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Message Publié : 20 Oct 2003, 11:51
par Barnabé
CITATION Manifeste pour un nouveau parti.
Nous avons besoin d'un nouveau parti socialiste qui unifie la gauche brésilienne.

Dans plusieurs états du Brésil, avec la participation de beaucoup de groupes politiques et de militants des mouvements sociaux, on discute de la nécessité de construire un nouveau parti socialiste. Plus que la volonté de dirigeants de groupes déjà constitués, ce sont la déception et la révolte de milliers de militants envers la politique que le PT mène au gouvernement, qui lancent ce processus.

Ce document défend la nécessité de la création d'un mouvement pour la construction d'un nouveau parti. Il ne prétend pas clore les discussions à propos de ce nouveau parti, de son programme, de ses conceptions politiques et de son fonctionnement. Il prétend alimenter une discussion urgente et nécessaire.

Un chemin sans retour

En plus de la réforme du système des retraites que le gouvernement a fait approuver par la chambre des députés, des taux d'intérêts extrêmement élevés, l'augmentation du déficit budgétaire, le paiement de la dette et les négociations de la ZLEA (Zone de Libre-Echange des Amériques), etc. démontrent que le gouvernement Lula a pris l'option de défendre `` l'ordre '' capitaliste/impérialiste établi dans notre pays et dans le reste du monde. La LDO ( loi d'orientation budgétaire) envoyée par le gouvernement au congrès, et le document `` Politique Economique et Réformes Structurelles '', du ministère de l'économie, établissent la continuité, jusqu'en 2006, de cette politique (est-ce le plan `` B '', plan défendu par l'aile gauche officielle du PT ? ), qui suit presque à la lettre les directives du FMI et du `` Consensus de Washington II ''. C'est le prix, la conséquence de l'alliance que Lula et le direction du PT ont faite avec des chefs d'entreprises et des banquiers pour gagner les élections et pour gouverner.

Dans ce contexte, des programmes comme `` Faim Zéro '' et `` Analphabétisme Zéro '', ne sont que des politiques sociales compensatoires et limitées (dirigées aux plus misérables parmi les misérables) dans le cadre des critères de la Banque Mondiale. Plutôt que d'en finir avec la pauvreté et la misère, ces mesures, si elles sont appliquées (jusqu'à maintenant elles sont restée sur le papier), visent simplement à éviter l'explosion sociale. Un gouvernement qui fait tout ceci, sait ce qu'il fait. Il a décidé de gouverner avec et pour les banquiers et les grands patrons, contre les travailleurs.

La lutte du peuple va s'amplifier et se radicaliser : elle a besoin d'une Direction Politique

En ce qui concerne les travailleurs, le bilan est toujours le même : le chômage a augmenté; la valeur réelle des salaires est tombée de plus de 10 % en un an ; il n'y a pas de fonds pour effectuer la réforme agraire, ni pour le logement, ni pour la santé, ni pour le réajustement des salaires des fonctionnaires etc. La dégradation des conditions de vie des travailleurs s'accentue avec toutes les conséquences que cela peut avoir, en particulier l'augmentation de la violence. Et cette situation a tendance à s'aggraver, car la crise économique qui s'aggrave tant sur le plan interne qu'externe, pousse les grandes entreprises internationales à exploiter encore plus les travailleurs et à augmenter le pillage des richesses des pays en développement (c'est pour cette raison que ces entreprises veulent la ZLEA).

Cette situation a tendance à transformer les attentes et l'espoir que la majorité de la population fait encore reposer sur ce gouvernement, en révolte, comme celle qui atteint aujourd'hui les fonctionnaires, et qui peut concentrer et radicaliser les luttes sociales dans notre pays. Nous savons que la mobilisation sociale, bien que fondamentale, n'assure pas à elle seule une issue positive de la crise, c'est-à-dire une solution de gauche. Cela va dépendre du développement de la lutte des classes, de la confrontation avec la droite et tout type de réformisme, qui joueront également un rôle dans ce processus. Mais pour qu'il y ait les conditions effectives de lutter pour une solution socialiste, il faut que notre classe dispose d'un instrument politique, un parti qui soit le pôle conscient de cette lutte.

