Bouteflika (ou son entourage) a maintenu sa candidature tout en promettant que son prochain mandat serait écourté (il ne dit pas de combien de mois), puisqu'il y aurait des élections présidentielles anticipées qu'il contribuerait à organiser mais auxquelles il ne participerait pas en tant que candidat.
Bref, cela sent la volonté de préparer une transition "en douceur" pour que les mêmes continuent de régner avec ou sans Bouteflika.
En attendant, les manifestations continuent. Il doit y avoir de nouvelles manifestations aujourd'hui, entre autres à Constantine.
Il manque cruellement d'un parti communiste révolutionnaire organisant les travailleurs.
Par contre, la petite bourgeoisie s'organise, avec par exemple la création depuis le 29 janvier (avant le mouvement) d'un "
collectif des jeunes engagés pour l'Algérie", qui réclame que Bouteflika ne soit pas candidat et qu'il y ait une assemblée constituante dans le cadre d'une union nationale de tous les partis pour définir une nouvelle constitution pour l'Algérie, et blabla, blabla...
Voici leur dernier texte daté de dimanche 3 mars :
"Exigeons l’annulation des élections présidentielles et la mise en place d’un nouveau processus constituant"
Depuis le 22 février 2019, le peuple algérien s’est massivement soulevé pour recouvrir sa dignité. À cette occasion, des millions de citoyens, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, de toutes les classes sociales et de toutes les régions ont investi la rue pour exiger une rupture radicale avec le système. Le message est sans appel: « DÉGAGEZ ! » et respectez la souveraineté du peuple.
En dépit de ces mobilisations, le Président sortant Abdelaziz Bouteflika, à la tête du pays depuis 20 ans, a annoncé par un texte officiel le maintien de sa candidature aux élections présidentielles. Le message qu’il a adressé aux Algérien(ne)s va à l’encontre de la volonté du peuple et représente une énième insulte à son intelligence.
Le régime s’entête ainsi à maintenir la candidature d’un homme malade, fatigué et incapable de parler aux citoyens depuis 2014. Celle-ci est un énième artifice du régime pour gagner du temps et maintenir un système à bout de souffle.
Un tel scénario ne peut être une piste de sortie de crise puisque les conditions de réalisation d’une élection libre et indépendante ne sont pas réunies, et que la volonté populaire a rejeté la légitimité du régime dans sa totalité.
Par conséquent, nous, membres du Collectif des jeunes engagés, exigeons l’annulation immédiate des élections présidentielles et la démission du président de la république et son gouvernement.
À toutes les citoyennes et à tous les citoyens algériens,
Pour concrétiser les idéaux exprimés par le peuple algérien, une assemblée constituante semble être le moyen politique le plus sûr de la rupture avec le système et de la réalisation d’une démocratie authentiquement populaire. L’assemblée constituante permettrait de rédiger une nouvelle constitution qui incarne la volonté populaire, en plus de refonder les prérogatives de l’État sur une base légitime.
Pour trouver une solution politique et pacifique, nous, membres du Collectif des jeunes engagés appelons à la mise en place d’un nouveau Contrat national entre toutes les forces politiques et citoyennes. Celui-ci serait une plateforme de concertation politique ayant comme objectifs:
Rassembler toutes les forces politiques et citoyennes pour définir les contours du projet de l’assemblée constituante.
Composer un gouvernement d’union nationale pour diriger le pays durant une période transitoire.
Désigner une personnalité respectée et consensuelle, capable de mener un gouvernement de transition et veiller à la concrétisation de l’État de droit et de la démocratie.
S’assurer que le processus constituant aboutisse à une nouvelle constitution conforme à la volonté du peuple algérien.
À ceux qui gouvernent l’Algérie,
Démissionnez de vos fonctions officielles au plus vite. Épargnez le pays d’une crise politique évitable en écoutant la voix des millions d’Algérien(ne)s.
Tahya al-Jazair
Le Collectif des Jeunes Engagés pour l’Algérie
Dimanche 3 mars 2019
Qui sont les fondateurs de ce collectif ? Voici la liste des signataires au moment de sa création :
Signataires :
– Lynda Abbou, journaliste
– Yanis Adjlia, activiste
– Fouzi Beggah, docteur en pharmacie
– Okba Bellabas, avocat
– Zakaria Benlahrech, avocat
– Kahina Bouchefa, psychologue et professionnelle en enseignement supérieur
– Yasmine Bouchene, journaliste
– Adel Boucherguine, journaliste
– Mohamed Nadjib Boukersi, docteur en pharmacie
– Lamia Saad Bouzid, activiste politique
– Mehdi Brahimi, data scientist, docteur en ingénierie
– Amina Afaf Chaieb, cheffe d’entreprise et activiste politique
– Mehdi Cherifi, citoyen algérien
– Islam Amine Derradji, politiste et chercheur-universitaire
– Tin Hinan El Kadi, chercheuse en sciences sociales
– Raouf Farrah, analyste politique et chercheur-universitaire
– Mehdi Hachid, artiste visuel et ingénieur en communication
– Mohand Hadadou, animateur associatif et militant politique
– Abdel Moumene Khelil, défenseur des droits de l’Homme
– Amine Labter, journaliste
– Slimane Mouh, défenseur des droits de l’Homme
– Aissa Rahmoune, avocat et défenseur des droits de l’Homme
– Abderrahmane Salah, avocat
– Madjid Serrah, blogueur et militant associatif
– Yasmine Tafat, Chef de Projet Clinique International
Plusieurs de ces personnes sont engagées d'une façon ou d'une autre dans les mouvements berbères, à travers la défense des consommateurs, la promotion des entreprises, les associations caritatives etc.