le scandale du Libor

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Message par Casimirowski » 24 Juil 2012, 12:29

Quelqu'un connait-il le mécanisme de l'escroquerie de la Barclay's bank ?
Casimirowski
 
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Message par Vania » 24 Juil 2012, 16:05

Je pense que tu voulais dire Libor. J'ai du mal aussi à comprendre comment fonctionne le trucage.

En cherchant sur wikipedia, on trouve déjà quelques éléments.

Sur ce qu'est un IBOR, déjà :

a écrit :IBOR est le sigle générique d'Interbank Offered Rate, ou taux interbancaire offert, c'est-à-dire le taux auquel une banque de première catégorie, à un moment donné et pour une échéance donnée, prête à une autre banque de première catégorie en blanc (en anglais : unsecured lending), c'est-à-dire sans que le prêt soit gagé par quelque actif que ce soit, comme des titres de créances négociables ou des valeurs mobilières.

Le prêt interbancaire « en blanc »

Le prêt en blanc est à la fois l'opération la plus risquée, la plus encadrée par la règlementation interne bancaire et la plus coûteuse (en utilisation du capital ou en poids dans certains ratios prudentiels) du marché monétaire, c'est donc l'une des moins fréquentes et des moins importantes en montant global. De plus, les transactions en blanc ont tendance à s'effectuer pour des échéances courtes, ce qui consomme moins en lignes de crédit et en capital. Elles ont également tendance à éviter de franchir une date de bilan, comme en particulier le 31 décembre.

Néanmoins, paradoxalement, c'est sur ce petit marché que repose une bonne partie du marché immense des produits dérivés financiers.


Le lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Interbank_offered_rate

Sur le LIBOR, soit l'IBOR de Londres :

a écrit :Le Libor est une série de taux de référence du marché monétaire de différentes devises.

Son nom a été formé par la contraction des mots anglais London interbank offered rate (en français : « taux interbancaire offert de Londres »). Historiquement, c'est le premier des nombreux taux IBOR.

Définition

Il s'agit, pour une devise considérée et pour une échéance donnée, d'un indice de taux calculé chaque jour ouvré à 11h (heure de Londres) et publié par la British Bankers' Association (BBA), devant en principe refléter le taux moyen auquel un échantillon de grandes banques établies à Londres prête "en blanc" (c’est-à-dire sans que le prêt soit gagé par des titres) à d'autres grandes banques (voir IBOR).

L'échantillon des banques choisies est connu à l'avance et plutôt stable dans le temps. Les taux les plus extrêmes relevés sont écartés du calcul, afin de protéger l'indice d'éventuelles erreurs ou d'une crise de liquidité qui affecterait telle ou telle banque de l'échantillon.

Outre son caractère déclaratif plutôt que basé sur des transactions effectivement recensées, le taux Libor est une moyenne qui n'a de sens que si toutes les grandes banques sont très proches de cette moyenne. La crise économique mondiale des années 2008 et suivantes a fait exploser ces écarts à la moyenne, faisant perdre tout son sens au Libor.

L'une des préoccupations des salles de marché depuis est de trouver un taux alternatif au Libor pour mieux rendre compte du coût réel de financement, tel que le taux OIS (Overnight Indexed Swap) par exemple.

En 2011, la banque UBS, en échange de clémence, révèle aux autorités américaines de régulation qu'elle et de nombreuses autres institutions bancaires se sont concertées pendant 3 ans, de 2006 à 2009, pour orienter le taux Libor en violation des dispositions anticoncurrentielles (le taux change chaque jour en fonction des réponses envoyées par les banques à un questionnaire quotidien permettant cette fixation). Il s'agissait soit de diminuer les risques de vulnérabilité (en cas de taux Libor fixé trop haut), soit de cacher des vulnérabilités (pour les banques déclarant des taux plus bas que ceux qu'ils payent) et possiblement de manipuler les cours dans l'objectif d'obtenir des plus-values. À la suite de ces révélations, les autorités de régulation du secteur bancaire, le FSA britannique, mais aussi le FBI et le département de la Justice des États-Unis, ont diligenté des enquêtes, tandis que le Financial Times révèle en février 2012 que plusieurs traders et responsables ont été limogés par de nombreuses banques à la suite de la révélation du scandale.



