
Dans l'article suivant on apprend que les prises d'otages ont eu pour conséquence un début d'union sacrée. Ainsi, l'ancien directeur d'il manifesto, Riccardo Barenghi déclare «Entre un Irak libéré à coups de têtes coupées et un Irak occupé par les Américains, je choisis la seconde hypothèse.» Comme si la barbarie terroriste qui s'est installée en Irak n'avait pas été la conséquence directe de l'intervention armée des EU et de ses alliés. L'Italie a aussi ses tristes Cohn Bendit, prêts à donner des gages de responsabilité.
Quant à Fausto Bertinotti, secrétaire de Refondation communiste, il suspend sa demande de retrait du contingent italien en Irak. Une opposition à la très gracieuse majesté, Berlusconi, en somme.
Quant à Fausto Bertinotti, secrétaire de Refondation communiste, il suspend sa demande de retrait du contingent italien en Irak. Une opposition à la très gracieuse majesté, Berlusconi, en somme.
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Irak
Les deux Simona unissent l'Italie
L'annonce non vérifiée de leur exécution prolonge la trêve politique et l'union sacrée.
Par Eric JOZSEF
vendredi 24 septembre 2004
Rome de notre correspondant
hier soir, le sort des deux Italiennes Simona Torretta et Simona Pari, enlevées il y a quinze jours par un mystérieux commando armé au siège de leur organisation humanitaire Un pont pour Bagdad, était encore des plus incertain. A quelques heures d'intervalle, deux messages revendiquant l'exécution des deux jeunes femmes ont été diffusés sur Internet. Mercredi, dans la nuit, un premier communiqué publié sur un site islamiste au nom de l'Organisation du Jihad en Irak a ainsi affirmé avoir exécuté les deux otages «car Rome n'a pas cédé à l'exigence de retrait des troupes italiennes d'Irak». Hier matin, un second groupe se présentant comme les partisans d'Ayman al-Zawahiri a revendiqué à son tour l'assassinat de Simona Torretta et Simona Pari, annonçant par ailleurs qu'un enregistrement vidéo montrant l'exécution des jeunes femmes serait prochainement diffusé.
«Se taire». Hier, toute l'Italie est restée suspendue à la publication d'autres nouvelles tandis que les autorités invitaient à la prudence. Un rassemblement de soutien à l'appel du comité Basta la guerra devait avoir lieu à Rome devant le siège du gouvernement, faisant suite aux initiatives et manifestations organisées depuis le 7 septembre dans toute la péninsule. Surtout, de manière unanime, toutes les forces politiques ont préféré garder le silence et éviter toute polémique. «En un moment pareil, on se doit de se taire. Seul le gouvernement doit s'exprimer», a expliqué l'ex-ministre de l'Intérieur (centre gauche) Enzo Bianco.
De fait, l'enlèvement de Simona Torretta et Simona Pari a provoqué en Italie une sorte de trêve politique sur la question irakienne. Alors que l'opposition de gauche a depuis des mois violemment dénoncé l'intervention américaine et l'envoi d'un contingent italien de 3 000 hommes, au point de voter au printemps une motion de retrait immédiat des troupes, l'affaire des deux otages a mis les divergences en sourdine. Le gouvernement a choisi de modifier sa stratégie. Vivement critiqué pour sa gestion désastreuse de l'enlèvement du journaliste de la revue pacifiste Diario Enzo Baldoni, exécuté fin août par l'Armée islamique en Irak, Silvio Berlusconi a décidé de dialoguer avec l'opposition afin de définir, malgré les clivages, une position unitaire face aux ravisseurs.
Dès le lendemain du rapt, il invitait les partis de gauche au siège du gouvernement. En excluant de céder au chantage en retirant le contingent déployé en Irak, le gouvernement a multiplié les initiatives pour tenter d'obtenir la libération des deux jeunes femmes. Le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, a entrepris des missions diplomatiques, n'hésitant pas à rencontrer à Doha (Qatar), le sulfureux Youssef al-Qardawi, responsable religieux sunnite connu pour ses violentes diatribes antiaméricaines. Après avoir demandé la remise en liberté des Irakiens injustement détenus à Bagdad, Frattini a lancé un message aux ravisseurs via Al-Jezira en insistant sur la mission humanitaire des deux otages.
Retrait. A gauche aussi, la tonalité des interventions a changé à la suite de l'enlèvement des pacifistes italiens. Après l'exécution d'Enzo Baldoni, l'ancien directeur du quotidien d'extrême gauche Il Manifesto Riccardo Barenghi est allé jusqu'à déclarer : «Entre un Irak libéré à coups de têtes coupées et un Irak occupé par les Américains, je choisis la seconde hypothèse.» Quoique critiqué par les militants les plus radicaux, le secrétaire de Refondation communiste, Fausto Bertinotti, a suspendu sa demande de retrait du contingent italien en Irak.
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