Emeutes ouvrières au Bengladesh

Dans le monde...

Message par yannalan » 30 Mai 2006, 15:58

Mermet avait fait des émissions sur France-Inter il n'y a pas longtemps. En résumé, c'est très dur, mais ils se battent. Tu pourra speut-être réécouter les émissions sur le site de France Inter (l'oreille en coin)
yannalan
 
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Message par Pascal » 30 Mai 2006, 17:20

(Vérié @ mardi 30 mai 2006 à 15:52 a écrit :Quelqu'un a-t-il des infos sur la situation du mouvement ouvrier au Bengladesh ?

Pour les émeutes ouvrières dont tu parles, j'ai trouvé ce texte dans le figaro du 24 mai :

a écrit :
SOCIAL. Plusieurs dizaines de milliers d'ouvriers du textile bangladais ont incendié quatre ateliers, hier (photo AFP), au deuxième jour de violentes manifestations pour des hausses salariales qui ont gagné la capitale, Dacca. Quelque 50 000 protestataires armés de bambous ont incendié des ateliers textiles à Ashulia, 40 kilomètres au nord de Dacca, avant d'être dispersés par la police qui a fait usage de gaz lacrymogènes. Les manifestants, estimés à 100 000 au total par la police, ont mis à sac lundi des dizaines d'ateliers textiles, bloqué les routes et détruit des bus. Les manifestants réclament un salaire d'au moins 11 takas (16 centimes d'euros) par pull-over, contre 7 aujourd'hui, le paiement régulier et plus élevé des heures supplémentaires et un jour de congé hebdomadaire.



Selon BBC News, un ouvrier a été tué par les flics.
Voir le l'article en anglais à cette adresse :
Article

Information que l'on retrouve aussi sur un site anarchiste (toujours en anglais), où il est question que les flics aient ouvert le feu :
http://libcom.org/news/article.php/india-p...r-strike-220506

Pour ce qui est du mouvement ouvrier dans ce pays, j'ai trouvé une page de la Fédération Nationale des Travailleurs du Textile, mais elle n'est pas mise à jour depuis 2004 :
http://www.nadir.org/nadir/initiativ/agp/s...nglad/index.htm
(C'est encore en anglais).

Cela dit, il me semble qu'il y ait un certain nombre de militants syndicalistes combatifs dans ce secteur, Taslima Nasreen, dans un de ces livres, fait référence à des militants syndicalistes du textile qui organisent des grève et la soutiennent sans condition. Et ce n'est pas la première fois que j'entend parler de lutte, de grève et d'organisation des ouvrières de ce secteur.

En cherchant un peu sur internet, pour te répondre, j'ai aussi trouvé des articles parlant d'affrontements armés entre communistes et islamistes dans ce pays. Encore récemment, puisque je suis tombé sur un texte datant du 23 mai 2006 et où il est question d'un islamiste tué par des militant du Parti Communiste Purba Bangla (j'ai l'impression qu'il y a plusieurs PC, dont je ne saurais te dire la ligne politique).

A noter que le site "In Defense of Marxism" a publié plusieurs textes émanant de "trostkistes du Bengladesh" (en anglais) :
http://www.marxist.com/bangladesh.asp/
Pascal
 
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Message par Pascal » 30 Mai 2006, 17:32

En faisant une recherche dans la rubrique "actualités" et en anglais de gogle, je suis tombé sur cet article :
http://www.bharattextile.com/newsitems/1999922
Apparement, les ouvriers du textile aurait repris le travail le 26 mai, après un accord sur une "augmentation du salaire minimum"... augmentation qui, si j'ai bien compris le texte, ne devrait être fixé que dans 90 jours...
Cet article parle de deux ouvriers tués.
Pascal
 
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Message par Pascal » 30 Mai 2006, 19:01

Pour illustrer la discussiobn : image d'une manifestation d'ouvrières du textile, Dakha, mars 2005
Pascal
 
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Message par Pascal » 30 Mai 2006, 19:15

A noter que "l'ordre" ne règne pas dans toutes les usines textile.

http://www.thedailystar.net/2006/05/30/d60530012517.htm
Un article en anglais (daté du 30 mai) où il est question de 1500 ouvriers d'une entreprise textile qui ont débrayé et sequestré les cadres après avoir entendu que 1.300 d'entre eux n'auraient pas de hausse de salaire.
Pascal
 
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Message par Barikad » 31 Mai 2006, 06:42

a écrit :Au moins 2 morts, 150 blessés et 14 usines brûlées dans des émeutes ouvrières.
Au Bangladesh, le textile en découd pour sa paie


Par Pierre PRAKASH
mercredi 31 mai 2006



New Delhi (Inde) de notre correspondant

l'un des pays les plus pauvres du monde, le Bangladesh, a connu de violentes émeutes, la semaine dernière, lorsque des dizaines de milliers d'ouvriers du textile ont attaqué des usines pour protester contre les bas salaires et les conditions de travail dans ce secteur quasi exclusivement orienté vers l'export. Parties de la ville industrielle de Gazipur, les violences se sont propagées comme une traînée de poudre jusqu'à la capitale, Dacca, provoquant la fermeture de centaines de manufactures pendant trois jours. Celles-là mêmes qui produisent pour les marques internationales que sont Gap, Next ou H & M.

Au total, 14 usines ont brûlé et plus de 70 autres ont été endommagées, sans compter les dizaines de véhicules détruits. Selon la presse locale, au moins deux personnes auraient été tuées et plus de 150 blessées lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. Le travail a repris, jeudi dernier, après que la fédération des entreprises du secteur a accepté d'étudier certaines des revendications des manifestants, à commencer par la révision du salaire minimum, qui est actuellement de 930 takas (10,40 euros) par mois (lire ci-contre).

Très majoritairement destinée aux marques occidentales, l'industrie textile bangladaise constitue la principale source de devises étrangères pour le pays (76 % des exportations, soit plus de 6,4 milliards de dollars l'an dernier). Le secteur emploie 2 millions de personnes, dont 80 % de femmes, qui travaillent souvent dans des conditions déplorables. Salaires payés en retard, heures supplémentaires excessives, déni du congé hebdomadaire, conditions de sécurité et d'hygiène exécrables ou encore non-respect du droit au rassemblement dans les usines : les violations des législations internationales sur les conditions de travail sont omniprésentes, même si elles ne concernent pas l'intégralité des 4 200 usines du secteur.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=386350
© Libération


a écrit :Shirin Akther, syndicaliste, revient sur les raisons de la flambée de colère.
«Un salaire pas réévalué depuis 1994»


Par Pierre PRAKASH
mercredi 31 mai 2006



jointe par téléphone, Shirin Akther, présidente du Front national des travailleurs bangladais (BJSJ), l'un des nombreux syndicats du pays, revient sur les causes de la révolte qui a rassemblé jusqu'à 100 000 personnes à Ashulia.

Comment expliquez-vous la flambée de violences survenue la semaine dernière ?

L'élément déclencheur a été la mort d'un ouvrier dans une usine où les employés manifestaient contre le non-paiement des salaires. La police est intervenue en tirant dans la foule. L'incident a immédiatement fait tache d'huile, y compris dans les usines où les employés sont mieux traités, car le mécontentement des ouvriers du textile est déjà ancien et le ras-le-bol omniprésent. Malgré l'importance de cette industrie pour le pays, le salaire minimum n'a pas été réévalué depuis 1994, alors que, dans le même temps, le coût de la vie a doublé. Cela fait maintenant deux ans que les syndicats mènent campagne pour revoir ce tarif à la hausse. Nous réclamons qu'il soit porté à 3 000 thakas par mois (environ 33,40 euros) et que les lois nationales, mais aussi les conventions du Bureau international du travail, qui ont été ratifiées par le Bangladesh, soient respectées. Ce qui est loin d'être le cas pour l'instant.

Comment expliquer l'impunité des entorses aux lois nationales et internationales ?

Au Bangladesh, les lois ne sont pas souvent appliquées. Et comme les ouvriers ne connaissent pas leurs droits, il est très facile pour les employeurs d'abuser d'eux. C'est pourquoi nous militons pour que les patrons du textile acceptent la présence des syndicats dans les usines. Pour l'instant, nous ne pouvons travailler que de l'extérieur. Or, sans présence interne, nous ne pouvons négocier à l'échelle d'une usine.

