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(Marie%Joëlle Gros @ Libération, 27/04/2009, 6h51 a écrit :Les Islandais donnent un coup de barre à gauche
Elections . La coalition gagnante est divisée sur l’adhésion à l’UE.
La nouvelle Islande s’ancre résolument à gauche. «Notre heure est arrivée», a commenté, radieuse, Johanna Sigurdardottir, à la tête des sociaux-démocrates, grands vainqueurs des législatives de samedi, et Première ministre sortante du gouvernement intérimaire formé en février. En infligeant la gifle attendue au Parti de l’indépendance, conservateur et néolibéral, jugé responsable de l’effondrement économique du pays, les Islandais ont confirmé leur volonté de tourner définitivement une page.
Cheval de bataille. C’est donc une coalition de formations de gauche qui a emporté la majorité des sièges au Parlement : avec 32,8 % des suffrages, les sociaux-démocrates en raflent 20 ; leur allié, le mouvement Gauche-Verts, compte 14 sièges, et le tout jeune Parti citoyen, formation née pendant les manifestations populaires de l’hiver, obtient 4 sièges. Avant même la publication des résultats définitifs, le Parti de l’indépendance a reconnu sa défaite. Tout en promettant un retour en force dans les prochains mois, en enfourchant son éternel cheval de bataille : le refus d’une adhésion à l’Union européenne.
Cette question divise aujourd’hui l’Islande, jusque dans les rangs des vainqueurs de ces législatives anticipées. Europhile convaincue, Johanna Sigurdardottir, 66 ans, qui devrait être très vite reconduite à la tête du gouvernement, souhaite accélérer la cadence en demandant une adhésion immédiate à l’UE. Son ambition : adopter l’euro sous quatre ans. La couronne islandaise, maintenue à un taux artificiel depuis l’effondrement du système bancaire, a perdu près de 50 % de sa valeur depuis l’été dernier.
Mais sur cette île de 213 000 habitants perchée dans le nord de l’Atlantique et située exactement sur le rift entre l’Europe et l’Amérique, les cœurs balancent. Les Gauche-Verts n’ont jamais caché leur opposition à une entrée dans l’Union, surtout pour protéger le secteur de la pêche, principale source de revenus de l’île. Des négociations devaient déjà commencer hier entre les deux principales formations de gauche. Le temps presse. Sur cette île où l’on importe presque tout, les échanges sont bloqués, les investissements gelés. Une récession de près de 10 % est attendue cette année.
Ménage. L’autre enjeu majeur pour le pays est la redistribution des cartes. L’ancienne formation au pouvoir, le Parti de l’indépendance, avait créé un système népotique, «corrompu», selon les médias islandais. Dans un pays où tout le monde est cousin au neuvième degré, intérêts publics et privés se mêlent vite. Un grand ménage de printemps reste à l’ordre du jour.