a écrit :Liberté -10 jan 2010
Le travailleur, l’employeur, le syndicat et le système
Le torchon brûle entre les travailleurs des unités du secteur public de la zone Rouiba-Réghaïa et… l’UGTA. En même temps que la grève entamée par les travailleurs de la SNVI s’étend à d’autres unités de la zone industrielle, la répression se fait plus brutale.
On peut lire dans cet affrontement toutes les contradictions d’un système socioéconomique où se croisent et s’entremêlent le volontarisme, l’étatisme doctrinal, la corruption rentière, le socialisme populiste, la démocratie syndicale manipulée, le libéralisme de bazar, le dialogue social encadré et l’autoritarisme musclé. Le dosage, régulièrement réévalué, de chacun de ces éléments est défini par l’état de trois variables : le niveau des recettes pétrolières, les besoins financiers des clans qui participent à la défense du système et l’exigence politique d’un seuil de paix sociale.
Aujourd’hui, le secteur public économique ne présente aucun caractère stratégique. Si l’on excepte, bien sûr, les hydrocarbures parce qu’ils financent les dépenses publiques et pourvoient au marché monétaire, l’électricité et les transports parce qu’ils revêtent un statut de services publics. La vie nationale ne se ressentira pas d’une grève de la zone industrielle de Rouiba, globalement maintenue en activité pour éviter le spectacle ferrailleux du cimetière de la “révolution industrielle” manquée et la dispersion incontrôlée de travailleurs formés à la “mobilisation”. Les produits manufacturés, de métallurgie ou de mécanique, sont importés et l’ex-Sonacome vient de bénéficier de commandes autoritairement orientées par les pouvoirs publics pour lui offrir un carnet de commandes qu’elle n’aurait pas suscité sur la base de politiques d’équipement autonomes de ses clients institutionnels.
L’effacement des dettes de l’entreprise et l’instauration de tels “marchés centralisés” permettent une survie “non économique” de quelques entreprises “politiquement” stratégiques. Mais là, il semble que les travailleurs ne l’ont pas bien entendu : cette politique ne peut être accompagnée d’une revalorisation des salaires. La menace d’inflation a toujours été combattue par la compression des revenus des “masses”. Seuls les élites politiquement utiles et les moyens de défense du régime bénéficient de son attention sociale. Ce marché-là, un vrai même s’il est tacite, se traduit par les décisions de la tripartite, durablement encadré par le soi-disant “pacte social” qui, à travers l’UGTA, avalise la stagnation sociale, voire la régression des droits sociaux, comme en matière de retraite, par exemple !
Or, s’agissant de la SNVI, étroitement associée au mouvement du 5 Octobre 1988, la symbolique aggrave la crainte naturelle chez nos dirigeants de tout mouvement qu’ils n’ont pas suscité ou détourné.
Mais le pouvoir ne peut se permettre une révolution sociale qui pourrait faire tache d’huile. Et comme il a plus d’une flèche à son arc, il refuse toute négociation et décoche celle de la répression. Mentalement, les travailleurs du secteur public n’ont jamais œuvré dans une entreprise. Mais pour un État à la logique rentière, “l’Algérie engrange des centaines de milliards de dollars de recettes pétrolières et le citoyen se débat dans la misère”, crie un gréviste à l’adresse du journaliste d’El Watan. Quel rapport avec l’éventuelle politique salariale de la SNVI, sinon qu’il sait qu’il a affaire à un système et non à un employeur ?
Moustapha Hammouche
a écrit :El Watan - 09 jan 2010
La grève des travailleurs de la SNVI de Rouïba fait tache d’huile
La contestation gagne la zone industrielle
La tension monte et la protestation fait tache d’huile dans la zone industrielle de Rouiba : quelque 2000 travailleurs de la SNVI et de plusieurs autres unités de ladite zone ont marché hier matin sur la ville. Ils ont été bloqués à l’entrée de Rouiba, juste devant l’usine de Coca-Cola, où a été dressé un insurmontable mur des forces antiémeute. Bouclier et matraque à la main, les policiers restaient impassibles sur la limite faite à la foule des manifestants. Le premier choc entre la foule et les forces de l’ordre a fait 3 blessés légers parmi les travailleurs. L’un d’eux a été évacué à l’hôpital de la ville suite à des blessures à la jambe.
