Etats-Unis - Le faux choix Bush-Kerry

Dans le monde...

Message par pelon » 11 Sep 2004, 07:40

a écrit :
États-Unis - Le faux choix Bush-Kerry

Le président Bush a été officiellement désigné par la convention républicaine comme le candidat à la présidence qui se trouve opposé au démocrate Kerry, et les sondages, qui lui étaient auparavant plutôt défavorables, se sont retournés en sa faveur. Il battrait de onze points le candidat démocrate, par 52% contre 41%. Le troisième candidat, Ralph Nader, crédité auparavant de 4 à 7%, obtiendrait 3%.

Les attaques des Républicains sur la "faiblesse" supposée de Kerry dans les questions de défense, au moment où les États-Unis sont engagés dans "la guerre contre le terrorisme" ont été payantes. La tentative de Kerry de se poser en ancien combattant de la guerre du Viêt-nam, face à un Bush qui n'y a pas participé par piston, a fait long feu.

Kerry a donc changé son fusil d'épaule et dénonce maintenant la politique intérieure de son adversaire. Il accuse Bush d'être "le premier président depuis la Grande Dépression à briguer un deuxième mandat sans avoir créé le moindre emploi". Et il entend dénoncer la politique de Bush vis-à-vis de la couverture maladie et de l'éducation, attaquées par l'administration Bush.

Et si ce nouvel axe électoral permet de réduire l'écart entre Kerry et Bush, il sera toujours temps pour les démocrates de s'en prendre à... Nader, comme ils le faisaient déjà il y a quelques semaines, pour inviter les électeurs à voter utile pour faire tomber Bush.

Nader a au moins pour lui de dire que Républicains ou Démocrates sont les candidats du même parti, celui des plus riches. Mais les Démocrates font pression contre sa canditature et ont réussi à dissuader les Verts de l'introniser comme candidat, comme ils l'avaient fait en 2000. Et Nader lui-même envisagerait de se retirer, si Démocrates et Républicains étaient au coude à coude.

"N'importe qui sauf Bush" (avec son supplément: et pas Nader non plus): voilà le slogan censé assurer l'élection de Kerry. Mais même si ce slogan était suivi d'effet, les électeurs démocrates ne tarderaient pas à déchanter.

Pour ce qui est de la politique extérieure, Kerry et les Démocrates n'ont pas seulement soutenu les guerres menées par les États-Unis en Afghanistan et en Irak. Ils se sont réjouis de "l'union nationale" qui a alors existé entre Républicains et Démocrates. Mais Kerry a déjà annoncé qu'il saurait finir la guerre que Bush a commencée. En cela, il se situe pleinement dans la tradition démocrate: celle, par exemple, de Kennedy et Johnson se relayant pour commencer et poursuivre la guerre du Viêt-nam.

Et sur le plan intérieur, même si Kerry a l'intention de dénoncer les mauvais coups de son adversaire contre les classes populaires, les Démocrates ne se distinguent guère, en la matière, des Républicains. Ils ont voté les lois répressives qui ont restreint les libertés depuis le 11 septembre 2001. Mais ces remises en cause des libertés démocratiques étaient dans la continuité de celles de l'administration Clinton après l'attentat d'Oklahoma City, qui avait eu lieu durant son mandat.

Quant aux budgets sociaux, ils ont été rognés tour à tour par les Républicains aussi bien que par les Démocrates. Au cours de son premier mandat, Clinton avait rogné aussi bien sur les budgets de Medicare (l'assurance-maladie des personnes âgées) et de Medicaid (les soins gratuits pour les plus démunis). Pour son second mandat il avait promis de sauver Medicare du démantèlement qu'allaient lui faire subir les Républicains. Mais, une fois réélu, il diminua encore les deux budgets de ces organismes sociaux. Et pendant qu'il y était, il tira un trait sur l'aide aux familles démunies ayant des enfants à charge, un budget social créé dans les années trente pour les familles sans moyens (du fait du chômage) ou aux moyens insuffisants (familles monoparentales).

La politique du "moindre mal" qui consiste, pour éliminer le candidat sortant, à voter pour un nouveau venu, qui une fois élu poursuivra pour l'essentiel la même politique, n'est vraiment qu'un méchant tour de passe-passe, qui permet depuis des dizaines d'années que les équipes démocrates ou républicaines se relaient à la présidence et assurent ainsi la prospérité des classes possédantes qui en sont les seules bénéficiaires.

Quant aux classes populaires, si elles veulent obtenir quelque chose de l'une ou l'autre des administrations qui emporteront la Maison-Blanche, elles ne peuvent vraiment compter que sur elles-mêmes et sur leurs luttes.