Etes-vous satisfaite des mesures annoncées, notamment la réévaluation du salaire minimum ?

Oui, c'est une victoire pour les ouvriers du secteur, mais nous attendons maintenant de voir ce qui va concrètement être fait. La commission tripartite (patronat, syndicats et gouvernement, ndlr) créée la semaine dernière a trois mois pour procéder à la réévaluation du salaire minimum, mais elle doit aussi étudier les horaires de travail, le congé hebdomadaire, le congé maternité pour les femmes et la mise en place de contrats de travail pour tous les employés. La lutte est donc loin d'être terminée, même si la création de cette commission est, en soi, un grand pas en avant.

La grande majorité de ces usines travaillent pour l'export. Les clients étrangers ne peuvent-ils pas faire pression sur leurs fournisseurs ?

Si, bien sûr, et ils le font de plus en plus. Désormais, toutes les grandes multinationales parlent d'éthique commerciale et de responsabilité sociale. Cela se traduit par davantage d'audits sociaux ou la mise en place d'un code de conduite chez les sous-traitants qui craignent de perdre leurs clients. Mais tous les sites de production ne peuvent pas être inspectés et les fournisseurs sous-traitent parfois à d'autres usines qui, elles, ne sont pas en contact direct avec les clients occidentaux. Ce sont souvent les pires.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=386351

© Libération
Barikad
 
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Message par Urriko » 31 Mai 2006, 15:51

Pour compléter les informations fournies par les copains, j'ai trouvé un article remontant à un peu moins de deux mois et faisant état de nombreux accidents dans l'industrie textile ayant causés des centaines de victimes du fait de conditions déplorables de sécurité.
Cette situation inadmissible a due fort logiquement concourir aux actuelles explosions de colère des ouvrier(ère)s du textiles et leurs légitimes revendications.

a écrit :Accidents à répétition au Bangladesh  (11.04.06)


Arrêtons l’hécatombe!
Entre fin février et début mars 2006, soit en moins de deux semaines, quatre accidents ont causé des centaines de morts et de blessés dans les usines textiles du Bangladesh. Ces tragédies touchent une nouvelle fois les travailleurs et les travailleuses qui produisent des vêtements vendus dans les magasins en Suisse. Elles démontrent à quel point les conditions de sécurité dans ces usines restent désastreuses, une année après après l’effondrement d’une usine à Savar, près de Dhaka, et la nécessité qu’il y a à prendre des mesures urgentes.


Une grave série noire

23 février: KTS Textile Industries, Chittagong, 63 morts, approximativement 100 blessés.
Un incendie, provoqué par un court-circuit électrique, tue 61 travailleurs (y compris des filles de 12, 13 et 14 ans) et en blesse environ 100 autres. Les travailleurs estiment qu’au moment de l’incendie, 400 à 500 personnes travaillaient dans l’usine et que les issues étaient fermées à clé. Selon certaines sources, l’usine ne disposait pas d’équipement de lutte contre le feu, ni même de procédure prévue en cas d’incendie. Des violations sérieuses des droits des travailleurs y avaient été reportées, telles que travail supplémentaire obligatoire, 7 jours de travail par semaine, salaires en dessous du minimum légal, refus des droits liés à la maternité, abus physique, suppression de la liberté d’association et du droit de négocier collectivement. Le propriétaire de l’usine, Wahidul Kabiri, vivrait en Californie où sont établies de nombreuses entreprises clientes: Uni Hosiery, Mermain International, ATT Enterprise et VIDA Enterprise, Leslee Scott, Inc, Ambiance, Andrew Scott.