Excepté cet incident, la manifestation s’est déroulée dans le calme et les travailleurs dénoncent « une tentative de manipulation de quelques voyous qui ont essayé de s’infiltrer parmi nous pour dévier notre action ». Dissuadés de marcher plus loin dans la ville, les manifestants se sont arrêtés à ce niveau, préférant ne pas laisser faire déborder leur action. « Nous ferons tout pour continuer à manifester dans le calme, même si nous sommes malmenés. Notre mouvement est juste, il se doit d’être pacifique », nous lance-t-on dès notre premier contact avec les manifestants. Ceci en guise de réponse à l’impressionnant dispositif de sécurité déployé sur la route empruntée par les marcheurs. Car pas moins d’une quarantaine de véhicules de police, dont des fourgons de transport des forces antiémeute, étaient stationnés le long de cet axe.
Un syndicaliste rencontré sur place nous a déclaré que l’effet boule de neige ne s’est pas limité à la zone industrielle de Rouiba, mais s’est « étendu à d’autres régions du pays avec l’adhésion des travailleurs des autres unités de la SNVI dans diverses localités comme Hussein Dey, Sidi Moussa, Annaba et Tiaret ».
Pour empêcher le mouvement de prendre plus d’ampleur, les forces de sécurité ont dressé un barrage à Reghaïa et dissuadé les travailleurs de Anabib qui voulaient rejoindre la manifestation. « Les forces de l’ordre les ont bloqués juste devant leur usine. Ils adhèrent eux aussi au mouvement, ils n’ont malheureusement pas pu être parmi nous aujourd’hui. Mais ça viendra », ajoute notre interlocuteur. Dans les alentours de l’endroit où était cernée la foule, un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé.
Sur les banderoles, on pouvait lire, entre autres slogans : « Halte au sabotage de la SNVI », « Où va la SNVI ? » et « La vie est chère, non aux salaires de misère ». Les manifestants scandaient des slogans hostiles aux pouvoirs publics et à la centrale syndicale qu’ils accusent de les avoirs livrés au diktat du gouvernement. Ils ont agrémenté leur action de chants patriotiques et de l’hymne national pour dire tout leur « souci de préserver le pays de toute décision ou action nuisible ». Mais c’est surtout « El Djeich, Echaâb maâk ya SNVI » (le peuple et l’armée sont aux côtés de la SNVI) et « Oulach smah oulach » (pas de pardon - qui est un slogan hérité de la révolte de Kabylie de 2001) qui revenaient plus souvent.
Hier, les syndicalistes locaux de l’UGTA étaient aux côtés des travailleurs dans la rue. Ce sont eux qu’on a vus aux premiers rangs et dans la foule parlant aux manifestants. Les freins que leur avaient mis leurs chefs dans l’organisation de Sidi Saïd les empêchaient d’accompagner le mouvement dès le début ou de l’initier. Ils ont même été instruits d’œuvrer de sorte à contenir la foule. Ce qu’ils ont fait durant les trois premiers jours en invitant les travailleurs à reprendre l’activité et en leur promettant de régler leurs problèmes. Mais avec l’ampleur qu’a prise la protestation, ils n’avaient plus qu’à suivre s’ils ne voulaient pas perdre totalement ce qui leur restait de crédibilité.
