Les maoïstes du Népal entrent au gouvernement

[Combat]

Après dix ans de lutte armée, les maoïstes du Népal entrent au gouvernement

KATMANDOU (AFP) - vendredi 30 mars 2007 - 19h09 - Le Népal a franchi vendredi une nouvelle étape politique historique, encore impensable il y a quelques mois, avec l'entrée des ex-rebelles maoïstes au gouvernement, conséquence de l'accord de paix de la fin 2006 qui a mis fin à dix ans de guerre civile.
Les anciens guérilleros, dont la lutte armée entamée en février 1996 a fait 13.000 morts, vont disposer de cinq ministères dans un gouvernement intérimaire, ont annoncé vendredi des responsables.

Au terme de semaines de tractations, "la réunion d'aujourd'hui (...) a décidé de manière informelle de désigner au poste de Premier ministre le président du Parti du Congrès, Girija Prasad Koirala, à la tête d'un nouveau gouvernement d'intérim", a déclaré à la presse le secrétaire général du premier parti du pays, Ram Chandra Poudel.

Ce gouvernement "comprendra le Parti communiste du Népal (maoïste)", a-t-il ajouté.

Samedi, une session du Parlement officialisera cette participation gouvernementale des ex-rebelles, une première dans l'histoire népalaise.

"Les huit dirigeants des partis politiques (les sept formations au pouvoir et les maoïstes) se sont entendus pour confier le ministère de l'Information et de la Communication et quatre autres ministères" aux anciens insurgés, a annoncé Jhalanath Khanal, chef du Parti communiste unifié marxiste-léniniste, deuxième parti de la coalition au pouvoir.

Les principaux portefeuilles (Défense, Intérieur, Finances) restent néanmoins entre les mains du Parti du Congrès.

Ainsi, ce royaume himalayen, coincé entre l'Inde et la Chine, est en train de tourner la page d'une décennie de guerre civile. Elle s'est officiellement achevée le 21 novembre 2006 grâce à un accord historique de partage du pouvoir entre les sept partis et les maoïstes, et dont le roi Gyanendra est le grand perdant.

Ce règlement prévoyait bien de convertir des ex-guérilleros en ministres. Les maoïstes disposent depuis janvier d'un quart des sièges d'un Parlement intérimaire, grâce à une Constitution provisoire.

Une assemblée, qui doit être élue en juin, rédigera une Constitution définitive qui décidera du sort de la monarchie.

Les maoïstes exigent son abolition et son remplacement par une république. Le roi n'est déjà plus chef de l'Etat, ne contrôle plus l'armée et vit reclus dans son palais.

Conformément à l'accord de paix, les ex-guérilleros ont fait aussi enregistrer auprès des Nations unies plus de 30.000 de leurs combattants et plus de 3.200 de leurs armes.

En faisant la paix, les maoïstes et leur chef Prachanda - un instituteur quinquagénaire reconverti en révolutionnaire professionnel - avaient promis de renoncer à la violence, aux enlèvements et aux extorsions de fonds et de transformer la guérilla en parti politique.

Auparavant, les deux camps s'étaient alliés au printemps 2006 dans des manifestations monstre qui avaient forcé le roi Gyanendra à renoncer à ses pouvoirs absolus.

Preuve qu'il a perdu politiquement la main, le monarque a été jugé, par une commission d'enquête, responsable de la mort de 19 manifestants lors du mouvement d'avril. Il n'est pas encore poursuivi pénalement. Mais le Premier ministre Koirala a plaidé pour son abdication.

En paix avec les maoïstes, le Népal n'en a pas tout à fait fini avec les violences. La semaine dernière, les maoïstes ont perdu 29 partisans dans des affrontements avec des militants d'une minorité ethnique du sud du royaume.

Cette ethnie Mahadhesi se sent marginalisée depuis l'entrée en politique des anciens insurgés. Mais ces derniers l'accuse d'être instrumentalisée par des partisans du roi afin de faire dérailler le processus de paix.

[Félix Edmundovitch]

8) L'AFP pensait que c'était "impensable" que des maoïstes intègrent un gouvernement bourgeois Doux rêveurs leurs chroniqueurs :17: :trotsky: