dimanche 1 mai 2005, 19h18
Les travailleurs du monde défilent pour le 1er mai
Des Philippines à Cuba en passant par l'Espagne, la Russie, la France ou la Chine, des millions de travailleurs ont manifesté dimanche à travers la planète pour demander l'amélioration de leurs conditions de travail et protester contre certaines politiques de leurs gouvernements.
Mais d'un pays à l'autre, les revendications en ce 1er mai étaient parfois aux antipodes les unes des autres, soulignant le fossé grandissant entre les travailleurs du Nord et ceux du Sud.
En Allemagne, plus de 500.000 travailleurs ont manifesté à travers le pays dans une centaine de défilés avec un thème récurrent: la politique des entreprises qui consiste à accroître les bénéfices et dividendes à coups de licenciements et baisses salariales.
Dans le sud de l'Europe, des milliers d'Espagnols ont également défilé en ce 1er mai pour exiger des emplois plus stables et davantage de protection sociale. A Madrid, les membres du Parti socialiste au pouvoir et de la coalition de gauche se sont joints aux syndicats pour un défilé qui a réuni 25.000 personnes, selon les organisateurs.
Selon des chiffres publiés vendredi, le taux de chômage espagnol est tombé à 10,2% (soit 2 millions de personnes), mais un tiers des salariés sont en CDD. "Nous avons besoin d'un emploi stable et productif", a estimé dimanche José Maria Fidalgo, secretaire général des Commissions ouvrières (CCOO). Selon lui, "Ce pays a besoin d'investir davantage dans l'éducation, la rénovation et la technologie".
Les exigences étaient autres au Bengladesh où 5.000 travailleurs ont défilé dans la capitale Dacca pour demander un salaire mensuel minimum de 3.000 takas (38,85 euros) et une meilleure protection au travail une semaine après que 73 ouvriers eurent été tués dans l'effondrement d'une usine de vêtements.
Dans cette nation classée parmi les plus pauvres de la planète, le revenu minimum n'existe pas: les travailleurs non qualifiés gagnent une moyenne de 800 à 1.200 takas (10 à 15 euros) par mois. "C'est une question de survie", a déclaré une militante, Chirine Akter. "Nous voulons un nouveau plan maintenant pour sauver nos travailleurs".
A Hong Kong, des dizaines de milliers de femmes, originaires d'Asie du Sud et employées comme domestiques dans l'opulente cité ont défilé pour demander des horaires de travail fixes et un salaire minimum pour tous
A des milliers de kilomètres de l'ex-colonie britannique, plus d'un million de Cubains se sont réunis dimanche sur la Place de la Révolution à la Havane pour entendre le discours du 1er mai de Fidel Castro. Vêtu de son traditionnel uniforme vert olive, le Lider Maximo s'est adressé aux Cubains, dont nombre d'entre eux portaient des T-shirts rouges apparemment distribués par les autorités. "Le travail de cette révolution est indestructible", proclamait une bannière derrière la foule.
Dans la Russie post-soviétique, des milliers de communistes ont également manifesté en brandissant des portraits de Lénine, de Staline et des bannières "Levez-vous, Sauvez la Russie!", tandis que des dizaines de milliers de syndicalistes et d'opposants de protestaient contre une vague de réformes sociales décidée par le chef du Kremlin, Vladimir Poutine.
En Ukraine, quelque 2.500 communistes ont défilé dans le centre de Kiev pour dénoncer les politiques pro-occidentales du gouvernement de Viktor Ioutchtchenko. Les manifestants brandissaient des drapeaux rouges et des bannières avec ce slogan: "L'Ukraine n'est pas un Etat américain!"
Les manifestations du 1er mai au Népal ont été marquées par un défilé géant de 10.000 personnes dans Katmandou: la foule a lancé un appel au retour de la démocratie et à la fin de la monarchie absolue exercée depuis trois mois par le roi Gyanendra.
Au Japon également, les défilés du 1er mai ont été plus politiques que sociaux: des dizaines de milliers de travailleurs ont demandé une interdiction mondiale des armes nucléaires, trois mois avant le 60e anniversaire du bombardement de Hiroshima et de Nagasaki.