« Nous ne voulons pas de Sidi Saïd ici, il lui suffit de nous avoir vendus », nous disaient des travailleurs très en colère contre le patron de l’UGTA. Un manifestant ajoute ironiquement : « Voilà la ‘victoire des travailleurs’ pour reprendre les propos qu’il ont tenus à l’issue de la dernière tripartite » pour qualifier les accords passés avec le gouvernement en désignant la foule qui criait sa colère. « Nous ne sommes pas dupes. Nous savons que sa citation dans l’affaire Khalifa suite au dépôt de l’argent du syndicat dans ses banques pèse beaucoup dans ses prises de décision. Les décideurs le tiennent et le font chanter ; le monde du travail et l’opinion publique en général l’ont définitivement classé », déclare un autre. Son camarade atténue un peu ses déclarations en concédant : « S’il vient ici, ce doit être pour nous présenter des excuses. » Un autre rappelle : « Nous avons commencé par un rassemblement des cadres syndicaux devant le siège de l’union locale de Rouiba. Nous devions ensuite aller nous rassembler devant le siège de la centrale syndicale à Alger, mais Sidi Saïd nous a carrément interdit d’organiser cette manifestation prévue pour le 20 décembre dernier. En réaction à cela, nous avons décidé d’agir à notre niveau de manière graduelle : grève, rassemblement devant la SNVI, blocage de la RN5 et marche sur Rouiba successivement en quatre jours. La prochaine action sera plus radicale. »
Dans la foule, nous avons vu des travailleurs de Mobsco aux côtés de ceux de la SNVI, et des syndicalistes nous ont cité Cammo, Tameg, Baticim, Hydroaménagement, ENAD et MAGI entres autres entreprises dont les travailleurs ont rejoint les rangs de la contestation. « Toutes les entreprises publiques de cette zone adhèrent à la grève. Il y a des travailleurs qui ont pu sortir manifester et il y en a qui n’ont pas pu le faire. Soit par peur, soit ils sont intimidés. Nous-mêmes avons été destinataires de questionnaires de la part de la direction sur ces journées de grève. Notre action est assimilée à un abandon de poste, mais cela ne nous impressionne pas », nous disent les travailleurs de la SNVI.
Tous les manifestants avec qui nous avons discuté sont unanimes à dénoncer l’insuffisance de leurs salaires et la nouvelle loi de départ à la retraite. « Nous considérons les décisions prises lors de la dernière tripartite comme étant nulles et non avenues. Nous réclamons une augmentation conséquente des salaires et le droit de partir à la retraite quand nous sentons que nos forces sont sérieusement réduites. Nous travaillons dans des conditions qui ne nous permettent pas de tenir jusqu’à 60 ans. A moins que le gouvernement aimerait nous emmener d’ici tout droit au cimetière », exprime un animateur du mouvement. Un avis que partagent les responsables du syndicat d’entreprise, comme Zetoutou et Messaoudi, pour qui toute revalorisation des salaires passe inévitablement par l’abrogation de l’article 87 bis du code du travail qui rend ineffectives les augmentations.
Vers 14h, les manifestants se sont dispersés dans le calme en se donnant rendez-vous pour aujourd’hui. « Nous allons poursuivre la grève et tout faire pour amplifier le mouvement jusqu’à ce que le gouvernement réponde positivement à nos revendications », nous dit-on.
Kamel Omar
a écrit :Vent de révolte en Algérie
Par Mohammed Yefsah - 12 jan 2010
La grogne sociale a gagné le front des travailleurs algériens dans plusieurs secteurs économiques, après celle de la fonction publique et les marches populaires pour l’emploi et le logement dans différentes villes du pays. Le mouvement de grève dans le secteur économique a été entamée le 2 janvier par les ouvriers de la Société nationale de véhicules industriels (SNVI), et a gagné l’ensemble de la zone industrielle de Rouiba, située à 15 kilomètres d’Alger. Cette grève, aux portes d’Alger, intervient après la dernière tripartite Gouvernement-Patronat-Union Générale des Travailleurs algériens (Ugta), qui a remis en cause des acquis sociaux.
La réforme de la retraite du gouvernement d’Ahmed Ouyahia, en décembre dernier, allonge la durée de cotisation à 32 ans pour avoir une retraite complète, alors qu’il suffisait auparavant de seulement 25 ans de cotisation, en sachant que l’espérance de vie en Algérie est estimée à 70 ans. Le nouveau dispositif supprime aussi l’avantage de « la retraite proportionnelle », qui donne droit à un employé qui a dépassé l’âge de 50 ans de partir en retraite après 20 ans de travail pour les hommes et 15 ans pour les femmes. Les grévistes de Rouiba avancent l’argument de la pénibilité du travail et du pouvoir d’achat, en estimant que la question des retraites touche l’ensemble de la société.
