
Les éléments accréditant une autre piste qu'ETA ont l'air de déranger le gouvernement. En désigant l'ETA et se disant sûr de sa culpabilté il peut apparaître comme avoir choisi le coupable qui l'arrangeait pour les élections. D'autre part, si l'attentat provenait de groupes islamistes, nombre d'espagnols pourraient reprocher à Aznar l'alignement sur l'impérialisme américain en Irak.
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vendredi 12 mars 2004
Attentats de Madrid: l'ETA dément, l'Espagne unie contre le terrorisme
MADRID (AFP) - L'organisation séparatiste basque ETA a démenti "toute responsabilité" dans les attentats de Madrid, dans un appel téléphonique d'un correspondant anonyme reçu au journal indépendantiste basque Gara, canal habituel de communication de l'organisation basque armée.
Vendredi, l'Espagne se préparait à des manifestations de deuil après le massacre terroriste de la veille à Madrid qui a fait 199 victimes et plus de 1.400 blessés, selon un dernier bilan.
Le ministère espagnol de l'Intérieur, interrogé sur cette déclaration de l'ETA, également faite auprès de la télévsion publique basque ETB, a déclaré "ne pas être au courant. Nous nous en tenons à ce qu'a dit le ministre dans sa conférence de presse qui vient de s'achever".
Par ailleurs, la découverte jeudi soir d'une bombe non explosée "a ouvert de nouvelles pistes d'enquête" sur les attentats de Madrid, a annoncé vendredi M. Acebes, qui s'est gardé d'attribuer formellement ces actions à l'ETA.
M. Acebes a fait référence à "une bombe découverte hier soir (jeudi soir) qui nous a ouvert de nouvelles pistes d'enquête", a-t-il déclaré, en assurant que les autorités espagnoles "n'ont écarté aucune piste d'enquête".
Cette bombe, placée dans un sac à dos, se trouvait "dans l'un des trains" touchés par les explosions, a ajouté le ministre.
Le ministère de l'Intérieur a en outre confirmé des informations de la radio Cadena Ser selon lesquelles le sac contenait un explosif renforcé par de la mitraille et relié à un téléphone portable.
Selon la radio, une source antiterroriste a affirmé que l'explosif "n'était pas un explosif habituel de l'ETA", mais un explosif d'un "autre groupe terroriste lié à l'islamisme".
Vendredi, par millions, les Espagnols se sont figés dans le silence à la mi-journée en mémoire des victimes des plus graves attentats de l'histoire du pays.
Aux douze coups de midi, sur les places des villes, aux portes des églises, des hôpitaux, des universités ou en pleine rue, les citoyens ont observé une minute de silence, avant la grande manifestation nationale convoquée pour 19h00 (18h00 GMT), à laquelle doivent assister à Madrid le chef du gouvernement José Maria Aznar et de nombreuses personnalités étrangères, venues de toutes les capitales européennes apporter leur soutien au peuple espagnol.
Vendredi, M. Aznar a déclaré qu'il n'écartait "aucune piste" quant aux auteurs des attentats.
Selon lui, l'hypothèse ETA était toutefois privilégiée, en dépit d'une revendication d'Al-Qaïda intervenue dans la nuit dans un message à un journal arabe, qui n'a toutefois pas encore pu être authentifié.
Localisation des attentats de Madrid
© AFP/Infographie
José Maria Aznar "ment et sait qui a commis" les attentats de Madrid, a affirmé pour sa part le porte-parole du parti radical basque interdit Batasuna, Arnaldo Otegi, accusant le gouvernement de vouloir "maintenir cette thèse (de l'ETA) jusqu'à l'issue du scrutin de dimanche".
M. Otegi a réaffirmé que Batasuna n'envisage qu'une "seule hypothèse", celle de la responsabilité d'un "groupe lié à la résistance arabe" ou lié à la situation actuelle en Irak où l'Espagne a dépêché un contingent de 1.300 soldats.
La presse espagnole était elle aussi plus prudente vendredi sur la responsabilité de l'attentat, après l'avoir attribuée à l'ETA dans ses premières éditions spéciales de jeudi.
Beaucoup d'enquêteurs, cités par la presse, relevaient notamment que l'organisation des attentats était sophistiquée, les moyens et la coordination bien importants pour une organisation donnée pour exsangue. "Ce n'est pas leur style, par l'ampleur et la cruauté", ont commenté des sources du quotidien de gauche El Pais.
La découverte d'une cassette audio avec des versets du Coran et de sept détonateurs dans une camionnette volée à Alcala de Henares, à 30 km de Madrid, point de départ des quatre trains éventrés par les bombes, avait semé le doute jeudi soir, avant même la revendication adressée par des "Brigades Abou Hafs al-Masri/Al-Qaïda" au journal Al Qods al-Arabi, basé à Londres.
Arnaldo Otegi, le porte-parole du parti radical basque interdit Batasuna, vendredi, à Bilbao
© AFP Rafa Rivas
Outre ces éléments, la radio espagnole Cadena Ser a affirmé qu'un terroriste kamikaze --un mode d'action que l'ETA n'a jamais utilisé-- se trouvait dans l'un des trains, ce que le gouvernement a démenti.
Selon le ministre de l'Intérieur Angel Acebes, les attentats ont été provoqués par l'explosion quasi simultanée de dix sacs à dos piégés, deux autres sacs ayant été détruits par les services de déminage.
L'extrême violence des explosions a rendu très difficile le travail d'identification des victimes, dont les proches se pressaient vendredi toute la journée au parc des expositions, dans l'est de la capitale, converti en morgue géante.
"Ce ne sont plus des corps mais un bras droit ou une jambe. L'identification se fait alors à partir d'une cicatrice, d'un vêtement, des bijoux", a témoigné Gema Perez, une jeune psychologue, présente aux côtés des familles, comme des centaines d'autres volontaires, dont certains ont soutenu les victimes des récents tremblements de terre en Algérie et à Bam, en Iran, l'année dernière.
Manifestation silencieuse jeudi soir à Vitoria, dans le pays basque espagnol
© AFP Rafa Rivas
En attendant les résultats de l'enquête, la sécurité a été renforcée presque partout en Europe, qui n'avait jamais été frappée avec une telle violence depuis l'attentat de Lockerbie (Ecosse, 270 morts) en 1988.
En France, où la coopération antiterroriste avec l'Espagne essentiellement contre les séparatistes d'ETA est déjà très active, des renforts de police ont été déployés aux postes frontières, notamment à Biriatou, au Pays basque.
Egalement voisin de l'Espagne, le Portugal a renforcé les contrôles frontaliers. Les organisateurs de l'Euro 2004 de football (12 juin-4 juillet) n'excluent pas de prendre des mesures de sécurité renforcées autour de la sélection espagnole.
Quant au gouvernement grec, il a décidé de renforcer ses plans pour la sécurité pendant les jeux Olympiques d'août prochain.