
Des mouvements similaires au "Archs" kabyles se développent en Algérie, comme d'habitude, les classes possédantes ne savent répondre que par la repression:
a écrit :
LE MATIN
Le pouvoir choisit la répression à Tkout : une centaine d’arrestations
De notre bureau de Constantine
Le bras de la répression s’abat de tout son poids depuis samedi sur la ville de Tkout, bastion du mouvement citoyen des Aurès. La ville est encerclée, en effet, par les renforts de gendarmes et de CNS, envoyés suite aux événements qui se poursuivent depuis l’assassinat du jeune de Taghit, mais les dérapages qui s’enchaînent ont fini par instaurer un climat de terreur sans précédent.
Entre les journées de dimanche et lundi, il y a eu près d’une centaine d’arrestations qui cache une véritable chasse aux délégués du mouvement citoyen, dont la plupart sont actuellement en fuite. Plusieurs citoyens ont été passés à tabac et des domiciles violés au mépris de l’honneur des familles et en l’absence de toute autorisation réglementaire.
L’ampleur de cette expédition ferait penser à une situation de guerre. L’Etat frappe fort dans une bourgade pauvre et isolée pour mater une population qui ne revendique que le respect et la dignité. L’incendie de la caserne de la garde communale, survenu samedi, est une réaction à l’assassinat de jeudi soir et dont est coupable un élément de la garde. Auparavant, la population avait bien averti les autorités civiles et militaires afin d’évacuer dans l’immédiat cette caserne et tenu des sit-in pacifiques devant le siège de la gendarmerie et de la police.
Le scénario est presque identique à celui qui a été à l’origine de l’embrasement de la Kabylie en avril 2001, mais les bavures se répètent et le pouvoir réagit une nouvelle fois de la même sorte.
La commune de Tkout, située à près de 80 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Batna, est, rappelons-le, entrée en dissidence depuis plus d’une année avec les autorités locales.
Attachée aux valeurs citoyennes et théâtre de lutte pour la revendication berbère, elle participe depuis le début au Printemps du mouvement et implique les meilleurs de ses enfants dans le combat pour faire aboutir la plate-forme d’El Kseur. Combien sont-ils à tomber sous le coup de la justice, à l’image du délégué Selim Yezza dont le procès n’a pas encore abouti ?
La population de Tkout a appris le langage pacifique de la rue et ne cède devant rien pour s’exprimer en toute liberté, tout en faisant barrage aux manuvres des autorités qui tentent à chaque fois de diviser le mouvement pour l’anéantir ou de recruter des collaborateurs, comme pendant l’élection présidentielle, afin de créer des relais et faire avorter le boycott. Combien de fois le wali ou l’un de ses émissaires ont-ils essuyé l’échec ?
A Arris, Tighanimine et même dans les communes frontalières de Khenchela, partout, la contestation a pris forme et s’est organisée autour des mots d’ordre qui expriment les idées fortes de la revendication et rendent hommage aux victimes du Printemps noir. Veut-on punir une région qui a refusé de voter pour Bouteflika ?
Ou alors couper ce lien de plus en plus fort qui se tisse entre la Kabylie et les Aurès autour des revendications de liberté et de citoyenneté ? En tous les cas, le dérapage a encore eu lieu et le pourrissement est à craindre de nouveau car rien ne dit que les Chaouis vont subir la hogra en silence. Ailleurs, cela n’a jamais été le cas.
Nouri Nesrouche 16/05/2004