Grève au Royaume-Uni

Dans le monde...

Message par Harpo » 30 Nov 2011, 21:47

Pêché dans un email syndical (SNES, EE) mais d'origine vague.
Quelqu'un en sait-il plus ?

a écrit :Pour la première fois de sa vie, Margaret Palmer va faire grève, mercredi 30 novembre. Mais c'est la mort dans l'âme : à 44 ans, cette spécialiste des soins psychologiques pour les enfants, qui travaille dans une clinique de Londres, n'a rien d'une militante. Elle estime cependant que l'heure est grave : "L'ensemble du secteur public subit une attaque majeure. Le gouvernement tente de faire retomber sur nous les conséquences de la crise financière, qui est pourtant la faute des banquiers."
Le 30 novembre, elle ne sera pas la seule à descendre dans la rue pour la première fois. Trente syndicats, essentiellement de la fonction publique, ont voté la grève. Environ deux millions de personnes sont attendues, ce qui en fera le plus grand mouvement social depuis janvier 1979, quand "l'hiver du mécontentement" avait immobilisé le Royaume-Uni. Pour certains syndicats, la décision est historique : celui des directeurs d'école appelle à la grève pour la première fois de son histoire de 114 ans. Une grande partie des écoles seront fermées. Les douanes appelant également à arrêter le travail, le chaos est attendu dans les aéroports.
L'ampleur de la colère est donc inédite depuis une génération. L'explication vient de la réforme des retraites de la fonction publique. Le gouvernement négocie depuis neuf mois un changement radical : les salariés devront augmenter de 50 % leur contribution (qui passe de 6 % de leur salaire à 9 %) ; ils toucheront une pension plus faible, basée sur la moyenne des salaires plutôt que sur les dernières années ; et l'âge de la retraite, qui s'étale actuellement entre 60 et 65 ans, va être augmenté à 65 ans pour tous en 2018, puis 66 ans dès 2020 et progressivement jusqu'à 68 ans d'ici une trentaine d'années.
Jane Wilson, une collègue de Mme Palmer, a calculé qu'elle allait devoir contribuer d'environ 100 euros supplémentaires chaque mois pour toucher 100 euros de moins par mois quand elle sera à la retraite : "Cette réforme est idéologique et politique."
Le gouvernement réplique que l'allongement de la durée de vie rend ces changements indispensables. De plus, il souligne que les retraites dans le secteur privé sont nettement moins généreuses : celles-ci fonctionnent sur la base de fonds de pension, dont la valeur s'est effondrée avec les différentes crises boursières.
La colère de la fonction publique britannique va cependant bien au-delà des retraites. Le vaste plan d'austérité lancé par le gouvernement, en vigueur depuis le début de l'année, se fait sentir très fortement. Rien qu'au premier semestre, 150 000 emplois du service public ont été supprimés, sur un total de six millions. Les collectivités locales sont les plus touchées, le gouvernement réduisant les transferts vers elles d'un quart en cinq ans.
A Kaleidoscope, le centre de soins psychologiques pour mineurs du sud-ouest de Londres où travaille Mme Palmer, le budget a été réduit de 25 % cette année. Une dizaine d'emplois sur cinquante ont été supprimés. La conséquence sur la qualité des soins se fait sentir. En particulier, l'attente pour recevoir les enfants pour leur première visite est passée de trois à quatre mois en moyenne. "Le moral est très bas actuellement, estime Mme Palmer. Pendant longtemps, travailler dans la fonction publique apportait une garantie de l'emploi. Ce n'est plus le cas. Les retraites étaient le dernier avantage qu'on avait."
A la mairie de Westminster, à Londres, Jo, une assistante sociale, raconte la même histoire. Elle aussi fait grève pour la première fois de sa vie. "Dans quelques semaines, on va perdre 20 % de nos effectifs. Concrètement, ça veut dire que je vais moins rendre visite aux gens dont je m'occupe, que je ne vais pas avoir le temps de bien les connaître. C'est pour eux que je me bats. "
Si la colère est profonde, les syndicats prennent cependant un important risque avec cette grande grève. Le secteur privé ne suit pas le mouvement : les transports - gérés par des entreprises privées - fonctionneront presque partout pendant la mobilisation, par exemple. "Les syndicats n'ont pas réussi à faire passe rle message que la bataille pour leur retraite était dans l'intérêt de tous", estime Paul Marginson, spécialiste des questions sociales à l'université de Warwick.
Pour l'instant, les Britanniques semblent solidaires : 61 % disent soutenir la grève, selon un sondage de la BBC. Mais dans un pays où les mouvements sociaux sont très rares depuis les années Thatcher, cette attitude est très fragile. L'opposition travailliste ne s'y trompe pas et ne sera pas dans les manifestations. Les grévistes eux-mêmes ne savent pas s'il s'agit du début d'un long mouvement social ou d'une action sans lendemain. "Cela va être une journée-clé, estime Mark Perry, un collègue de Mme Palmer. La grève peut  galvaniser les énergies et  lancer une vague de manifestations. Mais beaucoup de nos collègues disent qu'ils ne sont pas prêts à se mobiliser plus d'une journée. C'est sur cette faiblesse que compte le gouvernement."
Eric Albert
Harpo
 
