a écrit :jeudi 2 février 2006
Shell a battu des records en 2005, malgré une production en baisse
LONDRES (AFP) -
Royal Dutch Shell (London: RDSB.L - actualité) a battu en 2005 le record des bénéfices pour une entreprise britannique, avec 25,3 milliards de dollars, malgré une production en baisse que la compagnie peine à relancer depuis le scandale de la surestimation de ses réserves en 2004.
Le groupe, dont le chiffre d'affaires a atteint 306,7 milliards de dollars l'an dernier, net de taxes, a vu ses bénéfices augmenter de 37%, le prix du baril ayant grimpé jusqu'à 70,85 dollars en août.
Le numéro un mondial du secteur, l'américain ExxonMobil, avait annoncé lundi un bénéfice de 36,13 milliards de dollars pour 2005.Le record de bénéfices battu par Shell en Grande-Bretagne a déclenché une vague de critiques parmi les associations caritatives, les syndicats et le patronat, qui dénoncent la cherté de l'énergie, néfaste aux ménages comme aux industriels britanniques.
L'action du groupe reculait à la bourse de Londres, les investisseurs prenant leurs bénéfices après sa hausse des dernières séances.
La production de Royal Dutch Shell, qui a réuni l'an dernier ses deux maisons mères néerlandaise et britannique, a reculé de 6,7% à 3,518 millions de barils équivalent pétrole par jour, contre 3,772 millions en 2004.
La compagnie a imputé l'essentiel de cette baisse aux interruptions de production dans le Golfe du Mexique, dues aux dommages occasionnés à ses plates-formes par les ouragans, ainsi qu'à la fin d'un contrat de partage de production au Proche-Orient (Berlin: OIT.BE - actualité) et à des cessions d'actifs, sans lesquels le recul de la production se serait limitée à 1%.
Shell a cependant maintenu sa prévision pour 2006 dans le bas d'une fourchette de 3,5 à 3,8 millions de barils par jour, malgré la remise en route prévue à la mi-2006 de sa plate-forme Mars, qui pompe plus de 4% de la production totale du groupe.
Malcolm Brinded, directeur de la division Exploration et Production, a assuré lors d'une conférence de presse que le groupe restait "sur les rails pour atteindre son objectif de 3,8 à 4 millions de barils par jour d'ici 2009".
Mais la faiblesse de sa production, mise au jour par le scandale de la surestimation de ses réserves en 2004, reste le talon d'Achille de la compagnie britannique, en retard sur les 4 millions de barils que produit déjà sa concurrente BP (London: BP.L - actualité) .
Pour la relancer, Shell avait mis en place un vaste programme de cessions d'actifs, qui a rapporté 14,3 milliards de dollars à la fin 2005, et d'investissements dans l'exploration et la production. La compagnie prévoit ainsi d'y consacrer 19 milliards de dollars cette année. Elle investit lourdement, notamment, dans le méga-projet gazier de Sakhaline-2 en Extrême-Orient russe, d'un coût de 20 milliards de dollars.
Le groupe a assuré de la continuité de ses investissements au Nigeria, malgré les actes terroristes dont il a récemment été la cible, et de ses projets en Iran, en dépit des risques engendrés par le programme nucléaire du gouvernement.
"Nous sommes au Nigeria depuis longtemps. Nous savons que c'est un endroit difficile. Mais nous continuons à y enregistrer des succès", a assuré Malcolm Brinded.
"Nous poursuivons l'étude de ce que nous pouvons y faire", a déclaré de son côté Jeroen Van der Veer, directeur général, au sujet de l'Iran, ajoutant toutefois que le groupe ne se précipiterait pas pour prendre une décision définitive et que "tous les facteurs seraient pris en compte".
Le groupe a en revanche écarté une nouvelle fois l'idée de faire de grosses acquisitions, d'une valeur supérieure à dix milliards de dollars, en expliquant que de telles opérations ne profitent pas aux actionnaires.