Le taux de chômage important estimé à 10%, notamment chez les jeunes, la domination du secteur informel et du travail au noir dans le privé estimé à 70%, rendent hypothétiques les nouvelles lois du travail que le gouvernement a l’intention d’adopter sans avancer de date exacte. Ces lois ne tiennent pas compte de la réalité de l’emploi et excluent donc la majorité des employé du privé et les jeunes qui entrent tardivement dans le monde du travail d’une possible cotisation complète pour la retraite. Par ailleurs, la dévaluation du dinar algérien, malgré la manne pétrolière de ces dernières années et l’augmentation du salaire minimum en décembre 2009, n’absorbent pas l’inflation. Les grévistes refusent la remise en cause de leurs acquis et revendiquent une «augmentation conséquente» des salaires.
La première réponse du gouvernement est de dépêcher, dans cette zone industrielle, puissante de ses 50 000 ouvriers, les forces de l’ordre pour barrer la route aux grévistes qui voulaient rejoindre la ville de Rouiba. Au troisième jour de la grève, jeudi dernier, des échauffourées ont éclaté faisant ainsi 5 blessés parmi les manifestants. Mais le régime semble prendre de la prudence à recourir à la seule force de la matraque, car plusieurs fronts de contestation s’ouvrent dans d’autres secteurs économiques.
La direction de l’Ugta, qui a tenté de désamorcer le mécontentement, n’est pas du goût de sa base, notamment à Rouiba, où des syndicalistes dénoncent les concessions faites au gouvernement. Cette organisation est la première à demander l’annulation de l’article 87 bis de la loi du code du travail, qui définit le Salaire minimum en y incluant les primes. L’Etat ne reconnaît que l’Ugta pour les négociations dans le secteur économique, choix souvent dénoncé par les autres syndicats.
Quelques 7200 sidérurgistes de la multinationale Arcelor Mittal du complexe industriel d’El Hadjar, à Annaba, ville de l’est algérien, ont entamé aujourd’hui une grève illimitée, afin de contester la fermeture de l’unité cokerie. L’action a été décidée après le refus de la direction de l’entreprise de réhabiliter cette unité, dans laquelle 320 charbonniers risquent le licenciement. Si la grève de cette unité se propage, cela risque de faire tâche d’huile.
Les lois d’urgence, datant des années noires du terrorisme, interdisent toute manifestion publique et ferment le champ politique en criminalisant la contestation. Le régime craint les débordements, notamment dans la capitale, bien que des manifestations d’ampleur ont été tenues à diverses occasions, dont celle du 14 juin 2001 du mouvement populaire de Kabylie et celle du soutien au peuple palestinien en mars 2008 lors du raid israélien sur Gaza, qui ont rassemblé chacune environ un million de personnes.
L’Algérie, qui vit au rythme des émeutes régulières à caractère social depuis presque une décennie, est gagnée par la colère des travailleurs dans le secteur industriel et dans la fonction publique (médecins, enseignants) qui tous revendiquent des augmentations de salaires. Le gouvernement réagit pour l’instant par une attitude qui consiste à contenir les ouvriers dans leurs usines. Il craint par ailleurs les possibles passerelles de solidarité du mouvement populaire actuel, qui organise les manifestations spontanées pour réclamer du logement, du travail. Cette situation rappelle au régime le contexte du soulèvement national d’Octobre 1988
a écrit :La Tribune (Alger) - 13 jan 2010
Les spécialistes de la santé publique menacent de durcir le mouvement
Le mouvement de protestation engagé dans le secteur de la santé publique se poursuit et les pouvoirs publics sont toujours dans l'incapacité de décolérer les blouses blanches.
Cette situation qui perdure depuis des semaines vient pénaliser la population locale qui recourt soit au privé comme à l'accoutumée sinon faire un élan drastique pour espérer un rendez-vous au niveau du centre hospitalier Benbadis, submergé. Bien que le gel partiel des activités dans les différentes polycliniques se soit installé, voire pris habitude, les responsables tardent à coucher d'une décision ne serait-ce que «symptomatique» apte à calmer les esprits de la protesta. Ce flegme aura poussé le Syndicat des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) à hausser le ton hier en poussant un peu loin le bouchon des revendications.
