Famine effroyable en Somalie, Kenya, Ethiopie

Dans le monde...

Message par Zelda » 22 Juil 2011, 05:47

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011...50619_3212.html

a écrit :Somalie : pourquoi l'ONU parle de famine

LEMONDE.FR | 20.07.11 | 12h17   •  Mis à jour le 20.07.11 | 22h25

Le taux de mortalité a atteint 7,4 personnes pour 10 000 par jour en Somalie en raison de la malnutrition.

L'annonce était attendue depuis plusieurs jours : mercredi 20 juillet, l'ONU a déclaré que deux régions du sud de la Somalie, le sud de Bakool, et Lower Shabelle, où sévit une très grave sécheresse, sont frappées par la famine. Jusqu'à 350 000 personnes souffrent de famine dans ces deux provinces, estiment les Nations unies. "Si nous n'agissons pas maintenant, la famine va s'étendre aux huit régions du sud de la Somalie dans les deux mois à venir, en raison de mauvaises récoltes et de l'apparition de maladies infectieuses," a averti Mark Bowden, coordinateur humanitaire des Nations unies pour la Somalie.

Depuis plusieurs semaines, l'ONU ainsi que les ONG présentes sur place tiraient la sonnette d'alarme sur la sécheresse sévissant dans la Corne de l'Afrique, qualifiant de "grave crise humanitaire" cette situation. Le terme de "famine" a officiellement été employé par l'ONU mercredi. Comment détermine-t-on si un pays est en état de famine ? Quelles en sont les conséquences ?

    Qu'entend-on par famine exactement ?

Selon l'ONU, le mot famine désigne "une crise alimentaire extrême dans laquelle les enfants, mais aussi les adultes, meurent de faim", précise l'organisation dans un communiqué. Concrètement, on parle de famine quand le taux de malnutrition aiguë oscille entre 20 et 40 % chez les adultes et les enfants et que le taux de mortalité dépasse les deux décès par jour pour 10 000 habitants. Celui de la Somalie se situe à 7,4.

Le principal outil de mesure de la faim chronique dans le monde est le "cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire" (IPC). Ce système classifie la situation dans un pays ou une région du monde sur cinq niveaux : sécurité alimentaire, insécurité alimentaire, crise alimentaire, urgence humanitaire et enfin famine ou catastrophe humanitaire.

    Quels sont les niveaux IPC en Somalie, au Kenya et en Ethiopie ?

En Somalie, la plupart des analystes s'accordent désormais pour appliquer le niveau 5 à l'ensemble du pays. Les conflits et la sécheresse y ont provoqué la pire famine de la région. "Nous avons prévenu la communauté internationale il y a un an", explique Elysabeth Byrs, porte parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU, "mais c'est maintenant la seconde année de sécheresse consécutive et la situation a vraiment empiré. Il faudra attendre la prochaine saison des pluies en 2012 pour qu'éventuellement, les choses s'améliorent".

La situation est également très préoccupante dans le nord du Kenya. "Mais le niveau de malnutrition aiguë oscille autour de 15 %. Le pays se situe donc plutôt au niveau 4", estime Camilla Knox-Peebles, analyste de l'ONG Oxfam à Nairobi.

En Ethiopie en revanche, la situation est plus difficile à évaluer. "Le pays n'a pas pleinement implémenté l'outil d'évaluation IPC. Il en est encore à la phase 'pilote'", explique un analyste de l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture FAO à Addis-Abeba.

    Qui a établi ce système ?

En 2005, lors de la famine qui a frappé la Somalie, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a établi les critères pour déterminer l'IPC. C'est aujourd'hui un outil qu'utilisent plusieurs agences pour évaluer la famine dans de nombreuses régions du monde.

    Sur quels critères est-il basé ?

L'IPC se décline en un grand nombre d'indicateurs, comme la malnutrition, l'accès à l'eau, ou encore des critères économiques. "Nous accordons une attention particulière au nombre de calories. L'état de malnutrition est déclaré en dessous de 2100 kilocalories par jour par personne, explique Camilla Knox-Peebles. Mais c'est parfois compliqué. Il faut non seulement prendre en compte la nourriture disponible dans le pays, mais aussi considérer que la population n'a pas forcément les moyens de se la procurer."

    Qui collecte les informations ?

Les ONG, les Nations unies et les gouvernements possèdent leurs analystes qui travaillent ensemble. Mais collecter des données exactes est parfois très compliqué : "C'est un des défis les plus importants, estime Camilla Knox-Peebles. Dans des pays comme la Somalie, il faut donc recouper les informations, estimer les données manquantes, etc." En Somalie, les insurgés islamistes d'Al Chabaab ont longtemps freiné l'aide internationale. Mais ils respectent désormais leur engagement de laisser les convois et les travailleurs humanitaires circuler librement.

    Qui décide de l'établissement du niveau ?

C'est le gouvernement du pays concerné qui a le dernier mot. Pourtant, dans le cas de la Somalie, c'est l'ONU qui se prononcera. "Certainement parce que le gouvernement est trop faible. Il n'ont pas une aura politique suffisante pour attirer l'attention de la communauté internationale comme peut le faire l'ONU."

    A quoi sert cette classification ?

L'IPC permet aux travailleurs humanitaires et à la communauté internationale d'avoir une idée précise de la nature de l'aide à apporter. Mais aussi à motiver les donateurs. "Pour le cas de la Somalie, ça sera vraiment un plus. La communauté internationale est déjà consciente de la situation. Cela sera certainement un petit plus pour consolider l'aide humanitaire", espère Camilla Knox-Peebles. La FAO organise une réunion en urgence lundi 25 juillet à Rome. Le but : convaincre les pays membres d'agir rapidement.
Antoine Bouthier


Je me suis fritée sévèrement sur le sujet avec un copain au boulot hier.
Il disait "Faut donner, faut donner".
Moi, je commence à expliquer pourquoi je ne veux pas donner, pas moyen de causer. Je me fais super engueuler "Oui, mais y en a marre de ces raisonnements. C'est des vues de l'esprit, en attendant on laisse mourir les gens".

Bon sang, je me suis mis à gueuler aussi.
Sur le fait que le drame ne devait pas nous rendre faussement naïfs, sur le fait que ces salopards d'impérialistes affament la planète, que ça ne change pas grand chose que nous, derrière, un peu vainement, on éponge leurs pires saloperies, et que l'on rendrait définitivement service aux peuples dans la misère en foutant le souk dans nos pays riches et en virant les affameurs de la planète...
Sur le fait que non, c'est pas parce qu'on bouffe trop ici qu'ils meurent de faim là-bas...

Enfin je vous passe les arguments, vous les connaissez. Je suis encore très en colère ce matin. Je ne lui reprochais pas de donner bien entendu, mais quand il m'a allumée parce que je ne donnais pas, mon sang n'a fait qu'un tour.

