Publié : 13 Avr 2003, 22:50La première page fait peur. Une photo l'illustre. Un GI, en armes, marche vers ce qui semble être un puits de pétrole en flammes. Un titre barre cette une du Figaro Entreprises du 7 avril 2003 : "Votre entreprise est-elle touchée ?" Sortez votre portefeuille d'actions et rendez-vous page 12.
Le vocabulaire est de saison tout au long des cinq pages de ce dossier. Les articles parlent de "cellules de crise", d'"hémorragie", de "premiers dommages", de "secteurs qui payent un lourd tribut à la guerre"... Le Figaro Entreprises aurait-il une larme à verser sur le sort du peuple irakien victime de la guerre impérialiste. Loin de là. La déconnexion avec le drame humain est totale. Nulle part on ne trouve la moindre allusion aux hommes, femmes et enfants qui meurent par centaines sous les bombes anglo-étatsuniennes. Les "conséquences" de la guerre n'ont pas le goût du sang versé pour les spécialistes de ce journal. Le cours des actions, le bien-être des dirigeants d'entreprises, la croissance seuls les intéressent. D'ailleurs, sur ce point, "Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont mieux résisté que la France". Il est vrai que toute peine mérite salaire.
Et si les auteurs font mine de se soucier du sort des salariés de la compagnie aérienne KLM, qui "a annoncé la suppression de plusieurs milliers d'emplois", le 1er avril, ils nous rassurent juste après en citant le porte-parole : "Nous avions déjà prévu ces restructurations à long terme." On ne parlera décidément pas du sort des populations. Les choses ne vont pas trop mal donc. Heureusement, car "l'épidémie de pneumopathie atypique ouvre un autre front plus menaçant dans l'immédiat que la guerre elle-même". Pas pour le peuple irakien certes, mais pour L'Oréal, qui "a interdit à ses cadres les déplacements en Asie". Cette fois, cela devient insupportable. D'autant plus que ce n'est pas le seul drame du genre. Ainsi, "Air liquide, par exemple a annulé le séminaire qui, le 14 mars, devait réunir à Biarritz les 100 premiers dirigeants du leader des gaz industriels". Cela ne peut plus durer. Sans le dire - il doit garder l'impartialité qui le caractérise - le Figaro Entreprises sera donc à nos côtés pour dire "non à la guerre" qui gâche les vacances des dirigeants d'entreprises.
Nolwenn Mathieu.
Le vocabulaire est de saison tout au long des cinq pages de ce dossier. Les articles parlent de "cellules de crise", d'"hémorragie", de "premiers dommages", de "secteurs qui payent un lourd tribut à la guerre"... Le Figaro Entreprises aurait-il une larme à verser sur le sort du peuple irakien victime de la guerre impérialiste. Loin de là. La déconnexion avec le drame humain est totale. Nulle part on ne trouve la moindre allusion aux hommes, femmes et enfants qui meurent par centaines sous les bombes anglo-étatsuniennes. Les "conséquences" de la guerre n'ont pas le goût du sang versé pour les spécialistes de ce journal. Le cours des actions, le bien-être des dirigeants d'entreprises, la croissance seuls les intéressent. D'ailleurs, sur ce point, "Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont mieux résisté que la France". Il est vrai que toute peine mérite salaire.
Et si les auteurs font mine de se soucier du sort des salariés de la compagnie aérienne KLM, qui "a annoncé la suppression de plusieurs milliers d'emplois", le 1er avril, ils nous rassurent juste après en citant le porte-parole : "Nous avions déjà prévu ces restructurations à long terme." On ne parlera décidément pas du sort des populations. Les choses ne vont pas trop mal donc. Heureusement, car "l'épidémie de pneumopathie atypique ouvre un autre front plus menaçant dans l'immédiat que la guerre elle-même". Pas pour le peuple irakien certes, mais pour L'Oréal, qui "a interdit à ses cadres les déplacements en Asie". Cette fois, cela devient insupportable. D'autant plus que ce n'est pas le seul drame du genre. Ainsi, "Air liquide, par exemple a annulé le séminaire qui, le 14 mars, devait réunir à Biarritz les 100 premiers dirigeants du leader des gaz industriels". Cela ne peut plus durer. Sans le dire - il doit garder l'impartialité qui le caractérise - le Figaro Entreprises sera donc à nos côtés pour dire "non à la guerre" qui gâche les vacances des dirigeants d'entreprises.
Nolwenn Mathieu.