Haïti : meurtre de Métayer

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Message par pelon » 27 Sep 2003, 11:09

A Haïti règnent des gangs politiques, se réclamant de Lavalas, le courant qui appuie Aristide. Constitués de lumpens, jeunes voyous issus des milieux pauvres, ils sèment la terreur, tuant qui ils veulent, quand ils veulent. Ils servent le pouvoir en effrayant la population des bidonvilles.
A la tête d'une de ces bandes de chimères, comme les appellent les habitants, sévissait Amiot Métayer, chef de "l'Armée cannibale", qui avait été sorti de prison par ses troupes à l'aide de bulldozer. Pour en savoir plus, des articles des camarades de l'OTR.
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a écrit :
En Haïti, l'opposition accuse le pouvoir du meurtre d'un chef de gang "gênant"
LE MONDE | 25.09.03 | 13h37
Port-au-Prince de notre envoyé spécial

Qui a tué Amiot Métayer, chef de "l'Armée cannibale", l'un des gangs les plus redoutés d'Haïti, qui a longtemps soutenu le président Jean-Bertrand Aristide ? Pour l'opposition, ce "crime machiavélique" a permis d'éliminer un exécuteur de basses œuvres qui pouvait se convertir en un témoin dangereux pour le pouvoir. Le gouvernement et la Famille Lavalas, le parti présidentiel, dénoncent de leur côté "un plan de déstabilisation mis en œuvre par un bras armé de l'opposition".

Le cadavre criblé de balles d'Amiot Métayer, surnommé "Cubain", a été retrouvé, mardi 23 septembre, à la sortie de Saint-Marc, une petite ville côtière au nord de Port-au-Prince. Selon ses proches, il avait quitté son domicile des Gonaïves, dimanche, en compagnie de Paul Odonel, un militant Lavalas qui a ses entrées au palais présidentiel. Depuis l'assassinat, Paul Odonel est introuvable et la ville des Gonaïves, le fief d'Amiot Métayer, est en ébullition. De violents affrontements ont opposé la police à de jeunes manifestants qui accusent le pouvoir d'être responsable du meurtre.

Exilé aux Etats-Unis après le coup d'Etat militaire qui avait déposé le président Aristide, en 1991, Amiot Métayer était rentré aux Gonaïves en 1994. Partisan du président Aristide, il fonde une "organisation populaire" avec les jeunes désœuvrés de Raboteau, le bidonville le plus pauvre des Gonaïves. Sous la férule de "Cubain", impressionnant gaillard au crâne rasé, l'organisation populaire se transforme bientôt en un gang doté de nombreuses armes à feu qui impose sa loi dans la troisième ville d'Haïti et fait la chasse aux opposants.

SPECTACULAIRE ÉVASION

En décembre 2001, une mystérieuse attaque contre le Palais national sert de prétexte à une violente vague de répression. Amiot Métayer est accusé de l'incendie de plusieurs maisons et d'avoir brûlé vif le chauffeur d'un responsable de l'opposition des Gonaïves, Luc Mesadieu. Emprisonné en mai 2002, il est libéré trois mois plus tard par des membres de sa bande qui enfoncent un mur de la prison à l'aide d'un tracteur volé. Cent cinquante-neuf détenus en profitent pour se volatiliser.

Depuis sa spectaculaire évasion, Amiot Métayer résidait aux Gonaïves sans être inquiété par les autorités. Entouré de sa garde prétorienne, il avait même accordé plusieurs entretiens à des journalistes haïtiens.

Parmi les mesures réclamées par la communauté internationale pour rétablir un climat de sécurité propice à l'organisation de nouvelles élections figuraient l'arrestation et le jugement du chef de "l'Armée cannibale". David Lee, responsable de la mission de l'Organisation des Etats américains (OEA), a demandé une "enquête approfondie et une autopsie professionnelle" pour faire la lumière sur cet assassinat. "Il est regrettable que M. Métayer ne puisse plus jamais être appelé à témoigner", a-t-il déploré. "Pour le gouvernement, Métayer était devenu un personnage dangereux car il avait menacé de parler", explique Jean-Claude Bajeux, infatigable défenseur des droits de l'homme. "On ne saura jamais la vérité. Cet assassinat, pas plus que les précédents, ne sera élucidé par la justice", prédit pour sa part le journaliste Hérold Jean-François, avant d'ajouter : "Reste à se demander à qui profite le crime."