Jacques FONTENOY

Lutte Ouvrière n°1884 du 10 septembre 2004
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par Valiere » 15 Sep 2004, 23:47

J'ai hésité à me positionner mais là je n'hésite pas je trouve ce texte fort intéressant...Profitez en les camarades de la LCR qui me connaissent n'ignorent pas que dans le passé je ne fus pas tendre avec vous!
Valiere
 
Message(s) : 0
Inscription : 07 Mars 2004, 22:35

Message par j1v3 » 16 Sep 2004, 10:39

Heureux de ne pas te voir ralier la position pro-démocrate de Moore ou Nader aux USA. =D>

Sur le positionnement des organisations de gauche par rapport aux élections aux USA, il y'a un trés bon article paru dans Class Strugle et dont la traduction est éditée dans le LDC de juin 2004. C'est un peu long, mais en voici un extrait assez significatif.

a écrit :Ce n'est pas la première fois que les syndicats, le Parti communiste et d'autres font campagne pour les Démocrates en utilisant les Républicains comme repoussoirs. L'une de leurs campagnes les plus réussies de ce point de vue (si l'élection d'un président démocrate peut-être considérée comme une réussite), fut celle de l'élection présidentielle de 1964 qui opposait Lyndon B. Johnson à Barry Goldwater. Ce dernier, répétaient-ils, ramènerait le pays cent ans en arrière. Et surtout, ils le décrivaient comme un va-t-en-guerre qui ne tiendrait aucun compte des dangers d'une « guerre au sol » en Asie. Les syndicats, le PC et les pacifistes appelaient à voter Johnson pour éviter cette catastrophe. La toute jeune organisation Students for a Democratic Society (SDS, Étudiants pour une société démocratique), qui devait par la suite accueillir Johnson aux cris de « Hey, hey, LBJ, combien d'enfants as-tu tués aujourd'hui ? », fit campagne pour lui sous le slogan « Un bout de chemin avec LBJ ! ». Leur argumentation était peut-être moins sophistiquée que celle de Chomsky, mais elle était de la même eau : il n'y a peut-être pas grande différence entre les Démocrates et les Républicains, disaient-ils, mais dans les situations critiques, les petites différences ont une grande importance !

[...]

Tous ceux qui se désignent eux-mêmes comme les « forces progressistes » du pays - les dirigeants syndicaux, le PC, des gens comme Chomsky, Michael Moore ou Nader - sont d'accord avec Robert Scheer pour dire que « l'enjeu de ces élections est trop important » pour refuser de soutenir les Démocrates.

[...]

Mais ce n'est pas la première « élection la plus importante de notre vie », si l'on en juge par le nombre de fois où les forces de gauche ont trouvé ce genre d'excuses pour apporter leur soutien aux Démocrates. Nous ne les soutenons pas si souvent que cela, disent-ils. « Seulement une fois tous les quatre ans », avait ironisé Trotsky, répondant à un syndicaliste du CIO qui tentait de justifier le soutien des syndicats aux Démocrates en disant que ce n'était qu'un soutien occasionnel, réservé aux « élections importantes ».

Ce soutien occasionnel dure depuis plus de soixante ans maintenant, élection après élection, et n'a jamais rien rapporté à la classe ouvrière, sinon une vague de démoralisation après l'autre.


Cliquez ici pour le texte original.
j1v3
 
Message(s) : 0
Inscription : 09 Juil 2004, 21:17

Message par Valiere » 16 Sep 2004, 14:14

Aucun risque de glissement, les livres de Moore m'ont convaincu...Il dit qu'il faut voter Kerry mais décline le programme des démocrates!!
Valiere
 
