a écrit :samedi 8 avril 2006, 16h06
Les retraités russes, inspirés par les Français, manifestent à Moscou
MOSCOU (AFP) - Se disant inspirés par les manifestations de leurs "frères français", un millier de Russes ont protesté samedi dans le centre de Moscou, avec un brin de nostalgie pour l'époque de l'URSS, contre une réforme du gouvernement qui a supprimé leurs avantages sociaux.
Arborant des drapeaux rouges, les manifestants, pour la plupart des retraités, ainsi que des militants nationaux-bolcheviques (mouvement radical de gauche), ont marché à l'appel des communistes depuis la place Pouchkine jusqu'au monument de Karl Marx, près du Kremlin, suivis par plusieurs centaines de policiers.
"C'est l'exemple de nos frères français (qui protestent contre le contrat première embauche) qui nous a inspiré. Nous devons faire comme eux : défendre nos droits et faire pression sur le pouvoir", a affirmé un des manifestants, Alexeï Vladimirovitch, un général à la retraite de 69 ans.
"Ma famille a perdu presque tous les avantages : médecine et transports gratuits, réduction pour les charges communales. Mais nous avons aussi perdu l'essentiel : notre Patrie qui est devenue marionnette des Etats-Unis", regrette-t-il.
Les manifestants, vêtus modestement et chantant des chansons révolutionnaires, sont passés par les quartiers les plus chics du centre de Moscou, suscitant la curiosité et parfois l'inquiétude des passants qui faisaient leurs courses de week-end dans des boutiques de luxe.
"Ces manifestations ne changeront pas grand chose. Le peuple russe est très patient", affirme Timour, un jeune homme élégant, en chemise blanche et pantalon noir, à l'entrée d'une boutique d'un couturier italien. Il avoue peu s'intéresser au mouvement de protestation. "Chacun a ses problèmes", dit-il.
Une loi en vigueur depuis début 2005 a supprimé des avantages dont bénéficiaient de larges couches de la population, en particulier retraités ou handicapés : gratuité des transports en commun et des médicaments, réductions sur les charges communales, soins gratuits ou à tarif réduit dans des sanatoriums ou des stations thermales.
L'Etat a offert en échange des compensations financières, mais celles-ci, minimes, peuvent difficilement compenser les avantages supprimés.
"Ma retraite a augmenté de 200 roubles (six euros), pour compenser les avantages supprimés. C'est le prix de 20 baguettes de pain. Même après la Deuxième guerre mondiale, notre peuple vivait mieux que maintenant", s'insurge Boris Makarov, un retraité de 67 ans.
"Aujourd'hui, je dépense toute ma retraite, de 3.200 roubles par mois (près de 100 euros) pour payer les charges communales", s'indigne un autre manifestant, Viktor Boudarine, âgé de 78 ans.
M. Boudarine se tait pour écouter et applaudir le discours du chef du parti communiste, Guennadi Ziouganov, debout sur un camion.
"A l'époque soviétique, les charges communales ne dépassaient pas 1% des salaires. Le nouveau code du logement (adopté fin 2004) transformera la moitié du pays en +bomj+ (SDF, sans domicile fixe)", déclare devant la foule le leader communiste.
Des manifestions similaires ont été organisées dans plusieurs autres villes de Russie, jusqu'en Extrême-Orient.
On notera quand même la présence des boulets "nationaux-bolchévicks"