Ainsi, une assemblée générale s'est tenue au niveau de l'EPSP Bachir Mentouri en présence des praticiens de cet établissement et de ceux de Ben M'hidi, tous deux appelés à assurer une large couverture dans le chef-lieu. Il a été décidé à l'unanimité de booster les sit-in chaque mercredi à partir de 11 heures près de la direction de la santé et de la population de wilaya. «Ce sera la première étape à conforter», devait dire le coordinateur du mouvement le docteur Benkhalfa avant d'émettre une mise en garde à peine voilée concernant le service minimum garanti dans le service des urgences et la prise en charge de la campagne de vaccination contre la grippe porcine. «Tous les EPSP à travers le territoire vont entamer incessamment des conclaves au terme desquels se décideront d'autres mesures de durcissement du débrayage, dont la prise en charge des urgences médicochirurgicales», a-t-il prévenu. Il est clair que le conseil national s'inspire des suggestions syndicales émanant des bureaux régionaux.
Une chose est claire jusqu'à intervention de la tutelle : les médecins maintiennent la grève dans sa forme dès lors qu'elle n'a pas encore apporté l'effet escompté en raison du black out affiché par le ministère. «Le mouvement de protestation n'est malheureusement pas porté sur la table des négociations. Devant cet état de fait, la grève reste notre ultime recours», estime le syndicaliste.
En ce qui concerne le taux de suivi relatif à l'arrêt de travail, le SNPSSP avance un taux de suivi de 70% enregistré dans les structures de santé réparties à travers le territoire de la wilaya. En revanche, une légère avance est notée chez les praticiens de la santé publique (SNPSP). Ils enregistrent un taux d'adhésion avoisinant 80%, selon le coordonnateur du mouvement, indiquant qu'il est des structures qui n'ont pas observé de grève faute d'une communication.
Pour cela, on évoque le CHU qui renferme quelques médecins non hospitalo-universitaires, mais qui ne se sont pas encore manifestés. Quoi qu'il en soit, les deux syndicats mentionnés espèrent une intervention rapide et gardent un espoir en l'APN et le Sénat qui pourraient accélérer le processus dans les négociations. Mais, entre temps, la grève perdure, quoique étouffée
Nasser Hannachi
a écrit :TSA - 13 jan 2010
Dixième jour de grève des travailleurs de la SNVI: le syndicat déplore l'absence de dialogue
Le front social est en ébullition depuis le début de l'année. Les travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) poursuivaient mardi leur grève entamée dimanche 2 janvier, pour réclamer de meilleurs salaires, la suppression de l'article 87 bis du code du travail et contre la récente décision du gouvernement de supprimer la retraite anticipée.
Les employés de la SNVI, l'une des plus grandes entreprises publiques du pays, ont multiplié les manifestations à l'extérieur de l'usine située dans la zone industrielle de Rouiba. A chaque fois, ils ont été empêchés de marcher par les forces de l'ordre, fortement déployées. Cette grève n'a suscité aucune réaction du gouvernement. Le président du syndicat de la SNVI a en effet déploré mardi "l'absence de dialogue". Le ministre du Travail et de la protection sociale, Tayeb Louh et celui de l'Industrie, Hamid Temmar, gardent le silence sur ce conflit social. L'UGTA dont dépend le syndicat de la SNVI semble dépasser par le conflit, après avoir accepté la suppression de la retraite anticipée qui était en vigueur depuis la fin des années 1990. La direction de la SNVI estime de son coté que le conflit dépasse ses prérogatives
Riyad Hamadi
a écrit :AFP - 13 jan 2010
ArcelorMittal Annaba toujours paralysé par une grève générale
AFP - Le complexe sidérurgique d'ArcelorMittal d'Annaba était toujours paralysé mercredi matin par une grève illimitée lancée mardi par le syndicat d'entreprise qui proteste contre la fermeture envisagée de la cokerie, a indiqué une source syndicale. « Le complexe est toujours paralysé, tout comme les points de vente et de distribution dans tout le pays ainsi que le port d'Annaba où transitent les produits importés et exportés », a affirmé à l'AFP le secrétaire général du syndicat Smaïn Kouadria.
