Italie : le sort

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Message par Vania » 18 Avr 2012, 19:35

a écrit :Les sacrifiés de la rigueur

Un mécontentement grandissant s'exprime contre la réforme du travail du gouvernement Monti. Le cas particulier de ces salariés incités à prendre leur retraite anticipée et victimes du relèvement de l'âge légal de la retraite fait l'objet d'un vif débat. Ce sont les grands oubliés de la réforme, estime Il Fatto Quotidiano.

Esodati, littéralement "travailleurs en exode" ou "exodés". Voici le néologisme barbare inventé par la presse italienne pour décrire la situation de ces salariés, encouragés à quitter leur entreprise ou leur usine avec l’assurance de toucher leur retraite après une durée déterminée, et dont le sort illustre les véritables ravages infligés au nom de la rigueur.
 Ces licenciements à l’amiable, pourrait-on dire, ont incité de nombreux travailleurs à choisir de rester au chômage, en échange d’une indemnité d’accompagnement jusqu’à leur retraite. Mais le gouvernement Monti, en reculant l’âge légal de la retraite à 66 (en 2018) puis 67 ans (à partir de 2027), a d’un seul coup rendu caduques les vieilles règles. Nombre de ces personnes, à la suite d'un tel rehaussement, doivent faire face à la perspective d’une longue période sans le moindre revenu. Les indemnités étaient en effet calibrées pour des périodes de deux ou trois ans et ne suffiront pas pour cinq, six ou même, pour certains, neuf ans. Les estimations oscillent entre 100 000 et 350 000 personnes concernées, selon qu’elles incluent ou non les travailleurs "autorisés à verser des cotisations de retraite volontaires" [selon le gouvernement, ils ne seraient que 65 000].

"Nous n'avons pas été nommés pour distribuer des bonbons"

Le décret "Sauver l’Italie", comme Mario Monti a baptisé son plan de rigueur, avait prévu des dérogations et établi un plan de financement (de 240 millions en 2013 à 1,2 milliard en 2016) pour tous les cas répertoriés par le gouvernement au moment de la réforme. Mais la liste n’incluait pas la typologie spécifique de ces travailleurs encouragés "à l’exode" [comprendre : à une retraite anticipée]. Leur cas fut pris en compte ultérieurement avec le décret "mille-proroghe", mais à financement égal. [Dans le jargon politique, un décret "mille-proroghe", littéralement "mille prorogations", est un décret fourre-tout destiné à résoudre d’ici à la fin de l’année les questions les plus urgentes.]

Les ressources ne suffisent plus aujourd’hui à subvenir aux besoins de tous. Des centaines de milliers de personnes se retrouvent ainsi plongées dans l’inconnu, dans l’attente d’une solution que la ministre du Travail Elsa Fornero a promis "avant le 30 juin". Mais quelle solution ? Interrogée durant l’émission Report de Milena Gabanelli diffusée sur Rai 3 le 25 mars, Mme Fornero s’est montrée peu préoccupée par leur sort. "Nous avons été nommés pour faire un travail désagréable, pas pour distribuer des bonbons", a-t-elle expliqué au journaliste. "La réforme des retraites est sévère certes... oui, oui, sévère, et je dirais même plus : dure." Mais l’Italie, rappelez-vous, était au bord du gouffre. Et nous l’avons sauvée, nous, les techniciens, a-t-elle dit.

Allocations chômage ?

Revenons au cas des "exodés" privés de retraite. Mme Fornero veut régler le problème "sans recourir à la vieille méthode des promesses". Une des hypothèses envisagées est que les travailleurs retrouvent leur ancien poste. Une conjecture purement théorique, car aucune entreprise n’est disposée à les réintégrer. A la Poste, par exemple, les syndicats rapportent comment "l’entreprise refuse de considérer tout revirement des salariés dès lors qu’ils ont signé leur retraite anticipée". La seule concession que les syndicats de l’entreprise postale ont obtenue est la signature d’un communiqué commun pour demander au gouvernement d’étendre la couverture sociale de vingt-quatre à trente-six mois et d’utiliser la Caisse de solidarité interne en complément des revenus.


Si le retour dans l’entreprise est impossible, la ministre a laissé entrevoir une autre solution : l’allocation chômage. La toute nouvelle assurance sociale pour l’emploi (Aspi) [qui doit remplacer et généraliser les indemnités chômage], entend du reste remédier aux situations jusqu’alors exclues de la couverture sociale, même si les critères restent les mêmes. Mais l’Aspi s’étale sur douze mois seulement, dix-huit mois pour les plus de 55 ans. Elle peut suffire à ceux qui ne sont pas couverts pendant un an et demi. Les autres auraient besoin d’une dérogation. Sans compter qu’une grande partie de ces travailleurs arrivent en fin de période de chômage indemnisée.


TÉMOIGNAGE "Aucun revenu pendant trois ans"

Dans une lettre ouverte adressée au Corriere della Sera, Emilio de Martino, 60 ans, raconte comment il s'est retrouvé du jour au lendemain sans emploi ni retraite. "Cher directeur, je suis un de ces travailleurs qui ont été 'suspendus' par la réforme des retraites. Suspendu parce que je n'aurai aucun revenu pendant plus de trois ans. Voici mon histoire : en novembre 2011, j'ai signé un accord de licenciement à l'amiable avec mon entreprise (la Poste) qui, en contrepartie, prévoyait que je touche un revenu jusqu'à la retraite. Je suis né en décembre 1952 et je cotise depuis trente-sept ans et cinq mois. Avec les normes en vigueur en novembre 2011, j'aurais dû toucher ma retraite en janvier 2014. Or, avec les nouvelles, je ne toucherai ma retraite qu'en juillet 2017, puisque je ne rentre pas dans les dérogations du décret "mille-proroghe" [voir article]. Nous sommes 350 000 dans la même situation. Est-ce qu'une loi peut condamner à un avenir noir tant de citoyens et leur famille ? Je ne le crois pas et cela ne serait pas juste. Nous attendons que le gouvernement respecte l'engagement qu'il a pris à la fin de l'année dernière : "Personne ne restera sans revenu". Nous sommes des travailleurs exclus du cycle de production, pas des citoyens engagés dans une traversée biblique. Cordialement."


http://www.courrierinternational.com/artic...s-de-la-rigueur
Vania
 
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Message par Indesit » 19 Avr 2012, 13:08

Bonjour,

ça fait froid dans le dos...

En France j'ai entendu parler de gens qui se retrouvaient coincés par l'allongement de la durée de cotisation obligatoire car ils ont souscrit une préretraite pour une durée déterminée. Mais cela ne concerne qu'une frange beaucoup plus limitée des salariés.

Indesit
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