Vous avez ce genre de discussions au boulot ? Je me dis évidemment que je préfère les copains comme lui que la famine là-bas traumatise autant que moi, que ceux qui n'en parlent pas du tout, et qui ont horreur que l'on se dispute, parce que s'il y a des sujets vitaux qui méritent que l'on s'engueule, c'est bien de ceux-là.
Zelda
 
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Message par logan » 22 Juil 2011, 07:34

Tu peux chercher des infos sur Haiti et lui demander si les dons ont résolu quelque chose
logan
 
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Message par Zelda » 22 Juil 2011, 17:30

Je ne pense pas que ça prendrait. Il ne dit pas vouloir tout résoudre, juste soulager un chouïa concrètement.
Zelda
 
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Message par Vania » 22 Juil 2011, 18:40

Je ne sais pas si le prendre de front est la meilleure solution. En ces temps de crise, quelqu'un qui sait encore regarder au-delà des frontières de son pays, au delà des limites de son milieu, c'est déjà pas si mal, même si cela est plein d'illusions. Pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour lui parler de l'Afrique, de son passé, des destructions qu'y a occasionné et y occasionne encore la domination impérialiste? La brochure du CLT sur l'Afrique ravagée par le capitalisme pourrait être un support. Et puis, tout le monde en Afrique n'accepte pas de se laisser affamer : après les émeutes qui ont secoué le Sénégal, c'est aujourd'hui le tour du Malawi.
Vania
 
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Message par Vania » 22 Juil 2011, 19:07

Je ne connais pas grand chose sur le Kenya, ou plus largement sur la corne africaine, mais une de mes voisines y va souvent (au Kenya) et y passe plusieurs mois par an. Elle connaît surtout les régions du nord, peuplées par les Massaï, un peu Nairobi, et Mombasa, aussi. De ces récits, j'ai retenu le degré de misère qui est là depuis bien longtemps, le degré de corruption des autorités et surtout le fait que depuis la décolonisation, les meilleures terres sont restées entre les mains des anciens colons européens. Poser la question de la terre, lui en parler, pourquoi pas comme le faisaient les bolchéviques pour la Russie du début du XXe, pourrait être aussi une idée. Dans cette région, la révolution devra forcément poser la question de la terre, et la résoudre. De la même manière qu'elle devra mécaniser l'agriculture, systématiser les engrais (il y a un passage qui aborde cette question dans le CLT sur la décroissance, un passage génial, d'ailleurs!). Cela paraîtra hors, mais ne l'est peut-être pas. Je vais régulièrement en Ukraine et commence un peu à connaître le pays, et étant russophone, je peux communiquer avec la population assez facilement. Là-bas, avec décollectivisation, une agriculture à deux vitesses est apparue : l'une, spéculative, destinée au marché mondial et aux soit de bureaucrates et affairistes locaux, soit aux mains de groupes capitalistes étrangers, est mécanisée, moderne, dispose de grandes surfaces de terres (les fameuses terres noires, dites les meilleures au monde), l'autre, c'est celle des anciens kolkhoziens et sovkhoziens, ceux à qui à la place des structures et des fiancements d'Etat on a remis un bout de papier disant "propriétaire". Cette agriculture là, aujourd'hui, est revenue au cheval et l'araire! Les prix des denrées alimentaires sont telles, avec de telles techniques agricoles, que je connais des gens qui ont parfois passé l'hiver à se nourrir uniquement de pastèques, de grenades et de kakis, surgelés pour les "conserver", par ce que ces produits provenaient du Kazakhstan et étaient les seuls accessibles à leurs revenus. Là-bas, la révolution devra reposer la question de la terre, et remécaniser...
Vania
 
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Message par sylvestre » 26 Juil 2011, 09:43

Ce que je trouve remarquable c'est que
- La Somalie soit mise en avant alors que la situation concerne toute la corne de l'Afrique.
- Nulle part ne soit fait mention de la situation de guerre dont l'Occident est largement responsable (guerre d'Ethiopie en Somalie avec le soutien des Etats-Unis, http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_en_Som...%282006-2009%29 )
- Il soit toujours fait mention des "insurgés islamistes" d'un part et du "gouvernement" d'autre part, alors que c'est l'Union des Tribunaux Islamiques qui a constitué un gouvernement de fait en Somalie, et que le dit "gouvernement fédéral" est une créature complétement artificielle et extérieure dont la mise au pouvoir constituait précisément le but de guerre des USA (http://www.monde-diplomatique.fr/2006/09/PRUNIER/13917)
sylvestre
 
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Message par Vania » 26 Juil 2011, 20:37

Un article économique sur la question de la terre en Ethiopie :

FAMINE - Alors que la population subit une famine historique en raison de la sècheresse, les terres cultivables sont vendues à des entreprises occidentales, dénonce l'ONG Survival International...

Du carburant pour les voitures «vertes» plutôt que de la nourriture. En Ethiopie, le gouvernement a cédé plus de 250.000 hectares de terres dans la vallée de l’Omo, une des régions très fertiles et importantes pour l’approvisionnement en eau, à des entreprises qui y cultivent de la canne à sucre et des palmiers à huile pour répondre à la demande des pays développés. L’ONG Survival International dénonce ces cessions qui aggravent encore la famine dans la corne de l’Afrique.
100.000 personnes atteintes

«Une compagnie d'Etat, Kuraz Sugar Project, détient 150.000 ha dans la vallée de l'Omo et a commencé depuis le mois dernier à y planter de la canne à sucre, explique Sophie Baillon, chargée de communication chez Survival International, interrogée par 20Minutes. Une autre compagnie italienne d'agro-carburants, Fri-El Green, opère au sud de l'Omo, près du Lac Turkana et possède au moins 30.000 ha de palmiers à huile.»

Les autochtones, plus de 200.000 personnes, n’ont plus qu’à s’adapter aux décisions de leur gouvernement: «100.000 personnes seront atteintes, poursuit Sophie Baillon. Ils se servent de ces terres pour faire paître leurs troupeaux et pour l’agriculture. Aujourd’hui, ils risquent d’être expulsés.» La vallée de l’Omo est une des rares régions très fertiles d’Ethiopie et constitue un point d’approvisionnement majeur en eau.
Un barrage hydroélectrique pourrait encore aggraver la situation

Le gouvernement éthiopien veut «moderniser» les tribus de la région de l’Omo, c’est-à-dire en faire des ouvriers agricoles au service des plantations des entreprises, accuse Survival International. La famine qui sévit actuellement ne l’a pas fait fléchir. «Son argument principal est d’apporter le développement dans cette région, poursuit Sophie Baillon. Mais les populations n’ont pas été consultées, c’est une violation des droits de l’Homme qui va à l’encontre des législations internationales.»

Un projet de barrage hydroélectrique sur l’Omo pourrait encore aggraver la situation: en détournant les eaux qui permettaient aux autochtones de faire pousser de quoi subsister, il risque de déplacer encore des centaines de milliers de personnes. «L’électricité produite sera destinée à l’exportation, principalement pour le Soudan», précise Sophie Baillon. Survival International a lancé une pétition pour mobiliser l’opinion publique contre ces projets et tente de faire pression sur le gouvernement éthiopien, même si l’ONG refuse de participer aux conférences internationales, comme celle de l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) qui a eu lieu lundi à Rome.

Plus de 12 millions d'habitants de la Corne de l'Afrique sont touchés par la famine due à la sécheresse qui frappe la Somalie, l'Ethiopie, le Kenya et Djibouti, la pire que la région ait connue depuis une vingtaine d'années.

http://www.20minutes.fr/article/762426/eth...gro-carburants-
Vania
 
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Message par jedi69 » 14 Août 2011, 01:11

Wesh les amis !!!

Bien ou bien ?