Le 27 juin 2012, Barclays révèle qu'elle versera 290 millions de livres « pour mettre fin à des enquêtes des régulateurs britannique et américain dans une affaire de manipulation du taux interbancaire britannique Libor et européen Euribor entre 2005 et 2009 ». En agissant ainsi, Barclays semblait jouir d'une bonne santé financière et pouvait mener à terme différentes levées de fonds sans être mise sous observation par les institutions de régulation. Le 10 juillet 2012, le Sénat des États-Unis convoque le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, et le président de la Fed, Ben Bernanke, pour en savoir plus le « scandale du Libor ». En effet, le Libor sur le dollar américain se calcule d'après des informations fournies par 18 institutions de niveau mondial, dont des banques américaines (dont Citigroup et JPMorgan Chase).

Pour limiter les risques de conflit d'intérêt et d'abus de position dominante dans le secteur financier, notamment pour ce qui à trait à la détermination du taux de base inter-bancaire, un nombre grandissant d’experts en matière de régulation financière recommandent l’adoption de réformes structurelles profondes- notamment en France où les économistes du World Pensions Council (WPC) et du CJD estiment, qu’au-delà de simples dispositions legislatives et réglementaires nationales, il convient d’adopter une grande loi-cadre inspirée du Glass-Steagall Act permettant de limiter les nombreux risques d'abus inhérents à tout oligopole faiblement régulé.


Le lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Libor

Par ailleurs, Barclay's n'est pas la seule banque impliquée. Il est question aussi d'HSBC, déjà éclaboussée par un scandale de blanchiment d'argent de la drogue, d'UBS, de la Deutsche Bank, ou de la Société Générale.

Est-ce que cela à servi aux différentes banques impliquées à masquer leurs pertes réelles dans la spéculation, au plus fort de la crise des subprimes, puis de la crise financière? Est-ce que cela leur a permis aussi au passage d'effectuer quelques bons coups financiers?

Edit : Il y a aussi l'article de la LO du 6 juillet. Extrait concernant le scandale en lui-même :

a écrit :Depuis quinze jours les quatre premières banques britanniques sont au centre d'une série de scandales. Le dernier, et de loin le plus important, concerne (pour l'instant) la Barclay's, numéro 3 de la bande, dont les trois principaux dirigeants ont déjà été contraints à la démission par les principaux actionnaires de la banque.

C'est une enquête du quotidien américain Wall Street Journal relevant des irrégularités dans le calcul du taux d'intérêt que les banques pratiquent entre elles (le Libor) qui a tout déclenché.

L'enquête a donc abouti à une amende de 365 millions de dollars infligée à la Barclay's. Mais d'autres banques suivraient, dont les deux plus grandes banques anglaises (HSBC et RBS), l'américaine CitiGroup, l'allemande Deutsche Bank, la suisse UBS, et peut-être bien d'autres.

Entre 2005 et 2008, toutes auraient pesé, plus ou moins collectivement, sur les taux du Libor en fournissant de fausses déclarations -- profitant ensuite de l'effet obtenu pour se remplir les poches. Puis, après l'effondrement de Lehman Brothers, certaines, dont la Barclay's, auraient fait de fausses déclarations pour faire croire qu'elles étaient en meilleure santé qu'elles n'étaient réellement, faussant les taux du Libor et accentuant d'autant la folie qui régnait sur les marchés. (...)
Vania
 
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Message par sylvestre » 25 Juil 2012, 11:34

sylvestre
 
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Message par Vania » 26 Juil 2012, 13:01

Extrait d'un article du Monde diplo qui éclaire un peu le fonctionnement de l'arnaque.

a écrit :Libor, une casserole de plus Retour à la table des matières

D’une obscurité l’autre – mais pas du tout de même genre : à côté du puzzle des taux négatifs, le scandale du Libor trafiqué. Ici des mécanismes de marché bizarres, là la main visible de tripatouillages éhontés.