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Message par Groza » 30 Nov 2011, 22:03

Pas grand chose. Sur Tf1 ce midi il parlait d'un mouvement dont l'ampleur rappelait les années Tatcher avec non pas 1 manif centrale mais plusieurs centaines de manifs à Londres.
"Nous sommes de ceux [...] qui ne desserreront jamais les mâchoires sauf pour sortir les crocs"
Groza
 
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Message par Jacquemart » 30 Nov 2011, 22:07

Cet extrait vient d'un article du Monde d'avant-hier, je crois.
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Message par sylvestre » 01 Déc 2011, 14:42

(Groza @ mercredi 30 novembre 2011 à 21:03 a écrit : Pas grand chose. Sur Tf1 ce midi il parlait d'un mouvement dont l'ampleur rappelait les années Tatcher avec non pas 1 manif centrale mais plusieurs centaines de manifs à Londres.




Pas plusieurs centaines de manifs à Londres, mais dans tout le Royaume-Uni ! :smile:


C'est un mouvement inédit au Royaume-Uni depuis 30 ans, et même depuis la grève générale de 1926. Une grève de masse de cet ordre sur un jour n'est certes pas exceptionnelle en France ces dernières années mais là-bas elle marque une avancée qualitative, qui a été préparée par le mouvement étudiant de l'automne dernier, et les grandes manifestations syndicales de mars et juin.

http://www.ladepeche.fr/article/2011/12/01...-retraites.html

a écrit :Royaume-Uni. Deux millions contre la réforme des retraites


Deux millions de personnes ont manifesté hier au Royaume-Uni pour protester contre la réforme des retraites. Une mobilisation inédite qui n'a cependant pas paralysé le pays.


Écoles fermées, hôpitaux, tribunaux et services municipaux tournant au ralenti… Les salariés du public étaient en grève hier au Royaume-Uni, pour protester contre la réforme visant à repousser l'âge de départ à la retraite à 66 ans, au lieu de 60 actuellement.

Avec deux millions de personnes dans la rue - une mobilisation inédite dans un pays peu enclin aux mouvements sociaux - la manifestation se voulait démonstration de force contre le gouvernement de David Cameron. Et la trentaine de syndicats qui avait appelé à débrayer se disait hier soir satisfaite de ce mouvement « historique », le premier depuis « l'hiver du mécontentement » de 1979.