Jean-Michel Caroit

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 26.09.03
pelon
 
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Message par pelon » 12 Nov 2003, 23:02

CITATION
Haïti, la loi des milices
LE MONDE | 04.11.03 | 13h25  •  MIS A JOUR LE 06.11.03 | 15h29
Exécutions, trafics d'armes ou de drogue... Haïti vit à nouveau dans la terreur des bandes armées, héritières des "tontons macoutes", et proches du nouveau pouvoir de Jean-Bertrand Aristide.
Samedi 6 juillet 2002, tôt dans la matinée. Le Père Jean Hanssens se presse pour aller dire la messe lorsqu'il découvre un cadavre brûlé, rue Silvio-Castor, dans un quartier populeux de Port-au-Prince. "J'ai appelé la police. Vingt-quatre heures plus tard, le cadavre était toujours là, les gens du quartier avaient peur de parler", raconte le religieux belge, installé depuis plus de trente ans en Haïti.

Depuis ce jour, il tient une macabre comptabilité. Avec l'aide des sept commissions de l'association Justice et Paix de Port-au-Prince, il épluche la presse et recueille les témoignages afin d'établir autant que possible un recensement des corps retrouvés dans les rues de la capitale. Son dernier rapport fait état de 59 cadavres en mars et avril. "C'est la même moyenne que dans nos rapports précédents, environ un cadavre par jour. Il y a quelques accidents, très peu nombreux, des règlements de comptes. Dans au moins 25 % des cas, les autorités paraissent impliquées, relève le Père Hanssens. Et encore, nos statistiques ne tiennent pas compte des enlèvements et des disparitions."

La majorité des victimes, tuées par balles, n'ont pu être identifiées. Dans certains cas, des témoins courageux ont discrètement raconté qu'ils avaient vu des policiers ou des membres des "groupes tolérance zéro"(proches du pouvoir) exécuter des prisonniers. "Lorsque le cadavre porte des menottes en plastique, il s'agit en général d'une exécution extrajudiciaire", indique le Père Hanssens.

Près du tiers des cadavres ont été retrouvés à Cité Soleil, l'interminable bidonville qui s'étend en bord de mer, à la sortie nord de la ville. Les "chimères", bandes armées liées au pouvoir et souvent impliquées dans le trafic de drogue, contrôlent les quartiers de Cité Soleil, où plus de 300 000 personnes croupissent au milieu des ordures, sans eau potable ni égouts. En avril, 13 personnes y ont été tuées lors d'affrontements entre gangs rivaux. "Sous la dictature des Duvalier père et fils -la période 1956-1986- et pendant le coup d'Etat militaire -1991-1994-, les raisons de la violence étaient plus claires. Maintenant, on ne sait plus ce qu'il faut craindre, les coups viennent de partout. Je ne vois pas de volonté politique de lutter contre l'impunité ou d'instaurer une véritable démocratie. Je vois un pouvoir qui cherche à préserver ses privilèges à tout prix", analyse le religieux, membre de l'ordre des scheut.

Cet ordre avait pourtant joué un rôle important au côté de Jean-Bertrand Aristide, dans les années 1980, lorsque le jeune curé de Saint-Jean-Bosco, dans le bidonville de La Saline, commença son ascension. A l'époque, il était l'apôtre de la théologie de la libération, promettait un avenir plus juste à la grande masse des déshérités. Fort de son aura de leader tiers-mondiste, il bénéficiait d'un soutien important à l'étranger, en particulier en France. Pendant des années, son mouvement, la Famille Lavalas (avalanche en créole), allait incarner l'espoir.