Le PT, parti qui dirige le gouvernement Lula, est le principal responsable de la politique menée et de des méthodes appliquées. Il pourchasse ses parlementaires qui maintiennent encore leur position de défense des intérêts des travailleurs et il soutient l'agression, par la police fédérale, de travailleurs en grève et de Heloísa Helena, membre du Sénat. Malgré les milliers de militants et de dirigeants des luttes sociales qui sont membres du PT, ce parti ne pourra pas diriger les luttes futures. C'est le parti qui dirige aujourd'hui l'application des directives du FMI dans notre pays, et, étant au gouvernement, il le fait sans état d'âme. Le PCdoB (parti maoïste `` rénové ''), mené par sa direction, soutient le gouvernement Lula et accompagne la direction du PT, et finit par connaître les mêmes problèmes que ce parti.

Le défi de la gauche socialiste dans ce contexte, est donc de construire une nouvelle direction politique capable de préparer consciemment ce processus de mobilisation et de diriger ces luttes sociales avec l'objectif d'une transformation socialiste dans notre pays.

Un Parti Socialiste contre `` l'ordre '' du FMI et du capital.

La classe dominante réclame `` l'ordre '' et la répression des mouvements sociaux. Le gouvernement et le PT s'empressent de répondre qu'ils ne toléreront pas les attaques contre `` l'Etat Démocratique de Droit ''. Mais, l'actuel `` Etat de Droit '' (qui n'a rien de démocratique) c'est `` l'ordre '' des latifundio*, de la propriété capitaliste, des `` contrats '' avec le FMI et l'impérialisme. C'est `` l'ordre '' qui décrète la prison pour José Rainha (dirigeant du MST, Mouvement des Sans Terre), qui tolère les milices des latifundio, qui autorise le vol et l'envoi de 30 Milliards de  à l'étranger par le biais de Banestado. C'est `` l'ordre '' dans lequel les gouvernants s'élisent en promettant le changement pour gouverner dans la continuité. Cet `` ordre '' garantit depuis 500 ans la spoliation de la majorité au profit de l' enrichissement de 1% de la population. Sans rupture avec cet `` ordre '', il n'y aura pas de changement pour les travailleurs.
Les libertés démocratiques et les droits sociaux sont des conquêtes de la classe ouvrière arrachées au capitalisme au terme de grandes luttes et de sacrifices. Et c'est d'une lutte acharnée que nous avons besoin pour maintenir et améliorer ces droits. Mais la `` démocratie libérale '', comprise comme un simple accès au vote et à un système électoral transformé en spectacle par le pouvoir économique du marketing politique, est un obstacle, et non un voie en direction du véritable gouvernement des travailleurs. La conception de `` citoyenneté '' limitée à des droits et des devoirs ou à la réduction du citoyen/travailleur au statut de consommateur de marchandises ou du `` spectacle '' de la politique, est bien loin de rapprocher et de mettre les mécanismes de décision sous le contrôle de la majorité qui vit de son propre travail. Eloignée de tout contrôle sur la propriété et la production - origine du pouvoir dans une société capitaliste - la classe ouvrière n'arrivera pas à trouver le chemin du changement à travers la voie électorale et le fait d'occuper des fonctions dans l'appareil d'Etat.

Il n'y aura de transformation sociale que si nous rompons avec cette `` démocratie '' du capital, afin d'instituer un ordre réellement démocratique, de la classe ouvrière, c'est-à-dire de tous ceux qui dépendent uniquement de leur travail pour survivre, ce qui inclut aujourd'hui l'ensemble des salariés, et aussi les millions de précaires et de chômeurs.