25 février: Phoenix Building, Dhaka, 22 morts, 50 blessés.
Un bâtiment industriel de 5 étages situé dans la zone industrielle de Tejgaon s’effondre. Les deux étages supérieurs semblent avoir été construits sans autorisation et des travaux non autorisés de rénovation étaient en cours. Ces travaux devaient permettre la transformation d’espaces administratifs et industriels dont une fabrique de vêtements, en un hôpital privé de 500 lits. Le bâtiment abritait l’entreprise Phoenix Garment, mais les activités de production étaient en cours de déménagement. Au moment de l’effondrement, une ligne de production de vêtements était semble-t-il toujours en activité. La plupart des victimes sont des ouvriers de la construction, des personnes fréquentant la rue adjacente à l’usine ainsi que des habitants du bidonville voisin. Phoenix Garments semble avoir produit des vêtements exportés vers l’Allemagne, la Suisse, la Norvège, la Finlande et le Danemark. Le propriétaire du bâtiment, Deen Mohammad, resté plusieurs jours introuvable, s’est finalement présenté devant la Haute Court. Il est également le président de la City Bank au Bangladesh,

25 février: Imam Group, Chittagong, 57 blessés.
L’explosion d’un transformateur électrique provoque un mouvement de panique des travailleurs se bousculant vers des issues trop étroites. Le bâtiment abritait les usines de confection de Moon Fashion Limited, Imam Fashion, Moon Textile, Leading Fashion et Bimon Inda. Parmi les clients, on trouve le géant américain Kmart et l’étasunienne Folsom Corporation.

6 mars: Sayem Fashions, Gazipur (35 kilomètres de Dhaka), 3 morts, environ 50 blessés.
L’incendie allumé par un court-circuit électrique dans le bâtiment abritant Sayem Fashions, SK Sweater et Radiance Sweater, provoque un mouvement de panique lorsque les travailleurs tentant de sortir se retrouvent devant un passage obstrué par des caisses. Selon les organisations de travailleurs, les droits des travailleurs étaient régulièrement violés dans cette usine. Il y avait de longues journées de travail, sep jours sur sept. Le bâtiment était la propriété de Monie Hossain, également le propriétaire de Radiance Sweater et de Sayem Fashions (les trois femmes tuées travaillaient pour Sayem Fashion). Les marques américaines qui se fournissaient, semble-t-il, auprès de cette usine sont Charles F.Berg et Wet Seal. D’autres marques en relation avec cette usine comprennent Ada Gatti, Bershka Company, BSK Garments, X-Mail, Kreisy, Persival.


Trop, c’est trop!
Or, ces accidents ne sont que la continuité d’une longue série qui illustre avec quel mépris l’intégrité physique des travailleurs et des travailleuses est tenue. La mort et l’invalidité sont devenues d’une banalité alarmante :

    * En 2000, 53 travailleurs de l’usine Choudury Knitwear sont morts.
    * En 2001 24 morts dans l’usine Maico Sweater.
    * En 2004, 9 morts dans le bâtiment de Misco Supermarket.
    * En 2005, 23 morts à Shan Knitting et 64 morts dans l’usine Spectrum-Sharhiyar.


C’est pourquoi seize fédérations syndicales des travailleurs de la confection du Bangladesh ont lancé des mobilisations dont un demi-jour de grève nationale qui a eu lieu le 1er mars.

Une des fédérations qui conduit ce mouvement, la National Garment Workers Federation, exige le respect des droits des travailleurs de la confection et de meilleures conditions de travail. Elle réclame des indemnités correctes pour les victimes et leurs familles. Elle veut que les propriétaires soient jugés et que la fermeture à clé des portes des usines soit effectivement sanctionnée.

Face à cette réalité alarmante, la Campagne Clean Clothes a lancé une action pour demander aux différentes parties, dont les distributeurs de vêtements en Europe qui s’approvisionnent au Bangladesh, de s'engager pour
1. le soutien aux opérations de sauvetage et d’assistance adéquates et l’indemnisation financière des travailleurs blessés et des familles des travailleurs tués;
2. une enquête complète, indépendante et transparente, suivie d’effet;
3. des mesures structurelles immédiates pour prévenir des accidents similaires dans le futur.

Le secteur de la confection textile, en collaboration avec les autorités publiques (sur les plans nationaux et internationaux) doivent prendre à bras le corps la question de la sécurité dans l’industrie de l’habillement au Bangladesh, y compris en menant une révision systématique de tous les bâtiments d’usine de plusieurs étages et en établissant des mécanismes d’inspection récurrente.


EDIT: un autre article (sur le même site) daté d'aujoud'hui que je n'avais pas vu http://www.evb.ch/fr/p11179.html
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