Aujourd'hui marié et père de famille - il a renoncé à la prêtrise en 1994 -, M. Aristide n'est plus le "prophète des bidonvilles" et ses soutiens d'hier ont pris leurs distances (Le Monde du 31 janvier 2002). Il vit à l'abri de hauts murs dans sa résidence de Tabarre, dans la banlieue de Port-au-Prince. Protégé par des gardes du corps américains, il ne se déplace qu'en hélicoptère. S'est-il pour autant converti en dictateur, comme l'affirment ses opposants ? "Il a poignardé l'espoir démocratique de ce peuple !", s'exclame Evans Paul, l'ancien maire de la capitale, qui s'est publiquement excusé d'avoir naguère soutenu Aristide.

Evans Paul fut pourtant l'un des parrains de la candidature victorieuse de ce dernier à la présidence, en 1990. Au péril de sa vie, il s'est ensuite battu pour le retour au pouvoir du président déchu durant les trois ans d'intermède du coup d'Etat militaire qui fit plusieurs milliers de victimes. Dix ans plus tard, Evans Paul est l'un des adversaires les plus déterminés du chef de l'Etat, réélu en 2000 lors d'une consultation boycottée par l'opposition, la communauté internationale et la grande majorité des électeurs.

Jean-Claude Bajeux, ancien ministre de la culture, a lui aussi bataillé pour le retour d'Aristide après le putsch de 1991. A la tête du Centre œcuménique des droits de l'homme, il dénonce désormais les dérives du pouvoir. "C'est le modèle mafieux, accuse-t-il, tout le pouvoir est concentré entre les mains du "parrain", qui utilise tour à tour la séduction, la menace, l'argent et les exécutions sommaires. Il joue sur le climat d'insécurité et d'impunité pour maintenir une dose d'incertitude. Mais la violence est toujours là."

Une histoire illustre bien la situation : celle d'Amiot Métayer. Militant du retour à l'ordre constitutionnel durant le coup d'Etat, Amiot Métayer, surnommé "Cubain" en raison de sa peau cuivrée, est pourchassé par les militaires et contraint de s'exiler aux Etats-Unis. A son retour aux Gonaïves, ville poussiéreuse située à 100 kilomètres au nord de Port-au-Prince, il crée une "organisation populaire" (OP) avec les jeunes laissés-pour-compte du bidonville de Raboteau. Trafic de drogue, extorsion à la douane de cette ville portuaire dont il prend le contrôle... Son OP lavalassienne se transforme en un gang ; elle devient l'Armée cannibale.

Exhibant pistolets et armes automatiques, les membres de cette "armée" font la pluie et le beau temps aux Gonaïves. Amiot Métayer désigne même les autorités municipales. A la demande du Palais national, ses troupes font aussi la chasse aux opposants. La communauté internationale réclame son arrestation et son jugement, comme l'a rappelé le diplomate américain James Foley, ancien porte-parole du département d'Etat, récemment nommé ambassadeur des Etats-Unis à Port-au-Prince, lors d'un petit déjeuner avec Aristide en septembre. Deux jours plus tard, le 22 septembre, "Cubain" était assassiné.

Aristide justifiait l'abandon de Gonaïves à l'Armée cannibale par le souci "d'éviter un bain de sang", que le rétablissement de l'autorité de l'Etat risquait de provoquer. Jusqu'à la découverte du cadavre de "Cubain" à la sortie de Saint-Marc, une petite ville au sud des Gonaïves. Chacun de ses yeux avait été transpercé par une balle tirée à bout portant. Une exécution interprétée comme un message destiné aux autres chefs de gang, exécuteurs, complices ou témoins des basses besognes lavalassiennes qui seraient tentés de parler.

Selon Winter Etienne, porte-parole de l'Armée cannibale, Amiot Métayer aurait été éliminé sur ordre du pouvoir, car il s'apprêtait à faire des révélations sur l'assassinat, le 3 avril 2000, de Jean Dominique, le journaliste le plus connu du pays, fondateur de Radio Haïti Inter. Son engagement aux côtés de Lavalas n'avait pas entamé son indépendance, et il n'hésitait pas à dénoncer les méthodes du régime dans ses chroniques. Les magistrats qui ont tenté d'enquêter à partir des rumeurs insistantes mettant en cause des proches du président ont été contraints de fuir Haïti. Les responsables du crime n'ont jamais été inquiétés.