Dans une discussion sur facebook

(jedi69 a écrit :
sinon ... les capitalistes sont capables de jongler avec des milliards en spéculant c'est ce qu'on voit dans l’actualité ... ils sont capables de mener des guerres qui coutent des millions aux 4 coins du monde : Afghanistan, Irak, Israël-Palestine, Libye, Côte d'Ivoire ... mais ils ne veulent pas remplir des avions, des bateaux, des sous-marins avec à boire et à manger, des médicaments, des infirmiers, des médecins, des cuisiniers, des maçons, des ingénieurs à la place des soldats, des bombes ... alors qu'il y a les capacités de nourrir 2 fois l'Humanité actuelle sur toute la planète, soit 12 milliards d'êtres humains ...

c'est un crime ce qui se passe dans la corne africaine ou aux coins de nos rues ! Ce sont les capitalistes, les bourgeois millionnaires(il y en a 10 millions sur la planète), milliardaires(il y en a 1 millier sur la planète) les criminelles !

Comme en Tunisie, Égypte, il faut non seulement virer les dictateurs, les gouvernements pourris des pays riches, mais il faut détruire les états bourgeois, le système capitaliste, il faut que les travailleuses s'unissent et s'emparent des milliards, qu'elles les gèrent pour du concret, pour la seule et unique vérité contre la faim et la misère mondiale !



(jedi69 a écrit :

a écrit :une pensée à tous ces enfants de la corne d'Afrique qui n'ont pas demandé de naître mais qui se battent pour survivre....ils ne rêvent que d'une chose....juste un petit bout de pain et de l'eau...alors qu'en France ou ailleurs,les enfants rêvent de console de jeux, et dernier top à la mode....


faut pas opposer les enfants de là bas et d'ici ... aujourd'hui on a les capacités de nourrir 2 fois l'Humanité ... c'est pas de la faute des innocents ici ... sinon c'est de la faute aux criminelles capitalistes ... les enfants qui subissent la famine peuvent non seulement avoir à manger et à boire mais aussi bien plus ! culture, loisirs, vacances ... il y a largement les capacités dans l’Humanité ... mais les capitalistes, millionnaires, milliardaires ne veulent pas ... c'est pas de la faute aux enfants d'ici ... sinon, il faut que les grèves générales avenir des travailleuses arrachent les milliards des mains des capitalistes et fasse en sorte qu'on se nourrisse tous, qu'on se libère de la misère mondiale !

a écrit :oui je suis d'accord mais en attendant,les enfants là bas crèvent de faim et de soif alors que chez nous on gaspille sans aucune honte et ça, même dans un pays capitaliste, les gens pourraient y mettre un peu du leur au lieu de se plaindre de tout et de rien ,et faire de ce qui nous est offert;un dû..... c'est la mentalité des gens qu'il faudrait changer avant tout!!!!!!!


le gaspillage ... c'est sûr, quand tu sais qu'il y a les capacités de nourrir 2 fois l'Humanité actuelle, et que 1 milliards souffre, meurent de famine, c'est sûr c'est du gaspillage, c'est un crime, le crise des capitalistes, ce sont eux qui ont le pouvoir, les millions, les milliards ...

Avec un smic ou le RSA on a aucun pouvoir, et les enfants des smicards et des "RSAistes" sont des pures innocents d'exploités, les chômeurs pourrissent, c'est du gaspillage de bras, de matière grise ... là bas, ils meurent de faim, c'est du gaspillage pareil. Tout ça pour que les capitalistes puissent spéculer jouer au casino géant sur la planète sur notre dos ... ils peuvent déplacer des milliards d'un bout à l'autre du monde, et ils ne peuvent pas en envoyer dans la corne africaine ????? C'est des criminels, des meurtriers ! des assassins !...

Nous smicards allons nous serrer la ceinture de jour en jour avec la crise des capitalistes ... faut prendre dans notre salaire pour envoyer un peu à manger là bas, alors qu'on est pas responsable, coupable, alors qu'on est aussi victimes du capitalisme, des capitalistes ??? ... On ira plus vite à se mobiliser contre les capitalistes, les bourgeois, les voleurs que d'aller chacun de son côté acheter du riz, des pâtes, de la sauce, des boites de conserves ... qui ça se trouvent n'arriveront pas à destination voulu ... des bonnes intentions qui vont engraisser des petits bureaucrates des organisations humanitaires, caritatives, humanitaires, ONG etc, etc ... on l'a très bien vu en Haïti ...

Ce sont des pourris les bourgeois, les petits bourgeois ! Il faut les arrêter ! c'est la mentalité des travailleuses qu'il faudrait changer avant tout! qu'elles se donnent comme objective de prendre les milliards, de les investir pour nourrir toute l'Humanité correctement, c'est élémentaire, urgent, vitale ...



A+
jedi69
 
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Message par Vania » 19 Août 2011, 16:38

Famine, accaparement des terres agricoles et question agraire. Deux articles de fond publiés par la revue "Grain".

a écrit :
Les nouveaux propriétaires fonciers

GRAIN | 19 octobre 2009 | A contre-courant

Les sociétés d’investissement en tête de la course aux terres agricoles à l’étranger

GRAIN

Avec tout ce qu’on entend sur la “sécurité alimentaire” et les déclarations déformées des médias (cf.« La Corée du Sud achète la moitié des terres de Madagascar » 1 ), il n’est sans doute pas évident pour tout le monde que les principaux responsables de l’actuel accaparement des terres ne sont pas les pays ou les gouvernements, mais les grandes entreprises. L’attention s’est vraiment focalisée sur le rôle d’États comme l’Arabie saoudite, la Chine ou la Corée du Sud, alors qu’en réalité, même si les gouvernements facilitent les accords, ce sont des entreprises privées qui prennent le contrôle de la terre. Et leurs intérêts ne sont tout simplement pas les mêmes que ceux des gouvernements.

« Ce sera une initiative privée. »
– Amin Abaza, ministre de l’Agriculture d’Égypte, dans son exposé aux autres nations africaines sur les acquisitions de terres agricoles en Égypte, lors de la Journée mondiale de l’alimentation de 2009 

Prenons un exemple. En août 2009, le gouvernement de l’île Maurice a, par l’intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, obtenu un bail à long terme pour 20 000 hectares de terre agricole fertile au Mozambique pour y produire du riz pour le marché mauricien. Il s’agit bien d’une externalisation de la production alimentaire, cela ne fait aucun doute. Mais ce n’est pas le gouvernement mauricien qui va, au nom du peuple mauricien, cultiver cette terre et rapatrier le riz dans l’île. Le ministère mauricien de l’Agro-industrie a en effet immédiatement sous-loué la terre à deux grandes entreprises : L’une, singapourienne, tient beaucoup à développer des marchés pour ses semences propriétaires de riz hybride en Afrique ; l’autre, du Swaziland, est spécialisée dans la production de bétail, mais aussi engagée dans la production d’agrocarburants dans le Sud de l’Afrique. 2 Bref, une situation tout à fait courante. En d’autres termes, nous devons faire attention de ne pas nous laisser aveugler par le rôle des États, parce qu’en fin de compte, ce sont les intentions des grandes entreprises qui vont se révèler cruciales. Et celles-ci ont à leur disposition toute une réserve d’outils légaux, financiers et politiques.

  « Ce qui était au départ une volonté du gouvernement de garantir l’existence de ressources alimentaires bon marché est devenu désormais un modèle économique viable et de nombreux pays du Golfe se lancent dans les investissements agricoles pour diversifier leur portefeuille. »
– Sarmad Khan, "Farmland investment fund is seeking more than Dh1bn", The National, Dubai,
12 September 2009

Qui plus est, on a tendance à présumer que l’engagement du secteur privé dans l’accaparement mondial des terres est le fait d’entreprises agro-industrielles traditionnelles ou de sociétés de plantation, comme Unilever or Dole, et que le but serait tout simplement de poursuivre l’expansion du modèle d’agriculture contractuelle des dernières années. En réalité, on se rend compte que la haute finance, malgré l’indigence de son expérience en agriculture, est devenue un acteur essentiel de cette évolution. Tant et si bien que la phrase « investir dans l’agriculture », nouveau leitmotiv des bureaucrates du développement, n’est pas systématiquement à prendre comme un synonyme de fonds publics. De plus en plus, l’investissement en agriculture devient l’affaire.. du monde de l’argent.

