Le président bolivien a annoncé sa démission

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Message par emman » 07 Juin 2005, 10:46

a écrit :Le président bolivien a annoncé sa démission

NOUVELOBS.COM | 07.06.05 | 11:09

Carlos Mesa a annoncé sa démission hier soir après qu'une grande marche réclamant son départ eût réuni plus de 80.000 manifestants à La Paz.


L e président bolivien Carlos Mesa a annoncé sa démission lundi 7 juin au soir à la télévision après une grande marche ayant réuni plus de 80.000 manifestants à La Paz qui réclamaient la nationalisation du secteur du gaz ainsi que son départ.
"Je crois que ma responsabilité est de dire qu'il n'est pas possible d'aller plus loin, ce qui motive ma décision de présenter ma démission de la charge de président", a annoncé le président manifestement consterné.
Carlos Mesa, un journaliste et historien sans base politique, occupait ce poste depuis 20 mois, après avoir été investi par le parlement le 17 octobre 2003 comme successeur du néo-libéral Gonzalo Sanchez de Lozada. Celui-ci avait fui en hélicoptère en pleine nuit après une rébellion populaire motivée déjà par la question du gaz qui durait depuis un mois et avait été réprimée dans le sang (plus de 80 morts).

Une majorité d'indigènes

Ce lundi, au début d'une troisième semaine de mobilisation, plus de 80.000 personnes, en majorité des indigènes quechuas et aymaras, des paysans, des mineurs, des syndicalistes et des enseignants, avaient défilé à La Paz en faisant exploser d'innombrables pétards pour réclamer la nationalisation du secteur du gaz, aux mains de compagnies étrangères depuis 1997 et le départ de M. Mesa.
Le président démissionnaire devrait rester provisoirement en poste jusqu'à ce que le parlement, qui devrait se réunir mardi, élise un successeur. Le président du Sénat, Hormando Vaca Diez, est le premier dans la ligne de succession, suivi du président de la chambre des députés Mario Cossio puis du président de la Cour suprême Eduardo Rodriguez.
Les présidents des chambres peuvent aussi décider de démissionner ouvrant la voie à la convocation par le président de la Cour suprême d'élections législatives et d'une présidentielle anticipées.
Carlos Mesa a renoncé à ses fonctions après s'être entretenu avec le haut commandement militaire et avoir présidé un conseil des ministres.
Alors que les manifestations et les barrages routiers s'intensifiaient, provoquant une pénurie alimentaire et en carburant à La Paz, l'église catholique avait lancé dimanche et lundi des consultations tous azimuts pour trouver une issue à la crise.

L'opposition

Mais la situation s'est précipitée lundi. Peu avant la démission de Carlos Mesa, le chef de l'opposition, le député socialiste Evo Morales, en retrait de la mobilisation des dernières semaines, a rejoint le camp des manifestants réclamant le départ de Carlos Mesa.
Le président doit se retirer "afin de faciliter une solution politique et constitutionnelle", a indiqué M. Morales, après s'être réuni avec des représentants de l'église. Il a appelé à des élections à la fin de l'année.
Auparavant, Carlos Mesa et le personnel du palais présidentiel avaient dû être évacués pendant deux heures parce que des manifestants étaient presque parvenus à briser le cordon de sécurité. M. Mesa était ensuite revenu au palais Quemado pour couper court à des rumeurs sur son éviction.
L'agitation a touché toute la Bolivie puisque 78 barrages routiers avaient été érigés dans tout le pays avec des pierres, des troncs d'arbres et des pneus disséminés sur l'asphalte.
Les manifestants de lundi voulaient aussi montrer leur force alors que les provinces prospères de l'ouest et du sud du pays ont des vélléités autonomistes et ont convoqué un référendum pour la mi-août, menaçant de couper le pays en deux.
La Bolivie possède la deuxième réserve de gaz d'Amérique du Sud derrière le Venezuela mais la majorité de ces ressources ont été découvertes grâce aux explorations menées par les compagnies étrangères depuis la fin des années 90.
En cas de nationalisation du gaz, celles-ci -dont la Brésilienne Petrobras, l'Espagnole Repsol, la Française Total- ont déjà annoncé qu'elles réclameront de fortes indemnisations de l'Etat bolivien.
emman
 
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Message par titi » 07 Juin 2005, 15:45

ce matin a.adler évoquait une "séparation" de fait entre une partie pauvre, majoritairement indienne, qui réclame la nationalisation des réserves de gaz, et une autre partie, plus aisée, plus blanche aussi, qui ne cache meme plus son racisme, et qui veut quasiment son "autonomie"

vous avez des infos sur ça ?