Les langues des policiers et des juges au courant des affaires délicates ne se délient qu'après leur mise à l'abri à l'étranger, que ce soit aux Etats-Unis, au Canada ou en France. C'est le cas, par exemple, de Jean-Michard Mercier, maire adjoint de Port-au-Prince entre 1995 et 2000. Réfugié en France, il affirme avoir vu Harold Sevère, un ancien du Palais national, aujourd'hui membre du cabinet du directeur de la police, à proximité de Radio Haïti Inter, le jour du crime.

Ces accusations suscitent la colère des partisans du président. "Ces gens sont prêts à toutes les bassesses pour avoir la possibilité de vivre en France ou aux Etats-Unis", réplique Jonas Petit, le porte-parole de la Famille Lavalas à propos des témoignages des transfuges du régime. "Les médias ne parlent que des quelques cas non résolus, comme l'assassinat de Jean Dominique, mais regardez les Etats-Unis, personne ne prend au sérieux la thèse officielle sur l'assassinat de Kennedy", ajoute-t-il en indiquant d'un signe de tête à son garde du corps qu'il peut s'éloigner.

"Les élites diabolisent les organisations populaires, les pauvres, qu'elles traitent avec mépris de "chimères" -surnom donné à certaines bandes de jeunes proches de Lavalas- et de "gros orteils" -surnom donné aux paysans- pour les maintenir dans l'exclusion. Bien sûr qu'il y a des voyous, mais n'oubliez pas qu'à son retour, en 1994, Jean-Bertrand Aristide avait demandé à l'ONU de désarmer la population. Non seulement ça n'a pas été fait, mais d'importants stocks d'armes des troupes internationales se sont retrouvés entre les mains de la population",ajoute le jeune responsable de Lavalas, plutôt vif et avenant.

"En imposant le gel de l'aide à Haïti, poursuit-il, la communauté internationale espérait que le peuple se révolterait contre Aristide. Nous n'avons que 3 000 policiers pour 8 millions d'habitants. Ce n'est pas la force répressive de Lavalas qui a maintenu Aristide au pouvoir, mais tout simplement le soutien de la population. On conteste la légitimité de notre président. Mais quelle est la légitimité de Bush ? L'OEA -Organisation des Etats d'Amérique- s'est tue lors de la crise électorale aux Etats-Unis."

L'une des premières décisions du président Aristide à son retour d'exil fut de dissoudre l'armée haïtienne. Avec l'aide d'instructeurs américains, français et canadiens, une nouvelle police fut formée à la hâte. Très vite, son contrôle est devenu un enjeu majeur. Aristide a placé aux postes de commandement des hommes et des femmes de confiance, comme Hermione Léonard. Avec le ministre de l'intérieur, Jocelerme Privert, et l'ancien chef de la sécurité présidentielle, Oriel Jean, Hermione Léonard est l'une des principales courroies de transmission en direction des OP. Selon le témoignage de plusieurs repentis, les missions seraient rétribuées en liquide et donneraient parfois lieu à des distributions d'armes, généralement des pistolets- mitrailleurs Galil.

Le responsable de la Coalition nationale pour les droits des Haïtiens, Pierre Espérance, dénonce cette situation. Son engagement a failli lui coûter la vie. Le 8 mars 1999, il a survécu par miracle à une tentative d'assassinat : une balle lui a fracassé la rotule gauche et deux autres se sont logées dans son épaule gauche. Les tireurs n'ont jamais été retrouvés. Quelques années plus tôt, à l'époque du coup d'Etat, Pierre Espérance risquait pourtant sa vie pour cacher les partisans d'Aristide et s'insurger contre les assassinats, les bastonnades, les tortures. Aujourd'hui, alors que la violence ne cesse d'empirer, il publie, malgré les menaces dont il fait l'objet, un accablant rapport sur le "retour des attachés", avec les noms et photos de plusieurs de ces auxiliaires de police chargés des sales besognes.

