
a écrit :Tony Blair a remporté, jeudi 5 mai, une victoire historique dans les élections législatives britanniques : ce troisième succès d'affilée constitue une "première" pour un premier ministre travailliste, mais aussi un succès en demi-teinte.
Selon les dernières estimations, à 5 h 30 (heure locale), les travaillistes disposeraient ainsi de la majorité absolue avec 353 députés sur les 646 à désigner - contre 413 lors du précédent scrutin en 2001 -, les conservateurs obtenant 195 sièges (+33) et les libéraux-démocrates 59 (+11). Tony Blair avait été porté au pouvoir avec la déferlante rose de 1997, mettant fin à dix-huit années de pouvoir conservateur, puis avait été brillamment réélu en 2001.
Cette troisième victoire travailliste est donc beaucoup moins large que les deux précédentes. Tony Blair, 52 ans vendredi, a donc accueilli cette victoire avec une certaine retenue : "Je sais que l'Irak a divisé le pays. Mais j'espère que nous pourrons à nouveau nous unir et regarder vers l'avenir. Les gens ont souhaité le retour d'un gouvernement travailliste, mais avec une majorité réduite. Nous devrons répondre à cela de manière sensée, avec sagesse et de manière responsable" .
"AGIR SUR LES SUJETS QUI IMPORTENT AUX GENS"
Michael Howard, le chef du Parti conservateur, est également allé dans ce sens au moment de reconnaître sa défaite : "Il semble, à en juger par le sens que prennent les résultats nationaux, que M. Blair va gagner un troisième mandat pour le Labour. Je le félicite". "Je crois que le temps est venu pour lui d'agir sur les sujets qui importent réellement aux gens de ce pays", a-t-il ajouté.
L'Irak n'aura cessé de hanter M. Blair pendant la campagne, ses adversaires l'accusant d'avoir menti sur la menace posée par Saddam Hussein et ses prétendues armes de destruction massive. Cette crise a également provoqué un divorce entre Tony Blair et l'aile gauche travailliste, qui lui reproche un alignement inconsidéré sur la diplomatie américaine.
Le programme socio-économique de Tony Blair a aussi été source de divisions au sein du parti. Depuis son arrivée à Downing Street en 1994, M. Blair mène une politique que l'hebdomadaire The Economist situe au centre droit de l'échiquier politique, et qui tend à marginaliser le Parti conservateur.
Un militant travailliste, venu au quartier général du Labour en espérant y faire la fête, ne cachait pas sa déception jeudi soir : "C'est pour beaucoup dû à l'arrogance du gouvernement. Tony Blair a fait une grave erreur avec l'Irak".
LES DÉFIS DU NOUVEAU GOUVERNEMENT
La composition du futur gouvernement pourrait être annoncée dès vendredi. Gordon Brown conservera vraisemblablement le portefeuille de l'économie et des finances. Les défis de la nouvelle équipe - au sein de laquelle l'équilibre entre"blairistes" et "brownistes" sera intéressant à analyser - sont nombreux.
La ratification de la Constitution européenne, prévue en 2006 par référendum, et une hausse des impôts quasi inévitable pour financer un ambitieux programme de modernisation des services publics - santé, transports, éducation - devraient être les priorités du prochain gouvernement.
Le Royaume-Uni a deux rendez-vous importants en 2005 : la présidence du G8 (avec un sommet à Gleneagles, en Ecosse, du 6 au 8 juillet) et celle de l'Union européenne, pour six mois, à partir de juillet.
La coalition Respect qui se présentait dans 26 circonscriptions aurait un siège et obtient de bon résultat dans 5 circonscriptions (entre 17 et 38%) mais plutôt faible dans autres (la moitié sont en dessous de 2%). Et le SSP en Ecosse aurait semble-t-il, subit un revers assez fort.