Le nouveau Parti que nous voulons construire doit privilégier la lutte et l'action directe des travailleurs et non les élections, bien qu'il ne doive mépriser les confrontations politiques dans aucun domaine. Il doit se protéger contre les erreurs qui ont provoqué la dégénérescence du PT, en rejetant les alliances avec la classe dominante pour avoir comme stratégie un gouvernement des travailleurs, sans latifundiaires, sans grands patrons et sans banquiers. D'un autre côté, il doit s'efforcer d'établir une vraie démocratie interne, constituée d'organismes et d'instances dans lesquelles la base militante puisse débattre la politique du parti et avoir le contrôle sur la direction et les dirigeants publics.

Unifier la gauche socialiste pour construire ce nouveau Parti

Un phénomène de rupture avec le PT est en train de se produire. Des milliers de militants n'acceptent pas les changements vécus par ce parti. Il faut donner une sortie positive à ces ruptures en évitant que la droite capitalise ce processus et que la déception ne démoralise et ne pousse des milliers de militants à abandonner la lutte. Il est donc urgent de leur proposer une alternative socialiste, pour occuper le vide politique, et ainsi unifier et maintenir ces milliers de militants dans le cadre de la lutte pour le socialisme.

L'expulsion annoncée des `` radicaux '' du PT est une facette de cette situation, qui a objectivement ouvert un processus de recomposition politique. Ce processus va se prolonger dans le temps, car il y a des secteurs qui ne rompront pas tout de suite avec le gouvernement, mais qui pourraient le faire dans le futur, car le PT et le gouvernement vont être de plus en plus ouvertement démasqués. Le PSTU, qui regroupe une autre partie de la gauche socialiste brésilienne, défend la nécessité de construire un nouveau parti qui unifie toute la gauche brésilienne. Dans d'autres partis de gauche et dans divers mouvements sociaux l'inquiétude grandit par rapport à ce qui se passe dans le PT et chez ses alliés qui sont au gouvernement, soulignant ainsi la nécessité d'un nouvel instrument politique.

C'est donc une chance historique que nous avons; il faut faire en sorte que la recomposition en cours débouche sur l'unité de la gauche socialiste, en construisant une alternative politique supérieure à toutes celles qui existent aujourd'hui. Il ne s'agit pas de la volonté de tel ou tel secteur politique. Il s'agit de faire face aux défis de la lutte des classes à venir dans le pays. Aucun des secteurs de la gauche socialiste brésilienne n'est aujourd'hui en mesure de relever seul ces défis. La dispersion des socialistes dans ce contexte, aurait des conséquences tragiques. L'unité s'impose comme nécessité de notre classe et relève de notre responsabilité à tous.

Nous devons rassembler nos forces pour lancer, dans un laps de temps qui soit le plus court possible, un Mouvement pour la Construction d'un Nouveau Parti. Celui-ci doit se constituer comme une alternative pour regrouper toutes les forces militantes de gauche. Nous devons créer un espace pour unifier nos luttes et impulser les discussions qui nous permettrons de définir démocratiquement quels sont les conceptions politiques, le programme et le fonctionnement du parti que nous voulons construire. Ceux qui signent ce manifeste prennent cette initiative au côté de tous les secteurs politiques qui ont décidés de relever ce défi, sans revendiquer la paternité de l'idée ou le monopole de l'initiative.

José Domingues Godoy Filho (professeur de géologie à l'Université Fédérale du Mato Grosso, vice-président de L'ANDES, représentant de L'ANDES à la Coordination Nationale des Entités des Services Fédéraux).

Marcelo Badar, professeur d'histoire à l'Université Fédérale Fluminense.

Cristina Miranda Silva, troisième secrétaire de l'ANDES.

José Maria de Almeida, secrétaire général de la Fédération Nationale des Métallurgistes de la CUT (Centrale Unique des Travailleurs), membre de la direction nationale du PSTU (Parti Socialiste des Travailleurs Unifié).

James Petras, sociologue de gauche américain.

Antônio Luiz de Andrade `Tato`, directeur de l'ANDES-SN.

Roberto Leher, ex-président de l'ANDES-SN.


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