Législatives Pays-Bas: les conservateurs en tête, percée de l'extrême gauche
[Le titre est un veritable cirque; plus loin on apprend que l'extreme gauche dont il s'agit est un parti socialo-alternatif dans la mouvance altermondialiste et qui a renonce au maoisme depuis la fin des annees 70]
LA HAYE (AFP) - mercredi 22 novembre 2006 - 23h56 - Le parti chrétien-démocrate (CDA) du Premier ministre sortant Jan Peter Balkenende était en tête des législatives de mercredi aux Pays-Bas marquées par une percée de l'extrême gauche, et devrait prendre la tête d'une quatrième coalition, selon des résultats partiels.
"Nous sommes encore une fois le premier parti (...) Quatre années d'effort sont récompensées, et cela me rend fier", a déclaré M. Balkenende.
"Les résultats électoraux sont compliqués", a-t-il toutefois admis en prévoyant un "casse-tête".
Selon des résultats portant sur 83% des suffrages, les conservateurs ne parviendraient pas seuls à former de coalition. Les négociations durent traditionnellement des semaines voire des mois.
Une "grande coalition" chrétiens-democrates/travaillistes (PvdA), le type de gouvernement le plus fréquent aux Pays-Bas depuis la guerre, n'était mathématiquement pas acquise. Le petit parti Union chrétienne (6 sièges selon les résultats partiels) a déjà évoqué un gouvernement à trois avec le CDA et le PvdA.
"C'est le chaos", a commenté le ministre sortant des Finances Gerrit Zalm (parti libéral VVD), estimant que "le parti anarchiste" avait gagné.
Quelque 12 millions d'électeurs néerlandais renouvelaient leurs 150 députés, et le CDA de M. Balkenende était favori des sondages.
Selon ces résultats partiels, le CDA remporterait 41 sièges de députés, soit une perte de 3 sièges par rapport aux législatives de 2003. Le PvdA obtiendrait 33 sièges, soit une perte de 9 sièges.
Jan Peter Balkenende, un calviniste de 50 ans à l'allure rassurante qui lui vaut le surnom d'Harry Potter, a infligé au pays une cure d'austérité qui l'a fait un temps plonger dans les sondages mais semble porter ses fruits. Les indices économiques sont aujourd'hui au vert, avec notamment un chômage de 5,2% (juillet-octobre) et une prévision de croissance de 3,5%.
Le travailliste Wouter Bos, 43 ans, un ancien cadre supérieur de Shell, fut ministre délégué aux Finances de 2000 à 2002. Son physique avantageux et son aisance médiatique ont aidé le PvdA à enregistrer un score historique aux législatives de 2003 et aux dernières municipales, mais il souffrait d'un problème d'image : trop séduisant pour être tout à fait crédible, selon des enquêtes. Il a dit mercredi soir sa "déception".
La formation anti-libérale Parti socialiste (SP), aux lointaines racines maoïstes, a réalisé une percée spectaculaire avec 25 sièges, selon ces résultats partiels, contre 9 dans le parlement sortant.
Le SP a fait campagne contre les réformes économiques et sociales, contre la Constitution européenne en 2005, mais aussi contre les travaillistes qu'il accuse de complaisance à l'égard du libéralisme.
"Les Pays-Bas ont montré qu'ils voulaient un gouvernement plus social et plus humain", a commenté triomphalement le leader du SP, Jan Marijnissen, 54 ans, un ancien ouvrier et syndicaliste qui est une des figures politiques les plus populaires du royaume.
Les partenaires du CDA dans la coalition sortante, les libéraux du VVD, dont l'égérie est la controversée et populaire ministre de l'Immigration Rita Verdonk, n'auraient que 22 députés (- 6).
La brève campagne a été axée sur les question socio-économiques. L'immigration, l'intégration et les tensions intercommunautaires, des sujets qui ont alimenté les débats après le meurtre du leader populiste Pim Fortuyn en 2002 et l'assassinat du cinéaste Theo van Gogh par un jeune Musulman radical en 2004, ont été largement absents.
Les principaux partis s'accordent pour restreindre l'immigration comme l'a fait Mme Verdonk, et pour continuer à libéraliser l'économie.
Parmi les partis populistes, seul le Parti de la liberté de Geert Wilders, ex-député VVD qui siégeait seul dans le parlement sortant, pourrait peser sur le prochain gouvernement avec 9 sièges, selon les résultats partiels.
Conformément à la Constitution, M. Balkenende a remis dans la journée la démission de son gouvernement à la reine Beatrix, qui a chargé le cabinet sortant de gérer les affaires courantes.