Chaque jour, les membres d’un panel de banques sont chacun invités à répondre à la question de savoir quel lui semble le taux adéquat auquel emprunter auprès de ses chers confrères. La British Bankers Association recueille les réponses, élimine le quart du haut, le quart du bas, et fait la moyenne de la moitié du milieu. Le taux qui sort s’appelle le Libor, comme London Interbank Offered Rate, il se calcule pour une multiplicité d’échéances, de un jour à douze mois, et sert de référence à tous les marchés de gros du crédit, soit plusieurs trillions de dollars de contrats de dette… Inutile de dire que le plus léger tripatouillage du Libor a potentiellement des répercussions astronomiques.

Or tripatouillage il y a eu, et pas qu’un peu. C’est Barclays qui s’est fait poisser – et la presse est maintenant remplie des e-mails gratinés découverts par l’enquête. Gratinés parce qu’il y avait deux mobiles plutôt qu’un. Le premier sent un peu la détresse. A l’automne 2008, au moment des grands stress du marché interbancaire, Barclays s’inquiète de se voir seule à déclarer des propositions Libor (le taux auquel elle pense raisonnablement pouvoir emprunter auprès des autres banques de la place) bien plus hautes que la moyenne. La tête qui sort du lot n’est jamais promise à un traitement bienveillant, et spécialement dans le cas présent puisque déclarer une proposition Libor plus élevée que les autres, c’est consentir implicitement qu’on est un risque plus grand, donc avouer une situation plus détériorée. C’est là le genre de singularisation dont aucune banque n’a envie, pas plus Barclays que les autres. Aussi commence-t-elle à déclarer des taux Libor inférieurs à ce qu’elle paye vraiment dans l’interbancaire, l’essentiel étant qu’un affichage avantageux permette de faire illusion quant à sa situation financière réelle.

Mais le capitalisme financier fait ventre de tout et, d’une situation de détresse initiale, on peut faire une opportunité de profit ! Car pendant que le département Trésorerie est en charge de déclarer les propositions Libor, le desk Taux fixe lui spécule pour compte propre… sur le même Libor. Ainsi annoncer un Libor artificiellement tiré vers le bas permet aussi de prendre des positions gagnantes presque à tout coup sur les actifs qui en dépendent le plus étroitement. Censément les départements Trésorerie et Taux fixe sont déontologiquement et hermétiquement séparés. Las, la « muraille de Chine » est en papier japonais. Et d’un département à l’autre on se parle quotidiennement pour arranger des opérations bien combinées – « je m’apprête à déclarer un taux qui va tirer le Libor vers le bas, prends donc tes positions en conséquence ». Et plus on est de fous, plus on rit. La coordination n’a été que plus juteuse de s’élargir à d’autres banques du panel Libor, puisque évidemment si tout le monde s’y met, on peut faire du Libor à peu près ce qu’on veut – aussi est-ce une revue de détail des plus grandes banques de la planète que l’enquête est en train de porter au jour.

Pour que le bottin mondain soit tout à fait complet il ne manquait que les banques centrales – surprise, elles y sont également ! Evidemment pas du côté « tripatouilleur », mais du côté « surveillant débonnaire ». Car, bon camarade et soucieux de ne pas tomber tout seul, Bob Diamond, le patron (maintenant démissionné) de Barclays n’a pas manqué d’embarquer avec lui Paul Tucker, n° 2 de la Bank of England (BoE), auprès de qui il s’était ému de se retrouver vilain petit canard, et de qui il semble avoir obtenu un feu vert au moins implicite pour tâcher de « rentrer dans le rang » en déclarant des taux plus « raisonnables ». Et de même, car le scandale est planétaire, comme souvent quand il est question des débordements de la finance, la Réserve Fédérale de New York semble avoir eu un comportement semblable avec certaines de ses ouailles.


Le lien : http://blog.mondediplo.net/2012-07-23-Peri...-taux-d-interet
Vania
 
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