Le rôle du capital financier

« Nous ne sommes pas agriculteurs. Nous sommes une grande entreprise qui utilise les technologies dernier cri pour produire du soja de qualité. Certains fabriquent des chaussures ou des ordinateurs ; nous, nous produisons des denrées agricoles. »
- Laurence Beltrão Gomes de SLC Agrícola, la plus grosse entreprise agricole du Brésil

GRAIN a tenté de voir qui sont véritablement ces investisseurs du secteur privé qui acquièrent actuellement des terres agricoles dans le monde pour assurer une production alimentaire délocalisée. Il ressort de nos recherches que le rôle du capital financier – fonds et sociétés d’investissement – est absolument considérable. C’est la raison pour laquelle nous avons fait ce tableau qui donne une idée de la situation. Notre tableau donne ainsi un aperçu de plus de 120 structures d’investissement, récentes pour la plupart, qui se démènent pour acquérir des terres agricoles à l’étranger, à la suite de la crise financière. 3 Que leurs projets se soient déjà matérialisés ou qu’ils en soient encore au stade d’objectif, ces sociétés sont engagées à hauteur de dizaines de milliards de dollars. Le tableau n’est pas exhaustif cependant. Il ne montre qu’un échantillon du genre d’entreprise ou d’instrument financier impliqués et les niveaux d’investissement prévus.


Graeme Robertson de Vitagrain signe l’accord
avec le ministre mauricien de l’Agro-industrie, Satish Faugoo.
Source: Le Matinal

Les investisseurs privés ne se tournent pas vers l’agriculture pour résoudre le problème de la faim dans le monde ou éliminer la pauvreté rurale. Ce qu’ils veulent, c’est, purement et simplement, faire des bénéfices. Le monde a en effet changé de telle façon qu’on peut maintenant faire une fortune avec des terres agricoles. Les investisseurs savent avec certitude que les besoins alimentaires mondiaux vont continuer à croître, maintenant des prix élevés et fournissant un substantiel retour sur investissement à tous ceux qui ont la mainmise sur les ressources de base nécessaires. Et ces ressources de base, en particulier la terre et l’eau, sont plus que jamais soumises à la surexploitation. Faisant suite à la crise financière, les prétendus investissements alternatifs, comme les infrastructures ou les terres agricoles, font fureur. La terre elle-même est présentée comme offrant une sorte de protection contre l’inflation. Et comme sa valeur ne suit pas les variations des autres actifs comme l’or ou les devises, c’est un moyen pour les investisseurs de diversifier leur portefeuille.

« Je suis convaincu que la terre va devenir l’un des meilleurs investissements de notre époque. A terme bien sûr, les prix alimentaires atteindront un niveau tel que le marché sera probablement inondé de denrées, suite au développement de nouvelles terres, de nouvelles technologies, ou bien des deux, et le marché haussier disparaîtra. Mais nous n’en sommes pas encore là. »
George Soros, juin 2009

Mais il ne s’agit pas seulement de la terre : Nous touchons ici au système de production lui-même. Les investisseurs sont convaincus qu’ils peuvent aller en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les pays de l’ex-bloc soviétique, consolider leurs holdings, injecter un mélange de technologie, de capital et de compétences de gestion, installer des infrastructures et transformer des fermes sous-exploitées en vastes installations agro-industrielles. Leur objectif est souvent de tirer des flux de revenus des récoltes, mais aussi de la terre dont ils espèrent voir la valeur augmenter. On est dans la “version multinationale” de la révolution verte et les ambitions sont fortes : « Mon patron veut créer le premier Exxon Mobil du secteur agricole », explique Joseph Carvin du One World Agriculture Fund d’Altima Partners, lors d’une réunion rassemblant à New York des investisseurs en agriculture venus du monde entier. Il n’est donc pas surprenant que les gouvernements, la Banque mondiale et les Nations unies, tiennent à s’associer à ce mouvement. Mais ce ne sont pas eux qui mènent la danse.

« Quand on leur a demandé s’ils accueilleraient favorablement un transfert de technologies agricoles étrangères « supérieures » pour compenser les acquisitions de terres philippines, les agriculteurs de Negros Occidental ont répondu avec une certaine lassitude, mais très clairement, qu’ils étaient parfaitement satisfaits de leurs propres savoirs et pratiques permettant une agriculture de subsistance durable et diversifiée. Leur expérience des variétés à haut-rendement et des technologies dépendantes de la chimie apparues avec la révolution verte leur a fait comprendre qu’il était plus intéressant pour eux de se tourner vers une agriculture biologique diversifiée, avec le soutien d’organisations d’agriculteurs et de scientifiques ou d’ associations telles MASIPAG et PDG Inc. »
– Theodora Tsentas, "Foreign state-led land acquisitions and neocolonialism: A qualitative case study of foreign agricultural development in the Philippines", September 2009

Riche et encore plus riche

Les nouveaux propriétaires fonciers qui apparaissent aujourd’hui sont des managers de fonds de capital risque, des opérateurs spécialisés dans les fonds agricoles, des fonds de couverture, des fonds de pension, des grandes banques et autres. Ils font preuve d’un appétit démesuré et avancent à un rythme effréné, ce qui n’est somme toute pas surprenant, étant donné la bousculade générale pour essayer de sortir de la crise financière. Les données consolidées ne sont pas disponibles mais on peut voir déjà que des milliards de dollars passent dans des acquisitions de terres agricoles liées à un nombre toujours croissant de projets destinés à “faire fortune rapidement”. Une partie de ces dollars proviennent de l’argent durement économisés par des enseignants, des fonctionnaires ou des ouvriers dans des pays comme les États-Unis ou le Royaume-Uni. Ce qui veut dire que beaucoup de citoyens ordinaires ont également des intérêts dans cette évolution, qu’ils en soient conscients ou non.

Cela signifie aussi qu’un nouveau lobby, extrêmement puissant et représentant les intérêts des grandes entreprises, est en train de se mettre en place. Il cherche à obtenir des conditions favorables pour faciliter et protéger les investissements agricoles. Il s’agit de se débarrasser de ces lois foncières gênantes qui ferment les possibilités de propriété aux étrangers, d’annuler les restrictions sur les exportations alimentaires en vigueur dans les pays-hôtes et de contourner toutes les réglementations concernant les organismes génétiquement modifiés. Nous pouvons hélas être certains que les grandes entreprises concernées vont travailler main dans la main avec leur propre gouvernement et toutes les banques de développement, afin de réaliser à tout prix leurs objectifs partout dans le monde, en se servant d’ accords de libre-échange, de traités bilatéraux d’investissement et des conditionnalités imposées par les bailleurs de fonds.