Les services ont été particulièrement perturbés dans l'enseignement où les trois quarts des établissements scolaires ont été touchés. Les Anglais ont ainsi rapidement découvert les premiers effets de la grève, des milliers de familles devant garder leurs enfants à la maison… Des piquets de grève avaient été installés devant les bâtiments publics, notamment les hôpitaux où seuls les soins d'urgence étaient assurés. En revanche, les ports et aéroports où l'on craignait des files d'attente massives, faute de fonctionnaires en nombre suffisant, ont eux, été épargnés.

D'après le gouvernement britannique, seul un quart de ses fonctionnaires étaient en grève,

soit 135 000 salariés. « C'est un pétard mouillé » a même ironisé le Premier ministre David Cameron qui a insisté sur cette réforme des retraites « absolument essentielle » en raison de l'allongement de l'espérance de vie et du nécessaire équilibre avec le secteur privé.

Le report de l'âge de la retraite à 66 ans et l'augmentation des cotisations inscrits dans le cadre du plan de rigueur ont d'autant plus de mal à passer que le gouvernement vient d'annoncer le gel du salaire des fonctionnaires jusqu'en 2013, qui s'ajoute aux 710 000 suppressions de postes d'ici 2017 dans la fonction publique.

« Ce gouvernement prend plein d'argent aux plus pauvres », mais « il ne touche ni aux bonus, ni aux banques », résumait un manifestant.

Le millier de manifestations qui ont été organisées à travers le pays, se sont pour la plupart déroulées dans le calme. Une quarantaine de personnes ont été arrêtées à Londres.
"Travailler plus pour gagner moins"

La crise économique a entamé la belle opulence britannique en trois ans et demi à coups d'effondrement des crédits et de mesures d'austérité. Or, la relance de l'industrie britannique dépend de l'industrie européenne, qui traverse elle aussi une sévère crise.

Dans ce contexte, la monnaie n'est pas d'un grand secours : la livre sterling surnage toujours artificiellement au-dessus de l'euro, trop chère pour l'exportation, mais plus assez pour consommer la production continentale.

Les Britanniques de la classe moyenne ont perdu leur maison en France et galèrent pour payer leur logement au pays. La « nation de propriétaires » est en en train de devenir une nation de locataires et même de locataires de HLM. Certains sont obligés d'abandonner la voiture, d'autres, la perspective d'étudier. Les jeunes qui le peuvent s'endettent pour études et non plus pour acheter leur maison ou monter une petite entreprise.

Les actifs ne sont pas mieux lotis : les fonctionnaires sont désormais considérés comme n'importe quel autre travailleur. Et lors que la constitution d'une retraite n'a jamais été la priorité des fonctionnaires en Grande-Bretagne où l'on préférait cotiser moins pour gagner plus et investir, le ministre des Finances, George Osborne, vient d'annoncer l'équation suivante : cotiser plus pour toucher moins ! Ce blitzkrieg dans la Fonction publique fait peur à tout le monde : 72 % des Britanniques ont soutenu l'action sociale d'hier. Pire, la retraite des fonctionnaires ne sera plus indexée sur le salaire final mais sur le salaire moyen des années de carrière… s'alignant ainsi sur le lot commun. Elle sera aussi réévaluée d'après l'indice des prix de détail, beaucoup moins favorables que l'indice des prix de consommation. Enfin, George Osborne a révisé à la hausse son objectif de supprimer 400 000 postes de fonctionnaires en 5 ans pour le porter à 710 000. Beaucoup de Britanniques, relayés par de nombreux politiciens, en veulent à l'Europe mais ne peuvent plus l'ignorer. C'est sans doute le prix à payer pour avoir consommé le beurre et l'argent du beurre, au contraire des Norvégiens qui ont dit non à l'EU et à l'euro d'une manière brutale mais cohérente. La richesse de la Grande-Bretagne était fondée sur son isolement, sa différence et ses banques. Mais même celles-ci ne sont plus tout à fait Britanniques. Ainsi la perfide Albion se retrouve-t-elle Européenne malgré elle et pour le pire.
sylvestre
 
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