Premières apparitions publiques du PC tunisien... et premières (récentes) concessions aux courants religieux...
TUNIS (AP) — Après plus de 20 ans de clandestinité et de persécution, le Parti ouvrier communiste tunisien (POCT) a achevé lundi son premier congrès public un peu plus de six mois après la chute du régime de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali.
Au centre des travaux qui ont duré trois jours, figurait l'adoption du programme politique, économique et social du parti avant l'élection de l'Assemblée constituante prévue le 23 octobre prochain.
Celle-ci doit élaborer une nouvelle Constitution qui, a suggéré le chef du POCT, Hamma Hammami, doit "ancrer la démocratie pour éviter la résurgence des forces rétrogrades".
Alors que sous Ben Ali, à peine quelques dizaines de ses militants osaient s'afficher en public, les assises du POCT post-révolution ont drainé des milliers de militants à la salle omnisports d'El Menzah à Tunis, en présence de nombreuses personnalités étrangères.
Contrairement à ce qui était attendu, les congressistes ont décidé de maintenir le nom originel du parti en gardant sa connotation communiste qui alimente "des préjugés infondés", selon M. Hammami.
"Il y a des Tunisiens qui font l'amalgame entre communistes et athées, alors que cela n'a rien à voir", a-t-il déploré en allusion notamment aux islamistes qui ont perturbé certains de ses meetings.
La scène politique nationale a besoin de fronts et d'alliances "pour faire face à une nouvelle dictature", a-t-il dit.
Dans son esprit, "la Tunisie nouvelle doit favoriser la coexistence entre le musulman, le juif et le chrétien et toutes les convictions".
"Nous refusons toute exploitation de la religion pour légitimer des intérêts et des positions rétrogrades", a-t-il insisté. Il a plaidé pour "la garantie de la liberté de culte" en dénonçant les actes de violence qui ont ciblé dernièrement certains intellectuels et cinéastes.
Il a noté que le credo de son parti était la lutte contre l'injustice sociale, pour le développement équitable et l'emploi, "un droit fondamental de l'individu et un pilier de sa dignité".
Farouche opposant du général Ben Ali qui a gouverné la Tunisie d'une main de fer pendant 23 ans avant de fuir en Arabie Saoudite sous la pression de la rue, Hamma Hammami a été longtemps persécuté et plusieurs fois emprisonné par le dictateur déchu, sans jamais plier.
Outre son tempérament de battant, il avait un soutien de taille en la personne de son épouse, la célèbre avocate Radhia Nasraoui. Militante des droits de l'Homme dont la notoriété a dépassé les frontières tunisiennes, elle avait sensibilisé des organisations internationales et les autorités françaises à la cause de son conjoint. AP
http://fr.news.yahoo.com/tunisie-premier-c...-170230686.html