*** edit
pas sur que ce soit a.adler...
titi
 
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Message par koshka17 » 07 Juin 2005, 16:56

En fait depuis le mois de décembre-janvier les bourgeoisies locales des provinces de l'Est (Santa Cruz, Tarija), relativement plus riches que les provinces de l'ouest réclame l'autonomie de ces régions, refusant ne serait ce qu'un partage plus équitable avec les classes populaires de l'ouest. Dans ce mouvement elles ont d'ailleurs réussi à entraîner au moins partiellement la population des provinces de l'est. Ce mouvement étant largement porté par Gabriel Dabdub, président de la Chambre de commerce de Santa Cruz.

C'est le sens aussi de l'opposition de cette bourgeoisie "orientale" à la convocation d'une Constituante, qui pourrait être favorable aux classes populaires et donc menacer leur pouvoir, et de leur décision de convoquer de façon indépendante un référendum sur l'autonomie pour le 12 août, prenant de cours la convocation d'élections constituantes et d'un vote sur l'autonomie décidé par Mesa pour le 16 octobre.

Toutefois pour reprendre la main l'appareil d'Etat pourrait bien s'appuyer sur eux, ce n'est sans doute pas à un hasard si dimanche le cardinal Terrazas, Mesa, les présidents de la Cour suprême, du Sénat et de la chambre des députés se sont rencontrés à Santa Cruz... D'ailleurs je crois qu'en cas de vacance du pouvoir constitutionnellement le pouvoir échoit au président du Sénat, Vaca Diez, qui est lui-même originaire de Santa Cruz
koshka17
 
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Message par Mariategui » 07 Juin 2005, 21:12

A noter d'ailleurs que la dernière manifestation paysanne/indigène (quechua) dans la région Oriente a été violemment attaqué par des milices plus ou moins paramilitaires, formés essentiellement par des jeunes de l'union de jovenes crucenos.
Sur la question Chili/Bolivie, je dois avouer que je trouve que la position de Caupo, largement représentative de celle de l'extrême gauche chilienne, est très en deca de ce que les internationalistes chiliens devraient défendre. Non seulement la province d'Antofagasta est une terre conquise par le Chili dans le cadre d'une guerre d'expansion et d'une guerre impérialiste (largement faite au compte de l'Angleterre d'ailleurs) mais elle a été gardé de facon "frauduleuse" en raison du non respect par la Chili des clauses de l'armistice signée avec la Bolivie, notamment, la réalisation d'un référendum suite aux premiers dix ans d'occupation chilienne pour que la population décide à quel pays se rattacher. Le Chili a renvoyé ce vote aux calendes grecques (même si éventuellement, il a été réalisé) alors qu'il menait une politique active de "nationalisation" de cet espace (à travers l'intégration économique mais aussi à travers l'appareil administratif et de structures éducationnelles). Le discours réactionnaire de certains dirigeants boliviens est d'autant plus audible qu'ils ont largement raison sur cette question, le Chili a toujours bafoué le droit sur cette question et il faudrait être d'une grande mauvaise fois pour dire que l'enclavement bolivien n'est pas sans rapport avec son sous-développement, ne serait ce que parcequ'elle a été à la merci de ses voisins durant toute la période protectionniste (attention, ce n'est pas la seule raison, je ne dis pas ca mais il s'agit d'une raison de poids). Quant à la position dite révolutionnaire qui voudrait que le militant chilien dise au militant bolivien d'attendre la révolution et la disparition des frontières, elle peut prêter à sourire. Orthodoxie communiste et intérêt national chilien peuvent faire bon ménage.
En tant que militant communiste et chilien, je pense que nous devons dénoncer les conditions de construction de cet état chilien. Le problème est que la population de cet espace ne se reconnaît nulement bolivienne mais chilienne. JE pense donc que nous devrions défendre comme position "l'internationalisation" de cet espace, la disparition des barrières douanières et des frontières et la mise en place d'une gestion bi-nationale afin de résoudre cette question de l'accès à la mer. Résoudre cette question, c'est un peu aplanir le chemin de la révolution pour le prolétariat bolivien en faisant disparaître une des questions qui pourrainet le détourner de la voie vers le socialisme. CE serait aussi une démonstration concrète de solidarité et d'internationalisme et ca aiderait à changer un peu l'image du prolétariat chilien en Bolivie, car on doit avouer que la xénophobie contre les péruviens et les boliviens s'est beaucoup développé au Chili.
Mariategui
 
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