Front unique des bolcheviks et front unique des ectoplasmes

https://www.marxists.org/francais/inter ... ic4_08.htm
Ci-dessous des extraits des thèses sur la question d'Orient, IVème congrès de l'Internationale Communiste.
Chacun sera libre de jauger à quelles conditions le rappel du mot d'ordre des bolcheviks "front anti-impérialiste unique" peut être aujourd'hui autre chose que le cache-sexe d'un alignement derrière des forces politiques anti-ouvrières, telles que le Hamas ou les séparatistes du Dombass.
Ci-dessous des extraits des thèses sur la question d'Orient, IVème congrès de l'Internationale Communiste.
Chacun sera libre de jauger à quelles conditions le rappel du mot d'ordre des bolcheviks "front anti-impérialiste unique" peut être aujourd'hui autre chose que le cache-sexe d'un alignement derrière des forces politiques anti-ouvrières, telles que le Hamas ou les séparatistes du Dombass.
VI. Le front anti-impérialiste unique
Dans les pays occidentaux qui traversent une période transitoire caractérisée par une accumulation organisée des forces, a été lancé le mot d'ordre du front prolétarien unique ; dans les colonies orientales, il est indispensable, à l'heure présente, de lancer le mot d'ordre du front anti-impérialiste unique. L'opportunité de ce mot d'ordre est conditionnée par la perspective d'une lutte à longue échéance contre l'impérialisme mondial, lutte exigeant la mobilisation de toutes les forces révolutionnaires. Cette lutte est d'autant plus nécessaire que les classes dirigeantes indigènes sont enclines à des compromis avec le capital étranger et que ces compromis portent atteinte aux intérêts primordiaux des masses populaires. De même que le mot d'ordre du front prolétarien unique a contribué et contribue encore en Occident à démasquer la trahison, par les social-démocrates, des intérêts du prolétariat, de même le mot d'ordre du front anti-impérialiste unique contribuera à démasquer les hésitations et les incertitudes des divers groupes du nationalisme bourgeois. D'autre part, ce mot d'ordre aidera au développement de la volonté révolutionnaire et à la clarification de la conscience de classe des travailleurs en les incitant à lutter au premier rang. non seulement contre l'impérialisme, mais encore contre toute espèce de survivance du féodalisme.
Le mouvement ouvrier des pays coloniaux et semi-coloniaux doit, avant tout, conquérir une position de facteur révolutionnaire autonome dans le front anti-impérialiste commun. Ce n'est que si on lui reconnaît cette importance autonome et s'il conserve sa pleine indépendance politique que des accords temporaires avec la démocratie bourgeoise sont admissibles et même indispensables. Le prolétariat soutient et arbore des revendications partielles, comme par exemple la république démocratique indépendante, l'octroi aux femmes des droits dont elles sont frustrées, etc., tant que la corrélation des forces qui existe à présent ne lui permet pas de mettre à l'ordre du jour la réalisation de son programme soviétique. En même temps, il essaye de lancer des mots d'ordre susceptibles de contribuer à la fusion politique des masses paysannes et semi-prolétariennes avec le mouvement ouvrier. Le front anti-impérialiste unique est lié indissolublement à l'orientation vers la Russie des Soviets.
Expliquer aux multitudes travailleuses la nécessité de leur alliance avec le prolétariat international et avec les républiques soviétiques, voilà l'un des principaux points de la tactique anti-impérialiste unique. La révolution coloniale ne peut triompher qu'avec la révolution prolétarienne dans les pays occidentaux.
Le danger d'une entente entre le nationalisme bourgeois et une ou plusieurs puissances impérialistes hostiles, aux dépens des masses du peuple, est beaucoup moins grand dans les pays coloniaux que dans les pays semi-coloniaux (Chine, Perse) ou bien dans les pays qui luttent pour l'autonomie politique en exploitant à cet effet les rivalités impérialistes (Turquie).
