F.S.E Compte-rendu AEP extraordinaire

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Message par Valiere » 28 Déc 2004, 12:12

a écrit :F.S.E  Compte-rendu AEP extraordinaire de Paris décembre 2004
Tout changer mais surtout que rien ne change
Cette « Assemblée extraordinaire » officiellement de bilan après trois Forums sociaux européens, était programmée à l’issue d’un FSE de Londres qui avait, en les poussant jusqu’à l’extrême, mis à jour les contradictions et les failles de l’organisation et d’un système de préparation devenus à l’évidence indéfendables.
Deux points essentiels figuraient à l’ordre du jour : bilan du FSE de Londres et orientations pour le prochain FSE ; organisation de la journée européenne du 19 mars.  L’essentiel des mises en cause, accusations et critiques - polémiques ou justifiées – s’étant opéré par médias et liste de diffusion interposés, un certain calme, ou tout du moins un consensus pour calmer le débat, a caractérisé le climat d’une assemblée placée sous le signe du « changement ». Mais derrière ce calme affiché, il y avait des tensions liées à l’importance des enjeux : il s’agissait de ne pas perdre, à l’occasion d’une redistribution éventuelle des cartes, les positions privilégiées et les sphères d’influence construites en trois ans dans ce qui est en train de devenir « la forteresse FSE ». Ces tensions sous-jacentes se sont manifestées lors du débat sur la préparation du prochain FSE à Athènes, notamment la question des rapports avec les partis politiques grecs dans la constitution du groupe grec de préparation. Il y a eu ainsi des allusions explicites au cours du débat en plénière (ce qui se produit rarement) à des désaccords internes entre les membres du groupe d'organisation européen.
La journée du samedi était consacrée au bilan des FSE. Après accueil et introduction, Sophie Zafari a présenté les propositions de changement de formule du FSE, pour « passer de l’architecture plénières/séminaires/ateliers » à un nouveau  « modèle basé sur les séminaires » avec des modifications dans l’approche des thématiques et les méthodes de travail. Le reste du temps a été affecté à un « débat général » totalement inorganisé et non régulé pour prétendument respecter la liberté de parole.  En cinq heures, plus de 70 intervenants se sont succédé à la tribune ! Plutôt qu’un souci de démocratie du débat, il faut sans doute y voir la volonté du groupe d’organisation de démontrer que la démocratie directe n’est pas gérable dans ce type de réunion et ne peut que déboucher sur les contradictions et l’incohérence. Autre avantage : dans cette accumulation d’argumentaires, les critiques pertinentes ou les propositions intéressantes sont noyées, ce qui dispense de les examiner ou d’y répondre.

Une « nouvelle étape » du FSE : un débat exclusivement technique.
Changement donc, mais qu’on ne se méprenne pas, il n’était pas question de changement de méthodes et de façon d’agir, encore moins de cap : non, on a parlé de structures, d’organisation, de périodicité. Aucun examen critique de ce qui s’était passé, ni d’analyse des facteurs d’échecs ou des points de faiblesse, et encore moins de capacité à se remettre en cause. Une certitude demeure : l’organisation a toujours raison. Etait-on encore dans une réunion « altermondialiste » ou transporté dans une réunion de multinationale ?  Un seul intervenant s’est aventuré à poser la « vraie question » des finalités du FSE demandant qu’on le rassure : s’agit-il toujours de construire une alternative au capitalisme ? !
Pour le détail, la façon dont le débat a été organisé (voir plus haut) ne risquait guère de permettre d’avancer et encore moins de dégager de vraies propositions. Comme on s’en serait douté, une fois de plus un « groupe de travail » subdivisé lui-même en deux commissions va s’employer à « mieux cerner les points d’accord » (euphémisme désignant les tractations de coulisses) et « faire des propositions concrètes de mise en œuvre » (= décider dans l’opacité) pour la prochaine Assemblée à Athènes.
Le « modèle fondé sur les séminaires » pose la question des réseaux et groupes de préparation thématiques, bien entendu « ouverts ». On imagine assez bien pour ne prendre que notre seul domaine ce que peut donner un groupe en charge de l’Education … Cependant, les comités nationaux ne sont pas encore supprimés ! Entre « nationalismes » et saucissonnage thématique, le débat s’annonce serré. Les « assemblées européennes de préparation » (AEP) verraient aussi renforcer leur pouvoir de décision. Sous couleur d’ouverture, ou ce qui s’appelle en novlangue FSE « processus inclusif » et d’efficacité, le FSE est en passe de se « structurer » en usine à gaz sociale altermondialiste.
La discussion a aussi porté sur la place des partis politiques dans le FSE, aussi bien le processus de préparation que le FSE lui-même (la place des partis, mais aussi la place des politiques locaux institutionnels et élus). Les plus lucides ou les cyniques se sont accordés à dire qu’il valait mieux les voir apparaître officiellement au lieu de continuer à faire semblant d’ignorer leur présence et le poids de leur influence dans les différents groupes et orgas engagées dans le FSE. Mais où et comment ? Débat à poursuivre, on s’en serait douté. Et sûrement à l’ordre du jour d’un « groupe de travail», structure en passe de se multiplier.