Graeme Robertson de Vitagrain signe l’accord avec le ministre mauricien de l’Agro-industrie, Satish Faugoo. Source: Le Matinal

De fait, les gouvernements qui, au Nord comme au Sud, s’efforcent principalement de soutenir l’expansion de leur propre agro-industrie pour répondre à la crise alimentaire, sont également impliqués dans l’accaparement des terres dans le monde. Tous les accords et programmes privilégiés mis en place aujourd’hui dénotent une volonté de restructurer et d’étendre encore ce système alimentaire industriel fondé sur de vastes monocultures gourmandes en capital et destinées à l’exportation. Toutefois, même si tout cela a un air de déjà vu, certains éléments sont nouveaux et différents : Tout d’abord, les infrastructures nécessaires au développement de ce modèle seront mises en place, contrairement à ce qui s’est passé avec la révolution verte. Comme nous pouvons le voir dans le tableau, le développement se fondera sur de nouvelles formes de financement. Troisièmement, il va falloir tenir compte de plus en plus de la concurrence croissante des grandes entreprises et des magnats des pays du Sud. Les compagnies transnationales américaines et européennes comme Cargill, Tyson, Danone et Nestlé, qui avaient l’habitude de faire la loi, se font désormais déborder par des conglomérats émergents comme COFCO, Olam, Savola, Almarai et JBS.4 Un rapport récent de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (la CNUCED) souligne que 40 % de toutes les fusions-acquisitions dans le domaine de la production agricole ont été l’an dernier des transactions Sud-Sud.5 Soyons clairs, demain l’industrie alimentaire en Afrique dépendra largement des capitaux en provenance du Brésil, de la Chine et des pays du Golfe.

« Des communautés entières ont été dépossédées de leurs terres au profit d’investisseurs étrangers.(…) La terre doit rester un patrimoine de la communauté en Afrique. »
N'Diogou Fall, ROPPA (Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest), juin 2009 

Une façon d’exporter l’insécurité alimentaire

Étant donné le rôle essentiel joué par le secteur privé dans l’actuel accaparement des terres, il est évident que ces entreprises ne sont pas intéressées par le genre d’agriculture qui pourrait assurer la souveraineté alimentaire. De plus, compte-tenu du fait que la faim dans le monde augmente encore plus vite que la population, cela ne risque pas non plus de résoudre la question de la sécurité alimentaire. Un des leaders de Synergie Paysanne au Bénin considère l’accaparement des terres comme étant essentiellement « une façon d’exporter l’insécurité alimentaire ». Car il s’agit bien ici de répondre aux besoins de certains (besoins de maïs ou d’argent) en privant les autres de leurs moyens de production de nourriture. Il a entièrement raison. Dans la plupart des cas, les investisseurs n’ont aucune expérience en agriculture. Selon le Coordinateur de MASIPAG aux Philippines, on peut s’attendre à ce que ces investisseurs viennent dans le pays, épuisent les éléments biologiques et les substances nutritives des sols avec leur agriculture intensive, et s’en aillent tout simplement après quelques années, laissant derrière eux « un désert » pour les communautés locales.

« Certaines entreprises achètent des terres agricoles pour la canne à sucre puis les vendent sur les marchés internationaux. C’est du commerce, ni plus ni moins. »
- Sharad Pawar, ministre de l”Agriculture d’Inde, dément la participation de son gouvernement à la nouvelle colonisation des terres africaines, le 28 juin 2009

On pourrait considérer comme une simple excentricité les tractations visant à faire de cet afflux soudain de dollars et de dirhams une sorte de programme destiné à résoudre la crise alimentaire, si ce n’était pas si dangereux. Depuis le siège des Nations unies à New York jusqu’aux coulisses des capitales européennes, on ne parle que d’accords « gagnant-gagnant ». Il suffirait soi-disant de se mettre d’accord sur quelques paramètres permettant de moraliser et de discipliner ces accords sur les acquisitions de terres pour que ceux-ci profitent aux communautés locales, sans effrayer les investisseurs. La Banque mondiale veut même créer un système de certification mondial et un service d’audit pour ce qui pourrait devenir un « accaparement des terres durable », dans le genre de ce qui se fait pour les palmiers à huile, l’exploitation forestière et les autres industries extractives.

Avant de se précipiter pour rejoindre le mouvement gagnant-gagnant, ne serait-il pas sage de se demander : « Avec qui ? Qui sont les investisseurs ? Quels sont leurs intérêts ? » On peut difficilement imaginer qu’avec autant d’argent en jeu, avec toute l’expérience tirée de l’histoire des grandes concessions et conversions foncières du passé – qu’il s’agisse d’exploitation minière ou de plantations – et compte tenu du rôle central de la finance et de l’agrobusiness dans ce domaine, ces investisseurs fassent soudainement preuve de fair-play. Il est tout aussi difficile d’imaginer que les gouvernements ou les agences internationales puissent soudain se mettre à leur demander des comptes.

S’engager dans ce genre d’investissements évite, tout simplement, de poser les bonnes questions. Soutenir les efforts des petits agriculteurs pour accéder à une véritable souveraineté alimentaire est en revanche un bon point de départ. Nous avons ici deux programmes diamétralement opposés qui ne sont pas interchangeables. Savoir qui sont les investisseurs et ce qu’ils cherchent réellement est d’une importance cruciale. Mais pour trouver des solutions à la crise alimentaire, encore faut-il se poser d’abord les bonnes questions.


Références

1 Il ne s’agissait pas de la Corée du Sud, mais de Daewoo Logistics.

2 Voir GRAIN, "L’île Maurice en tête des acquisitions de terres rizicoles en Mozambique", Oryza hibrida, 1 Septembre 2009. http://www.grain.org/hybridrice/?id=416 (disponible en anglais, en français et en portugais)

3 Le tableau couvre trois types de structures: les investissements spécialisés, pour la plupart des investissements fonciers agricoles, les sociétés de gestion d’actifs et d’investissement et les investisseurs impliqués. Nous avons conscience que cela représente un mélange assez générale mais il était important de garder le tableau le plus simple possible. http://www.grain.org/m/?id=266 (disponible seulement en anglais)

4 COFCO a son siège en Chine, Olam à Singapour, Savola en Arabie saoudite ainsi qu’Almarai ; le siège de JBS est au Brésil.

5 World Investment Report 2009, UNCTAD, Geneva, September 2009, p. xxvii. La plupart des investissements étrangers directs se font à travers des fusions-acquisitions: http://j.mp/3rhvAI, http://j.mp/HuW6R


http://www.grain.org/fr/article/entries/19...taires-fonciers



a écrit :
Le rapport de la Banque mondiale sur l’accaparement des terres : au-delà du rideau de fumée

GRAIN | 08 septembre 2010 | A contre-courant

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GRAIN - septembre 2010

La semaine dernière, le 7 septembre 2010, la Banque mondiale a finalement décidé de publier son rapport très attendu sur l’accaparement des terres agricoles au niveau mondial. Après des années de travail, plusieurs mois de négociations politiques et des dépenses dont on ne connaît pas l’ampleur, le rapport a négligemment publié sur le site Internet de la Banque, en anglais seulement. 1

Ce rapport constitue à la fois une déception et un échec. Tout le monde s’attendait à ce que la Banque fournisse des données de terrain nouvelles et indiscutables sur ces « acquisitions foncières à grande échelle » (pour reprendre sa terminologie) qui suscitent tant de controverses depuis 2008. Après tout, on suppose que la Banque bénéficie d’un accès privilégié aux entreprises et aux gouvernements dont les journalistes et les chercheurs des ONG (organisations non gouvernementales) ne disposeront jamais. La Banque elle-même déclare que c’était sa principale ambition. Pourtant, il n’y pas grand-chose de nouveau dans ce document de plus de 160 pages. La Banque avait annoncé qu’elle allait étudier concrètement 30 pays, mais le rapport n’en aborde que 14. Il s’avère en fin de compte que des entreprises ont refusé de communiquer des informations sur leurs investissements dans des terres agricoles, tout comme des gouvernements qui fournissent les terres. La Banque s’est donc tournée vers farmlandgrab.org, un site web géré par GRAIN, a constitué une base de données de toutes les transactions signalées par les médias et répertoriées sur le site, et a dépêché des équipes de consultants pour voir si elles étaient réelles ou non. 2 Est-ce là tout ce que pouvait faire la Banque mondiale ?

