a écrit :Volkswagen envisage des milliers de suppressions de postes en Allemagne
LE MONDE | 06.09.05 |
FRANCFORT de notre correspondant
Moins d'un an après avoir accordé une garantie de l'emploi jusqu'en 2011 à ses 103 000 salariés de la production travaillant en Allemagne, Volkswagen a annoncé, lundi 5 septembre, qu'il s'apprêtait à y supprimer "plusieurs milliers" de postes (Le Monde du 6 septembre).
Un document interne dans lequel le premier groupe automobile européen prévoit de supprimer plus de 10 000 emplois en Allemagne au cours des prochaines années a été révélé par l'hebdomadaire Der Spiegel de lundi. Selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung de mardi, 14 000 emplois pourraient être supprimés en Europe.
Sans donner de chiffres, Volkswagen a publié le discours prononcé, lundi, par le président du directoire, Bernd Pischetrieder, devant le personnel du siège de Wolfsburg. M. Pischetrieder fait état d'un sureffectif de "plusieurs milliers" de salariés en Allemagne, malgré une hausse du chiffre d'affaires due aux nouveaux modèles. Il appelle à des économies "dans tous les secteurs, compte tenu de la pression concurrentielle à travers le monde". "Cela vaut aussi pour les coûts de personnel", ajoute-t-il en proposant de recourir à des préretraites et des départs volontaires.
BÉNÉFICE D'EXPLOITATIONEn novembre 2004, Volkswagen avait déjà obtenu un gel des salaires pendant 28 mois dans ses usines allemandes et diverses mesures de flexibilité du travail ou d'économie en échange du maintien des emplois sur les sites de Wolfsburg, Hanovre, Kassel, Brunswick, Emden, et Salzgitter. Le constructeur réalisait une économie de 1 milliard d'euros par an, selon ses estimations.
Un effort jugé aujourd'hui insuffisant. Le groupe a propulsé entre-temps un ancien dirigeant de DaimlerChrysler, Wolfgang Bernhard, à la tête de la branche Volkswagen (marques VW, Skoda, Bentley et Bugatti). Arrivé en mai, ce "coupeur de coûts" veut conclure les négociations sur les réductions de personnel d'ici au 26 septembre.
"M. Bernhard doit savoir que les rapports sociaux ici ne sont pas ceux du Far West", a prévenu, fin août, le responsable régional d'IG Metall, Hartmut Meine. La direction et IG Metall polémiquaient alors sur la volonté affichée par l'entreprise de produire sa nouvelle Golf tout-terrain "Marrakech" au Portugal. Selon Volkswagen, cela économiserait 1 000 euros par véhicule. D'après IG Metall, le groupe s'était engagé en 2004 à produire ce modèle à Wolfsburg. Quelque 1 000 emplois seraient en jeu.
Après trois années de forte dégradation de ses résultats, les efforts de réduction de coûts commencent cependant à payer. Le groupe a économisé 1,7 milliard d'euros au premier semestre, ce qui lui a permis de dégager un bénéfice d'exploitation de 1,37 milliard.
La branche Volkswagen a publié un bénéfice d'exploitation de 169 millions, multiplié par cinq, même si la marque Volkswagen est restée dans le rouge. Les difficultés rencontrées sur les marchés chinois et américain tracassent toutefois l'entreprise.
La position des représentants des salariés se trouve aussi fragilisée après l'"affaire Volkswagen", qui a éclaté au début de l'été et abouti à la démission du président du comité d'entreprise, Klaus Volkert, et du directeur du personnel, Peter Hartz. La presse a fait état d'un budget de frais non contrôlés qui aurait été alloué à certains représentants du personnel, afin de payer des voyages d'agréments ou la fréquentation de prostituées.
Le patron du comité d'entreprise, Bernd Osterloh, a dénoncé, lors de la réunion du personnel lundi, une "campagne délibérée" visant à répandre la suspicion contre les représentants du personnel. Il a appelé, sous des applaudissements nourris, les salariés à ne pas se laisser diviser au moment où la direction lance de nouvelles confrontations. Il s'est déclaré prêt à négocier "sur la base de la confiance".
Adrien de Tricornot