Reconnaissant que des compromis partiels et provisoires peuvent être admissibles et indispensables quand il s'agit de prendre un répit dans la lutte d'émancipation révolutionnaire menée contre l'impérialisme, la classe ouvrière doit s'opposer avec intransigeance à toute tentative d'un partage de pouvoir entre l'impérialisme et les classes dirigeantes indigènes, que ce partage soit fait ouvertement ou sous une forme déguisée, car il a pour but de conserver leurs privilèges aux dirigeants. La revendication d'une alliance étroite avec la République prolétarienne des Soviets est la bannière du front anti-impérialiste unique. Après l'avoir élaborée, il faut mener une lutte décisive pour la démocratisation maximum du régime politique, afin de priver de tout soutien les éléments socialement et politiquement les plus réactionnaires et afin d'assurer aux travailleurs la liberté d'organisation leur permettant de lutter pour leurs intérêts de classe (revendications de la république démocratique, réforme agraire, réforme des impositions foncières, organisation d'un appareil administratif basé sur le principe d'un large self-government, législation ouvrière, protection du travail, des enfants, protection de la maternité, de l'enfance, etc.). Même sur le territoire de la Turquie indépendante la classe ouvrière ne jouit pas de la liberté de coalition, ce qui peut servir d'indice caractéristique de l'attitude adoptée par les nationalistes bourgeois à l'égard du prolétariat.
VII. - Les tâches du prolétariat des pays du Pacifique
La nécessité de l'organisation d'un front anti-impérialiste est dictée en outre par la croissance permanente et ininterrompue des rivalités impérialistes. Ces rivalités revêtent actuellement une telle acuité qu'une nouvelle guerre mondiale, dont l'Océan Pacifique sera l'arène, est inévitable, si la révolution internationale ne la prévient.
La conférence de Washington était une tentative faite pour parer à ce danger, mais en réalité elle n'a fait qu'approfondir et qu'exaspérer les contradictions de l'impérialisme. La lutte qui a eu lieu dernièrement entre Hu-Peï-Fu et Djan-So-Lin en Chine, est la conséquence directe de l'échec du capitalisme japonais et du capitalisme anglo-américain dans leur tentative d'accorder leurs intérêts à Washington. La nouvelle guerre qui menace le monde entraînera non seulement le Japon, l'Amérique et l'Angleterre, mais aussi les autres puissances capitalistes, telles que la France et la Hollande, et tout laisse prévoir qu'elle sera encore plus dévastatrice que la guerre de 1914-18.
La tâche des partis communistes coloniaux et semi-coloniaux des pays riverains de l'Océan Pacifique consiste à mener une propagande énergique ayant pour but d'expliquer aux masses le danger qui les attend et de les appeler à une lutte active pour l'affranchissement national et à insister pour qu'elles s'orientent vers la Russie des Soviets, soutien de tous les opprimés et de tous les exploités.
Les partis communistes des pays impérialistes tels que l'Amérique, le Japon, l'Angleterre, l'Australie et le Canada ont le devoir, vu le danger imminent, de ne pas se borner à une propagande contre la guerre, mais de s'efforcer par tous les moyens d'écarter les facteurs capables de désorganiser le mouvement ouvrier de ces pays et de faciliter l'utilisation par les capitalistes des antagonismes de nationalités et de races.
Ces facteurs sont : la question de l'émigration et celle du bon marché de la main-d'œuvre de couleur.
Le système des contrats reste jusqu'à présent le principal moyen de recrutement des ouvriers de couleur pour les plantations sucrières des pays du sud du Pacifique où les ouvriers sont importés de Chine et des Indes. Ce fait a déterminé les ouvriers des pays impérialistes à exiger la mise en vigueur de lois prohibant l'immigration et l'emploi de la main-d'œuvre de couleur, aussi bien en Amérique qu'en Australie. Ces lois prohibitives accusent l'antagonisme qui existe entre les ouvriers blancs et les ouvriers de couleur, divisent et affaiblissent l'unité du mouvement ouvrier.
