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Message Publié : 13 Mai 2007, 04:03
par Combat
Maroc: Tinghir paralysée par une grève générale
Libération (Casablanca)

11 Mai 2007
Publié sur le web le 11 Mai 2007

Nouri Zyad

Ce vendredi, la ville de Tinghir vit au rythme d'une grève générale à travers laquelle toutes les catégories sociales entendent protester contre une situation détériorée. La situation qui prévaut à Tinghir est alarmante.

Les conditions de plusieurs catégories sociales frisent la catastrophe. La décision d'une grève générale dans le sillon de cette ville de près de trente mille habitants était inévitable. Plusieurs secteurs sociaux de la ville sont en crise patente. Les mines d'Imitr, l'hôpital public, la condition des établissements scolaires et la situation dans laquelle travaillent les employés hôteliers. Une rencontre avec le gouverneur tenue récemment avait fait état d'un ensemble de problèmes qui restent sans solutions viables depuis des années déjà. A Tinghir, il n'y a pas d'explication à cet état de fait à part l'exclusion de leur ville et la marginalisation de la région. « Nous n'avons pas de porte-parole fiable, d'où les autorités oublient carrément jusqu'à notre existence », s'indigne un jeune de la ville qui a été le théâtre dans le début des années 70 d'arrestations arbitraires contre plusieurs militants de gauche.

Mines, mineurs et argent

Depuis plusieurs semaines déjà, les ouvriers des mines d'Imiter (argent) vivent au rythme des limogeages, intimidations et suspensions. L'administration de Managem estime que ce genre de problèmes devrait être résolu avec les sous-traitants, alors que la responsabilité morale et administrative de la mine incombe à elle, selon les syndicalistes. Les engagements qu'elle prétend assumer et honorer dans ses documents publicitaires devraient être suivis à la lettre.

Des communiqués émanant des syndicalistes qui avaient appelé à résoudre ces problèmes sans avoir à recourir au bras de fer, n'ont pas eu d'échos chez l'administration.

Ils sont restés sans suite. Une situation qui a poussé les mineurs à observer en fin avril dernier une grève de 48 heures. Une grève que les ouvriers avaient qualifiée de préventive. Pourquoi les choses sont arrivées à ce stade ? Les ouvriers et leurs représentants syndicaux évoquent le désengagement de l'administration des mines d'Imitr des promesses, protocoles et conventions collectives signés avec le syndicat. Les conditions dans lesquelles travaillent les mineurs sont qualifiées de lamentables.

Hôtels : limogeage collectif

Le personnel de l'hôtel «Bougafer» à Tinghir fait la cible d'attaques de la part d'un patronat avide de pouvoir. Les patrons d'hôtels au sud-est du Maroc agissent, en fait, à leur guise face au mutisme des autorités locales sinon à une complicité flagrante.

Dès la constitution du bureau syndical, le roitelet de «Bougafer» a licencié six employés, dont deux femmes. Le patron, et pour démontrer qu'il est en position de force, agit encore violemment, et cette fois, il limoge la secrétaire du syndicat en personne et transforme tous les espaces de l'hôtel en un grand commissariat où règne la peur et l'intimidation. Tout le monde est passible d'une poursuite judiciaire sur simple plainte mensongère.

Mais, de quoi a-t-il peur ce «grand patron»? Selon des sources syndicales, les dispositions élémentaires du code de travail ne sont aucunement respectés, à savoir le Salaire minimum interprofessionnel général (SMIG), la déclaration des employés à la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), la carte de travail, le bulletin de paie, les allocations familiales, sans oublier le nombre d'heures que le personnel passe au travail et qui dépasse de loin le requis légal.

Hôpital payant pour population pauvre

L'adoption du système SIGMA au sein de l'hôpital de Tinghir se traduit sur le terrain par l'exclusion de milliers de personnes pauvres et sans pouvoir se payer le service sanitaire requis. Ceci s'ajoute à un problème déjà trop inquiétant à Tinghir. En plus, le nombre de médecins est en-deçà du nombre de la population, le départ chaque matin d'un grand nombre à Ouarzazate, en parcourant 170 km, est significatif de l'état des services sanitaires à Tinghir. Quant aux spécialités médicales, il vaut mieux ne pas en parler, car tout simplement, elles n'existent pas.