remontant à un peu moins de deux mois et faisant état de nombreux accidents dans l'industrie textile ayant causés des centaines de victimes du fait de conditions déplorables de sécurité.
Cette situation inadmissible a due fort logiquement concourir aux actuelles explosions de colère des ouvrier(ère)s du textiles et leurs légitimes revendications.
a écrit :Accidents à répétition au Bangladesh (11.04.06)
Arrêtons l’hécatombe!
Entre fin février et début mars 2006, soit en moins de deux semaines, quatre accidents ont causé des centaines de morts et de blessés dans les usines textiles du Bangladesh. Ces tragédies touchent une nouvelle fois les travailleurs et les travailleuses qui produisent des vêtements vendus dans les magasins en Suisse. Elles démontrent à quel point les conditions de sécurité dans ces usines restent désastreuses, une année après après l’effondrement d’une usine à Savar, près de Dhaka, et la nécessité qu’il y a à prendre des mesures urgentes.
Une grave série noire
23 février: KTS Textile Industries, Chittagong, 63 morts, approximativement 100 blessés.
Un incendie, provoqué par un court-circuit électrique, tue 61 travailleurs (y compris des filles de 12, 13 et 14 ans) et en blesse environ 100 autres. Les travailleurs estiment qu’au moment de l’incendie, 400 à 500 personnes travaillaient dans l’usine et que les issues étaient fermées à clé. Selon certaines sources, l’usine ne disposait pas d’équipement de lutte contre le feu, ni même de procédure prévue en cas d’incendie. Des violations sérieuses des droits des travailleurs y avaient été reportées, telles que travail supplémentaire obligatoire, 7 jours de travail par semaine, salaires en dessous du minimum légal, refus des droits liés à la maternité, abus physique, suppression de la liberté d’association et du droit de négocier collectivement. Le propriétaire de l’usine, Wahidul Kabiri, vivrait en Californie où sont établies de nombreuses entreprises clientes: Uni Hosiery, Mermain International, ATT Enterprise et VIDA Enterprise, Leslee Scott, Inc, Ambiance, Andrew Scott.
25 février: Phoenix Building, Dhaka, 22 morts, 50 blessés.
Un bâtiment industriel de 5 étages situé dans la zone industrielle de Tejgaon s’effondre. Les deux étages supérieurs semblent avoir été construits sans autorisation et des travaux non autorisés de rénovation étaient en cours. Ces travaux devaient permettre la transformation d’espaces administratifs et industriels dont une fabrique de vêtements, en un hôpital privé de 500 lits. Le bâtiment abritait l’entreprise Phoenix Garment, mais les activités de production étaient en cours de déménagement. Au moment de l’effondrement, une ligne de production de vêtements était semble-t-il toujours en activité. La plupart des victimes sont des ouvriers de la construction, des personnes fréquentant la rue adjacente à l’usine ainsi que des habitants du bidonville voisin. Phoenix Garments semble avoir produit des vêtements exportés vers l’Allemagne, la Suisse, la Norvège, la Finlande et le Danemark. Le propriétaire du bâtiment, Deen Mohammad, resté plusieurs jours introuvable, s’est finalement présenté devant la Haute Court. Il est également le président de la City Bank au Bangladesh,
25 février: Imam Group, Chittagong, 57 blessés.
L’explosion d’un transformateur électrique provoque un mouvement de panique des travailleurs se bousculant vers des issues trop étroites. Le bâtiment abritait les usines de confection de Moon Fashion Limited, Imam Fashion, Moon Textile, Leading Fashion et Bimon Inda. Parmi les clients, on trouve le géant américain Kmart et l’étasunienne Folsom Corporation.
6 mars: Sayem Fashions, Gazipur (35 kilomètres de Dhaka), 3 morts, environ 50 blessés.
L’incendie allumé par un court-circuit électrique dans le bâtiment abritant Sayem Fashions, SK Sweater et Radiance Sweater, provoque un mouvement de panique lorsque les travailleurs tentant de sortir se retrouvent devant un passage obstrué par des caisses. Selon les organisations de travailleurs, les droits des travailleurs étaient régulièrement violés dans cette usine. Il y avait de longues journées de travail, sep jours sur sept. Le bâtiment était la propriété de Monie Hossain, également le propriétaire de Radiance Sweater et de Sayem Fashions (les trois femmes tuées travaillaient pour Sayem Fashion). Les marques américaines qui se fournissaient, semble-t-il, auprès de cette usine sont Charles F.Berg et Wet Seal. D’autres marques en relation avec cette usine comprennent Ada Gatti, Bershka Company, BSK Garments, X-Mail, Kreisy, Persival.
Trop, c’est trop!
Or, ces accidents ne sont que la continuité d’une longue série qui illustre avec quel mépris l’intégrité physique des travailleurs et des travailleuses est tenue. La mort et l’invalidité sont devenues d’une banalité alarmante :
* En 2000, 53 travailleurs de l’usine Choudury Knitwear sont morts.
* En 2001 24 morts dans l’usine Maico Sweater.
* En 2004, 9 morts dans le bâtiment de Misco Supermarket.
* En 2005, 23 morts à Shan Knitting et 64 morts dans l’usine Spectrum-Sharhiyar.
C’est pourquoi seize fédérations syndicales des travailleurs de la confection du Bangladesh ont lancé des mobilisations dont un demi-jour de grève nationale qui a eu lieu le 1er mars.
Une des fédérations qui conduit ce mouvement, la National Garment Workers Federation, exige le respect des droits des travailleurs de la confection et de meilleures conditions de travail. Elle réclame des indemnités correctes pour les victimes et leurs familles. Elle veut que les propriétaires soient jugés et que la fermeture à clé des portes des usines soit effectivement sanctionnée.
Face à cette réalité alarmante, la Campagne Clean Clothes a lancé une action pour demander aux différentes parties, dont les distributeurs de vêtements en Europe qui s’approvisionnent au Bangladesh, de s'engager pour
1. le soutien aux opérations de sauvetage et d’assistance adéquates et l’indemnisation financière des travailleurs blessés et des familles des travailleurs tués;
2. une enquête complète, indépendante et transparente, suivie d’effet;
3. des mesures structurelles immédiates pour prévenir des accidents similaires dans le futur.
Le secteur de la confection textile, en collaboration avec les autorités publiques (sur les plans nationaux et internationaux) doivent prendre à bras le corps la question de la sécurité dans l’industrie de l’habillement au Bangladesh, y compris en menant une révision systématique de tous les bâtiments d’usine de plusieurs étages et en établissant des mécanismes d’inspection récurrente.
EDIT: un autre article (sur le même site) daté d'aujoud'hui que je n'avais pas vu