Edito d'Informations Ouvrières

[Barnabas]

EDITORIAL


"Depuis Caracas,
nous nous adressons
à tous nos frères de classe"


PARMI les commentaires embarrassés qui n'ont pas manqué au lendemain de la victoire du " non " au Venezuela (lire pages 2 et 3), on retiendra l'éditorial du journal du capital financier français Les Echos. Celui-ci (17 août) dénonce en Chavez un " tribun iconoclaste, (qui) s'est acquis le soutien des classes les plus défavorisées en leur promettant un avenir meilleur et plus juste… et en dépensant sans compter les recettes pétrolières du pays dans des "missions" sociales ".

Les Echos en restent interloqués. Qu'un gouvernement " dépense sans compter " les richesses du pays en exonérant les patrons de leurs charges fiscales et de leurs cotisations sociales ou pour la guerre en Irak, c'est, pour la classe capitaliste, dans l'ordre des choses. Mais qu'un gouvernement " dépense sans compter " pour créer des écoles, des dispensaires, et donner la terre aux paysans… voilà qui est à proprement parler intolérable ! Et que les masses ouvrières et populaires du Venezuela se mobilisent pour défendre la souveraineté nationale sur le pétrole, et les écoles, les dispensaires et la réforme agraire… c'est plus qu'intolérable : c'est inquiétant. Au point que même l'administration Bush, par crainte d'un processus de radicalisation, a dû finir par reconnaître le résultat du référendum.

Tout danger n'est évidemment pas écarté. Les travailleurs, dans le monde entier, doivent rester vigilants. Le 16 août, à Caracas, la centrale syndicale UNT, réunie avec des militants et des responsables ouvriers de différents pays, a lancé un appel dans lequel on peut lire ceci :
" Camarades travailleuses et travailleurs du monde entier. Depuis Caracas, au Venezuela, ce 16 août 2004, nous nous adressons à tous nos frères de classe en ce jour historique où ont été annoncés les résultats définitifs du référendum. La victoire du non a reçu plus de 5 millions de voix du peuple vénézuélien. Pour l'UNT et pour les nombreux camarades syndicalistes venus de différents pays au Venezuela pour exprimer la lutte commune des travailleurs contre l'exploitation capitaliste et l'ingérence de l'impérialisme, cela nous fait avancer sur la voie de la conquête d'une société plus juste, souveraine et indépendante, d'où sera éliminée l'exploitation de l'homme par l'homme. Nous considérons que le triomphe du non à ce référendum est un point d'appui pour aller de l'avant dans notre combat de classe. "

Rappelant que " l'UNT est une centrale syndicale indépendante, qui défend en profondeur la démocratie syndicale, une centrale indépendante des partis, des patrons et du gouvernement ", l'appel souligne que, pour cette raison, " l'UNT a développé sa propre campagne de "travailleurs en bataille" pour la victoire du non, ce qui signifie le maintien du président Chavez au pouvoir parce que nous considérons que ce qui est en jeu ici, c'est la lutte contre l'impérialisme, et que nous croyons que les travailleurs doivent jouer un rôle central pour la défense de la souveraineté des nations, des peuples indigènes en lutte pour la réappropriation de leurs terres ancestrales et des paysans engagés dans un combat mondial pour une véritable réforme agraire et la souveraineté alimentaire ".

Face aux menaces de l'opposition de ne pas reconnaître les résultats électoraux, l'appel s'adresse " à tous les travailleurs du monde et à leurs organisations de classe et démocratiques ", afin de se maintenir en alerte " contre toute tentative d'ingérence de l'impérialisme et de ses instruments ". L'appel invite toutes les organisations ouvrières du monde entier, notamment syndicales, à " renforcer les liens de solidarité militante " et propose une rencontre internationale au Venezuela.

L'appel se conclut en ces termes : " Pour nous, la victoire du non au référendum du 15 août, c'est un non à l'ALCA et au TLC (1). C'est un non au Fonds monétaire international et à la politique néolibérale. Il signifie un non à la domination impérialiste et à la politique d'agression de Bush. Ce doit être un non au paiement de la dette externe et aux privatisations. Cette victoire du non, nous voulons la transformer en un non à l'exploitation capitaliste. Dehors les putchistes et l'impérialisme du Venezuela ! Vive la lutte des travailleuses, des travailleurs et des peuples du monde ! "

On ne s'étonnera pas de trouver les militants ouvriers constituant la délégation de l'Entente internationale des travailleurs et des peuples à Caracas parmi les premiers signataires de cet appel proposé par l'UNT.

Des développements en cours, on tirera ici trois premiers enseignements. Un : il n'y a aucune obligation à céder aux exigences de l'impérialisme, à renoncer à la souveraineté de la nation ou à privatiser les entreprises publiques. Deux : les masses opprimées, et en leur sein la classe ouvrière, sont prêtes à se mobiliser pour garantir par leur action la défense de la souveraineté et des conquêtes. Trois : en toute circonstance, l'indépendance de classe des organisations syndicales, agissant sur leur propre terrain, est une clé du combat pour faire triompher la démocratie. C'est vrai au Venezuela, au Brésil, en France et partout dans le monde.


(1) Traité de libre commerce.

[Valiere]

Texte d'appel correct mais encore une fois le PT-CCI va mener seul sa campagne sans rechercher des convergences avec d'autres.

[boispikeur]

Je me demnde juste ce que fait ce texte en "politique française"...

[Valiere]

Moi aussi mais j'attends depuis longtemps à discuter avec des camarades du CCI.

[Valiere]

Les camarades du CCI -PT viennent de temps en temps pour casser un peu du LO ou de la LCR mais daignent répondre quand on critique leur direction.