Héritiers de la milice des "tontons macoutes", qui semait la terreur à l'époque des Duvalier, les "attachés" - civils armés jouissant d'une totale impunité - ont fait leur apparition après le coup d'Etat de 1991. Exécutions sommaires, tortures, viols, disparitions... Ils ont pourchassé les partisans du président exilé durant les trois ans du coup d'Etat. "Depuis le lancement de l'opération "zéro tolérance", le 28 juin 2001, les attachés ont refait leur apparition", affirme Pierre Espérance. Cette fois, au côté du pouvoir lavalassien.

Tee-shirts noirs portant l'inscription "BS" (brigades spéciales) en lettres jaunes, ils utilisent les mêmes méthodes que les "tontons macoutes" pour terroriser les opposants, mais aussi pour racketter les commerçants ou les émigrés revenant au pays avec un pécule. Selon M. Espérance, ils sévissent au Palais national, dans les ministères et les mairies, mais aussi dans les commissariats. Celui de Delmas 33 (un quartier de la capitale) serait ainsi devenu l'un de leurs bastions. "Les détenus y sont torturés et les exécutions ont lieu sur la route Batimat, entre l'aéroport et Cité Soleil ou sur la petite place Cazeau", précise Pierre Espérance, qui a recueilli plus de dix témoignages concernant ce commissariat. "Je ne comprends pas l'attitude des Américains et de l'OEA, conclut-il. Pourquoi ne font-ils rien face à un pouvoir qui encourage la violence et l'impunité et s'appuie sur des gangs armés ? Pourtant, ils ont les informations."

Jean-Michel Caroit

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 05.11.03[/quote]
pelon
 
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Message par ravine chien » 12 Nov 2003, 23:29