Encadré 1 : Approfondir le dossier

RDC – Projet de culture du maïs « Les investissements ont entraîné l’expulsion des cultivateurs locaux, les repoussant dans un parc national où les agriculteurs paient maintenant des gardes pour les laisser cultiver à l’intérieur de la réserve ; d’autres agriculteurs ont dû se réinstaller à 50 km de distance et louer des terres aux populations locales. Sols pauvres en minéraux très exposés à l’érosion à la suite de l’élimination de la biomasse. Aucune étude d’impact sur l’environnement exigée… »
Liberia – Projet de riziculture : « Des problèmes économiques ont amené l’investisseur à empiéter sur des zones humides fertiles, en contradiction avec les accords passés avec la communauté (qui n’ont pu être appliqués) et 30 % de la population locale a été déplacée. Aucune indemnisation n’est offerte à tous ceux qui ont perdu des droits. Quatre cents emplois à plein temps ont été créés pour des ouvriers non qualifiés (essentiellement des anciens combattants), mais on s’inquiète de l’embauche d’étrangers prêts à travailler pour des salaires moins élevés. Suite à la déforestation, plus de 50 ha de marais se sont envasés dès la première année d’exploitation. »
Liberia – Concession d’exploitation forestière (exemple de « pacte social » d’accompagnement) : « Un accord social précise clairement le paiement de loyers et un partage des bénéfices avec le gouvernement, mais la clause interdisant aux investisseurs d’entraver les utilisations coutumières du bois d’œuvre et des autres produits forestiers n’est pas respectée. Les investissements ont donc conduit à une restriction de l’accès de la communauté aux produits de la forêt dans un contexte de croissance démographique et de réduction des terres agricoles. »
Mozambique – Canne à sucre : « Seulement 35-40 [personnes] ont été employées à plein temps plus environ 30 de façon saisonnière [malgré une promesse de l’investisseur de créer 2 650 emplois]. (...) Les populations locales ont perdu l’accès à la forêt pour le bois de feu, la viande de gibier et le poisson. L’investisseur utilise l’approvisionnement local en eau et les routes sans fournir d’indemnisation, ce qui porte préjudice aux femmes qui viennent chercher l’eau. L’étude d’impact sur l’environnement a relevé des impacts négatifs potentiels des produits phytosanitaires sur le sol, l’air et l’eau et a recommandé des mesures d’atténuation. Également un impact négatif du déboisement sur la production de canne à sucre. »
Tanzanie – Bétail + jatropha  « Joint-venture entre des sociétés néerlandaises et tanzaniennes ; les terres appartiennent à quatre villages qui doivent encore approuver les transferts à l’investisseurs ; seul un village a jusqu’ici accordé des droits fonciers. L’investisseur veut louer les terres directement à des villages locaux, en violation de la Loi sur les terres villageoises. Impacts potentiellement négatifs sur l’accès des communautés pastorales aux pâturages, au bois de feu et à l’eau. Les bénéfices attendus au niveau de l’emploi ne sont pas quantifiés. »
Zambie – Cultures d’exportation : « Inquiétudes locales vis-à-vis d’un éventuel déplacement. Éventuel déplacement de population, perte d’accès aux produits de la forêt, notamment à des chenilles comestibles. Les surfaces boisées du miombo, intactes sur le site, pourraient souffrir de l’impact négatif d’un déboisement pour l’agriculture ; les impacts sur l’environnement actuels sont limités au déboisement lié à la construction d’une route et d’un barrage et à l’érosion du sol qui l’accompagne. »

Source :World Bank, « Rising global interest in farmland », Annexe Tableau 2, pp. 106-108

Des résultats qui font peur

Les résultats obtenus par les chercheurs et les informateurs corroborent ce que beaucoup disent depuis maintenant deux ans. Oui, un « énorme » mouvement d’accaparement des terres dans le monde est engagé depuis les crises alimentaire et financière de 2008, et il ne trahit aucun signe de ralentissement. La Banque indique que les 463 projets qu’elle a dénombrés à partir du site farmlandgrab.org entre octobre 2008 et juin 2009 représentent une superficie d’au moins 46,6 millions d’hectares et que la majorité de ces terres sont situées en Afrique subsaharienne. Les comptes rendus d’enquête de terrain ont confirmé que 21 % de ces projets sont « en exploitation », plus de la moitié en sont à un stade de « développement initial » et près de 70 % ont été « approuvés ». 3 La Banque minimise l’importance de ces chiffres et y voit la preuve que l’accaparement des terres relève plus du battage médiatique que de la réalité. Nous pensons, au contraire, qu’ils démontrent que beaucoup de projets vont de l’avant, d’autant plus que les données de la Banque sont dépassées, puisque de nouvelles transactions sont conclues régulièrement.

Les résultats de la Banque corroborent aussi ce que d’autres ont dit sur les impacts des cette mainmise sur les terres agricoles. La conclusion générale du rapport est que des investisseurs profitent d’une « faiblesse de la gouvernance » et d’une « absence de protection légale » des communautés locales pour expulser les populations de leurs terres. De plus, elle constate que les investissements ne rapportent presque rien aux communautés touchées en termes d’emplois ou d’indemnisation, sans même parler du problème de la sécurité alimentaire. Le message que nous pouvons en retirer est que pratiquement nulle part, dans les pays et les situations étudiés par la Banque, il n’y a de quoi se réjouir :

De nombreux investissements […] n’ont pas répondu aux attentes et, au lieu d’amener des bénéfices durables, ils ont contribué à une perte d’actifs et ont laissé les populations locales dans une situation pire que ce qu’elle aurait été en l’absence de ces investissements. En fait, même si un effort a été fait pour couvrir un large éventail de situations, les études de cas confirment que dans de nombreux cas les bénéfices ont été inférieurs à ce qui avait été prévu ou ne se sont tout simplement jamais concrétisés. 4

La Banque présente un tableau comportant de très courts résumés des investissements étrangers dans les terres agricoles de sept pays (voir Encadré 1).  C’est l’un des rares cas où la Banque a examiné en détail la façon dont ces investissements se concrétisent effectivement sur le terrain. Ce tableau décrit une situation désastreuse. Des communautés entières sont expulsées de leurs terres, des travailleurs sont exploités, des conflits violents se déchaînent (un cadre supérieur d’une entreprise a été tué), des investisseurs enfreignent les lois et renient leurs promesses, etc. Que dit la Banque de ces « risques immenses » et de ces « réels dangers », comme elle les appelle ? Que nous ne devrions pas nous inquiéter parce que les « opportunités sont tout aussi importantes ».

Text Box: « Les études de cas offrent le tableau général d’une incapacité à élaborer, mettre en œuvre et appliquer les réglementations environnementales. » (World Bank, « Rising global interest in farmland », p. 88.)