La manifestation européenne du 19 mars.  Collisions et collusions…
Rappelons qu’elle coïncide avec l’anniversaire du début de la guerre en Irak et qu’elle interviendra en même temps qu’un sommet européen à Bruxelles. Sur cette « collision » de dates présentée au départ comme inévitable, les responsables ont bien dû finalement avouer qu’il y avait d’autres sommets en 2005, mais que le choix de celui-là… sans apporter d’explication vraiment claire au choix qui avait été arrêté à Londres.     
Le Forum Social Belge a rappelé la situation. 3 appels en présence : celui de l’Assemblée des mouvements sociaux de Londres en octobre, un appel bien antérieur des orgas jeunes anti guerre de Belgique, un appel de la CES à la nature pas encore déterminée : la CES elle même ou ses syndicats… nuance, mais qui peut servir à faire avaler la couleuvre d’une manif en fait avec la CES et largement organisée par elle, derrière le prête nom du Forum Social belge constitué de syndicats qui en font partie. Face à cet imbroglio, l’organisation s’est bien gardée de s’avancer et s’est prudemment repliée sur les bases de l’appel des mouvements sociaux de Londres sans entrer trop avant dans les détails en constatant « l’impossibilité de trancher » maintenant, et donc report vers un « groupe de travail » comme toujours, mais cette fois belge et qui servira de paravent.
Pour le rapport à la CES, ça reste visiblement compliqué et tordu, il n'est que de voir les précautions de la tribune (notamment Sophie Zafari). Un certain nombre d'intervenants étaient très critiques et pour certains opposés à une action commune avec la CES. Annick Coupé pour le G10 a repris la position présentée à Milan lors de l’assemblée du Réseau du syndicalisme alternatif pour une manif sur les bases les plus larges, y compris avec la CES, en dépit des divergences qui peuvent exister. Les italiens des COBAS (Bernocchi) semblaient vouloir au moins maintenir les apparences d'une distinction formelle du genre "aux côtés de la CES peut être, mais pas derrière la CES".
Le moins qu’on puisse dire est que le compte rendu, très laconique sur ce point, mis depuis en ligne par Sophie Zafari n’éclaire pas la question. Faisant le silence sur les débats, et sans autre explication sur la situation, elle se retire derrière la restitution de ce qu’elle présente comme une organisation laissée à la responsabilité du pays d’accueil autour du Forum Social Belge : existence de 3 appels, proposition de réunion d’un groupe de travail des organisations intéressées à Bruxelles le 14 janvier. Point barre. Un compromis « à la belge » est visiblement en train de se préparer.
On va sûrement s'orienter du côté du chacun sur ses revendications, avec des négociations du protocole de détail du cortège et des mots d’ordre qui s'annoncent laborieuses. Même l'intitulé et l'objectif sont tout sauf nets. Les anti-bush seront là et se foutent de ce que les autres peuvent décider, à eux donc de faire avec. Les belges paraissent bien décidés à faire avec la CES sur une thématique floue du style « pour une Europe sociale ». Quant au refus de la constitution (à laquelle il n'est pas fait référence dans l'appel de l'Assemblée des mouvements sociaux de Londres), il n'en a pratiquement pas été question lors de la réunion. Même si la réunion en parallèle le soir à Montreuil à l'initiative du groupe Copernic sur un non de gauche à la constitution va continuer à entretenir la confusion sur le fait que l'assemblée européenne aurait aussi décidé quelque part l'inclusion du refus de la constitution dans la plate-forme du 19 mars, ce qui n’est pas exact.

Prochains rendez-vous : la suite des compromis se négociera à Bruxelles (ben quoi ?) autour de la négociation de l’organisation de la manif du 19 mars le 14 janvier ; 15 janvier après-midi et dimanche 16 janvier au matin : réunion du « groupe de travail » de reformatage du FSE.
La prochaine AEP aura lieu les 26 et 27 février 2005 à Athènes. Les « réseaux » et autres collectifs liés à la nouvelle formule fondée sur les séminaires se réuniront le 24 et le 28 février. Au fait, ils existent déjà ? il n’a en tout cas pas été question d’appel public, on continuera donc à se coopter « en famille » comme toujours…

Réunion des Forums sociaux locaux
J’ai suivi à titre personnel et comme observatrice les deux petites réunions organisées par un regroupement de FSL constitué lors de l’AEP de Berlin et qui après avoir organisé un séminaire à Londres sur le thème « penser globalement, construire localement  » paraît s’organiser sur des bases intéressantes, en tout cas plus proches du terrain. Je donnerai des informations plus développées par la suite.
 
FSE, le livre ! ça devait arriver, ils/elles l’ont fait, ils/elles le racontent… à quand les plateaux-télé ?
"FSE 2003 chronique d'une rencontre citoyenne" réalisé par l’Ecole des métiers de l’information –CFD. « De Jean-Claude Amara à Sophie Zafari, en passant par Annick Coupé, Michel Warschawski ou Elodie Gautier, quarante acteurs du FSE racontent « leur » forum social dans ce livre ». Pour ceux qui veulent voir de plus près : prix spécial 18 euros TTC, port compris.  A commander à EMI-CFD - 7/9 Rue des Petites Ecuries - 75010 PARIS Chèques à l’ordre de l’EMI-CFD).
Valiere
 
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