Message(s) : 0
Inscription : 07 Mars 2004, 22:35

Message par alex » 24 Sep 2004, 13:47

ROUGE

ÉLECTION AUX ÉTATS-UNIS

Nader résiste

Si Ralph Nader n’est pas exempt de tout reproche, il semble qu’il soit le seul candidat crédible d’opposition à la politique de George Bush.Lors de l’élection de 2000, alors que le gang Bush, minoritaire dans les urnes, organisait son putsch électoral et s’emparait du pouvoir, le Parti démocrate, par son inaction1, se faisait le complice institutionnel de ce hold-up et en rejetait la faute sur le candidat Nader. Celui-ci, avec ses quelque 2,7%, aurait « volé » les voix manquant à Gore pour l’emporter. Quel est le crime de cet avocat de renom, infatigable défenseur du droit des citoyens face aux multinationales ? Avoir mené une campagne de gauche centrée sur les exigences des mouvements sociaux et placée dans la perspective de la construction d’un tiers parti. Pire, il a décidé de remettre ça en 2004, contre vents et marées... Disons-le d’emblée : si cette campagne est salutaire et se doit d’être soutenue, Nader n’est pas exempt de tout reproche. En se présentant en indépendant plutôt qu’en candidat du parti vert, il a compliqué la tâche de ses partisans au sein de celui-ci. Surtout, en acceptant, dans certains États, le soutien du réactionnaire Reform Party2, il a certes augmenté ses capacités matérielles de mener campagne, mais il a brouillé son message.Arguments mensongersPourtant, ce n’est pas là ce que lui reprochent ses innombrables et féroces détracteurs, qui se recrutent avant tout chez les progressistes qui, comme les magazines « libéraux » The Nation ou Mother Jones, ont quitté le navire Nader pour se rallier au panache vert dollar du milliardaire Kerry. Ce que toutes ces belles âmes progressistes reprochent à Nader, c’est tout simplement de se présenter, et donc de gêner la campagne de Kerry. Ils ne discutent pas le contenu de la campagne de Nader (dont ils approuvent la teneur, contrairement à celle de Kerry), mais son existence même. Et ils le supplient de se retirer, à grands coups de pétitions et de manifestes abondamment relayés par une presse complaisante. Les médias pro-démocrates ont mené une campagne grossièrement manipulatrice pour expliquer que l’argent de Nader venait de « républicains ». L’argument, en plus d’être parfaitement mensonger, est particulièrement osé venant de la part de gens qui travaillent pour un parti essentiellement financé par les mêmes bailleurs de fonds capitalistes que le Parti républicain. Mais le plus odieux reste encore le barrage institutionnel mis en place par les « démocrates » qui, à la manière des « républicains » de Floride en 2000, utilisent toutes les ficelles plus ou moins légales, notamment dans les États qu’ils contrôlent, pour empêcher Nader de se présenter. La palme revient sans conteste aux « démocrates » de l’Illinois, qui ont réussi à invalider la candidature de Nader dans cet État, tout en votant dans la foulée une mesure d’exception pour permettre à un certain George W. Bush de se présenter bien qu’il n’ait pas respecté la procédure légale...Verts sans alternativeLa défection regrettable du parti vert s’explique par les maladresses de Nader, mais aussi par l’imprégnation du sentiment « Anybody But Bush » jusqu’en son sein. Par une courte majorité, les verts ont choisi de ne se présenter que dans les États « sûrs », et donc de s’effacer dans les États où le score s’annonce serré entre Bush et Kerry3. Autrement dit : ne surtout pas gêner les « démocrates ». Ce qui n’est pas le meilleur moyen de convaincre les électeurs de la nécessité d’une alternative... Ainsi, la campagne de Nader est bel et bien la seule campagne de gauche audible à une échelle de masse4, la seule à faire résolument entendre les thèmes centraux du moment : fin de l’occupation de l’Irak, soutien aux Palestiniens, abolition de la peine de mort, mariage homosexuel, taxation des capitaux, défense des immigrés, refus de l’OMC et de la marchandisation du monde, etc. C’est pour toutes ces raisons que des organisations étatsuniennes cousines de la LCR, comme Solidarity ou ISO, ont fait le choix de mettre leurs forces dans la balance pour construire le plus largement possible la campagne de Nader.De San Francisco, Luc Marchauciel1. Voir à ce sujet le début de Fahrenheit 9/11, de Michael Moore, lorsque les élus noirs n’obtiennent aucun soutien au Sénat pour faire annuler le scrutin frauduleux de Floride. Les démocrates ont alors entériné le viol des droits civiques de nombreux Noirs, ce qui est une sale habitude aux États-Unis. John Kerry était un de ces sénateurs, et Al Gore présidait la séance... 2. Une organisation d’extrême droite agonisante à laquelle il a ainsi redonné une raison d’être. 3. Le compte-rendu de la convention des Verts par Alain Lipietz publié dans Politis, cet été, est pour le moins partial : il oublie de préciser que les verts ont reproduit en leur sein les mêmes mécanismes antidémocratiques qu’ils critiquent au niveau fédéral (surreprésentation des États peu peuplés), et qu’à chaque fois qu’une réelle primaire avait été organisée dans les États où les Verts existent concrètement, l’option Nader l’avait largement emporté. 4. Certaines organisations d’extrême gauche ont fait le choix contestable de soutenir des candidatures certes intéressantes mais totalement marginales, comme celle du militant amérindien emprisonné Leonard Peltier. La campagne des Verts est elle aussi purement anecdotique : à San Francisco, le meeting de Nader a attiré 1 000 personnes, alors que celui du candidat officiel des Verts en a rassemblé 35...

Le 23/09/04
alex
 
Message(s) : 0
Inscription : 18 Juil 2003, 18:44

Message par alex » 05 Nov 2004, 14:20

Quel est le résultat de Nader et de l'extrème-gauche ?
alex
 
Message(s) : 0
Inscription : 18 Juil 2003, 18:44

Message par ianovka » 05 Nov 2004, 14:30

[quote=" (alex @ vendredi 5 novembre 2004 à 14:20"]
Quel est le résultat de Nader et de l'extrème-gauche ?
On en a déjà parlé là :
http://forumlo.cjb.net/index.php?showtopic=9629&st=20
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
Avatar de l’utilisateur
ianovka
 
Message(s) : 173
Inscription : 30 Août 2002, 11:30

Message par alex » 05 Nov 2004, 15:01

oui merci et désolé , j'avais sorti beaucoup de fil sur papier et je n'ai pas eu le temps de les lire.
alex
 
Message(s) : 0
Inscription : 18 Juil 2003, 18:44


Retour vers Actualités internationales

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invité(s)