a écrit :HAÏTI Les ex-militaires réclament la reconstitution de l'arméeEn Haïti, les anciens militaires reviennent au devant de la scène en occupant, depuis fin août, leurs anciennes casernes dans diverses villes comme Petit-Goave, Jacmel, Gonaïves, Cap.
Ils réclament la reconstitution des forces armées d’Haïti, qui ont été dissoutes en 1994 par Aristide à son retour d’exil. Ils réclament aussi le versement de ce qu’ils appellent «leur fonds de pension» et des arriérés de salaires depuis 1994. Ils se désignent comme les forces de maintien de l’ordre et leur alibi est d'assurer la sécurité de la population, en parallèle avec les forces de la police nationale qui sont aux ordres du gouvernement intérimaire. L’attitude des ex militaires a déclenché ainsi plusieurs affrontements avec les policiers.
L’armée d’Haïti a toujours été présente pour maintenir la population pauvre sous les coups de la bourgeoisie. A la chute de la dictature des Duvalier, en 1986, les généraux ont été le noyau autour duquel s’est formé le Conseil national de gouvernement CNG. Puis les généraux commandant les différentes fractions de l’armée se sont battus entre eux lors de coups d’état jusqu’en décembre 1990 où Aristide prônait le mariage de l’armée et du peuple.
Le coup d’état dirigé par le général Cédras a montré que l’armée était au service de la bourgeoisie. Les militaires qui ont tenu le gouvernement durant la période de l’embargo ont permis aux bourgeois de s’enrichir, alors que la population pauvre s’appauvrissait encore plus.
Après son retour en octobre 1994 Aristide a décidé de se protéger de l’armée avec un décret qui la dissolvait. Mais ce décret ne faisait pas disparaître les hommes en armes qui avaient des intérêts communs au sein de cette armée. Sans uniforme ils ont continué à servir les intérêts des possédants contre la population pauvre et contre Aristide en qui elle avait confiance.
La question de la reconstitution de l’armée a été agitée pendant le mandat de Préval qui a succédé à Aristide et est revenue sur le devant de la scène en 2001 au début du deuxième mandat d’Aristide. L’opposition regroupée autour d’un président bis, Grérard Gourges, demandait la remobilisation des forces armée d’Haïti.
Mais c’est lors de la chute d’Aristide que les anciens militaires ont eu leur heure de gloire sous les ordres de Guy Philippe et de Jodel Chamblain, ex chef du groupe paramilitaire Fraph. Ils avaient appuyé les milices anti Aristide dans leur combat contre les chimères (bandes armées) et précipité la chute d’Aristide.
A la demande de forces alliées, ils avaient mis leurs armes de côté un certain temps, pour permettre au gouvernement intérimaire de Boniface de s’installer et claironner qu’une nouvelle démocratie venait de commencer.
Aujourd’hui les ex-militaires réclament leur récompense, la reconstitution de l’armée d’Haïti. Ils ont servi la cause des possédants et attendent le retour d’ascenseur de la part du gouvernement mis en place par ces bourgeois.
Boniface a d’abord déclaré qu’il ne pouvait pas reconstituer l’armée. Mais il a créé une commission de concertation avec les anciens militaires et décidé qu’une somme de 20 millions de dollars serait réservée au paiement des «fonds de pension» réclamés. Ce serait la première étape du retour à la normalisation d’une armée dont l’ossature n’a jamais été disloquée par Aristide.
Alors que le militaires réclament des arriérés de salaires, la localité de Mapou continue de subir les conséquences des inondations de mai dernier. La population locale est aujourd’hui confrontée à des problèmes sanitaires graves et le gouvernement de Boniface ne trouve pas des millions pour assurer le minimum à cette population dépourvue de tout.