Les 7.200 employés du complexe d'El Hadjar près d'Annaba, qui a produit 750.000 tonnes d'acier en 2009, ont reçu le soutien de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) à laquelle est affilié le syndicat d'entreprise. Les sidérurgistes protestent contre la fermeture de la cokerie, employant 320 salariés, dont la rénovation coûterait 40 millions de dollars, selon des experts nommés après la mise à l'arrêt de cette unité en octobre dernier. La direction avait alors estimé que des expertises sur l'état de la cokerie, vieille de 30 ans, étaient nécessaires en raison de sa vétusté et des dangers qu'elle présentait au niveau de la sécurité et de l'environnement.
Le syndicat rejette la fermeture de cette cokerie, "qui est un élément indispensable dans le processus de notre production. Nous refusons qu' ArcelorMittal écoule chez nous l'énorme stock de coke qu'il possède dans ses usines d'Europe de l'Est principalement, nous ne voulons pas dépendre de l'importation de ce coke par bateaux", a ajouté M. Kouadria. Pour le responsable syndical, l'Etat algérien, qui détient toujours 30% du capital du complexe d'El Hadjar, société de droit algérien, "doit mettre en place un système de protection de la production nationale d'acier", à travers des incitations fiscales favorables et des prêts bonifiés par exemple.
La direction du complexe a récemment présenté un plan d'investissement de 200 millions de dollars entre 2010 et 2014 "qui ne tient pas compte de la rénovation de la cokerie", a souligné M. Kouadria. Celui-ci a affirmé qu'aucune réunion avec la direction, qui était injoignable mercredi matin, n'aurait lieu ce jour.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Pour comprendre l'article qui suit, il faut savoir qu'en Algérie, 90% de ce qui est consommé est importé, et que le niveau de vie n'a pas augmenté depuis 1990 contrairement aux pays voisins ou du pourtour méditerranéen. Cela explique pourquoi la marge de manoeuvre du gouvernement FLN au pouvoir depuis près de 50 ans est très étroite.
Jusqu'à présent le pouvoir pouvait compter sur un syndicat maison pour contenir la pression sociale, mais les récents événements montrent que ce verrou s'avère au bout du rouleau, aussi usé que ses équipements industriels et de plus en plus contesté par le mouvement ouvrier.
On n'est pas loin d'une explosion sociale d'une plus grande ampleur qu'en 1988.
a écrit :TSA - 13 jan 2010
Le pouvoir d’achat de l’Algérie s’effondre
L’Algérie a perdu entre 15% et 20% de capacité de pouvoir d’achat à l’étranger en deux ans, entre 2007 et 2009, selon des estimations obtenues par TSA auprès de sources concordantes. La cause ? La gestion des réserves de change et la faiblesse du dollar.
La quasi-totalité de nos réserves de change est en effet placé dans des bons du Trésor américain. Même si le gouvernement ne fournit aucune indication sur les caractéristiques techniques des bons américains détenus par l’Etat algérien – la gestion du dossier est entouré d’une grande opacité-, les placements ont été effectués en majorité sur des produits à maturité courte de deux ans. « Ce choix correspond à l’objectif de liquidité et de lissage du cycle économique. L’Algérie n’a pas besoin de bloquer de l’argent pour une période de 10 ans ou 30 ans qui correspondent aux maturités des autres bons américains », explique un financier.
Deux éléments ont contribué à la dégringolade du pouvoir d’achat de l’Etat algérien à l’étranger : la forte baisse du rendement des bons du Trésor (voir notre schéma). Il est passé de plus de 5% début 2007 à moins de 0,88 actuellement. Autrement dit, les 146 milliards de dollars placés dans les bons du Trésor rapportent un peu plus de 1,2 milliards de dollars par un. Avec l’inflation et la chute du dollar, il s’agit d’un placement à perte. Autrement dit, les réserves de change algériennes servent seulement à financer le déficit américain.
