t-il lancé soulignant que le dialogue, entamé avec le gouvernement après la dernière grève générale "d'avertissement" qui avait en partie paralysé le pays entre le 11 et le 14 octobre dernier, est dans l'impasse.

"Le gouvernement a rendu le dialogue impossible. Il a démontré que nous avons eu tort et qu'aucune solution ne sortira du dialogue", a-t-il ajouté estimant que le chef de l'Etat, Olusegun Obasanjo, "a limité le mandat" du comité ad hoc mis en place début octobre pour trouver les moyens d'amortir les effets de la hausse des carburants.

"Nous pensons qu'il faut s'attaquer à la cause et non aux conséquences de l'augmentation. Il faut revenir aux anciens prix" des carburants, a-t-il martelé annonçant également des manifestations d'ici au 16 novembre.

Estimant que le gouvernement "refuse d'écouter les Nigérians", le président du NLC a également menacé directement la production pétrolière nationale, qui jusqu'à présent n'avait pas été affectée par les grèves.

Le Nigeria tire du pétrole brut 95% de ses recettes extérieures. Selon l'ONU, 80% des Nigerians vivent cependant avec moins d'un dollar par jour.

"Tous les travailleurs du secteur pétrolier seront concernés par ce mouvement de grève", a déclaré M. Oshiomhole expliquant que "la dernière fois, il n'y a pas eu d'interruption du flux pétrolier mais aujourd'hui, c'est la seule façon pour que le gouvernement nous écoute".

Le président du PENGASSAN, Brown Ogbeifun, s'est voulu plus prudent tout en confirmant l'intention des syndicats de s'en prendre au secteur pétrolier.

"Nous allons tenter de perturber la production, mais nous ne pouvons pas révéler l'étendue de notre arsenal avant le début du mouvement. Nous avons pris cette décision parce que nous n'avons pas d'autre option. Nous étudions actuellement les stratégies", a-t-il déclaré.

M. Oshiomhole a également attaqué directement la principale compagnie pétrolière opérant au Nigeria, le géant anglo-néerlandais Shell, qu'il a qualifié d'"ennemi du peuple nigérian".

"Shell a décidé de soutenir le gouvernement pour opprimer notre peuple et se mêler des affaires politiques intérieures nigérianes", a-t-il expliqué en référence à une procédure judiciaire entamée par Shell pour empêcher le syndicat des cadres du secteur pétrolier, le Pengassan, et les ouvriers de la filière rassemblés au sein du NUPENG, de participer à la grève.

Le fait que les syndicats menacent de s'en prendre directement aux exportations devrait secouer un peu plus le marché mondial pétrolier déjà très nerveux, qui a enregistré des records de prix ces dernières semaines.

Avec des exportations de 2,5 millions barils/jour, le Nigeria figure au premier rang des producteurs africains et à la sixième place au niveau mondial. Ce pays fournit aux Etats-Unis 15% de ses besoins en pétrole.

Le 23 septembre, les prix des carburants et du pétrole lampant ont bondi de quelque 25% à 55 nairas (40 cents) le litre. Il s'agissait de la dernière en date des majorations des prix du pétrole, depuis que le président Obasanjo a décidé en octobre de l'année dernière de déréguler les prix des carburants et de supprimer les subventions.

Le président Obasanjo et ses partisans estiment que les hausses sont un mal nécessaire en raison du programme de réformes mis en chantier par le Nigeria et dont l'objectif est de mettre un terme au glissement vers la pauvreté du pays le plus peuplé d'Afrique, avec 130 millions d'habitants.


=D>
:!: