BAGDAD (AFP) - L'armée américaine a lancé plusieurs opérations militaires en Irak contre des partisans de l'ancien régime du président Saddam Hussein, alors que des habitants de Bassorah ont manifesté dimanche en faveur d'une administration irakienne de la deuxième ville du pays.
Dans le nord, les forces américaines ont déclenché dans la nuit de samedi à dimanche une vaste opération, baptisée "Scorpion du désert", contre "ceux qui attaquent les soldats américains", a précisé un porte-parole de l'armée, le sergent Brian Thomas. "Nous avons plusieurs détenus", a-t-il dit, sans donner de nombre ni de détails sur la localisation de cette opération.
Plus au sud, dans la ville sunnite de Falloujah (60 km à l'ouest de Bagdad), théâtre de nombreux incidents avec l'armée américaine, les soldats ont mené une opération contre d'anciens membres du Baas, l'ex-parti unique au pouvoir sous le régime de Saddam Hussein. Quelque 1.300 soldats américains ont été engagés dans cette opération, qui n'a finalement rien donné, selon un porte-parole de l'armée américaine sur place. "Nous avons juste trouvé dans une maison une famille qui possédait un pistolet et deux armes légères pour se protéger", a dit le sergent John Morales.
Ces opérations font suite à une précédente déclenchée quelques jours auparavant, également dans le nord du pays, qui s'est soldée par la mort de 113 Irakiens et étrangers non américains, selon un bilan des forces américaines et de témoins irakiens. Au cours de cette opération appelée "Péninsule", qui a pris fin jeudi, selon le commandement central américain (Centcom), environ 400 personnes ont été arrêtées, dont 60 sont toujours détenues.
Dimanche, quelque 10.000 Irakiens ont manifesté dans le centre de Bassorah, pour exiger le droit de s'auto-administrer. Conduits par des dignitaires religieux chiites, les manifestants se sont rassemblés devant le siège du commandement des forces britanniques, responsable du sud du pays. Le 24 mai, l'armée britannique a dissout l'ancien "conseil de Bassorah", mis en place juste après la reddition de la ville, et l'a remplacé par un comité de techniciens sous la présidence d'un officier britannique.
A l'issue de la manifestation, les protestataires ont obtenu de l'autorité d'occupation la promesse d'une réponse à leur revendication "d'ici à mardi". Par ailleurs, le Centcom a démenti une attaque au mortier dimanche contre le quartier général des forces américaines dans la ville d'Al-Ramadi (100 km à l'ouest de Bagdad), comme l'avait annoncé la chaîne de télévision qatarienne Al-Jazira.
Il y a bien eu une explosion, a admis le Centcom, mais elle serait due à la manipulation par des enfants de poudre à canon récupérée et stockée par les habitants du quartier. "Il n'y a jamais eu d'attaque. Dans ce pays, les gens prennent les douilles d'obus pour récupérer le cuivre et gagner ainsi beaucoup d'argent", a expliqué à l'AFP le lieutenant colonel Hector Mirabile.
Depuis le 1er mai, 47 soldats américains ont été tués en Irak, 13 dans des attaques et 34 accidentellement, selon un bilan établi à partir des communiqués militaires américains. En outre, le Centcom a reconnu l'échec de sa tentative de récupérer les quelque 5 millions d'armes encore aux mains de la population civile.
A l'issue d'un délai de quinze jours au cours duquel la population pouvait les rendre sans être inquiétée, le Centcom n'a reçu que 123 pistolets, 76 fusils semi-automatiques, 435 fusils automatiques, 46 mitrailleuses, 162 lance-roquette antichar, 11 missiles sol-air, et 381 grenades, selon son propre décompte. Désormais, la détention d'armes lourdes et automatiques est passible d'un an de prison et d'une amende de 1.000 dollars US, a averti le commandant des forces terrestres de la coalition américano-britannique David McKiernan.
A propos des armes de destruction massive, un scientifique britannique cité dimanche par l'hebdomadaire The Observer, affirme que les camions suspects découverts en Irak n'étaient pas des "laboratoires mobiles destinées à produire des armes bactériologiques", et ne servaient qu'à produire de l'hydrogène.
"Ce sont exactement ce que les Irakiens avaient dit: du matériel destiné à produire de l'hydrogène" pour les ballons météorologiques, a précisé le scientifique dont l'hebdomadaire n'a pas révélé le nom. Ce dernier a fait partie de l'équipe britannique qui a inspecté ces deux camions.
Trois équipes d'experts occidentaux, selon le New York Times du 7 juin, ont examiné les deux camions, que le président américain George W. Bush avait qualifiés de "laboratoires mobiles de fabrication d'armes biologiques". Pour deux de ces équipes, ces véhicules ont pu être utilisés pour la production d'agents biologiques. La troisième équipe, d'un niveau scientifique plus élevé, s'est refusé à toute conclusion, rappelle le quotidien américain.
Les dirigeants américains et britanniques avaient invoqué l'existence d'armes de destruction massive pour justifier la guerre qu'ils ont lancée contre l'Irak. Jusqu'ici, aucune arme de ce type n'a été trouvée. Enfin, la fille aînée de Saddam Hussein, Raghad, qui vit à Bagdad, estime que son père est toujours vivant, dans un entretien avec le Sunday Times. Elle reconnaît toutefois que leur dernier contact remonte à cinq jours avant le début de la guerre, le 20 mars.