Cette perte de pouvoir d’achat de l’Etat algérien vient s’ajouter à la dévaluation du dinar. Depuis 2008, la Banque d’Algérie a initié une politique de dévaluation de la monnaie nationale qui a perdu près de 30% de sa valeur face à l’euro, principale monnaie utilisée pour nos achats à l’étranger. Or, selon un récent rapport de l’OCDE, l’Algérie importe 92% de sa consommation. Des importations facturées en euro.
Cette situation explique la hausse vertigineuse des prix des produits et l’incapacité du travailleur à faire face à la cherté de la vie. Depuis quelques jours, les mouvements de protestation se multiplient à travers le pays.
Samir Allam
a écrit :Maghreb Info - 13 jan 2010
Algérie • La grogne sociale à la une des quotidiens algériens
L’Algérie fait face à un front social très perturbé depuis maintenant quelques semaines, c’est un effet domino, nous dit la presse privée algérienne d’aujourd’hui. Les enseignants pourraient emboîter le pas de la grève alors que les secteurs de la santé publique et de l’industrie tournent en ce moment au ralenti.
« Ça grogne partout », résume L’expression, et à commencer par le secteur industriel ». « Deux mastodontes sont à l’arrêt », écrit ainsi Le Soir d’Algérie, référence à la SNVI d’une part, a société nationale des véhicules à Rouiba en grève depuis 10 jours maintenant, et au complexe sidérurgique d’El Hadjar de Annaba d’autre part en grève illimitée depuis hier. « Les luttes syndicale reprennent leurs droits », écrit El Watan qui y voit un réveil de la conscience ouvrière. Les ouvriers particulièrement remontés contre les autorités les accusant de rester silencieuses, et contre la Centrale syndicale UGTA accusée, elle, de collusion avec le pouvoir. Pour El Watan, « le gouvernement et l’UGTA ont vérifié à leur dépend que la paix sociale ne se décrète pas et que tout accord signé sans l’aval des travailleurs est voué à l’échec ».
Paralysie donc dans le secteur industriel algérien mais ce n’est pas tout ! La santé publique tourne au ralenti elle aussi en Algérie. Les praticiens algériens sont en rupture de soins depuis plusieurs semaines, avec comme conséquences la quasi paralysie des structures hospitalière, rappelle l’éditorialiste de Liberté, « et le pire est à venir, poursuit-il, avec les syndicats des enseignants qui menace de bloquer les établissements scolaires à partir du 31 janvier ».
« Industrie, santé et bientôt enseignement, débrayages en cascade », s’inquiète l’Expression qui rappelle que dans tout ces conflits, les revendications sont pratiquement similaires (le pouvoir d’achat, les conditions de travail indécentes et la revalorisation des salaires). « Des revendications et un mouvement de colère qui appellent, conclue Liberté, à un vrai dialogue social entre le gouvernement et les vrais acteurs du monde syndical ».
a écrit :AFP - 14 jan 2010
Fin de la grève à la SNVI de Rouiba
La grève des 5.000 salariés de la Société nationale nationale des véhicules industriels (SNVI), déclenchée le 4 janvier, a pris fin jeudi après l'ouverture d'un dialogue avec les autorités sur leurs revendications, a indiqué à l'AFP le syndicat de cette entreprise.
"Nous avons mis fin aujourd'hui à notre mouvement de grève. Nous avons reçu des garanties de la part de notre centrale syndicale UGTA (Union générale des travailleurs algériens) que nos revendications seront satisfaites", a déclaré Hamoud Boukehal, membre du syndicat de la SNVI, dont la principale unité est basée à Rouiba dans la banlieue Est d'Alger. "Le dialogue est lancé avec les autorités avec une première réunion tenue aujourd'hui pour l'installation de commissions de négociations des conventions par branches", a ajouté M. Boukehal.
Les 5.000 travailleurs de la SNVI, seul fabriquant algérien de bus, autocars et camions, étaient en grève depuis le 3 janvier pour réclamer une hausse des salaires. Ils protestaient également contre la décision prise fin 2009 par le gouvernement de supprimer la possibilité aux salariés de partir à la retraite anticipée, selon le syndicaliste. "On fait confiance à notre centrale syndicale, mais nous restons mobilisés. Si nos revendications ne sont pas satisfaites, un retour à la grève est possible", a-t-il ajouté.