Text Box: « Les études de cas offrent le tableau général d’une incapacité à élaborer, mettre en œuvre et appliquer les réglementations environnementales. » (World Bank, « Rising global interest in farmland », p. 88.)
Ce que le rapport ne dit pas

La majeure partie du rapport déploie un rideau de fumée sur les potentiels de la production agricole, et n’aborde pas « la ruée mondiale vers les terres agricoles » qui tenait lieu auparavant de titre. 5 À sa lecture, l’esprit du lecteur est submergé de faits et chiffres sur les écarts de rendement et l’utilisation des terres, et la façon dont la productivité peut être augmentée par une recherche ou une technologie innovante. Nous avons droit à une avalanche de cartes et de graphiques sur des zones agro-écologiques qui n’apportent pas grand-chose, sinon les endroits où sont apparemment situés les plus gros potentiels de production alimentaire.

Quiconque va au-delà de cet effet de rideau de fumée peut constater que le rapport est plus intéressant par ses omissions que par son contenu. Si la Banque avait réellement voulu faire toute la lumière sur cette tendance des investissements, elle aurait au moins levé un coin du voile à propos des investisseurs. Qui sont-ils ? Quels sont leurs objectifs ? Quelle est la proportion des investissements privés ou publics ? Sans informations de ce type, l’analyse ne peut aller bien loin. Par exemple, nous avons entendu des entreprises déclarer à de nombreuses occasions que leurs investissements n’avaient rien à voir avec « la sécurité alimentaire » :ermm: , qu’il s’agit purement et simplement de faire des affaires. Il aurait été très utile d’évaluer exactement qui est impliqué dans ces opérations et dans quel but, sans les chimères qui les entourent. En fait, au début de cette année, la Banque a communiqué des données de cette nature quand elle a identifié pour la Plate-forme mondiale des bailleurs de fonds les pays les plus visés par ces opérations d’accaparement des terres et les principaux pays d’origine des investisseurs entre 2008 et 2009 (voir Tableau 1). Mais dans son rapport final, la Banque a choisi de ne pas mentionner les noms, ce qui oblige chacun à s’interroger sur la raison.

Tableau 1 : Les données utiles qui ont disparu avant la publication du rapport

Principaux pays

Les 3 premiers pays de destination par région


Origine

Afrique


Amérique latine


Asie-Pacifique







Pays


Total


Pays


Total


Pays


Total


Pays


Total

Soudan
Ghana
Madagascar


6,4
4,1
4,1


Brésil
Argentine
Paraguay


3,6
2,6
0,8


Indonésie
Philippines
Australie


3,6
3,1
2,8


Chine
RU
Arabie saoudite


10,5
10,5
  9,8

Source : Klaus Deininger, World Bank, “Large scale Land acquisition: What is happening and what can we do?” Présentation lors du Land Day sous l’égide de la Plate-forme mondiale des bailleurs de fonds pour le développement rural et de la FAO/SDC/IFAD le 24 janvier 2010, http://www.donorplatform.org/cont/view/332/210/

Text Box: Le PDG de Chayton, Neil Crowder, et la vice-présidente exécutive de la MIGA, Izumi Kobayashi, signent la garantie pour les investissements de Chayton dans les terres agricoles de Zambie et du Botswana, en juin 2010. N. Crowder, clairement fier de l’accord, se décrit lui-même comme un « citoyen américain instruit qui aurait été incapable de situer la Zambie sur une carte il y a quatre ans. »

Text Box: Le PDG de Chayton, Neil Crowder, et la vice-présidente exécutive de la MIGA, Izumi Kobayashi, signent la garantie pour les investissements de Chayton dans les terres agricoles de Zambie et du Botswana, en juin 2010. N. Crowder, clairement fier de l’accord, se décrit lui-même comme un « citoyen américain instruit qui aurait été incapable de situer la Zambie sur une carte il y a quatre ans. »
Ce n’est pas le seul élément que la Banque a laissé de côté pour son rapport. « Le voile de secret qui entoure souvent ces transactions foncières doit être levé de façon à ce que les populations pauvres ne payent au final le lourd tribut de la perte de leurs terres », a déclaré la directrice générale de la Banque mondiale, Mme Ngozi Okonjo-Iweala, au moment de la publication de l’étude. C’est vrai. Et elle aurait pu commencer par mettre à disposition du public tous les contrats et accords entre États et investisseurs auxquels l’équipe de recherche de la Banque a pu avoir accès au cours de cette étude. Les communautés ont besoin d’accéder aux dispositions précises de ces transactions de façon à pouvoir juger par elles-mêmes. Ce n’est pas la propagande des gouvernements et des entreprises qui comblera ce manque. Il est pourtant très difficile d’obtenir ces documents. Si la Banque voulait réellement lever le voile du secret, elle commencerait à mettre ces documents juridiques dans le domaine public. Nous serions heureux de les mettre en ligne sur notre site farmlandgrab.org et d’en assurer la traduction dans les langues des différents pays concernés.

Le rapport est aussi silencieux sur une autre question : la façon dont la Banque mondiale elle-même s’est engagée jusqu’au cou dans ces transactions. Depuis des décennies, la Banque s’emploie à promouvoir activement des approches de marché pour la gestion des terres, au travers de ses pratiques de prêts et de la défense de ses politiques. Ceci se traduit par une privatisation des droits fonciers, par le biais d’une transformation de droits fonciers coutumiers en titres négociables ainsi que d’un désengagement de l’État, et par les réformes juridiques nécessaires au fonctionnement d’un marché foncier de style occidental. Si la Banque dit maintenant que de nombreux pays, particulièrement en Afrique, sont « mal équipés » pour faire face à cette « soudaine flambée d’intérêt » de la part des investisseurs fonciers, quel a donc été l’utilité des services de conseil sur les politiques qu’elle a fournis au cours des 30 dernières années ? 6

Plus directement encore, la branche d’investissement commercial de la Banque, la Société financière internationale, est l’un des principaux investisseurs dans de nombreuses sociétés de capital-investissement qui achètent des droits sur des terres agricoles, tandis que son Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) accorde à des projets d’accaparement des terres une assurance sur les risques politiques (Tableau 2). La MIGA a fourni plus de 50 millions de dollars US, par exemple, pour couvrir les investissements commerciaux de 300 millions de dollars US de Chayton Capital en Zambie et au Botswana. Pour d’autres firmes, comme le fonds spéculatif britannique SilverStreet Capital, la MIGA joue un rôle crucial dans la protection de ses investissements dans les terres agricoles. En cas de problème, « la Banque mondiale sera à vos côtés », explique Gary Vaughan-Smith, responsable des investissements à SilverStreet. 7 La MIGA, tout comme l'IFC, est une agence à but lucratif dont la mission est de favoriser  pour ses actionnaires les investissements rentables de l’industrie agroalimentaire dans les pays en développement. Étant donné ses multiples niveaux d’intérêt dans les transactions sur les terres agricoles, il n’est pas très étonnant que la Banque en fasse la promotion malgré la triste réalité sur le terrain.

Tableau 2 : Exemples du soutien apporté par la Banque mondiale à des investisseurs dans les terres agricoles par le biais de l’IFC et de la MIGA

Altima One World Agriculture Fund (États-Unis)


L’Altima One World Agriculture Fund, enregistré aux Îles Caïmans, a été fondé par le fonds spéculatif Altima Partners pour investir dans les terres agricoles en Amérique du Sud, en Europe centrale et de l’Est, et en Afrique subsaharienne. En 2009, l’IFC a pris une participation de 75 millions de dollars US dans le Fonds. Un cadre dirigeant d’Altima a déclaré que le Fonds visait à créer le « premier Exxon Mobile du secteur agricole ».