Les partis communistes des Etats-Unis, du Canada et d'Australie doivent entreprendre une campagne énergique contre les lois prohibitives et montrer aux masses prolétariennes de ces pays que des lois de ce genre, excitant les inimitiés de races, se retournent en fin de compte contre les travailleurs des pays prohibitionnistes.
D'un autre côté, les capitalistes suspendent les lois prohibitives pour faciliter l'immigration de la main-d'œuvre de couleur, qui travaille à meilleur marché, et pour diminuer ainsi le salaire des ouvriers blancs. Cette intention manifestée par les capitalistes de passer à l'offensive peut être déjouée efficacement si les ouvriers immigrés entrent dans les syndicats où sont organisés les ouvriers blancs. Simultanément, doit être revendiquée une augmentation des salaires de la main-d'œuvre de couleur, de façon à les rendre égaux à ceux des ouvriers blancs. Une telle mesure prise par les partis communistes démasquera les intentions capitalistes et en même temps montrera avec évidence aux ouvriers de couleur que le prolétariat international est étranger aux préjugés de race.
Pour réaliser les mesures ci-dessus indiquées, les représentants du prolétariat révolutionnaire des pays du Pacifique doivent convoquer une conférence des pays du Pacifique qui élaborera la tactique à suivre et trouvera les formes d'organisation pour l'unification effective du prolétariat de toutes les races des pays du Pacifique.
VIII. Les tâches coloniales des pays métropolitains
L'importance primordiale du mouvement révolutionnaire aux colonies pour la révolution prolétarienne internationale exige une intensification de l'action aux colonies des partis communistes des puissances impérialistes.
L'impérialisme français compte, pour la répression des forces de la révolution prolétarienne en France et en Europe, sur les indigènes des colonies qui, dans sa pensée, serviront de réserves à la contre-révolution.
Les impérialismes anglais et américain continuent, comme par le passé, à diviser le mouvement ouvrier en attirant à leurs côtés l'aristocratie ouvrière par la promesse de lui octroyer une partie de la plus-value provenant de l'exploitation coloniale.
Chacun des partis communistes des pays possédant un domaine colonial doit se charger d'organiser systématiquement une aide matérielle et morale au mouvement révolutionnaire ouvrier des colonies. Il faut, à tout prix, combattre opiniâtrement et sans merci les tendances colonisatrices de certaines catégories d'ouvriers européens bien payés, travaillant dans les colonies. Les ouvriers communistes européens des colonies doivent s'efforcer de rallier les prolétaires indigènes en gagnant leur confiance par des revendications économiques concrètes (hausse des salaires indigènes jusqu'au niveau des salaires des ouvriers européens, protection du travail, etc.). La création, aux colonies (Egypte et Algérie), d'organisations communistes européennes isolées n'est qu'une forme déguisée de la tendance colonisatrice et un soutien des intérêts impérialistes. Construire des organisations communistes d'après le principe national, c'est se mettre en contradiction avec les principes de l'internationalisme prolétarien. Tous les partis de l'Internationale Communiste doivent constamment expliquer aux multitudes travailleuses l'importance extrême de la lutte contre la domination impérialiste dans les pays arriérés. Les partis communistes agissant dans les pays métropolitains doivent former auprès de leurs comités directeurs des commissions coloniales permanentes qui travailleront aux fins indiquées ci-dessus. L'Internationale Communiste doit aider les partis communistes de l'Orient, au premier chef, en leur donnant son aide pour l'organisation de la presse, l'édition périodique de journaux rédigés dans les idiomes locaux. Une attention particulière doit être accordée à l'action parmi les organisations ouvrières européennes et parmi les troupes d'occupation coloniales. Les partis communistes des métropoles doivent profiter de toutes les occasions qui se présentent à eux pour divulguer le banditisme de la politique coloniale de leurs gouvernements impérialistes ainsi que de leurs partis bourgeois et réformistes.