de combat ouvrier
CITATION HAÏTI
Les forces d'Aristide dispersent les manifestations de l'opposition
L'assassinat d'Amiot Métayer, un des chefs de bande lavalassiens, a soulevé une vague de mécontentement parmi ses proches dans la ville de Gonaïves depuis fin septembre. L'opposition à Aristide essaie de cristalliser ce mécontentement et de le canaliser en un courant plus important revendiquant le départ d'Aristide.
Ainsi les différents groupes lancent des appels à des manifestations ou des rassemblements dans les principales villes du pays, en tentant de faire le plein de participants à chaque occasion. Du côté des aristidiens, il y a une réplique à chaque appel des opposants. Un des chefs des lavalassiens, René Civil, a lancé un opération appelée «étau de résistance» pour «barrer la route à l'opposition et protéger le mandat d'Aristide».
Le mercredi 15 octobre à St-Marc plus de 5000 personnes ont défilé, à l'appel de RAMICOS, militants de ce groupe d'opposition, il y a avait aussi présents des commerçants, une partie de l'intelligentsia, des habitants de quartiers qui avaient rejoint le cortège au passage. Ils ont été bloqués par des partisans d'Aristide regroupés autour du groupe lavalassien «Balé wouzé» et la police a violemment dispersés les opposants. Les organisateurs ont dû prendre le maquis pour fuir les poursuites.
A Petit-Goave la police a interdit toute manifestation durant la période scolaire. Un groupe proche du RDNP a été dispersé par la police jeudi 16 avant d'avoir pu réaliser un sit-in anti-aristidien.
A Gonaïves le frère de Métayer avait appelé à un arrêt des mouvements durant la semaine pour permettre la reprise de l'école, puis lundi 20 une manifestation était lancée dans la ville. La police et les unités de maintien de l'ordre sont intervenues violemment amenant un affrontement armé, un jeune homme est mort des suites de blessures par balles et plusieurs personnes ont été blessées.
Mercredi 22 octobre à Port-au-Prince, certains groupes de l'opposition avaient appelé à une manifestation devant le local du PNDPH proche du lycée Marie-Jeanne pour demander le départ d'Aristide et son remplacement par un juge de la Cour de Cassation.
Très tôt des partisans d'Aristide, des «chimères» (bandes armées et hommes de main d'Aristide) ont envahi la chaussée, bloquant les abords avec des pneus enflammés. Se revendiquant d'organisations populaires, ils ont scandé des slogans pro-lavalasse demandant à Aristide de rester pour 5 ans. La manifestation n'a pu se développer et les pro-Aristide ont pris la rue pour scander leur victoire. Le lendemain matin les chimères ont défilé devant le Palais national en réclamant d'être récompensés pour le bon travail qu’ils avaient effectué la veille dans les rues.
Jeudi, un jeune étudiant poursuivi par des hommes armés en cagoule, n'a pu se sauver qu'en se réfugiant dans l'enceinte du rectorat de l'université. Les hommes l'y ont poursuivi, armés, mais n'ont pu l'appréhender devant la réaction de la direction qui l'a protégé.
Vendredi 24 octobre le chef des groupes des petits épargnants, qui avaient tout perdu dans la faillite des coopératives l'année passée, a appelé à une manifestation à Carrefour ; celle ci n'a pu se développer, elle a été rapidement dispersée par des homes armés en cagoule, qui ont poursuivi les participants dans les rues avoisinantes.
Ainsi les forces armées du régime d'Aristide, police officielle ou bandes organisées empêchent le développement des manifestations de l'opposition. Celle ci n'arrive pas à créer un rassemblement derrière ses slogans car elle n'offre pas de perspectives que «déchouker Aristide». Cette opposition ne parvient pas à présenter un visage nouveau car c'est un ramassis de vieux politiciens dont les exactions, sous les régimes précédents, sont connues de la population.
Pendant ce temps Aristide se pavane. Il est présent aux commémorations de la mort de Dessalines, au colloque sur la restitution de la dette par la France ou à la rencontre avec l'écrivain Régis Debray sur les relations de la France avec Haïti. Son gouvernement fonctionne tant bien que mal : le Conseil électoral remis en piste appelle les partis d'opposition à participer à des élections en décembre, des ministres participent à la journée sur la pauvreté organisée par le PNUD. Tout est fait pour montrer aux bailleurs de fond internationaux que le « président » Aristide tient bien les rênes, dirige le pays et que l'opposition, muselée, n'est qu'une quantité négligeable.
Dans les quartiers populaires les inondations des dernières semaines ont fait des ravages, des dégâts matériels considérables, des morts. La situation économique empire et les habitants n'attendent rien des promesses faites pour 2004, elles ont devenues l'objet de plaisanteries dans les transports en commun.
La population des quartiers pauvres vit sous le regard de civils en armes, d'hommes de main qui contrôlent certains quartiers comme Cité Soleil, La Saline, le bas de Delmas, Carrefour pour en citer quelques uns.
Pourtant cette population quand elle est mobilisée inspire de la crainte à certains « chimères » zélés qui hésitent dans l'action ; ainsi à St Marc ces derniers ont dû recevoir du renfort d'hommes de main venant de Port-au-prince ce qui prouve qu'ils n'ont pas toujours les moyens d'intimider la population à chaque fois. Il y a donc des possibilités réelles pour cette dernière de s'organiser pour se défendre.[/quote]
ravine chien
 
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Message par ravine chien » 17 Nov 2003, 20:43

CITATION lundi 17 novembre 2003, 19h05  


Grève nationale à Haïti

PORT-AU-PRINCE, Haïti (AP) - La plupart des magasins étaient fermés et de nombreux professeurs n'ont pas assuré leurs cours lundi à Port-au-Prince, lors d'une grève générale organisée à la veille des cérémonies commémorant le 200e anniversaire de la victoire haïtienne sur l'armée française.

Alors que les transports fonctionnaient normalement, les épiceries, banques, boulangeries et stations-service de la capitale étaient fermées, à l'appel d'une coalition de 184 mouvements civils. Il s'agissait d'envoyer un message selon lequel les opposants au gouvernement doivent être autorisés à se réunir en toute liberté.

Cette grève est survenue à la veille des commémorations pour le 200e anniversaire de la victoire haïtienne sur les troupes françaises. D'autres sont prévues pour marquer l'accession à l'indépendance de l'île le 1er janvier 1804.

Vendredi dernier, des partisans du président Jean-Bertrand Aristide ont bloqué des membres de la coalition dans un square où ils avaient prévu un rassemblement pour présenter des propositions de réformes. Ils ont ensuite lancé des pierres sur les manifestants. Vingt-cinq membres de la coalition ont été interpellés, tandis qu'aucun partisan du président n'était inquiété. AP[/quote]
ravine chien
 
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