Chayton Atlas Agriculture Company (RU)


Chayton est une société de capital investissement basée au Royaume-Uni qui investit dans des terres agricoles en Afrique australe. En 2010, la MIGA a signé un contrat avec Chayton pour lui fournir une assurance sur les risques politiques à hauteur de 50 millions de dollars US pour le développement de projets d’exploitations agricoles en Zambie et au Botswana. Son PDG, qui travaillait auparavant à Goldman Sachs, dit que son « but est de nourrir l’Afrique. »

Citadel Capital (Égypte)


En 2009, l’IFC a investi 25 millions de dollars US dans Citadel, un fonds du Moyen Orient et d’Afrique du Nord qui investit dans des projets agricoles. Citadel, l’un des plus grands fonds de capital-investissement d’Afrique, réalise des investissements dans des terres agricoles en Égypte, au Soudan, en Tanzanie, au Kenya et en Ouganda.

Mriya Agro Holding (Ukraine)


Mriya, enregistré à Chypre et coté à la bourse de Francfort, est le 7e exploitant de terres agricoles en Ukraine. En 2010, l’IFC a fourni 75 millions de dollars US à Mriya en capital et en prêts pour que la société puisse porter la taille de son domaine foncier à 165 000 ha.

Sena Group (Maurice) / Tereos (France)


En 2001, la MIGA a fourni à un consortium d’investisseurs du nom de Sena Group une assurance sur les risques politiques de 65 millions de dollars US en soutien à l’acquisition d’une plantation sucrière au Mozambique. L’entreprise a aussi annoncé qu’elle avait l’intention de développer ses activités d’élevage de bovins et de passer de 1 800 à 8 000 têtes. Les activités de Sena ont depuis été reprises par la multinationale sucrière française Tereos.

SLC Agricola (Brésil)


SLC, une société cotée en bourse appartenant partiellement à des investisseurs étrangers comme la Deutsche Bank, est l’un des plus grands propriétaires fonciers au Brésil, avec une réserve foncière de 117 000 ha en 2008. En 2008, l’IFC a accordé un prêt à long terme de 40 millions de dollars US à SLC, ce qui lui a permis de faire passer la superficie de ses terres à plus de 200 000 ha.

Vision Brazil (Brésil)


Vision est une société de placement qui possède plus de 300 000 ha en terres arables et 400 000 ha en plus en « options ». En 2008, l’IFC a fourni à Vision 27 millions de dollars US en financement de titres.

Le fond du problème

Le fond du problème, c’est qu’il y a un énorme décalage entre ce que dit la Banque mondiale, ce qui se passe sur le terrain et ce qui est vraiment nécessaire. À l’heure actuelle, de nombreux gouvernements et organisations de la société civile demandent à ce qu’on mette un frein à ces transactions d’une manière ou d’une autre. L’Australie, l’Argentine, le Brésil, la Nouvelle Zélande et l’Uruguay sont quelques uns des pays qui débattent actuellement d’introduire, aux plus hauts niveaux politiques, des restrictions sur les acquisitions de terres agricoles par des entités étrangères. L’Égypte fait partie de ceux qui essaient de rester fermes et veulent continuer de restreindre les nouveaux programmes d’investissements dans les terres agricoles aux investisseurs du pays. Pour beaucoup, pour ce qui ne relève pas de la xénophobie, cette situation amène, ou pourrait amener à la mise en place de nouvelles formes ou expressions de la souveraineté sur la terre, l’eau et l’alimentation à un moment où s’exerce une formidable pression sur ces trois ressources. Par ailleurs, de nombreuses organisations d’agriculteurs, des universitaires, des groupes de défense des droits de l’homme, des réseaux d’ONG et des mouvements sociaux exigent toutes sortes de moratoires et d’interdictions pour mettre fin à cet accaparement des terres. Pendant ce temps, l’appétit des investisseurs privés pour l’acquisition de terres agricoles ne fait que se renforcer. Un groupe d’anciens traders de Cargill, par exemple, viennent de lancer un fonds d’un milliard de dollars US qui vise à acquérir des terres agricoles en Australie, au Brésil et en Uruguay. 8

La Banque mondiale a démontré qu’elle n’est pas un arbitre impartial ou une source inépuisable de bonnes idées sur la manière de progresser. Il est regrettable que les agences qui ont commandé ce rapport aient attendu aussi longtemps et que l’on ait dépensé autant d’argent des contribuables pour arriver à un tel résultat.

Pour en savoir plus

Le rapport de la Banque mondial peut-être téléchargé en anglais à partir du lien : http://www.donorplatform.org/content/view//457/2687 Le résumé en espagnol se trouve ici : http://ediscussion.donorplatform.org/wp-co...d-Report_es.pdf. Le résumé en français sera sans doute disponible prochainement sur le même site.

Pour une sélection de réactions au rapport, dont beaucoup proposent des résumés de son contenu, voir http://farmlandgrab.org/cat/world-bank

Un forum électronique ouvert, sur le rapport de la Banque mondiale, est hébergé du 13 septembre au 8 octobre 2010 par la Plate-forme mondiale des bailleurs de fonds pour le développement rural et l’Institut international du développement durable. Consultez le lien http://www.donorplatform.org/component/opt...per/Itemid,2686

1  World Bank, « Rising global interest in farmland : can it yield sustainable and equitable benefits? », Washington DC, septembre 2010, http://www.donorplatform.org/component/opt...c_view/gid,1505 Une semaine après la publication du rapport, la Banque a décidé de publier des traductions des résumés en espagnol et en français.

2  Ibid. Voir pp. 33-35 et p. 38 pour une explication de cette méthodologie.

3  Ibid, p 36.

4  Ibid, p 51.

5  Voir Javier Blas, « World Bank warns on 'farmland grab' trend », Financial Times, 27 juillet 2010, http://www.ft.com/cms/s/0/62890172-99a8-11...144feab49a.html et John W Miller, « World Bank land grab report under fire », The Wall Street Journal, 29 juillet 2010, http://blogs.wsj.com/brussels/2010/07/29/w...fire/tab/print/

6  Voir World Bank, op cit, p 91

7  Drew Carter, « Fertile ground for investment », Pensions & Investments, 19 avril 2010, http://farmlandgrab.org/12218 La citation de N. Crowder dans la légende de la photo provient de Edward West, « Africa: Agri-projects at 'unprecedented' levels »,  Business Day (Afrique du Sud), 1er septembre 2010, http://allafrica.com/stories/201009010190.html

8  Barani Krishnan, « Galtere says raising 1 bln agribusiness fund », Reuters, 1er septembre 2010, http://uk.reuters.com/article/idUKN0113842720100901


http://www.grain.org/fr/article/entries/40...rideau-de-fumee
Vania
 
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Message par Vania » 19 Août 2011, 17:48

Un dernier article sur cette question de la terre liée à celle de la crise alimentaire et des situations de famine, en Afrique ou ailleurs. Je ne publie que le lien, l'article (encore issu de la revue "Grain") est long et ma précédente intervention prend tout de même beaucoup de place. Le lien : http://www.grain.org/fr/article/entries/14...e-et-financiere

L'article concerne différentes parties du monde, Afrique comprise, et même s'il ne s'agit pas directement de la corne africaine, ce passage mérite d'être cité ici : "Compte tenu de la crise qui se poursuit actuellement au Darfour, où le Programme alimentaire mondial essaie de nourrir 5,6 millions de réfugiés, il peut sembler fou que des gouvernements étrangers achètent des terres agricoles au Soudan pour exporter des denrées alimentaires à l’intention de leurs propres citoyens". L'article est de 2008.
Vania
 
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